L’OCDE tue le mythe d’une santé trop chère en France

Le Panorama de la Santé pour 2017 de l’OCDE analyse les performances du système sanitaire français. Contre toute attente, la France obtient la meilleure performance de l’OCDE en matière d’accessibilité aux soins.

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Médecin pédiatre (Crédits David Mason, licence Creative Commons)

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L’OCDE tue le mythe d’une santé trop chère en France

Publié le 18 novembre 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Une représentation tenace veut qu’un nombre considérable de Français renonce chaque année aux soins faute d’argent. Ce fantasme, à force d’être répété, s’est imposé comme une légende urbaine.

Ainsi, lors du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le député de gauche Pierre Dharréville a pu déclarer publiquement :

Les inégalités dans l’accès aux soins explosent, comme le souligne le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale souligne leur haut niveau. Un exemple ? Le renoncement aux soins, qui atteint 30 %, et même 50 % chez les jeunes.

Le chiffre de 50% de renoncement aux soins tournera en boucle durant tout le débat, sans qu’aucun ministre ne prenne le soin de corriger l’information. Pourtant, le rapport cité par le député Dharréville affirme seulement :

le renoncement aux soins est plus fort chez les femmes : 16,5 % des femmes déclarent avoir renoncé à un soin l’année précédente alors qu’elles en avaient besoin, alors que c’est le cas pour 11,7 % des hommes

On le voit, on est très loin des 30 ou 50% de la population renonçant aux soins. La propagande a la vie dure.

La France a réglé le problème de l’accès aux soins

En réalité, la part des renoncements aux soins en France pour des raisons financières est largement documentée, et demeure marginale. Elle n’a de poids réel que pour les soins dentaires.

Le panorama de la santé dressé par l’OCDE souligne que la France est le pays qui prévoit le moins de reste à charge pour les patients. Sa « sur-performance » par rapport aux autres pays est environ deux fois supérieure. Dans la pratique, aucun pays industrialisé n’a aussi bien vaincu que la France le problème de l’accès aux soins.

Le rôle de la Sécurité sociale et ses paradoxes

Dans cette incontestable réussite française, il faut poser la question du rôle de la Sécurité sociale. Il est incontestable que la mutualisation obligatoire des risques du fait de la réglementation contribue fortement à éradiquer les difficultés financières d’accès aux soins. L’obligation de s’assurer a des effets positifs.

Il existe toutefois un paradoxe qui mérite d’être expliqué. La performance française en matière de renoncement aux consultations est meilleure que la moyenne OCDE, mais très inférieure au niveau du reste à charge réel des patients.

Cette apparente contradiction dans les chiffres s’explique par la politique de remboursement de la Sécurité sociale. Pour des raisons politiques, elle mène une politique malthusienne sur certains remboursements : médecins en dépassements d’honoraires, frais d’optique ou dentaires. Sur ces postes de dépense, les remboursements sont fréquemment plafonnés par le régime général.

C’est par exemple le cas des consultations chez la plupart des gynécologues, qui sont en dépassement d’honoraires. La réglementation en matière de contrats responsables, imposée par Marisol Touraine en 2014, supprime les avantages fiscaux accordés aux organismes complémentaires, si ceux-ci remboursent les frais médicaux réels.

On voit donc que la lutte contre le reste à charge sur les patients est aujourd’hui remportée grâce à l’intervention des organismes complémentaires. Cette victoire pourrait être totale si la Sécurité sociale n’y faisait obstacle.

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  • On parle d’accessibilité aux soins sans évoquer les déserts médicaux fort nombreux
    Oui la santé coûte très cher en France avec des résultats tangibles mes français se gavent de médocs ( 35 milliards d’€ par an dont 7 milliards qui finissent à la poubelle et entre 20 000 et 30 000 morts par abus médicamenteux ) Par comparaison, les italiens en dépensent seulement 18

  • « Dans la pratique, aucun pays industrialisé n’a aussi bien vaincu que la France le problème de l’accès aux soins. »
    C’est de l’humour d’écrire ça quand on connaît le problème des déserts médicaux ! ! !
    Qui a pu pondre un tel article ?

    • on parle de renoncement aux soins pas de la difficulté matérielle de voir un médecin. Les chiffres sont là..’auteur ne fait que les reprendre.

  • « en matière d’accessibilité aux soins »
    Nous sommes le modèle des modèles avec la désertification galopante organisée depuis des décennies par tous les gouvernements successifs …
    Nous somme devenus un pays du tiers monde obligé d’importer des médecins étrangers afin de palier la défaillance de notre système de santé …. avant les médecins français allaient soigner les autres chez eux ….
    Pour les énarques: la santé a peut être un coût mais c’est aussi un investissement ….
    Grâce à notre système si génial qui parle du suicide des soignants: médecins, infirmières aides soignants soumis à la sacro-sainte rentabilité … c’est ça le modèle pour les autres pays de OCDE ?????

  • A la lecture du graph, je repense à cette célèbre maxime « je ne crois aux statistiques que quand je les ai moi même falsifiées ». Par exemple, pour le cancer, pourquoi prendre seulement le colon, qui est un des rares pour lequel l’imagerie n’est pas utile. Quand on sait le bilan tiers mondiste du délai d’attente en France pour les scan et IRM, le chiffre global de survie après cancer de toute sorte aurait été infiniment plus pertinent. par exemple : https://www.revmed.ch/RMS/2008/RMS-166/Cancer-la-grande-disparite-internationale-des-taux-de-survie-a-cinq-ans
    Ceci ne fait que confirmer une chose où la France excelle: noyauter les machins internationaux.

    • Le siège de l’OCDE est dans le XVI°, le château de la muette.
      Et les publications de l’OCDE sont tjs partial, d’ailleurs mettre la consommation de l’alcool dans les facteurs de risque est .. disons contreversé. Quant à la mortalité cardiaque ischémique elle est de 1 à 10 suivant les pays et ne me parait pas lié à la structure de soins.

    • Pour le cancer du côlon, le business de la coloscopie systématique n’est certainement pas étranger au choix. Oui, nous avons de bons chiffres, mais à quel prix ? Outre le coût direct, on peut évaluer le risque anesthésique à partir du montant demandé pour la consultation pré-opératoire de 5 minutes à 50 euros, auquel il faut ajouter le prix des maladies nosocomiales jamais pris en compte, et je ne sais quoi encore. Le bon sens voudrait que les statistiques soient remplacées par des chiffrages du risque, et que les actes médicaux soient entrepris dès qu’ils réduisent le risque global, et non quand ils améliorent un peu telle ou telle statistique visible mais au détriment de toutes les autres.

  • Les gens de gauche osent tout, c’est à cela qu’on les reconnait. Aucun mensonge n’est trop gros ni trop grotesque pour ces demeurés mentaux!

  • Mouai, article bien trop optimiste à mon sens, la réalité est tout autre, surtout concernant la prise en charge des populations CMU, ACS, AME qui sont de plus en plus pris en charge comme du bétail, vu les tarifs minables des soins imposés par la sécu

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