Loi alimentation : on en remet une couche

Grâce à une nouvelle couche de lois sur l'alimentation, on va joyeusement augmenter les prix et diminuer le pouvoir d'achat des Français, trop scandaleusement élevé.
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Loi alimentation : on en remet une couche

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 janvier 2018
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Magie (calculée ?) de l’actualité : alors que la France découvrait, effarée, qu’on se bat encore dans certaines régions pour se procurer des ressources vitales comme du Nutella à prix discount, le gouvernement dévoilait les grandes lignes de sa nouvelle Loi Alimentation que tout le monde attendait avec une impatience difficilement canalisable.

Oui, vous l’avez bien lu : de nos jours, en France, on se bat pour des pots de pâte à tartiner en promotion. Ce n’est pas rien : ce genre d’événements permet en effet à deux phénomènes de s’exprimer librement dans les médias.

D’une part, ces bousculades nutellisées nous offrent une avalanche d’analyses extrêmement pointues sur la pauvreté en France qui pousserait certaines populations à se ruer pour posséder un produit subitement devenu « de luxe » à la faveur de l’événement. Quand ce n’est pas cette extraordinaire exégèse, c’est celle qui veut que la société ultracapitaliste turbolibérale favorise ces empoignades grotesques. À côté, on a droit aux réflexions emphatiques sur l’évidente malbouffe qui envahit nos habitudes et nos placards à force de promotions scandaleusement alléchantes.

Autrement dit, une promo sur le Nutella qui dégénère, et tout ce que le pays compte d’intellectuels se met à pondre des analyses pour occuper le temps de cerveau de ceux qui ont refusé de s’en procurer.

D’autre part et c’est encore plus fameux, cela permet très commodément de pousser l’actuel agenda gouvernemental en matière de lutte contre les méchantes dérives commerciales sur les produits alimentaires. Pour une coïncidence, c’est une coïncidence mais c’est comme les promos Nutella, il serait fort dommage de ne pas en profiter.

C’est donc ainsi que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a dévoilé les premiers éléments de sa loi Alimentation, qui sera officiellement présentée le 31 janvier en conseil des ministres.

Comme trop souvent en République du Bisounoursland, tout part d’un problème idiot analysé de travers et dont la résolution sera catastrophiquement à côté de la plaque. Cette nouvelle tentative de plonger les filières alimentaires du pays dans le désarroi sera, n’en doutons pas, couronnée de succès : rappelons en effet que les précédentes occurrences avaient par exemple permis à Guillaume Garrot, alors ministre délégué chargé de l’Agro-alimentaire, d’exprimer toute l’ampleur de son intelligence en réclamant (je n’invente pas) qu’on puisse enfin payer les yaourts à l’unité (c’est déjà le cas, mais peu importe), qu’on transforme les promotions « Deux achetés, trois vendus » en « Deux achetés, le troisième vendu bien plus tard » ce qui ruine totalement l’idée promotionnelle basée sur un écoulement rapide du stock, ou encore qu’on retire bien avant leurs dates limites les produits en rayon pour redistribuer sous forme d’aide et de dons alimentaires, fusillant ainsi tout l’intérêt de ces dates et détruisant consciencieusement le travail de douzaines d’associations caritatives sur le terrain depuis des années.

Évidemment, à part la production d’enquiquinements administratifs supplémentaires et quelques amusants billets de blog, ces initiatives consternantes n’avaient apporté absolument aucune améliorations palpables des filières concernées, au contraire.

Il était donc relativement inévitable qu’on étale une nouvelle couche d’intervention étatique dans le domaine alimentaire : l’ultralibéralisme de Macron et de son gouvernement frappent donc à nouveau avec ces propositions dont le détail permet de donner une nouvelle dimension au foutage de gueule en technicolor que les Français subissent actuellement.

Eh oui : fini, les promotions excessives. Un acheté, un gratuit, ce ne sera plus possible ! On va limiter la promo à 34% de la valeur, et puis c’est tout !

Et c’est tant mieux : pensez-donc, à ce rythme-là, bientôt, les gens auront des placards pleins et des portefeuilles épargnés alors que tout le monde sait qu’il vaut largement mieux des portefeuilles et des placards parfaitement synchrones, c’est-à-dire vides. Réjouissez-vous donc : l’actuel ministre de l’Agriculture Stéphane Travert se bat activement pour empêcher une hausse scandaleuse de votre pouvoir d’achat !

Et qui, mieux que le gouvernement, pour décider à votre place ce que vous devez faire de votre argent, les promotions qui vous sont bonnes et celles qui sont excessives ?

Ce n’est pas tout ! Il faut mettre fin à ces pratiques scandaleuses de reventes à perte qui permettent à trop de Français de faire de bonnes affaires. Sur certaines catégories de produits de grandes marques (comme, coïncidence, le Nutella ou le Coca-Cola), les marges des enseignes sont bien trop petites et la nouvelle loi va enfin les obliger à les augmenter. Autrement dit, c’est ♪ vrément ♫ supayr ♩, notre ministre se bat activement pour que les prix augmentent !

Sans surprise, de la même façon que Garot avait décidé de nous faire rire avec ses idées ridicules en matière de gestion des cantines, Travert propose de nous amuser avec ses propositions sur ces mêmes cantines : d’ici 2022, la moitié des aliments qui y seront servis seront bios (à hauteur de 20%) et locaux (pour les 30% restants). L’augmentation du coût des repas servis sera compensée par de généreuses portions de poudre de licorne dispensée au petit déjeuner ainsi que des chamallows grillés dans un arc-en-ciel.

Enfin, et dans une continuité – qui frise la perfection – des actions du précédent gouvernement socialiste, le ministre entend imposer des audits et des diagnostics des pratiques d’achats des entreprises de restaurations collectives parce qu’il semble évident que ces entreprises n’ont rien à carrer du gaspillage et qu’elles gèrent manifestement leurs achats d’une façon sous-optimale que seul un agent de l’État, son administration, ses procédures et ses petits cerfas en triplicatas serrés sauront redresser.

On le comprend : non seulement, il s’agit d’une nouvelle resucée des précédentes lubies de Garot dont le succès flamboyant permet déjà de se faire une bonne idée de ce qui va nous arriver, mais encore faut-il appuyer sur l’emploi de méthodes toujours aussi stupéfiantes d’innovation et de finesse politique, qui mêlent à la fois une compréhension intime des mécanismes de l’économie de marché et l’analyse en profondeur des problèmes soulevés pour faire une véritable symphonie d’âneries invraisemblables.

Tout ceci est formidable : grâce à l’énergie considérable que vous fournissez à ces histrions de l’emmerdement maximum par le truchement de vos impôts prélevés de plus en plus souvent et de plus en plus profondément, nous arrivons dans cette situation délicieuse où ceux qui sont normalement vos commis font absolument tout pour vous sucrer le peu de pouvoir d’achat qui vous restait une fois leur razzia terminée.

Et mieux que ça : l’abrutissante stupidité des propositions débitées par le ministre, si minutieusement contre-productives, ne semble défriser aucun journaliste, aucun économiste en vue dans les médias, aucun éditorialiste pourtant si prompt à sauter sur les émeutes nutellaires comme la vérole sur le bas clergé. Le peuple, anesthésié par ses intraveineuses de promotions scandaleuses, semble ne plus réagir.

Ce pays est foutu.

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Voir les commentaires (19)

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  • Nutela cet infâme produit pour lequel on se bat dans les pays du tiers-monde
    Il est l’exemple d’un succès marketing comme les hamburgers par exemple qui sont surtout un pain plus que médiocre et d’une viande dont on ignore la provenance

    • Commentaire parfaitement hors sujet.

    • Comme dirait une amie : quel est le rapport avec la choucroute ?

    • succès marketing ?? un succès marketing n’est que très passager si les consommateurs n’aiment pas le produit .
      là , ils sont même prêts à se battre pour en avoir ( ça, je reconnais que ça me désole un peu , mais chacun est libre de ses choix ).

      même chose pour les burgers. Si vous passez par Clermont-Ferrand , je vous conseille le magnifique Bougnat-Burger. Le pain est excellent et on sait d’où vient la viande.

    • Vous êtes contre toute forme de liberté, dictateur à la noix ❗

  • Au moins, nos politiciens sont constants :
    * deresponsabilisation (bein oui, si le citoyen n’est pas cornaqué, même dans sa façon de se nourrir, ce dernier va se gaver de Nutella & Coca) ;
    * nouvelles taxes et autres joyeusetés ! (mais nous n’augmentons pas les impôts, c’est une taxe, c’est différent ma bonne dame !).

    Bref, nos tickets de rationnement nous donnant droit à 6 cocas par mois ? (mais c’est pour notre bien :D)

    • Responsabilisation ? Pour le Nutella, on s’en fiche par contre pour les cantines les gamins ne sont par définition pas responsable car les écoles sont censés leur apprendre à l’être… on devrait davantage que le tout bio proposer 2 plats dont un végétarien, d’une part pour la santé publique (3 fois 50g de viande recommandé par la diététique), pour la formation au goût et habitudes alimentaires, indirectement ça réglerait aussi les problèmes communautaires et environnementaux, et d’autre par ça permettrait au moins un choix.

  • Ce qui me gène est..de ne pas avoir profité de cette super affaire …du Nutella à 1,5..ha ha ha ce n’est pas le prix habituel lorsqu’ils ne font pas la culbute sur les marges ?
    M’enfin ,même aux forceps ils n’arriveront pas à créer de l’inflation sans augmenter le pouvoir d’achat . Pouvoir d’achat toujours aussi entamee par une fiscalité suicidaire.

    Bref comme dab ,on entube le client à grand renfort de complicité politique

  • « tout ce que le pays compte d’intellectuels se met à pondre des analyses ».
    Analyses qui, du point de vue couleur et consistance, ressemblent à s’y méprendre à du Nutella mais n’en sont pas, un peu comme le « klug » de Monsieur Preskovic.

  • Cette loi ahurissante et à l’esprit soviétique aura moins un bénéfice : discréditer définitivement Macron aux yeux des libéraux les plus bienveillants et qui lui accordaient encore le bénéfice du doute.

  • Ce qui fait le plus froid dans le dos, c’est la conclusion logique de cet article…

  • Whouah ! Ca va être chouette le résultat des Etats Généraux de l’alimentation quand on voit ce que peut faire un champion tout seul dans son coin !

  • Étatisation de la société et abrutissement du citoyen vont de pair.

  • Encore et toujours des restrictions ! Le temps des soldes étant déjà très cadrés, c’est maintenant le tour des promotions. Cette « émeute » à propos de nutella est le prétexte rêvé, pour ces économistes à la gomme, d’enrégimenter la gestion des commerçants, leurs interdisant des prix « trop » bas ; ceci pour « améliorer le comportement » des consommateurs. Car n’oublions pas, pour faire passer la pilule restrictive, l’arrière pensée de ces individus c’est évidemment « le bien-être » de la population. Quelle hypocrisie !
    Il est absolument inadmissible que l’Etat intervienne dans la gestion des entreprises et prive ainsi les gens de profiter de prix très avantageux. Si des particuliers souhaitent acheter cette pâte à tartiner (que je trouve parfaitement infecte) c’est leur droit le plus stricte et l’Etat n’a en aucun cas à intervenir dans ce domaine. C’est absolument scandaleux !

  • Proposition citoyenne et festive de loi sur l’alimentation : tous les repas se feront obligatoirement chez Bocuse au frais de la sécu en vu d’assurer un repas saint, équilibré, conscientisé et de qualité pour toutes et tous.
    Personne n’osera se prononcer contre…

  • J’ai une question, qu’est-ce qui coûte plus cher, le col Mao ou le col ouvert?

    J’attends avec impatience une loi sur la nature du col que je pourrai porter après avoir ingurgité la tambouille gouvernementale autorisée transportée en char à bœufs.
    Au fait, quid de la dette masquée par les mains aux fesses.

  • Et les imbécil(e)s qui se battent lors de l’ouverture des soldes de vêtement ça ne gène personne apparemment? Mais parce qu’il s’agit du Nutella synonyme de mal absolu décrété par la pensée unique boboisante écoconsciente alors les journaleux aux ordres en font leur choux gras.
    Qui plus est il n’y a eu dans le faits qu’une ou deux altercations sans gravité et on a droit à un torrent d’article consternant alors que lorsque des centaines de voitures sont brulé pour la nouvel an tout le monde s’en fout. La presse marche sur la tête, voilà ce qui arrive quand celle ci devient inféodé au pouvoir.

  • petite devinette :
    libéralisme – économie de marché – responsabilité – macron
    cherchez l’intrus!!

  • Les commentaires sont fermés.

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