La Chine et les États-Unis sont du même côté – le mauvais

La guerre commerciale Chine-États-Unis est factice puisque les intérêts des deux adversaires sont en réalité intimement liés : le moindre faux mouvement tournera à la catastrophe.

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La Chine et les États-Unis sont du même côté – le mauvais

Publié le 27 avril 2018
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Par Bill Bonner.

Cette semaine, nous voyons pourquoi et comment les batailles factices peuvent mal tourner.

D’un côté du ring, nous avons le Rêveur Américain, la Bombe Blonde en personne, Donald J. Trump.

De l’autre se trouve Xi Jinping, le Grand Espoir Rouge, bien décidé à ne pas devenir le Dernier Empereur de l’Empire du Milieu.

Comme des catcheurs professionnels, tous deux amusent la galerie avec leurs Mongolian chops… leurs body avalanches… et le toujours très populaire spinning elbow corkscrew drop.

Alors qu’ils font semblant de se battre, tous deux sont en fait dans la même équipe… travaillant ensemble pour le même but – séparer les fans de leur argent.

L’un dépense de l’argent qu’il n’a pas. L’autre accepte de l’argent factice et fait semblant qu’il est vrai. Tous deux sont persuadés qu’ils deviennent fabuleusement riches.

Les Chinois ont désormais des dizaines de villes et de centres commerciaux qui n’existaient pas en 1982 – quand bien même ils n’ont pas de clients, pas d’habitants et pas de revenus.

Les Américains ont des actions dont ils pensent qu’elles valent 24 fois plus qu’en 1982 – quand bien même le client moyen n’a pas un sou de plus en termes de pouvoir d’achat réel.

 

Un ensemble de fraudes colossales

Tout le fantasme, des deux côtés du Pacifique, est basé sur un ensemble de fraudes colossales.

On prétend que la fausse monnaie est tout aussi saine que la vraie, que la dette vaut l’épargne, que les autorités peuvent améliorer une économie en prêtant de la fausse monnaie à des taux réels négatifs… et enfin que des personnes ayant un diplôme et des théories insensées peuvent mieux guider une économie que les prix fixés par le marché.

Mais pour que toute cette arnaque puisse fonctionner, les deux côtés doivent coopérer. Si les deux abandonnent le script… c’est toute l’économie qui risque de dérailler.

Les Chinois nous en disent plus :

« Le côté chinois ira jusqu’au bout et à n’importe quel prix, et attaquera fermement, utilisant de nouvelles contre-mesures exhaustives, pour défendre fermement l’intérêt de la nation et de son peuple… La Chine ‘répliquera immédiatement, intensément, sans la moindre hésitation’ si les États-Unis annoncent une nouvelle liste de taxes douanières sur 100 milliards de dollars d’importations supplémentaires, a déclaré Gao Feng, porte-parole du ministère du Commerce chinois, ajoutant :

Nous les Chinois, nous ne cherchons pas la bagarre, mais si quelqu’un nous cherche noise, nous l’affronterons résolument. Nous les Chinois, nous prenons toujours les choses au sérieux ; nous agirons comme nous l’avons dit. »

Que va-t-il se passer ensuite ? Difficile à dire. Les deux côtés improvisent. M. Trump – qui se décrit lui-même comme étant « le Roi de la Dette » – ne semble pas comprendre le rôle de la Chine pour que la dette puisse continuer à affluer.

Et M. Xi ne semble pas réaliser que son économie repose largement sur l’argent factice des Américains.

 

Inondés de dettes

Le Rêveur Américain et le Grand Espoir Rouge peuvent bien s’asséner des flying forearms smashes et faire semblant de s’écharper devant les médias grand public… s’ils commencent à échanger de véritables coups, le spectacle tout entier risque de faire un flop.

La raison : trop d’emprunteurs et pas assez de prêteurs.

Déjà, la Fed laisse son portefeuille de dette galoper… au taux prévu de 600 milliards de dollars par an. Le gouvernement fédéral, parallèlement, vend de la dette (c’est-à-dire qu’il emprunte) – dans de gigantesques proportions.

Selon Forbes :

« La nouvelle norme américaine – des déficits budgétaires annuels fédéraux de 1000 milliards de dollars ou plus – entrera officiellement en vigueur cette semaine, lorsque le Congressional Budget Office publiera son rapport sur les perspectives économiques et budgétaires, qui montre que le déficit atteindra au minimum ce montant tout au long du mandat de Donald Trump. »

Pour information (avant que les trolls ne sortent de leur cachette), il y a effectivement eu quatre déficits fédéraux consécutifs de 1000 milliards de dollars durant l’administration Obama, sur les exercices fiscaux 2009-2012. Ces déficits étaient principalement causés par la Grande récession et sont restés temporaires.

Par contraste, les déficits de Trump à 1000 milliards de dollars marquent une évolution permanente des perspectives du budget fédéral ; ils sont causés par la mise en place d’une réduction des recettes fiscales et par l’augmentation des dépenses.

Tout à coup, le marché de la dette est inondé d’offre. Rien qu’entre le gouvernement américain et la Fed, près de 2000 milliards de dollars d’épargne seront absorbés tous les ans.

Cependant, la Chine est la plus grande détentrice de dette américaine – avec 1300 milliards de dollars. Imaginez ce qui se passerait si en plus la Chine décidait de se débarrasser des obligations américaines.

Qui achèterait une telle quantité de dette ? D’où proviendrait l’argent ? Qu’arriverait-il au prix de la dette (rendement des taux d’intérêt), avec autant de gros vendeurs et aucun gros acheteur ?

Comment un système financier mondial accoutumé à des bagarres factices… s’adapterait-il à un véritable combat ? Comment des millions d’emprunteurs déjà pris à la gorge avec des taux à 3 % survivraient-ils dans un monde à 5 % ?

Le gouvernement américain, pour prendre un exemple majeur, a déjà prévu que les dépenses liées au service de la dette dépasseraient celles consacrées à la défense… d’ici 2020.

Cela en partant du principe que les taux n’augmenteront pas de manière significative. Si l’on remet les taux à des niveaux normaux… c’est tout l’édifice qui s’effondre.

Dans la Civic Arena de Pittsburgh, en 1998, le catcheur Mankind, « L’Humanité », s’est effondré sur le sol lors d’un affrontement qui a mal tourné. Endolori, abîmé et tout cassé, le catcheur professionnel a survécu. Les fans ont adoré.

Mais lorsque le système financier mondial implosera…

… Nous doutons que l’humanité apprécie beaucoup.

Pour plus d’informations, c’est ici

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  • juste une question…pour éponger leurs dettes ou masquer encore plus leurs fraudes…ne serrait-ce pas l’UE qui va encore se retrouver dans la mouise comme en 2008? bref encore les autres qui vont se retrouver en crise par leur faute?

    • La Chine achète des dollars aux USA à un cours soufflé. Les USA vendent des dollars à la Chine à un cours soufflé. Si le soufflé retombe, je ne doute pas que les Européens mettront leurs déboires sur le dos des USA et de la Chine, mais en réalité, ils seront les seuls responsables de leurs ennuis à eux.

      • pour ce qui et de la crise de 2008 c’était bien dû aux US ? ou pas?

        • Les US furent le doigt qui a appuyé sur la gâchette. L’Europe avait si bien chargé le pistolet contre sa propre tempe que certains pays (suivez mon regard) ne s’en sont pas encore remis, tandis que d’autres, du genre à commencer par I et à se terminer par lande, se portent bien mieux qu’avant. C’est très français, mais ça a contaminé l’UE : en cas de crise, au lieu de se précipiter sur le plan de redressement ou d’en élaborer un si on n’en avait pas, on lance une grande chasse aux responsabilités. Celui qui ne répare pas le toit de la maison quand il fait beau aura beau jeu d’accuser le cyclone. Ceux qui sont sur le toit et pointent du doigt les nuages qui montent à l’horizon sans rien faire d’autre que regarder, on devrait les forcer à y rester…

          • @ MichelO
            Bien vu, bravo!

            Il suffit d’un peu de patience en attendant le prochain krach financier et / ou boursier pour confirmer que « la politique » n’aura pas retenu grand-chose de 2008, et concrétiser son bien en valeurs plus sûres, en attendant !

  •  » Cependant, la Chine est la plus grande détentrice de dette US – avec 1 300 Md$. Imaginez ce qui se passerait si, en plus, la Chine décidait de se débarrasser des obligations US.  »

    Plus grande mais qui représente  » que  » le 20% de tout ceux qui détiennent cette dette.

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