Par Pierre-Guy Veer.
Entre 1763 (et plus intensément en 1840) et environ 1960, afin d’assurer la défense de leur “race”, les francophones du Québec actuels étaient fortement encouragés à entrer en mode survie – communément connu sous le nom de « Survivance ». On encourageait les gens à s’accrocher à trois piliers : la langue, la foi et les institutions. Avec l’arrivée de la Révolution tranquille, la foi et les institutions ont fusionné pour créer le Dieu État actuel. En effet, si certains trouvaient réconfort et réponses dans l’Église catholique, ils les trouvent désormais dans le gouvernement du Québec. Et malgré le passage à l’ère moderne, la Survivance subsiste encore dans la psyché collective.
La loi 101 en est un excellent exemple. Malgré une domination écrasante dans les affaires de la province, il semble que plusieurs se scandalisaient que tout le monde n’entre pas dans le rang de la défense du français – mes détracteurs me le répètent à chacun de mes articles. Ainsi donc et malgré quelques revers, la Charte de la langue française permet d’assurer la survie du français en imposant sa domination dans l’espace public, quitte à créer des scandales comme celui du Pastagate. Ou à périodiquement encourager les grandes chaînes à franciser leur nom en songeant à les poursuivre pour, euh, atteinte à la pureté de la langue ?
Cet élan de survivance et de défense du français se reflète aussi dans la culture. Afin de résister à l’envahissement de la culture anglo-saxonne, les radios traditionnelles et la télé sont tenues de diffuser une majorité de contenu francophone aux heures de grande écoute. Bien que, oui, ces politiques aient sans doute permis l’émergence de Céline Dion et de C.R.A.Z.Y., on peut facilement nommer des dizaines de navets comme Angelo, Fredo et Roméo ou Camping sauvage ; sans oublier les émissions de talents émergents à la Star Académie, qui pourraient très facilement vivre sans crédit d’impôt.
Par ailleurs, on peut également déceler des traces de survivance dans la politique migratoire. Puisque le gouvernement doit protéger le français, Québec encourage l’immigration de pays où le français est une langue dominante, ignorant ainsi un bassin potentiel de francophiles qui parlent une langue latine comme l’espagnol.
Un problème prévisible
Et qui dit langue française dit surtout Afrique. L’islam domine sur une bonne partie du continent, particulièrement dans plusieurs anciennes colonies/protectorats français comme le Maghreb. Comme l’émigration provient surtout du désir d’améliorer ses conditions de vie, c’est donc sans surprise que plusieurs Maghrébins (plutôt que des Européens) ont tenté l’aventure québécoise.
Ils sont venus avec tout leur bagage, de même qu’avec leurs us et coutumes. Et comme ces dernières sont différentes de celles du peuple québécois, des frictions semblables à celles des langues dans les années 60-70 étaient inévitables. Mais dans un contexte de Survivance, ce n’était qu’une question de temps avant que plusieurs ne demandent l’intervention du Dieu État.
Oui, la plupart des voiles (hijab, niqab) sont fortement associés à un contrôle des femmes afin qu’elles cachent leur pudeur. Mais à moins qu’on ne les questionne sous serment et qu’elles ne passent une batterie de tests psychologiques, il n’y a pas de moyen non envahissant de savoir si leur port du voile (sauf la burqa) est forcé ou de plein gré. Et peut-être à l’exception des politiciens et des employés affectés aux tâches régaliennes (juges, policiers), il n’y a aucune raison pour interdire le port de signes religieux.
Qu’on ne se leurre pas : le présent débat est une menace à peine voilée (sans vouloir faire de jeu de mots) pour empêcher les musulmanes de s’afficher. À moins que leurs habits ne soient une menace directe à la vie ou à la propriété d’autrui (ou qu’elles aient vraiment une position d’autorité dans un tribunal ou à l’Assemblée nationale), leur interdire de porter quoi que ce soit est une atteinte aux droits individuels. La Survivance le permet, mais quiconque prétend défendre les minorités – la plus petite étant l’individu – ne peut tolérer cette violation patente.
Bref, le présent dialogue de sourds sur la laïcité n’est qu’une suite logique de l’histoire de la Survivance. Cette mentalité machiavélique permet la dictature de la majorité afin de défendre la langue et la culture contre les envahisseurs ou les renégats n’entrant pas dans le rang.
Évidemment, il n’y aurait pas autant de débat si on ne favorisait pas la langue sur la compétence en immigration ou si l’État ne prenait pas autant de place dans l’espace public. Mais ça, c’est un tout autre débat…
Je suis presque un vieux « pur laine », voir : https://www.yvesmontenay.fr/2019/04/19/1963-et-la-francophonie-americaine-la-traversee-du-siecle-6/ et voudrais apporter quelques compléments à votre article
Ce que vous appelez « survivance », d’autres l’appellent « identité », d’autres « sentiment national ». On en pense ce qu’on veut, mais ça existe et c’est puissant.
Or le problème de survivance du Québec comme pour de nombreux autres peuples dans le monde, et pour commencer pour le Japon, est le fait qu’il y a nettement moins de deux enfants par femme. Outre la disparition à long terme, cela signifie à moyen terme des problèmes de retraite insolubles et la misère pour les vieux.
D’où, pour le Québec, cette nécessité de l’immigration francophone. Certes on pourrait en discuter des modalités. Je note seulement en complément de votre article que l’immigration venant de France est assez importante, et que l’immigration africaine est plus qualifiée qu’on ne le dit généralement. Mais comme cette partie qualifiée ne pose pas problème, on ne regarde que l’autre.
Comme partout une immigration « différente » est une question délicate à gérer, mais c’est possible. Pensez aux Allemands qui n’ont pas la chance comme les Français et les Québécois d’avoir une immigration francophone et alphabétisée en caractères latins : les Syriens et les Afghans ne parlent pas allemand et ne connaissent que l’alphabet arabe.
L’ennui (comme partout) est que les ordres professionnels peinent à reconnaitre ces diplômes, ce qui donne des chauffeurs de taxi avec une spécialisation en cardiologie
Si j ai bonne Memoire (je suis francais et j ai pense un jour m installer au quebec), le fait de parler francais donne des points en plus mais c est loin d etre determinant. Avoir une profession en demande rapportait plus de point.
Sinon il est quand meme logique que parler la langue du pays soit connote positivement. Ca facilite quand meme l integration
D’accord, mais regardez bien les chiffres de l’immigration en provenance de France que je n’ai pas sous la main. Ils sont assez importants.
Je n’ai jamais entendu dire que l’alliance de la carpe et du lapin donnait de bons résultats
– à titre d’exemple non limitatif : massacre aux indes de 80 millions de personnes ! mais je vous l’accorde c’est si peu de choses au regard de l’éternité.
Je recommande aux lecteurs d’aller sur le site Web de Marianne qui a rédigé un excellent article sur la question intitulé : La gauche radicale, les libéraux et les intégristes font alliance contre la laïcité.
Je ne crois pas que vous connaissez bien les québécois, ni le pays. Ce ne sont nullement des survivants, mais des gens bien vivants. Les québécois sont un des peuples les plus ouverts et accueillants, ils prônent la liberté de penser et de croire et proposent une laïcité modérée. Par ailleurs les minorités y sont choyées, demandez donc aux anglophones du Québec, ils ont jusqu’à leurs hôpitaux, service en anglais.
Bien sûr, si vous êtes du Parti Libéral, de QS ou fondamentaliste, je comprends que la bave vous sorte de la bouche.
Il y a un environnement malsain au Québec, sectaire, qui prône un racisme inversé et qui tente de récupérer les allophones et les musulmans pour rester au pouvoir.
Ainsi, quand le premier Ministre Trudeau se déguise en Sikh ou en Indou, c’est bizarre mais aucun appropriationniste culturel et autres décoloniaux n’a crié au meurtre comme pour l’homme de théâtre Robert Lepage.
Le Parti Libéral visiblement ne s’est pas remis de la claque qu’il a pris au Québec. Et ce n’est pas fini au su des dernières déclarations de la ministre Freeland qui est allée se ridiculiser à l’ONU.
“Je ne crois pas que vous connaissez bien les québécois, ni le pays.”
J’Y suis né et y ai vécu toute ma vie. Je suis simplement sorti du carcan de l’école publique.
“Ce ne sont nullement des survivants, mais des gens bien vivants.”
Je parlais bien de la mentalité, celle du complexe de minorisation au niveau de l’Amérique du Nord.
“Les québécois sont un des peuples les plus ouverts et accueillants, ils prônent la liberté de penser et de croire et proposent une laïcité modérée. ”
Une simple vitre teintée a engendrée la Commission Bouchard-Taylor. Pas exactement ce que j’appelle ouvert.
“Bien sûr, si vous êtes du Parti Libéral, de QS ou fondamentaliste, je comprends que la bave vous sorte de la bouche.”
Tant d’assomptions. Un cours de philosophie vous ferait du bien