Les carabines AR-15 sont-elles une menace pour la sûreté publique ?

Est-il vrai que l’AR-15, une arme populaire détenue par des millions d’Américains, est une réelle menace pour la sûreté publique ?

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AR-15 smoking by Vlad Butsky (CC BY 2.0)

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Les carabines AR-15 sont-elles une menace pour la sûreté publique ?

Publié le 21 janvier 2019
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Par Being Classically Liberal’s.
Un article de Foundation for Economic Education

Les carabines AR-15 sont-elles une menace pour la sûreté publique ? Voici ce qu’en disent les données.

De Parkland, en Floride, à San Bernardino, en Californie, la carabine semi-automatique AR-15 et ses variantes sont semble-t-il devenues les armes de choix des tueurs de masse aux États-Unis.

Beaucoup de gens ont du mal à admettre que des citoyens ordinaires devraient pouvoir légalement détenir des prétendues « armes de guerre », lesquelles, selon eux, ne devraient pas quitter les mains des militaires.

Par exemple, selon Pew Research, 81 % des Démocrates et même 50 % des Républicains considèrent que l’État fédéral devrait interdire les « carabines typées assaut » comme l’AR-15. Étant donné la quantité importante de massacres que les AR-15 et assimilés ont causés, il est sensé de penser que la population civile ne soit simplement pas digne de confiance de posséder de telles armes, non ?

Peut-être. Mais est-il vrai que l’AR-15, une arme populaire détenue par des millions d’Américains, est une réelle menace pour la sûreté publique, si dangereuse qu’elle mérite d’être interdite voire confisquée par l’État fédéral ?

On n’insistera jamais assez sur le fait qu’un homicide, quel qu’il soit, est une tragédie mais afin de prendre la mesure d’à quel point les carabines « typées assaut » peuvent être un danger pour la sûreté publique, il faut comparer leur emploi dans les homicides aux autres moyens.

Source de données et méthodologie

Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies –CDC, Center for Disease Control– et le FBI sont les deux sources qui font autorité pour les statistiques sur les homicides aux États-Unis.

Pour le Bureau of Justice Statistics (BJS), les rapports du CDC « publient des tendances plus précises sur les homicides au niveau national «  parce qu’ils prennent en compte moins de sous-déclarations que les statistiques du FBI.

Toutefois, les données sur les homicides enregistrées par le CDC comprennent tous ceux commis par des civils indépendamment de toute intention criminelle. Les données du FBI, à l’inverse, mettent l’accent sur les homicides volontaires (c.à.d. les meurtres) connus de la Police et excluent les homicides involontaires.

Selon le BJS, les données du FBI « permettent de mieux comprendre les circonstances spécifiques entourant les homicides. » C’est particulièrement vrai étant donné que le FBI, contrairement au CDC, enregistre le type d’arme à feu utilisée lors d’un homicide. Pour les besoins de cette analyse, ce sont les informations du FBI qui serviront.

Il faut prendre en compte deux autres limitations des données du FBI.

Tout d’abord, les rapports du FBI ne s’intéressent pas spécifiquement aux carabines « typées assaut » mais plutôt aux meurtres impliquant tous types de carabines, qu’ils soient commis avec un AR-15 ou une arme de chasse.

Ensuite, il se produit chaque année quelques milliers d’homicides pour lesquels le type d’arme utilisée n’est pas indiqué au FBI. Ce qui signifie que quelques meurtres enregistrés sous la rubrique « arme à feu inconnue » peuvent très bien avoir été commis à l’aide de carabines.

Afin de tenir compte de cette sous-déclaration, nous extrapolerons à partir de la partie « carabines » des meurtres par armes à feu où le type d’arme est connu, de façon à pouvoir estimer le nombre d’armes « inconnues » qui étaient en fait des carabines.

Combien de meurtres impliquent des carabines de type AR-15 ?

Si on prend le temps de se pencher sur les données brutes du FBI, il s’avère que toutes les carabines, pas seulement celles « typées assaut », représentent en moyenne 340 homicides par an de 2007 à 2017 (cf Figure 1.). Une fois les nombres ajustés pour prendre en compte la sous-déclaration, on arrive à une moyenne de 439 par an.

La figure 2 compare les homicides par carabine avec ceux commis avec autre chose que des armes à feu. Croyez-le ou pas, entre 2007 et 2017 presque 1700 personnes ont été tuées à l’aide d’un couteau ou autre objet tranchant chaque année. C’est environ quatre fois le nombre de personnes tuées par un agresseur avec quelque carabine que ce soit.

Figure 1. La fréquence relative et absolue des homicides par carabine 2007-2017

Figure 2. Homicides par année et par arme 2007–2017

Quelle que soit l’année, pour chaque personne tuée avec une carabine, il y en a 15 avec une arme de poing, 1,7 à mains nues et 1,2 avec des objets contondants. En fait, les homicides commis avec n’importe quel type de carabine représentent à peine 3,2 % de la moyenne de tous les homicides sur la décennie écoulée.

Dans la mesure où les statistiques du FBI se rapportent à toutes les carabines, la fréquence des homicides commis avec des armes « typées assaut » comme l’AR-15 est nécessairement moindre, vu que ces armes représentent une fraction de toutes les carabines utilisées lors de crimes.

Selon une analyse du New York Times, depuis 2007, au moins « 173 personnes ont été tuées dans des tueries de masse impliquant des AR-15 aux États-Unis. »

C’est 173 étalées sur une décennie ce qui fait une moyenne de 17 homicides par an. Pour mettre cela en perspective, il suffit de considérer qu’à ce rythme, il faudrait presque un siècle de tueries de masse avec des AR-15 pour produire autant de victimes d’homicides chaque année qu’il y en a du fait des couteaux et autres objets tranchants.

Avec une moyenne de 13 657 homicides par an sur la période 2007-2017, environ un dixième de pourcent de la totalité ont été des tueries de masse impliquant des AR-15.

Conclusion

Les tueries de masse impliquant des carabines telles que l’AR-15 peuvent engendrer des dizaines de victimes d’un seul coup, et combinées à une large couverture médiatique, elles ont amené beaucoup de gens à croire que de telles armes posent un réel problème de sûreté publique.

Cependant, de telles tueries sont extrêmement rares, et l’étude des chiffres du FBI nous apprend que les homicides avec ces types d’armes ne représentent qu’une infime partie de tous les crimes violents. Les interdire ou les confisquer à la population civile ne réduirait quasiment pas le taux de criminalité violente en Amérique.

Traduction pour Contrepoints de « Are AR-15 Rifles a Public Safety Threat? Here’s What the Data Say » par Joel Sagnes.

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  • la dangerosité d’une arme quelle qu’elle soit est directement liée a celui qui la possède.
    chez nous les cartons se font a la kalash arme robuste, performante et meurtrière et pourtant elle n’est pas en vente au drugstore du coin !

    • @duglimbule
      Bonsoir,
      « chez nous les cartons se font a la kalash arme robuste, performante et meurtrière et pourtant elle n’est pas en vente au drugstore du coin ! »
      La France est une Gunfree Zone.

      « la dangerosité d’une arme quelle qu’elle soit est directement liée a celui qui la possède. »
      <> Victor Hugo.

      • La citation n’a pas pris.
        « Une arme n’est rien par elle-même ; elle ne vit que par la main qui la saisit. » Victor Hugo.

  • Et pendant ce temps, en France
    Le réalisateur de documentaires Florent Marcie, habitué des zones de guerres (Tchétchénie, Bosnie, Afghanistan, Libye, Tchad, Irak, Syrie…), a été touché de retour de Raqqa au visage par un flashball tandis qu’il filmait les gilets jaunes devant le Musée d’Orsay, se faisant blesser pour la première fois de sa carrière. Il nous a confié ce texte sur la dangerosité du LBD 40, et le sens de son usage en démocratie.

     » Samedi 5 janvier, 17h11, devant le musée d’Orsay. Acte VIII des gilets jaunes. Un homme s’écroule sur la chaussée, frappé à la tempe par un tir de flash-ball. Je m’approche pour le filmer. À mon tour, je suis frappé au visage. La blessure, sous l’œil, est profonde jusqu’à l’os. Des manifestants crient, paniqués.

    Je m’en sortirai avec deux petites fractures orbite/maxillaire et quelques points de suture. D’autres n’ont pas eu cette chance. Ils ont été éborgnés, édentés, ont eu la jambe cassée. Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, les blessés se comptent par dizaines.

    Documentariste familier des terrains de guerre – mes premières images datent de la révolution roumaine en décembre 89 – , je ne suis pas une victime. La blessure fait partie de l’équation. Je ne porterai pas plainte, mais ne peux m’empêcher de penser aux autres, ceux d’hier et de demain.

    Sur les Champs-Elysées, je me souviens d’avoir filmé une femme au sol, le visage ensanglanté. Ou un homme inconscient, évacué de l’avenue par quatre personnes jusque dans l’ambulance, comme dans une scène de guerre. Selon moi, aucun de ces tirs au visage n’était justifié par la légitime défense.

    Armés de leur étrange fusil, les tireurs, parfois habillés en civil, se tiennent aux côtés des CRS. Ils prennent leur temps pour ajuster leur cible. Qui sont-ils donc ces tireurs consciencieux ? Sur les Champs-Elysées, on m’apprend que certains d‘entre eux font partie de la BAC, la Brigade Anti Criminalité, très active en banlieue.

    Étonnamment, lorsque les CRS lancent des grenades lacrymogènes, ils préviennent souvent les manifestants par haut-parleur : « on va faire usage de gaz lacrymogènes, dispersez-vous ! ». Pour les flash-balls, rien de tel. Les tirs fusent sans sommation.

    Mais que sont, au juste, ces « flash-balls » ? Quelle est leur portée ? Leur dangerosité ? Quelles sont les instructions des tireurs ? Que dit la loi ? Je n’en avais pas la moindre idée avant que ces questions ne deviennent personnelles.

    Devant le musée d’Orsay, j’ai ramassé un projectile. Il avait la forme d’une grosse balle en caoutchouc, enchâssée dans un culot en plastique dur. Sur internet, j’ai vu que la balle provenait d’un LBD 40, de fabrication suisse, efficace jusqu’à au moins quarante mètres, contre une quinzaine de mètres pour un flash-ball classique.

    L’acronyme LBD signifie Lanceur de Balle de Défense. De fait, le tir n’émet pas de détonation, plutôt un « pop » évoquant un gros bouchon de champagne. Face à une foule en mouvement, la précision est toute relative. Qualifiée de non létale, cette arme peut le devenir à distance rapprochée et/ou si elle frappe certaines parties du corps, en particulier la tête.

    Raison pour laquelle l’utilisation du LBD 40 est réglementée. En principe, on ne peut en faire usage qu’« en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée ». Il est également interdit de tirer au visage. Mais la loi, selon les situations, autorise aussi bien les tirs sans sommation et, depuis 2014, ne fixe même plus de distance minimale d’utilisation.

    Le flou légal, le nom et la nature de l’arme poussent aux bavures et à l’impunité. Si un policier éborgne un manifestant à coup de poings, sa responsabilité sera engagée ; si un tireur de LBD 40 éborgne une manifestante, il pourra toujours accuser l’imprécision de l’arme. Le tireur de LBD n’éborgne jamais un concitoyen par un tir intentionnel, il lance une balle de défense qui fracasse malencontreusement une orbite.

    Dans les circonstances actuelles, les forces de police n’ont assurément pas un travail facile. Mais ce sont des professionnels. Plus l’arme utilisée est dangereuse, plus on attend d’eux qu’ils soient en maîtrise. Un tireur assermenté qui, voulant viser la jambe, tire dans la tête ou dans l’œil, ou bien qui, sous l’effet du stress ou d’un sentiment de toute puissance, se met à tirer à tort et à travers, n’est pas un garant de l’ordre, c’est un danger public.

    Loin de s’alarmer devant la liste des blessés ou de suivre les recommandations du Défenseur des droits, pour qui l’utilisation des flash-balls doit être proscrite, le gouvernement a lancé, le 23 décembre dernier – la veille de Noël – , un appel d’offre pour une commande de 1280 LBD supplémentaires.

    Encourager l’utilisation d’une arme capable d’éborgner, voire de tuer ses concitoyens, tout en profitant du flou de la légalité et de la balistique pour évacuer toute responsabilité des tireurs, n’est pas anodin. C’est une rhétorique de la violence qui nous entraîne tous sur une pente habituellement située dans d’autres contrées.

    Ironie de l’histoire, un vieil ami Afghan, reporter de guerre, voyant ma blessure sur les réseaux sociaux, m’a envoyé ces mots : « Je pensais que vous, en Europe, aviez la meilleure démocratie du monde, mais je réalise maintenant que l’Afghanistan est meilleur que ces pays pour obtenir la démocratie. »

    On peut trouver ces mots excessifs, mais une chose est sûre. Jusqu’à présent, le LBD 40 n’a pas dissuadé les gilets jaunes. Il les a plutôt aguerris et a accru la portée de leurs actions. Ne faut-il pas plus de courage pour manifester en risquant sa vue ? Les tirs ne portent-ils pas au-delà des frontières ?

    Qui, de la peur ou de la rage, sera la plus grande ? Dans le premier cas, le retour au calme sera un mauvais calme, dans le second, la portée politique du LBD 40 sera incommensurable. Avant que les plaintes n’aboutissent, si un jour elles y parviennent, il y aura eu d’autres éborgnés, d’autres mâchoires fracassées, ou l’imagination du pire. Tireurs, baissez vos armes! »

    Florent Marcie

    • @La petite bête
      Bonjour,
      « Il avait la forme d’une grosse balle en caoutchouc, enchâssée dans un culot en plastique dur. »
      Concernant le Flashball, voici une vidéo en faisant une petite démonstration : https://www.youtube.com/watch?v=FsiveBTT_e8
      Regardez ce qui suit le projectile.

      « Ou un homme inconscient, évacué de l’avenue par quatre personnes jusque dans l’ambulance, comme dans une scène de guerre. »
      « comme dans une scène de guerre », cette scène est intéressante, pour un pays en paix, mais en guerre contre le terrorisme et la finance. Intéressant pays où des membres du SAMU (ceux du Var, 83) portent des gilets pare-balles. « http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/09/24/01016-20180924ARTFIG00174-le-samu-du-var-s-equipe-de-gilets-pare-balles-par-crainte-d-etre-une-victime-collaterale.php »

  • Les LBD sont-elles une menace pour les gilet jaunes ? oui !
    les LBD 40  » armes » dite non mortelle en dotation par les milices du pouvoir et utilisées par ces milices a l’abris e toute sanctions se comportant comme des voyous et des lâches sont une réelle menace et un danger pour la sécurité des citoyens .honte a notre ministre de l’intérieur , l’homme qui, fréquenta la pègre et dont les sbires agissent a la mafiosi , et en plus il leur donne la LH vivement qu’on vire tous ces socialos infects !les grenades dispersantes sont l’équivalent des grenades de guerre dites offensives ; alors balayons sous notre tapis avant d’analyser ce qui se passe ailleurs et dont tout le monde se fout éperdument !

  • L’article parle d’une arme AR-15! Ni d’E.Macron ni des gilets jaunes, rien de tout ça!

    Alors que viennent faire ces considérations?
    C’est purement hors sujet!

  • « Les carabines AR-15 sont-elles une menace pour la sûreté publique ? »

    Non, parce que : Stephen Willeford, Sutherlands, Texas.
    « https://www.youtube.com/watch?v=B4HEchh0XD8 » (38 minutes)
    « https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_de_l%27%C3%A9glise_de_Sutherland_Springs »

    De plus, le C.D.C a mentionné dans un rapport que 500.000 américains, au minimum, se défendent chaque année avec une arme à feu.
    500.000 qui protègent leurs vies avec une arme à feu (dont 90% sans faire feu) vs 13.657 morts « par » arme à feu. (La préposition « par » indique un moyen ; « par arme à feu » est complément circonstanciel de moyen, pas de cause, ni de conséquence. L’utilisation faite est une belle entourloupe sémantique.)

  • Les commentaires sont fermés.

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