Défendre la liberté aujourd’hui

Le libéralisme conduit à faire de la liberté individuelle la valeur suprême. Le troupeau de moutons n’est pas le modèle des libéraux, comme il a pu l’être pour les communistes et les fascistes.

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Défendre la liberté aujourd’hui

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 juillet 2017
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Par Patrick Aulnas.

Faut-il encore voir dans le libéralisme une simple doctrine ayant pris naissance peu à peu à partir de la Renaissance, avec une belle éclosion intellectuelle aux 18 et 19e siècles ?

Faut-il dépasser cette approche et accepter la réalité du monde pour ce qu’elle est : un ensemble de 197 États (selon l’ONU) disposant d’un pouvoir considérable sur les êtres humains ? Comment se positionner aujourd’hui par rapport à cette réalité ?

Les libéraux ne sont pas des moutons de Panurge

Le libéralisme conduit à faire de la liberté individuelle la valeur suprême. Le troupeau de moutons n’est pas le modèle des libéraux, comme il a pu l’être pour les communistes et les fascistes.

Lorsqu’un mouton libéral va vers le précipice, les autres ne suivent pas. Chez les communistes et les fascistes, oui, comme l’a abondamment montré l’histoire du XXe siècle. Aujourd’hui, ce sont les islamistes radicaux qui se comportent en moutons de Panurge. La chute de Mossoul en porte témoignage.

Autrement dit, les libéraux sont d’irrécupérables individualistes. Si le mot a acquis un sens péjoratif depuis de nombreuses décennies, il ne faut pas en prendre ombrage. En faisant de l’individu le fondement de toute société, l’individualisme rappelle constamment aux laudateurs du collectif qu’il ne faut jamais oublier la liberté.

Les libéraux et les projets collectifs

Chacun le sait, nos sociétés ne se sont développées que parce qu’elles ont su gérer des projets collectifs de grande ampleur. Grandes entreprises (la société anonyme apparaît seulement à la fin du XIXe siècle), associations, fondations, multiples entités mixtes faisant coopérer capitaux publics et privés, toutes ces structures collectives ne sont nullement étrangères au libéralisme.

Mais les projets politiques collectifs qui étouffent sur la durée la liberté individuelle, comme le socialisme, sont hors champ libéral.

C’est donc le collectif contractuel qui a la faveur du courant libéral. La liberté contractuelle présente d’énormes avantages. Il est possible d’inventer toutes les conventions ne contrevenant pas à l’ordre public.

Un individu peut toujours rompre un accord contractuel en respectant les clauses du contrat. Le contrat, facultatif et provisoire, laisse toute liberté à l’individu. Il se distingue nettement de l’action collective publique basée sur la coercition.

Celle-ci, nécessaire dans les domaines régaliens (diplomatie, armée, justice, police), pourrait avantageusement être allégée dans les autres (protection sociale, enseignement, culture, etc.)

Les libéraux n’apprécient pas la coercition

La philosophie politique libérale est fondée sur une idée simple : une coercition politique trop forte conduit à l’échec. Une liberté maximale compatible avec le fonctionnement du groupe amène la réussite, aussi bien individuelle que collective. Les universitaires ne classent pas en général Jean-Jacques Rousseau parmi les penseurs libéraux.

Pourtant, les libéraux pensent spontanément que l’individu est plutôt bon et que la société globale, c’est-à-dire le politique, a tendance à le pervertir.

La vulgate libérale, tant décriée par la pensée socialiste, peut être résumée ainsi : si vous laissez l’individu imaginer, créer, entreprendre, bref utiliser son intelligence et son dynamisme dans tous les domaines, alors la société sera meilleure pour tous.

La main invisible qui guide l’entrepreneur d’Adam Smith n’est qu’une application à l’économie de ce ressenti libéral :

Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler.

Les libéraux ont une conception optimiste de l’autonomie de l’individu. Elle conduit au bien collectif. Rien de plus fondamentalement démocratique n’existe dans la pensée politique.

Les libéraux sont des citoyens du monde

Les libéraux ont une propension à résister au pouvoir politique et même au pouvoir économique s’il devient oppressant, ce qui peut parfois être le cas dans les grands groupes multinationaux.

Cette caractéristique ne fait pas d’eux des citoyens accommodants pour le pouvoir. Le pouvoir étatique n’est guère que le stade historique actuel de l’organisation politique de l’humanité. Mais sans plus. Il ne durera pas éternellement, d’autres modalités viendront, peut-être plus vite que nous le pensons.

Autrement dit, l’État est un mal nécessaire auquel les libéraux ne se vouent jamais corps et âme. Ils sont plutôt, par l’esprit, des citoyens du monde, car le pouvoir politique n’a pas encore vraiment colonisé le niveau mondial.

Il en résulte que la mondialisation scientifique, technique, économique, financière ne les choque pas. Certes, elle affaiblit les États au profit des états-majors des grands groupes bien implantés internationalement.

Mais l’histoire récente a montré que les États constituent une menace bien plus importante pour la liberté que les grandes entreprises.

Les dictatures, le totalitarisme instrumentalisent la structure étatique au profit exclusif d’un parti unique confisquant tous les pouvoirs. L’ultra-libéralisme est beaucoup moins dangereux que l’ultra-étatisme. Mais, bien entendu, tout homme raisonnable fuit comme la peste tous les ultras.

Les libéraux sont des résistants

Le pouvoir politique devient aujourd’hui omniprésent par sa puissance financière et l’hyper-réglementation des sociétés. Dans les démocraties, l’arbitraire étatique a reculé mais le potentiel étatique a considérablement augmenté.

Partout, le développement économique coïncide avec l’envolée des impôts, taxes et cotisations obligatoires. Partout, il s’accompagne d’une avalanche de normes juridiques.

Que faire ? Résister. Il est bien inutile de clamer son libéralisme économique doctrinal en se référant aux grands économistes classiques. L’image d’un libéralisme passéiste risque alors de surgir. L’État-providence est là et bien là. Il s’agit surtout de l’empêcher de croître.

La « morale du simple soldat » que préconisait Alain semble adaptée à la situation. Il ne faut jamais s’enthousiasmer pour un dirigeant politique car l’émotion des foules est manipulée par les politiciens pour conforter leur pouvoir. Il faut choisir un candidat avec sa raison et le moins possible avec ses sentiments. Il ne faut pas les aimer car ils en tirent avantage ; mieux vaut simplement les respecter s’ils sont dignes de respect, comme beaucoup d’entre eux.

Les tribuns de la plèbe, qui cherchent à enflammer leur auditoire, sont les plus dangereux. Il suffit de leur opposer la plus totale indifférence. Les politiciens ont voulu le pouvoir, ils l’auront avec réticence. Ils ont voulu nous gouverner, ils le feront sous nos critiques.

Les libéraux ne sont pas des laudateurs. Ils analysent, critiquent, approuvent avec réserve s’il le faut, désapprouvent si nécessaire, traînent les pieds face au dirigisme. Bref, ils résistent.

Le libéralisme est un humanisme

Individualistes, méfiants à l’égard du politique, observant l’État moderne comme un Léviathan et la relativisation des frontières comme une bénédiction, résistant aux excès du normativisme contemporain, les libéraux subissent aujourd’hui les critiques des conservateurs et celles des sociaux-démocrates.

Les premiers leur reprochent le refus d’un État fort qui serait le garant d’un indéfectible enracinement culturel, les seconds les accablent de leur générosité collectiviste qui s’opposerait à l’égoïsme individualiste.

Il ne faut répondre qu’une chose : les grandes structures collectives contemporaines (États, grandes entreprises), ont, par leur gigantisme, un aspect déshumanisant. Elles ont une tendance inéluctable à instrumentaliser l’individu et à écraser sa liberté. En se plaçant du côté de la liberté individuelle, les libéraux défendent tout simplement l’homme dans un monde qui l’oublie souvent au profit de la puissance des groupes.

 

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  • Excellent article ! Bravo à l’auteur !

  • Bon article, à ceci près que l’homme n’est pas  » naturellement bon « , comme voudraient nous le faire croire les prophètes des lendemains qui chantent. Les pervers pullulent, et nous-mêmes devons nous garder de ces penchants-là.
    Voilà pourquoi les minarchistes ont raison de laisser à l’état les fonctions régaliennes que sont police et justice.

    • L’homme n’est peut-etre pas naturellement bon. Admettons. Raison de plus de ne pas accepter la concentration du pouvoir !
      Plus le pouvoir entre les main d’un homme est grand, plus sa capacite de nuisance est grande.
      Voila pourquoi les anarcaps ont raison de vouloir se debarasser totalement de l’etat…
      Je suis peut-etre un peu provocateur … mais quand meme, ce n’est pas totalement idiot, non ?

  • La France a placé en premier Le mot liberté avant égalité et fraternité. Elle devrait avoir un souci constant de respecter cette valeur dans tous ses aspects sociologiques, philosophiques et économiques

    • Dans le débat public en France, la liberté ne fait plus référence qu’à la liberté politique et donc au système électif.
      Que l’on élise des gugus qui nous pourrissent nos libertés ne choque plus personne.

    • Sauf que cette liberté, c’est celle de JJ Rousseau, celle de l’article 4 de la DDHC de 1789, celle qui consiste à avoir le droit de faire ce que l’on veut, dans la limite de la loi … c’est à dire dans la limite de ce que le pouvoir a décidé pour vous.

      • @Stéphane Boulots
        Bonsoir,

        « Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »
        La liberté, un des droits naturels, c’est faire ce que l’on veut sans nuire à autrui, tout en ayant la même liberté et les mêmes droits qu’autrui. Si le pouvoir en place décide de marcher sur un des droits naturels, alors ce pouvoir est illégitime et injuste. Tout comme l’était le pouvoir qui avait rendu légal le fait de mettre des personnes dans des trains à bestiaux.

        L’article 5 décrit ce qu’est justement la Loi.
        « Art. 5. La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. »
        ‘défendre’ dans le sens d’interdire.
        En France aucun des articles de la DDHC de 1789 n’est respecté, tous sont bafoués.

        • @STF :

          Ça ne vous dérange pas cet article qui fait un tour de passe passe entre le jusnaturalisme et le droit positif ? Ces articles sont un condensé de l’idée de Rousseau (et jusqu’à Sartre) comme quoi ‘l’enfer c’est les autres ».

          En droit naturel, il n’y a pas de « loi » car seule la nature (à travers l’histoire, l’expérience, la connaissance empirique du réel) a force de Loi : il ne peut y avoir de liberté si il existe une loi humaine universelle et intemporelle, car alors toute vie est déterminée par une série de formules.

          Donc établir que la loi est nécessaire à la préservation des droits naturels (et donc qu’il faille un pouvoir pour définir et faire respecter la loi) est un non sens.

          C’est même LA base du socialisme : la loi définit ce qui est bon pour vous et bon pour les autres.

          Comment définir ce qui est nuisible à la société ? Comment définir ce qui ne nuit pas à autrui ? Sans aucune connexion avec l’environnement (qui, quand, comment, pourquoi ..) ce ne sont que des mots, une formule incantatoire.

          Ces deux articles ne sont pas respectés, tout simplement parce qu’ils n’ont aucun sens réel : ce sont des abstractions.

          • @Stéphane Boulots
            Bonsoir,
            « Donc établir que la loi est nécessaire à la préservation des droits naturels (et donc qu’il faille un pouvoir pour définir et faire respecter la loi) est un non sens. »
            La Loi est nécessaire car nous sommes des êtres humains, civilisés, et que nous avons besoin de traces écrites afin de la rendre limpide pour tous. Les animaux ont aussi des lois : le loup alpha est le premier à manger, si un autre mange avant lui, il enfreint la loi de la meute et en subira les conséquences. La Loi et les lois ne sont que des assurances

            Il me semblait que la base du socialisme était la simple et pure négation des droits naturels et particulièrement de la liberté.

            • Le socialisme ne nie pas la liberté, il prétend même être la seule organisation politique capable de défendre les libertés. C’est le discours principal de tout socialiste qui mélangera allègrement droit, loi et morale et justifiera la nécessité de la loi dans la préservation des droits naturels.

              L’ordre dans la meute est une norme, absolument pas une loi.

              norme : règle à suivre.
              loi : source de droit.

              La loi définit le droit positif. Le droit naturel ne repose pas sur des lois, mais sur la nature des choses, nature qui n’est pas un absolu figé : une société est vivante.

              Ce qui est juste ou moral à un moment, peut ne plus l’être des années après, peut évoluer en fonction des événements, peut être interprété, découvert, jugé différemment suivant les événement.

              Figer le droit dans la loi est une vision romantique qui se concrétise par … les milliers de pages du code du travail ou du code civil, fait vivre les politiciens et emm… les gens.

              Le socialisme pense construire la société à travers la loi. L’utopie socialiste « Française » est celle d’une société à la fois libérale, égalitaire et fraternelle.

              • Entre ce que prétend et clame le socialisme et ce qu’il fait il y a une différence. Nous en avons un très bel exemple en France où le terme Liberté est scandé à tout bout de champ mais est piétiné dans la foulée. Il n’y a qu’à voir ce qu’est devenue cette liberté avec la mise en place de l’état d’urgence ou de la loi renseignement.

                « loi : source de droit. »
                Les lois découlent des Droits et non l’inverse. Le Droit, les Droits, sont la source des lois. S’il n’y a pas de droit il n’y a pas de loi. En France, nous avons la sale manie de pondre des lois pour tout et n’importe quoi suivies de taxes. Il a fallu que des députés pondent et votent une loi pour que des salariés puissent transférer leurs jours de repos à un de leur collègue, ceci après que des salarés d’une entreprise l’avaient déjà fait. Loi complètement inutile. Ce n’était pas clairement interdit par la Loi, maintenant c’est clairement autorisé et cadré par la Loi. C’est du socialisme.

                « Figer le droit dans la loi est une vision romantique qui se concrétise par … les milliers de pages du code du travail ou du code civil, fait vivre les politiciens et emm… les gens. »
                Vous avez raison, et la cause de ces déagréments est justement de « figer le droit dans la loi ».

                L’utopie socialiste est qu’il nous FAUT être solidaires parce qu’on est tous égaux pour être libres. En général, quand on a besoin de la solidarité d’autrui, c’est qu’on est dans la panade ; s’il nous faut être tous solidaires c’est que nous sommes tous dans la panade ! Ce qui est la conséquence finale du socialisme :
                « Le socialisme c’est l’égale répartition de la misère. » – Winston Churchill

                • Pas en démocratie, et pas en France : les lois ne découlent pas des Droits :

                  L’article 34 (révisé) de la constitution définit le domaine de la loi … allez le voir, vous comprendrez tout de suite le problème. D’autant plus que l’article 35 explique que ce qui n’est pas du domaine de la loi, est du simple domaine du règlement

                  L’article 39 stipule que « L’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux membres du Parlement. » Donc les lois ne découlent clairement pas des Droits, mais du pouvoir.

                  Il n’existe pas de « Bill of Rights », de droits fondamentaux, en France.

                  • C’est pour cela qu’il n’y a pas de démocratie en France. La caste politicienne fait passer la Constitution avant la DDHC. La Constitution française a été et est encore froissée, jetée à la poubelle puis réécrite pour arranger la caste politicienne. Evidemment elle ne prend pas en compte la DDHC, qui pourrait être un Bill of Rights si seulement elle était tout simplement inscrite dans notre Constitution, comme l’est le Bill of Rights. A la place de Droits Individuels à l’Américaine, nous avons des Droits Naturels/Fondamentaux, cités clairement dans l’article 2, communs à chaque homme, puisque « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
                    L’article 39 est une violation (une de plus) pure et nette de la séparation des pouvoirs. Ces guignols se sont donnés le droit de faire les lois qu’ils veulent.
                    Nous sommes en plein sur le fait que « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, »

    • @le papet
      Bonjour,
      « Lorsque tous les hommes seront libres ils seront égaux, une fois égaux ils seront justes. » – A. de Saint-Just.
      Actuellement, on nous vante que la liberté découle de l’égalité, donc que pour être libres il nous faut être d’abord égaux. C’est parce que l’égalité et la fraternité découlent de la liberté que le terme Liberté est en premier.
      La Liberté est constamment harcelée et combattue par ses ennemis.

  • Je suis bien de cet avis. Je pense que les libéraux sont avant tout des personnes très autonomes par nature et que pour exercer cette autonomie ils ont besoin de libertés. Hélas ou peut-être heureusement ce n’est pas le cas de la majorité des humains.

  • Ces principes, auxquels je souscris n’impliquent-ils pas un niveau de raisonnement et de connaisances que n’a sans doute pas tout le monde.
    Comme le dit Tocqueville, dans l’Amérique de 1830, chaque citoyen est un entrepreneur: il gère son champ ou son artisanat sans chef au dessus de lui. Il est responsable de sa personne et de sa famille. Il peut réfléchir par lui-même.
    La caissière d’un super-marché peut-elle le faire de la même manière?

  • « les libéraux pensent spontanément que l’individu est plutôt bon »… Non. L’Homme est le sujet de la morale, il n’est donc ni bon ni mauvais. S’il était bon la morale serait inutile, s’il était mauvais elle serait sans effet. tout ce qu’on peut dire est qu’il y des êtres humains plus ou moins bons ou mauvais. L’affirmation de la bonté humaine est d’ailleurs parfaitement contraire au principe de la main invisible cité par l’article, selon lequel le fait que l’homme n’est pas naturellement bon n’est pas un argument suffisant pour lui dénier l’autonomie – car son égoïsme a des effets positifs.
    Par ailleurs, les libéraux ne sont pas  » plutôt, par l’esprit, des citoyens du monde ». Ils dénient simplement à l’Etat la capacité à définir les appartenances collectives. Un libéral peut se sentir profondément français et détester l’Etat français en même temps, il n’y a nulle contradiction (peut-être même, au contraire…)
    Pour le reste, je suis assez d’accord!

    • Ce n’est pas le seul point sujet à polémique dans l’article, mais celui-ci est de taille … l’individu spontanément bon, c’est l’idée de Rousseau, la base du socialisme. Les libéraux pensent que l’homme est libre.

      Quand au refus de l’Etat de Droit, qui est LA revendication politique principale des libéraux, je ne sais pas où l’auteur a été chercher cela.

      • Il me semble que dire que Rousseau parle d’un homme spontanément bon est une erreur d’interprétation.
        Il réfléchi à partir d’un être « sauvage » qui est un homme dénué de « civilité », amoral et donc ni bon, ni mauvais mais qui a en lui la capacité de « perfectibilité ». Perfectibilité qui d’ailleurs ne l’amène pas nécessairement du coté des anges mais aussi bien du coté des démons.
        la perfectibilité est ici la capacité à « éteindre » l’état de nature de l’homme (culture, travail, histoire).
        Cette perfectibilité est amenée par sa socialisation qui, on peut le voir n’apporte pas que le meilleur chez les hommes.
        L’homme gagne en civilisation se qu’il perd en innocence en ce sens Rousseau me semble au contraire critique de l’idée de progrès qui sous entend un gain net.

        « Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive (ND la perfectibilité) et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme ; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents ; que c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature »

        Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle. 1755. Première partie.

        Cordialement

        •  » Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique ; en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons, et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant : mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. »

          « libres, sains, bons, et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature »

          L’homme est naturellement bon, c’est la société qui le perverti.

          • Je ne suis pas un spécialiste de Rousseau et ne me prononcerai donc pas sur son oeuvre en général. Mais la lecture de ce passage fait rire. Cela décrit une situation qui n’a jamais existé. Les hommes avaient besoin les uns des autres avant d’être des hommes, à l’instar de tous les animaux. il y avait également des dominants et des dominés, comme chez n’importe quel animal social.
            Et même si l’on voit « l’état de nature » comme une construction intellectuelles pour les besoins d’une démonstration (mais laquelle?), cela n’a pas de sens d’abstraire l’homme de la « société ». la société est faite d’hommes et elle sera perverse si les hommes qui la composent sont pervers (comme exemple de société perverse, voyez un parti politique, une société faite essentiellement de trahisons et de mensonges).

            • C’est pourtant l’hymne de la décroissance, de l’anticapitalisme, de l’anarchisme … et du gauchisme en général : c’est le commerce qui est responsable du malheur des hommes, car il a détruit l’égalité naturelle ….

              Hymne qui a fait des millions d’émules.

              Etudier Rousseau est indispensable : absolument tout ce qu’il a pu écrire est fallacieux, pervers et en plus c’est un incroyable donneur de leçon qui affiche une arrogance que l’on a peine à imaginer et qui ne cesse de projeter ses propres turpitudes et de les généraliser.

              Autre perle qui illustre bien ce narcissisme délirant :

              « L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible. »

          • Nous sommes d’accord,

            il faut bien voir que Rousseau est un croyant qui donc défend la création bonne de l’homme. Ainsi donc l’homme est nécessairement bon puisque qu’à la base création d’un Dieu bon. Ce n’est qu’ensuite que les chose part en c***lle. C’est l’homme avant le pécher originel si vous voulez.
            Selon Rousseau l’homme est mue par l’amour de soi, ce qui est bel et bon mais entraine bien des difficultés dans la vie sociale.
            Ce que je conteste c’est l’idée selon laquelle Rousseau croit l’homme bon dans la vrai vie. Ce n’est certainement pas un naïf.
            Et effectivement dans l’article l’auteur dit que le libéral pense l’homme « plutôt » bon (ce « plutôt  » est déjà un aveux d’échec).

            • Rousseau croyant ? Son ode au paganisme originel ne me semble pas très catholique … D’ailleurs :

              « On sent, je crois, qu’avoir de la religion, pour un enfant, et même pour un homme, c’est suivre celle où il est né. Quelquefois on en ôte; rarement on y ajoute; la foi dogmatique est un fruit de l’éducation. Outre ce principe commun qui m’attachait au culte de mes pères, j’avais l’aversion particulière à notre ville pour le catholicisme, qu’on nous donnait pour une affreuse idolâtrie, et dont on nous peignait le clergé sous les plus noires couleurs. Ce sentiment allait si loin chez moi, qu’au commencement je n’entrevoyais jamais le dedans d’une église, je ne rencontrais jamais un prêtre en surplis, je n’entendais jamais la sonnette d’une procession sans un frémissement de terreur et d’effroi, qui me quitta bientôt dans les villes, mais qui souvent m’a repris dans les paroisses de campagne, plus semblables à celles où je l’avais d’abord éprouvé. Il est vrai que cette impression était singulièrement contrastée par le souvenir des caresses que les curés des environs de Genève font volontiers aux enfants de la ville. »

              • On peut être croyant sans être catholique…

                Je ne répondrais par ce court article,

                http://www.la-croix.com/Archives/2012-02-06/Rousseau-itineraire-d-un-croyant-_NP_-2012-02-06-786352

                Je crois que vous reconnaitrez dans la description du dernier paragraphe 😉

                Sinon dans Rousseau, Profession de foi du vicaire savoyard
                « la philosophie ne peut faire aucun bien que la religion ne fasse encore mieux, et la religion fait beaucoup que la philosophie ne saurait faire  »
                ou dans Lettre à Christophe de Beaumont
                « je suis chrétien, et sincèrement Chrétien, selon la doctrine de l’Évangile. Je suis Chrétien non comme un disciple des Prêtres, mais comme un disciple de Jésus-Christ »

                • Autant pour moi, la relation entre la nature morale de l’homme et celle de Dieu est clairement pas catholique, cf Augustin et Thomas d’Aquin.

                  J’ai toujours lu Rousseau décrivant sa vision du bon sauvage dans une ode naturaliste romantique exacerbée par son narcissisme et non étayée par un raisonnement manichéen, mais pourquoi pas.

  • Attention à ne pas en faire un « -isme » de plus, contraire justement à ses propres aspirations.
    C’est ce que la gôche lui reproche, en lui mettant en sus des préfixes comme néo- ou ultra.

  • L’auteur parle de résistance libérale. L’idée est excellente! Mais l’exemple donné se limite au choix du candidat le moins mauvais aux élections, ce qui est illusoire. Pigeons nous sommes… pigeons sommes nous condamnés à rester? Devons juste fuir? Devons nous respecter les lois ou entrer en subversion active (et subir les foudres de la loi issue de la majorité)?

  • Les commentaires sont fermés.

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La question devient de plus en plus fondamentale, face aux assauts de violence vécus ces derniers mois, ces dernières années, dans notre pays et ailleurs. Des conflits géopolitiques aux émeutes des banlieues, les incompréhensions semblent aller croissant. Le sentiment domine que tous ne parlons plus le même langage, ne partageons plus les mêmes valeurs, n’avons plus les mêmes aptitudes au dialogue. Constat d’autant plus inquiétant que, comme le remarque Philippe Nemo, de plus en plus de pays non-occidentaux (Russie, Chine, Turquie, parmi d’a... Poursuivre la lecture

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Pour écouter le passage de Mathilde Berger-Perrin dans le podcast de Contrepoints : cliquer ici.

De la toute fraîche publication de Ayn Rand, l'égoïsme comme héroïsme signé de Mathilde Berger-Perrin (1) dans une collection de vulgarisation exigeante pour grand public « éclairé », on ne peut d'entrée de jeu que se réjouir.

Jusqu'à présent, en France, Ayn Rand devenait de moins en moins inconnue, mais insuffisamment, bien qu'au pays le plus social-étatiste d'Occident les ventes de La Grève (plus de 20 000 exemplaires) se soient ré... Poursuivre la lecture

la démocratie
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Par Hadrien Gournay.

[caption id="attachment_188680" align="aligncenter" width="640"] démocratie périclès credits tim brauhn (licence creative commons)[/caption]

Une plus grande réceptivité aux projets de réformes économiques libérales depuis quelques années n’a pas pour autant permis une meilleure connaissance des idées libérales en général.

Ce mouvement récent s'accompagne d'ailleurs d'un goût prononcé pour l'autorité, au point d'être devenu incompatible avec les implications politiques de la philosophie libérale. Preuv... Poursuivre la lecture

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