Propos de John Cleese rapporté par la Foundation for Economic Education
L’acteur britannique et génie comique partage sa façon de penser avec le site Big Think sur le politiquement correct, la critique et l’humour.
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Je suis choqué tous les jours. Par exemple, les journaux britanniques me choquent chaque jour par leur paresse, leur méchanceté, leur imprécision, mais je ne m’attends pas à ce que quelqu’un mette fin à cela ; je me contente juste d’en parler.
Parfois, quand les gens sont choqués, ils veulent… on peut juste y aller et dire : « C’est bon, arrêtez ! » à quiconque vous choque. Et bien sûr, comme l’a dit un ancien président de la BBC, il existe certaines personnes que j’aimerais bien choquer.
Je pense que ça aussi c’est vrai. Dès lors, je n’adhère absolument pas à l’idée que je dois être protégé contre toutes sortes d’émotions inconfortables.
Un type que j’ai aidé à écrire deux livres sur la psychologie et la psychiatrie, un psychiatre londonien renommé, Robyn Skinner, m’a dit quelque chose de très intéressant. Il m’a dit :
Si les gens ne peuvent pas contrôler leurs propres émotions, alors ils doivent essayer de commencer à contrôler le comportement des autres.
Et quand vous êtes entouré de gens hypersensibles, vous ne pouvez pas vous détendre et être spontané, parce que vous ne savez pas quelle sera la prochaine chose qui va les froisser.
Et c’est pourquoi j’ai été averti récemment : ne te rends pas sur la plupart des campus et des universités, le politiquement correct est parti d’une bonne intention (c’est-à -dire, ne pas être particulièrement méchants avec ceux qui ne sont pas capables de se prendre en charge, ça c’est une bonne idée), pour aboutir à une situation où toute critique de tout individu ou groupe peut être qualifiée de cruelle.
Or, la raison d’être de l’humour, de la comédie (et croyez moi, j’ai longuement mûri la question) c’est que toute comédie est critique. Même si vous faites une blague très inclusive (non discriminante) du point de vue de la diversité, comme par exemple : « Comment faire rire Dieu ? En lui disant quels sont vos plans », ça parle de la condition humaine, sans exclure personne. Ça signifie que nous avons tous des plans qui ne vont probablement pas se réaliser, et que c’est drôle que nous croyions quand même que ça va marcher. Donc, c’est une blague très inclusive, mais ça reste quand même critique.
Tout humour est critique. Si on commence à dire : « Oh, nous ne devons pas les critiquer ou les offenser », alors, l’humour est mort, et avec lui le sens de la mesure, et en ce qui me concerne, à ce moment là , on vit en 1984.
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Traduction par Contrepoints de Monty Python’s John Cleese: « I’m Offended Every Day ».
Cet article a été publié initialement en février 2016.
Lui, il a de la classe et de l’humour. Rien à voir avec le présent locataire de l’Elysée qui en est totalement dépourvu quoiqu’il en pense!
Les gens ont perdu la raison et se laissent submerger par leurs émotions. C’est une époque d’enfants gâtés qui jouent aux adultes sans rien comprendre à la notion de responsabilité.