Affaire Benalla : république inaltérable, mais état de droit indispensable !
Une vidéo montre un collaborateur du président frappant un manifestant. Comment représenter l’état de droit après ce débordement de violence toléré au sommet de l’État ?
Par Frédéric Mas.
Un collaborateur du directeur de cabinet du président de la République se retrouve depuis quelques heures sur tous les réseaux sociaux. On a reconnu son visage sur une vidéo dans laquelle il s’en prenait violemment à des manifestants du premier mai. Plus étrange encore, c’est visiblement avec la complicité des CRS que l’incident est survenu. Alexandre Benalla, chargé de mission auprès de la présidence de la République, s’est fait pincer à Paris, place de la Contrescarpe, coiffé d’un casque de policier, à malmener et frapper un homme à terre. La grande classe.
VIDÉO – Proche de Macron filmé en train de frapper un manifestant #AlexandreBenalla portait un brassard « police » pendant la manifestation du 1er Mai 2018 pic.twitter.com/aYWtgT5Oe4
— Clément Lanot (@ClementLanot) 18 juillet 2018
Bonjour @prefpolice
Bonjour @EmmanuelMacron @gerardcollomb
Bonjour @DefenseurdroitsOn veut des réponses sur le port du casque de police, par #AlexandreBenalla et sur les violences qu’il commet sur un manifestant alors qu’il est conseiller du Président.
Merci @lemondefr pic.twitter.com/JDBbh6ZEx5
— … 📷 (@NnoMan1) 18 juillet 2018
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Le porte-parole de l’Élysée, Bruno Roger-petit, se fend alors d’un communiqué digne des heures les plus lumineuses de l’URSS triomphante : la vidéo est enregistrée et envoyée aux rédactions. Pour être sûr de ne pas avoir à répondre aux questions des journalistes sur les mauvaises fréquentations du président, on verrouille la communication.
Vidéo totalement hallucinante du @PPElysee sur l’affaire #Benalla, enregistrée, sans journaliste et diffusée aux médias. Circulez, y’a rien à voir!!!
Pas sur qu’on en reste là…https://t.co/dMn9AxM8d2 via @BFMTV— Marc Landré (@marclandre) 19 juillet 2018
Les éléments de langage communiqués à l’équipe Macron sont les mêmes, à la fois dérisoires et loufoques : Benalla a reçu la sanction la plus grave possible. Dans quel monde vivent ces gens-là ? Depuis quand la violence et l’usurpation des pouvoirs de police méritent une « mise à pied » de 15 jours ? La France est-elle devenue la république de San Theodoros du général Tapioca ?
Affaire #Benalla. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour violences par personne chargée d’une mission de service public, usurpation de fonctions, usurpation de signes réservés à l’autorité publique. Enquête confiée à la BRDP.
— jean philippe deniau (@jpdeniau) 19 juillet 2018
Enfin, le président lui-même, en déplacement en Dordogne, a préféré ignorer la question.
VIDÉO – Interrogé à Périgueux sur la menace supposée que l’affaire #AlexandreBenalla ferait peser sur l’exemplarité de la République, Emmanuel Macron balaie : « Non, non, non, non, la République elle est inaltérable ! » pic.twitter.com/PqKkQ3sq9K
— Arthur Berdah ⭐️⭐️ (@arthurberdah) 19 juillet 2018
Bien entendu, les commentateurs se sont indignés, et à raison : comment peut-on tolérer ce genre de comportement à la tête de l’exécutif ? Ces éléments du service d’ordre parallèle du président avaient-ils l’autorisation d’agir de la sorte ? Selon eux, oui, selon Nicole Belloubet, non. Il serait temps que la justice se saisisse du dossier, l’état de droit doit s’appliquer exactement de la même manière du sommet à la base de l’ordre social. C’est sur ce genre de complaisance coupable que prospèrent populismes et incivilités.