Formation obligatoire des conducteurs : les politiques détestent la nouvelle économie

L’arsenal législatif contre la nouvelle économie est en marche. Première étape : la formation obligatoire des conducteurs. Vous aurez le droit de transporter une pizza dans votre véhicule personnel, mais uniquement si celle-ci vous est destinée !

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Formation obligatoire des conducteurs : les politiques détestent la nouvelle économie

Publié le 13 avril 2018
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Par Olivier Maurice.

Décidément, l’État français n’aime pas la nouvelle économie.

Après avoir corseté Uber dans un carcan administratif imaginé par un champion de la phobie administrative, mis au pas AirBnB puis s’être fâché tout rouge pour mettre au pas les loueurs, condamné Apple à une amende pour avoir demandé  la permission de refuser l’entrée de ses magasins à des manifestants hostiles, réglementé l’artisanat coopératif, pourchassé Apple (encore) et Epson pour obsolescence programmée, voici maintenant que le législateur s’attaque au e-commerce, ou plutôt à sa logistique : aux centaines, voire aux milliers d’emplois nécessaires pour distribuer livres, pizzas, courses et autres colis en tout genre à l’aide de VUL, véhicule utilitaire légers, acronyme qui est au transport de colis ce que le VSL est au transport de passagers.

Pendant que les forces blindées sont en pleine opération massive pour convaincre la commission Européenne de frapper un grand coup sur ces outrecuidantes sociétés étrangères qui ne paient pas d’impôts, les tirailleurs se déploient pour faire un carton sur tous ces outrecuidants chômeurs qui viennent de trouver un boulot de livreur tout simplement en utilisant leur véhicule personnel, sans passer par la case formation professionnelle, ni la case pôle emploi, ni la case diplôme et certificat de conformité.

La nouvelle économie ne passera pas

L’offensive contre l’auto-entrepreneur débrouillard et bosseur va pouvoir débuter ! La nouvelle économie, avec ses emplois sans patrons et sans horaires de travail dûment réglementés ne passera pas !

Parce qu’imaginez l’horreur sociale : « certains chauffeurs roulent jusqu’à 90 heures par semaine ! » s’indigne Damien Pichereau, rapporteur auprès de la commission de développement durable et de l’aménagement du territoire (et non auprès du ministre de la Santé ou du ministre du Travail ainsi que pourrait le laisser penser son argumentation. Ni auprès du ministre des Transports ou celui de l’Économie, car comme toute le monde le sait : la nouvelle économie est un problème écologique)

Il devient donc urgent de renvoyer ces travailleurs à pôle emploi et surtout de protéger le transport routier existant, car comme le souligne le député Pichereau :

Le risque d’accélérer le développement du transport international de marchandises par VUL au détriment des poids lourds doit être pris en considération.

Pas de concurrence

Qu’on se le dise, la nouvelle économie ne viendra pas faire concurrence au transport routier : hors de question d’avoir droit à une nouvelle invasion de travailleurs détachés et surtout hors de question pour le gouvernement d’avoir une grève avec blocage des autoroutes, des aéroports et des MIN sur les bras : le développement durable se doit de venir au secours aux poids lourds !

L’arsenal législatif est donc en marche. Première étape : la formation obligatoire des conducteurs. Vous aurez le droit de transporter une pizza dans votre véhicule personnel, mais uniquement si celle-ci vous est destinée, sinon il faudra au préalable avoir appris (et payé pour apprendre) comment transporter cette pizza à quelqu’un d’autre.

On n’a aucun mal à imaginer la suite : réglementation par l’ajout de quelques dizaines de pages supplémentaires dans le Code du travail, convention collective, inscription obligatoire au registre du commerce et à la chambre des métiers, assurances professionnelles, cotisations sociales, TVA, impôts sur les bénéfices… et une fois que le secteur sera en difficulté à force de réglementations et de taxes : plan d’aide et subventions…

Est-ce vraiment comme cela qu’Emmanuel Macron pense s’y prendre pour faire entrer la France dans le 21e siècle ?

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  • et après on s’étonne que les ceusses qui veulent vraiment travailler se tournent vers le travail au noir……

  • C’est déjà fait pour qu’un gardien d’immeuble change une ampoule.
    Il doit désormais suivre un stage qui coûte 700 €.

  • Moralité:faites du black en liquide et laissez ces tecnocrates bons a rien (excusez le pleonasme)s’encroumer dans leurs certitudes anti liberté

  • Mais tout cela est bien normal, on a déjà créé une formation d’aide maternelle pour des mamans ou des papas qui ont élevé avec succès leurs enfants, mais sans diplôme alors créons une formation pour…….les dealers……..tiens c’est une excellente idée avec inscription au registre des ………libéraux, pourquoi pas tant que l´on y est un ordre de ces professions.

  • ce qui est assez drôle en France: pour ouvrir une boulangerie il faut obligatoirement avoir un diplôme dans ce domaine..pour ouvrir une entreprise de paysage pas besoin de diplôme ….cherchez l’erreur.

    • N’y aurait-il pas un lien avec le rapport du nombre de volontaires lève-tôt boulangers à celui de décorateurs de paysages autodécrétés chez les enfants de nos parlementaires ?

    • Oui, il suffit de voyager un peu pour se rendre compte de la maladie du diplôme pour tout dont souffre la France.

  • Les commentaires sont fermés.

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