Peut-on sauver South Africa Airways ?

Le gouvernement sud-africain devrait retrouver le sens des réalités quant à la nécessité de disposer à tout prix d’une compagnie aérienne nationale. La SAA est en faillite et ne peut être sauvée sous sa forme actuelle.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
South African Airways Airbus A330-243 ZS-SXZ By: Tony Hisgett - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Peut-on sauver South Africa Airways ?

Publié le 7 mars 2019
- A +

Par Terry Markman.
Un article de Libre Afrique

Oui, il existe une vraie solution pour les problèmes de la compagnie aérienne nationale South African Airways (SAA). Il existe bien un plan qui pourrait mettre fin aux renflouements par les contribuables et satisfaire aussi le « stupide » désir des politiciens de voir flotter le drapeau national et conserver ainsi leur fierté nationale. Mais, il faudra vraiment beaucoup de courage.

Une gestion chaotique

Les conseils d’administration successifs de la SAA ont constamment mené à des échecs. L’ingérence politique, la corruption, la mauvaise gestion et le manque de prévoyance expliquent pourquoi la SAA reste bloquée dans des stratégies complètement dépassées.

Combinez ceci avec des pertes financières croissantes, des fonds propres négatifs, pas de fonds de roulement pour acheter de nouveaux avions économiques en carburant, un manque de compétences à tous les niveaux, une lourde main-d’œuvre surmenée, des systèmes internes chaotiques, aucune gestion des stocks, un besoin incessant de renflouement des contribuables, une rotation aléatoire de nouveaux dirigeants et des stratégies tournant en rond, une ingérence politique constante et une incapacité à saisir les réalités de l’évolution rapide du marché de l’aviation signifient que la SAA ne s’en remettra plus jamais.

D’aucuns pensent que la solution au problème de la SAA est de la fusionner avec une autre compagnie aérienne dans le même état lamentable (SA express). C’est tout simplement absurde. Comment penser que la combinaison de deux échecs sera couronnée de succès !

Un gouffre financier

Le gouvernement devrait retrouver le sens des réalités quant à la nécessité de disposer à tout prix d’une compagnie aérienne nationale. La SAA est en faillite et ne peut être sauvée sous sa forme actuelle.

Chaque année, c’est plus de 5 milliards de rands de l’argent des contribuables qui s’évadent en fumée. Il faudrait un financement gouvernemental de 21,7 milliards de rands juste pour atteindre son seuil de rentabilité d’ici 2021. En 20 ans, la SAA a absorbé 42,6 milliards de rands (sans compter les garanties de 19,1 milliards de rands), prélevés sur d’autres priorités nationales plus importantes que subventionner les voyages aériens des riches.

Comment s’en sortir ?

Ceci dit, il y a une solution possible pour sortir de l’impasse. S’il faut coûte que coûte une compagnie aérienne nationale, il ne doit pas nécessairement s’agir de la SAA en sa forme actuelle. Alors, pourquoi ne pas utiliser une autre compagnie aérienne qui porte les couleurs de la SAA avec une incitation commerciale à attirer des touristes, des hommes d’affaires et des investissements directs étrangers en Afrique du Sud, tout en garantissant la croissance et l’emploi et en remboursant les dettes et les engagements de la SAA en cessant de torturer et d’épuiser le contribuable. Trop beau pour être vrai ?

Appelons la nouvelle compagnie aérienne « South African International Airways Company, SAIAC ». Les activités internationales de la SAA devraient être séparées des activités domestiques, et la SAA deviendrait uniquement une compagnie aérienne nationale.

Par ailleurs, nous pourrons inviter des compagnies aériennes internationales à soumissionner pour exploiter la SAIAC. Les fonds pourraient être utilisés pour rembourser les emprunts et les autres engagements de la SAA. L’incitation résiderait alors dans la reprise de l’accord bilatéral existant de la SAA et les très précieux créneaux d’atterrissage. La SAA n’a pas utilisé de nombreux accords bilatéraux alors que des compagnies aériennes étrangères en demandent un maximum en Afrique du Sud et en souhaitent toujours plus.

La compagnie soumissionnaire retenue reprendrait le personnel et les actifs nécessaires à son activité ainsi que le programme « international » de miles. Les autres actifs seraient vendus séparément. Les employés, non repris par la SAIAC, seraient licenciés. Un juriste spécialisé dans le droit du travail estime que la majorité des membres du personnel pourrait profiter de l’offre d’un package d’un an pour se recycler. Le gouvernement serait responsable de toutes les obligations et garanties, mais cela serait financé par les fonds de l’appel d’offres.

Fin de l’ingérence étatique

La législation actuelle exige que cette nouvelle compagnie aérienne ait un actionnaire majoritaire sud-africain. Le gouvernement ne jouerait aucun rôle dans la nouvelle société, il n’y aurait donc pas d’ingérence politique qui pourrait embourber la SAA dans la corruption et la mauvaise gestion.

Les pertes financières et les incessantes ponctions sur les contribuables prendraient fin. Ainsi, tout le monde vivrait soulagé, le drapeau national flotterait dans les cieux, plusieurs emplois seront sauvés, le programme des miles aériens se poursuivrait, des milliers de touristes et des hommes d’affaires visiteraient l’Afrique du Sud, des emplois seraient créés, des investissements étrangers importants seraient drainés, et les dettes et engagements de la SAA seraient purgés.

De toute évidence, de nombreux détails devraient être réglés, mais le principe demeure intacte : une nouvelle société, arborant les couleurs de SAA, capable de rivaliser avec d’autres compagnies aériennes internationales et de réaliser des bénéfices. Quelque chose que la SAA ne pourra jamais faire, quel que soit le nombre de renflouements futurs.

Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Cela prendra peut-être plus longtemps, mais on dirait que l’AdS est bien partie pour un avenir zimbabwéen…

  • Quelle tristesse de voir SAA, South African, s’effondrer.
    Cette grande compagnie avait réussi à surmonter les effets délétères de l’embargo anti-apartheid, alors qu’elle s’appelait encore S.A.L, Suid-Afrikaanse Ludgiens ; je me rappelle ses vols Europe/Joburg, frôlant le Maroc pour aller refueler aux Iles du Cap Vert (aéroport Amilcar Cabral), puis s’engager vers l’Atlantique sud et enfin rejoindre le continent africain au niveau du Südwestafrika, la future Namibie… La révolution « arc en ciel » et la tyrannie affairiste de l’ANC ont corrompu cette compagnie, maintenant ruinée. Quel gâchis !

  • On a le même problème en France. Une simple privatisation et libération du secteur et hop c’est dans la poche.

    • @ Koris
      Jusqu’à présent, Air France, c’est plutôt Air Peut-être: grève ou pas grève? Il y a mieux, tout près!

      • Tout à fait mikylux, c’est pour ça qu’on a le même problème entre Air France et South Africa Airways: la place de l’État.

        Pour moi, il n’a rien à faire dans l’économie et encore moins dans une compagnie aérienne. L’époque des grandes entreprises nationales est heureusement terminée (ou presque).

        Un libération des énergies du secteur est hautement recommandée mais très peu probable.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Cet été 2023, le traitement médiatique de l’Afrique par la presse française et internationale aura été marqué par deux actualités détonantes. Les présidents du Niger et du Gabon ont été renversés par des juntes militaires à l’occasion de deux coups d’Etat perpétrés respectivement le 26 juillet et le 30 août, offrant aux yeux du monde le spectacle d’un continent fragilisé, en plein décrochage sécuritaire. Dans le même temps, d’autres signaux moins sensationnels mais tout aussi signifiants mettaient en lumière un autre visage de l’Afrique bien ... Poursuivre la lecture

L’avion vert revient à la mode au dernier Salon du Bourget comme une des voies prometteuses pour « sauver la planète ». Beaucoup en rêvent, mais bien peu connaissent vraiment le sujet quand il s’agit de placer des chiffres en face des mots, souvent creux et ronflants.

« Yaka, faut qu’on ! » et l’intendance suivra... Ce n’est hélas pas si simple !

 

L’avion vert

L’avion devient vert si son carburant est vert. C’est-à-dire si ce dernier est décarboné : il ne doit pas provenir d’énergies fossiles (pétrole, gaz ou charbo... Poursuivre la lecture

Dans un article publié sur Atlantico en décembre dernier, Damien Ernst s’efforce de montrer que l’affirmation de Jean-Marc Jancovici selon laquelle la disparition du pétrole condamne l’avion n’est pas fondée.

Hélas, un examen rationnel et lucide des conséquences de cette disparition ne peut déboucher sur une autre conclusion. Aussi, professer que le seul moyen de contrarier la marche funeste du climat est de sevrer l’économie de sa nourriture principale fait-il courir un risque considérable aux sociétés humaines.

Pour Damien Ern... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles