Préparez-vous à l’euro sans Merkel

L’euro sans Merkel sera — au mieux — un euro faible, vague moyenne entre le franc, la lire et la peseta, incapable de conserver du pouvoir d’achat.

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Angela Merkel à Davos (crédits : World Economic Forum, licence Creative Commons)

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Préparez-vous à l’euro sans Merkel

Publié le 5 novembre 2018
- A +

Par Simone Wapler.

La chancelière allemande a indiqué qu’elle partirait en 2021.

À cette annonce, l’indice actions allemand a progressé tandis que les obligations allemandes chutaient, ainsi que l’euro. C’est donc que le Marché anticipe que la monnaie unique européenne sans Merkel ce sera moins de « rigueur » et plus de dépenses publiques.

Les cigales doivent soupirer d’aise à l’idée d’un euro faible et d’être libres, enfin libres, sans la menace de la schlague !

Unicredit en Italie sauvée de la faillite par un grand plan de renflouage bancaire qui au passage sauverait aussi le monstre Deutsche Bank… La France nourrissant son État obèse et toujours boulimique sans craindre de voir les taux remonter, la Banque centrale européenne rachetant tout ce dont tout le monde ne voudrait pas… La Grèce faisant défaut sur son restant de dettes. Tout devient possible, réalisable… Bref, la belle vie sans Merkel !

Évidemment, nous n’en croyons pas un mot. Les « politiques monétaires » n’ont jamais conduit quiconque à la prospérité. Les bons investissements, la bonne gestion et la concurrence le permettent. Les « politiques monétaires », à l’inverse, détournent l’argent des meilleurs investissements, dissuadent la bonne gestion et faussent la concurrence.

Depuis 2008, des milliers de milliards ont surgi du néant démontrant la vanité des politiques monétaires. Ils sont en train de retourner au même néant.

Sur le seul mois d’octobre, près de 8 000 milliards de dollars sont partis en fumée sur les marchés selon Bloomberg.

Les obligations risquées chutent aussi. Le prix de l’assurance contre les défauts obligataires des entreprises mal notées est à son plus haut depuis 2016.

Suivez les analyses des professionnels mais pas forcément leurs conseils

Charles Gave, ancien gérant professionnel, retraité et président de l’Institut des Libertés, se penche sur les vraies causes de la chute des marchés.

« Si vous balancez une grenade dans la mer, les petits poissons remonteront en premier, les thons et les mérous en second puis nous aurons les cachalots et les requins et enfin les grandes baleines bleues, tout à la fin.

J’ai déjà vu remonter des petits poissons du style des cryptomonnaies, quelques cachalots ont fait surface tels l’Argentine, l’Afrique du Sud ou la Turquie mais j’attends toujours ma baleine bleue… Dans chacune des grandes crises de liquidité que j’ai connues dans ma carrière, au début du mouvement, je me suis toujours hasardé à essayer d’identifier la baleine bleue à venir, avec un succès très, très mitigé cependant.

Je vais cependant m’y risquer à nouveau : à mon avis, cette fois ci, les candidats au rôle de baleine bleue sont la Deutsche Bank et le système bancaire Italien. »

Les analyses des professionnels nous sont bien utiles. La grenade qu’évoque Charles Gave est la hausse des taux américains.

Cela fait longtemps que nous vous parlons de ces deux risques – qui a priori n’ont rien à voir avec les gros titres de vos medias financiers – et que nous attirons votre attention sur l’inquiétante chute des valeurs bancaires.

« La dite Deutsche Bank a – peut-être – emprunté massivement des dollars pour les re-prêter à la Turquie, ou pour monter et vendre des produits dérivés sur les marchés des actions ou des changes, produits que personne ne comprend et qui sont, comme l’a souvent dit Warren Buffett, de véritables machines de destruction massives.

À mon avis donc, la Deutsche est un signe annonciateur que quelqu’un, quelque part a emprunté trop de dollars et qu’il ne pourra pas les rembourser, ce qui mettra en faillite celui qui lui a prêté, en l’occurrence la grande banque allemande. »

Quant à l’Italie, vous connaissez la musique… Unicredit est lestée d’emprunt de l’État italien. Pour caricaturer, tous ceux qui ne sont pas rachetés par la BCE sont chez Unicredit.

Si les analyses de ces professionnels sont utiles, les conseils qui suivent sont malheureusement quasi-inutiles aux investisseurs particuliers que nous sommes.

« Je maintiens mes recommandations précédentes :

Cash en dollar et en yuan. Obligations en Chine, Suède, Grande-Bretagne.

Actions dans le secteur capitaliste où que ce soit dans le monde avec une préférence pour l’Asie.

Le but restant le même depuis novembre 2017 : perdre le moins d’argent possible tant il est vrai qu’il y a des moments où il faut gagner de l’argent et d’autres où il faut en perdre le moins possible.

Nous sommes clairement dans le deuxième cas. »

En premier lieu, notre objectif ne consiste pas à « perdre le moins d’argent possible » mais plutôt à « ne pas en perdre ». Car en tant qu’investisseur particulier, vous n’êtes pas contraint d’être investi, contrairement aux professionnels qui statutairement sont obligés d’être investis.

Pour cela, il existait une solution simple lorsque la monnaie et le système bancaire étaient honnêtes : le cash. Le vrai cash, les billets — pas le simili-cash que sont les obligations d’État.

Les restrictions sur le cash font que malheureusement cette option a disparu. Le « cash » est aujourd’hui un dépôt bancaire et vous endossez le risque que votre banque fasse défaut ou un gel des comptes bancaires en cas de grave panique comme en 2008.

L’important est donc de fractionner vos dépôts pour limiter vos risques et de ne pas penser que le cash est équivalent à un livret de votre banque.

L’important est aussi de pouvoir conserver le plus de munitions possibles pour avoir de quoi réinvestir lorsque le marché baissier aura fait place à un nouveau marché haussier.

Si l’euro est « sauvé » par le départ de Merkel, ne vous faites aucune illusion : ce sera un euro faible, une vague moyenne entre le franc, la lire et la peseta. Une monnaie incapable de garantir votre pouvoir d’achat dans le temps.

Pour vous prémunir de ce risque, vous devez donc adosser votre cash à un peu d’or que vous conserverez en dehors du circuit bancaire et plus précisément de l’or considéré comme du cash car « ayant cours légal ».

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • Pourquoi les politiciens allemands seraient-ils plus accommodants que Merkel ?
    Partir de ce postulat explique l’analyse développée dans l’article.
    Mais, les allemands sont plutôt partisans de la rigueur et devraient maintenir leur idée, avec peut-être l’appui des pays d’Europe Centrale.
    La conséquence serait alors que les pays « latins » (Espagne, France, Italie) devront se mettre à une gestion « sérieuse », et revoir leur politique de distribution des fonds publics.
    La France, avec le désastre qu’est l’ENA, n’est pas la mieux placée.

  • « de l’or considéré comme du cash car ayant cours légal »
    Krugerrand?

  • Si l’euro devait représenter la moyenne des performance de tous les pays qui le composent , il vaudrait 0,20 USD
    la valeur d’un franc , avant le passage a l’euro..
    L’Allemagne nous a imposé l’euro-mark , pour profiter du marché europeen seule (l’allemagne n’a pas de déficit , elle) car on paye ses produits au prix fort ..
    C’est ce qui fait la crise européenne ,mais mettez un euro a 20 cts
    vous n’aurez plus de chomage mais vous ne pouvez plus rouler

    • voila on m’a bien compris

    • Le cours de l’euro est déterminé par les marchés, et non par l’Allemagne.

      A contrario, ce que l’on gagne de la présence Allemande, ce sont des taux très faibles pour financer nos budgets en déficit : en somme, nous sommes subventionnés par l’Allemagne.

      • mais a la conversion des monnaies en euro c’st l’allemagne qui a fixé le taux car son mark valait 3f50, et ils ont doublé le coût pour avoir 2à ans de marge.. nous y sommes

  • En fait, l’euro, création artificielle destinée à faire « avancer » le projet européen technocratique et politique, risque de ne pas durer. On ne rabiboche pas un couple defaillant en faisant un enfant…
    Un débat intéressant sur l’Italie:
    https://francais.rt.com/magazines/interdit-d-interdire/54982-interdit-dinterdire-face-face-historique-bruxelles-rome-jusqu-ou-peut-il-aller

  • Le but de l’euro était de contraindre les Etats et notamment les Etats du sud à une véritable rigueur budgétaire (plus de possibilité de dévaluation^^), à une modernisation des administrations, à une modernisation de l’industrie etc…, le but final étant de faire converger les Etats du sud vers le modèle finlandais ( meilleure maîtrise des dépenses (éducation, santé), meilleur système éducatif, plus de flexibilité, libéralisation de nombreux secteurs etc…) puis d’arrimer les Etats du sud sur le modèle allemand. Les Etats du sud comme la France, l’Italie ou encore l’Espagne ont fait n’importe quoi: endettement excessif, dépense publique non maîtrisée, non réforme, baisse du temps de travail, politiques économiques contre-productive etc…

    • on ne peut pas aller contre la nature des gens sans coercition ,
      l’europe a été faite pour les affaires , pas pour les peuples..
      les pays socialistes et les pays libaux n’ont pas la meme approche de la gestion sociale ‘un pays.. c’est l’alliance de la carpe et du lapin.
      c’est la raison pour laquelle il n’y a aucun avenir avec une construction pareille qui double la ponction publique sans rien résoudre

      • Je pense que le problème majeur provient du fait que les politiques ont dupé les populations européennes en leur faisant croire que l’euro serait la solution miracle, une solution magique qui résoudrait tous les problèmes ( chômage, pouvoir d’achat) sans effort et sans contrepartie.

        • Ils ont surtout dupé les Européens en cachant les véritables finalités de l’UE.
          Lire « Cet étrange monsieur Monnet » de B. Riondel.

    • Le but ? Le morceau de fromage n’est pas le but de la tapette à souris, sauf dans l’esprit de la souris.

  • Une structure qui ne survit pas à un changement de management est une structure pourrie. Bon débarras.

  • La solution magique de l’euro n’existe pas. Seules les Nations qui respectent les règles des traités passés entre elles, peuvent restées dans l’espace européen. Ce qui n’est pas le cas de la France. La Dette publique chez nous est une véritable catastrophe, comme en Italie d’ailleurs. Quand à l’Allemagne rien ne dit encore que sans Merkel l’euro s’affaiblira. En 2002 l’endettement de l’Allemagne était à 96% et la Frane à 90, actuellement l’Allemagne est à 60 et la France à 100. Alors.?

    • « la dette chez nous est une véritable catastrophe » le montant de
      la dette française n’était supérieur que de moins de 200 milliards
      sur le montant de la dette allemande à fin 2017 (chiffres disponibles sur wikipedia) Ce n’est donc pas le montant de cette dette le véritable problème mais bien celui
      d’une activité économique insuffisante, d’allègements fiscaux
      non financés, et de toute une population privée en tout ou en
      partie de travail.

  • Selon WSJ, pour l’instant 3 candidats à sa succession : de droite à gauche Merz (ligne Schauble), Spahn et Kramp-Karrenbauer (ligne Merkel). Sondages : Merz 22%, Kramp 16% et Spahn 8%. Si Merz confirme, on aura une politique bien plus rigoureuse que Merkel.

  • A force d’annoncer un effondrement et de conseiller l’achat d’or, elle finira par avoir raison. Le problème c’est qu’elle le dit depuis 10 ans au moins avec le résultat que l’on sait. Que vaut une telle « analyse »?

  • Les commentaires sont fermés.

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