Lettre d’exil – la barbarie et nous, de Jeannette Bougrab

Jeannette Bougrab, depuis deux ans en Finlande, publie un livre de réflexion sur la société, le terrorisme, l’islamisme.

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Jeannette Bougrab

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Lettre d’exil – la barbarie et nous, de Jeannette Bougrab

Publié le 30 octobre 2017
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Par Francis Richard.

Jeannette Bougrab – qui a été la compagne du dessinateur Charb, directeur de publication de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015 – est, depuis un peu plus de deux ans maintenant, en exil en Finlande où elle dirige le service d’action culturelle de l’Institut français.

Fille de harki, née en 1973 à Châteauroux, l’auteur de Lettre d’exil « mesure la chance d’être de [sa] génération » : elle a en effet fait des études à une époque où il était encore possible de devenir docteur en droit public en ayant des parents qui ne savaient ni lire ni écrire…

 

Jeannette Bougrab dénonce la régression

Aujourd’hui la France occupe le 26e rang dans la dernière étude PISA de l’OCDE publiée en 2016… Ce n’est donc certainement pas un hasard si l’école française, qui n’a pas su se réformer, n’échappe pas à l’obscurantisme, terreau de l’intégrisme :

« Jadis sanctuaire qui permettait l’intégration des enfants d’horizons lointains, elle cristallise aujourd’hui tous les travers du communautarisme. »

Le sort des femmes en France est également menacée :

« On assiste à une régression épouvantable cautionnée par le Coran, mais aussi par ceux qui osent nous parler d’islam des Lumières, d’une religion de l’amour et de la concorde ! »

 

Le financement du terrorisme

Alors elle désigne l’ennemi, celui qui finance, avec son pétrole, l’islamisme en France, via les écoles coraniques et les mosquées salafistes, l’Arabie saoudite, où l’idéologie terroriste puise sa doctrine criminelle dans les principes du wahhabisme :

« S’il n’y avait pas eu l’or noir, la question du wahhabisme n’aurait été qu’une affaire anecdotique aux marges du monde islamique. Il aurait été confiné à quelques contrées désertiques. Il n’aurait pas étendu son ombre politico-religieuse à la quasi-totalité de l’espace musulman. »

En Arabie saoudite, « les droits les plus fondamentaux sont inexistants ». Le wahhabisme en est la cause et prolifère, comme une maladie infectieuse, dans des « territoires meurtris par des guerres civiles à répétition, qui exposent les populations à l’exode et à la mort ».

La monarchie du Golfe accorde ses aides financières à leurs gouvernements, tel le Yémen, avec pour contrepartie une soumission totale : elle « fait la guerre, au besoin, contre ceux qui se révoltent », avec des armes achetées aux pays occidentaux qui la considèrent comme une alliée…

Or l’internationale djihadiste n’a pu essaimer aisément que grâce à l’argent wahhabite – plus de 100 milliards de dollars en trois décennies -, de l’Afghanistan, à l’Irak et à la Syrie. Et la filiation financière entre le royaume saoudien et l’État islamique est avérée…

Les pays occidentaux, tels que la France ou les États-Unis, se rendent donc complices de véritables monstruosités :

« Le terrorisme islamiste sait faire preuve d’une cruelle créativité pour convaincre la masse des ignorants : égorgement, viol, empalement sont au menu… »

 

Jeannette Bougrab contre la propagande

Alors, Jeannette Bougrab est en colère contre toutes ces compromissions, toutes ces lâchetés. Car il ne faut pas se leurrer :

« L’islamisme radical veut imposer au monde sa loi prétendument divine, exclusive par principe de toute autre :  sa propagande joue tour à tour sur la corde romantique – l’islam « fiévreux et fervent » – pour ensorceler les plus faibles et sur la corde culpabilisante – le procès en islamophobie – pour désarmer les plus forts. »

En France, les élites bien-pensantes s’y laissent prendre, et les personnalités de religion musulmane, à de rares exceptions près, se taisent… Les faits parlent pourtant d’eux-mêmes et les dirigeants politiques européens finissent par en prendre conscience :

« Aujourd’hui, après les attentats de Paris, de Bruxelles et de Berlin, les gouvernements osent enfin utiliser le terme qui jusqu’à présent leur brûlait les lèvres : guerre. Ils commencent seulement à prendre la mesure d’un conflit mondial mené par les sectateurs de l’islam contre l’Occident, cette civilisation de mécréants et d’hérétiques. »

 

Comment mener la contre-offensive ?

En mobilisant la société civile : il s’agit d' »impliquer chaque citoyen dans la lutte contre ce mal radical qui le menace directement », en prenant exemple sur Israël, où les services de renseignement savent anticiper et intervenir rapidement…

La contre-offensive doit se faire également sur le front culturel, et ce n’est pas tâche facile, puisque « les rares inconscients qui poursuivent la lutte contre l’obscurantisme islamiste sont jetés en pâture à la plus féroce des haines, celle des bien-pensants ».

L’espoir pourrait bien venir d’ailleurs :

« Heureusement qu’il existe des intellectuels continuant de vivre dans leur pays, et qui ont le courage de dénoncer tout haut une réalité que nous, Occidentaux, refusons de condamner même tout bas : au prix de leur vie, de nouveaux hérétiques se battent contre des Inquisitions renouvelées. Ils sont courageux, voire téméraires, et incarnent l’esprit de résistance. »

Ces résistants, ces dissidents – parmi lesquels des femmes rebelles – sont cependant voués aux gémonies par les compagnons de route des islamistes et il ne s’agit pas de la part de ces derniers « d’une simple insulte, mais d’une désignation mortifère »…

Jeannette Bougrab écrit :

« S’il y a une chose que j’ai apprise dans ma vie, c’est que la liberté n’est jamais définitivement acquise. »

Elle a choisi de combattre pour elle, de descendre dans l’arène, de contribuer à mettre fin à la barbarie, de nommer les événements pour ce qu’ils sont : « djihadisme, salafisme, wahhabisme, islam radical, Daech, Arabie saoudite, Qatar, Turquie… »

À la fin de sa lettre, elle fait cet aveu :

« Je peux vous le dire sans me cacher, rien ne soulagera la douleur, ni le temps, ni la distance. La douleur continue de me transpercer le cœur à chaque instant, et le deuil de l’être chéri ne se fait pas. Quand le souffle me manque, j’essaie de me convaincre que je contribue, même de manière subsidiaire, à bâtir un monde meilleur. »

Sur le web

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  • A titre subsidiaire, c’est bien , Madame, quand les dirigeants de gauche et d’extreme gauche préparent le lit de nos cercueils.

  • Nous avons introduit le crime d’opinion..nous avons introduit le criminel potentiel, nous dévoyons le sens des mots, nous punissons la haine ..par faiblesse et lâcheté de quoi faut il s’étonner ensuite.

    • Je trouve que l’on a (enfin) progressé dans la désignation précise de l’ennemi : « terrorisme islamique », «  »Ètat islamique, « musulmans radicalisés ». Certains veulent aller plus loin, et voudraient qu’on le nomme « islam », ce que je ne fais pas et ce que ne fait pas Jeanette Bougrab, qui ‘est bien placée pour savoir que le hasard de la naissance ne vous transforme pas autonatiquement en criminel potentiel, mais que c’est le résultat d’un enseignement et d’une propagande. Voir : https://yvesmontenay.fr/2016/02/09/lislam-ca-nexiste-pas/

      • le musulman radicalisé n’est pas mon ennemi..c’est un opposant politique pour moi … ou alors le catholique radicalisé ou le juif radicalisé est mon ennemi. aussi.. les dogmes de façon générale peuvent servir de socle à un totalitarisme..

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