Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (11)

Poursuite de notre série destinée à vous faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de l’auteur autrichien Stefan Zweig. Aujourd’hui, présentation de « Ivresse de la métamorphose ».

 

Par Johan Rivalland

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (11)

Publié le 15 juillet 2017
- A +

Par Johann Rivalland.

Oeuvre posthume, Ivresse de la métamorphose est un roman dont l’écriture a débuté en 1930-1931 et a été poursuivie en 1938-1939. Trois grands temps semblent se succéder, avec une rupture marquante entre les deux derniers, qui coïncide avec la rupture d’écriture, sans qu’il y ait d’incohérence, bien au contraire.

Les tourments de la guerre

Le premier temps décrit une peinture de la femme autrichienne, du moins de certaines d’entre elles, celles qui ont souffert de la manière la plus criante des conséquences de la Grande Guerre, à travers ici une toute jeune femme, qui en a vu sa vie bouleversée durablement.
On trouvait déjà une telle peinture de jeune femme emportée plus directement dans les tourments de la Guerre dans Clarissa (voir notre volet précédent), mais à un âge un tout petit peu plus avancé.

Ici, d’emblée la peinture est sombre ; on ressent pleinement, au-delà du drame de la guerre elle-même, la destruction qu’elle engendre, jusque dans les longues années qui suivent, pour les populations qui ne pourront jamais vraiment s’en remettre, en raison en particulier de la pauvreté, voire l’état de misère, qu’elle induit.

Un destin bien sombre

Puis un second temps ouvre des perspectives vers un autre monde, en flagrant contraste et dont la peinture est, elle aussi, particulièrement riche et évocatrice, décrite avec l’acuité toute particulière de Stefan Zweig, maître hors pair de la psychologie humaine et de l’observation sociologique.

Elle va trouver son point de rupture et déboucher sur ce troisième temps, très sombre et qui préfigure, de manière grandissante, ce qui va constituer une part du destin de l’auteur lui-même, ne manquant pas de susciter en nous une certaine émotion ou, plus exactement, revêtant une valeur particulière dans cette oeuvre, par l’authenticité de la description de certains faits. Avec aussi, en arrière-fond, une critique très intéressante de l’État, particulièrement en temps de guerre ou après (ici appliqué au cas de l’Autriche), que je ne renierais pas.

Un chef d’œuvre de subtilité

Je reste, bien sûr, volontairement flou dans ce commentaire, pour ne dévoiler en rien l’histoire et tâcher même de brouiller un peu les pistes, mais je n’ai qu’un conseil, pour ceux qui connaissent bien l’auteur et n’ont pas encore lu ce livre-ci : ne pas passer à côté de cette lecture.
Un roman vrai, un roman fort, un sujet grave et qui mérite toute notre attention. Un chef d’oeuvre de subtilité.

— Stefan Zweig, Ivresse de la métamorphose, Le livre de poche, avril 1994, 285 pages.

Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Créer un compte

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Il n'est jamais très agréable de se voir accusé de piétiner les valeurs pour lesquelles on professe le plus indéfectible attachement. Des valeurs issues du mouvement émancipateur des Lumières contre l'absolutisme royal qui ont fondé à jamais notre existence politique et économique contemporaine. Des valeurs si précieuses pour le développement humain et la reconnaissance des droits naturels des individus qu'elles ont rapidement traversé l'océan Atlantique pour présider à la fondation des États-Unis d'Amérique, puis éclairer le monde à travers ... Poursuivre la lecture

Les réflexions pleines de pertinence et de bon sens d’un esprit libre et empli de courage.

Il est question ici de courage, d’ignorance, de servitude heureuse, de bêtise. Autant de sujets que nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion d’aborder ensemble.

Après une entrée en matière non dénuée d’ironie et agrémentée de treize citations d’une grande profondeur, c’est avec le sens de la dérision que Boualem Sansal donne le ton du livre, avec « en guise de préambule, une interview qui n’a pas eu lieu et qui, normalement, jamais ne pourra... Poursuivre la lecture

2
Sauvegarder cet article
Le pacifisme affiché de certains partis politiques n’est qu’une posture masquant leur haine de la liberté. En France, le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI) sont les principaux adeptes de la paix en Ukraine à n’importe quel prix. La similitude avec la précipitation de Trump est troublante. La ressemblance avec le pacifisme de l’extrême-gauche des années 1970-80 interroge. « Plutôt rouges que morts » clamaient-ils. Faut-il aujourd’hui être plutôt trumpien et poutiniste que courageux ? Les mensonges des ennemis de la liberté <... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles