Royaume-Uni : les leçons du Brexit et des élections

Le brexit et les dernières élections au Royaume-Uni montrent qu’en démocratie le destin d’un pays se joue à peu de chose.  Cela devrait nous inciter à une réflexion sur le pouvoir de ces politiciens qui nous gouvernent.

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Theresa May By: UK Home Office - CC BY 2.0

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Royaume-Uni : les leçons du Brexit et des élections

Publié le 11 juin 2017
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Par Vladimir Vodarevski.

Theresa May a perdu les élections britanniques. Bien sûr, le parti conservateur reste le premier parti du Parlement. Mais il a perdu sa majorité absolue.

Theresa May ne peut s’en prendre qu’à elle même : elle a mené une mauvaise campagne. Elle a pris quasiment le contrepoint de David Cameron, qui avait réussi à obtenir cette majorité absolue.

Les événements électoraux de ces derniers temps au Royaume-Uni montrent aussi qu’en démocratie, la destinée d’un pays ne tient qu’à un fil, et se joue à peu de chose. Ce qui est inquiétant.

Les leçons du scrutin et du Brexit

Theresa May a provoqué des élections car elle croyait que c’était gagné d’avance. Le personnage ne semble vouloir prendre aucun risque. Elle pensait que les électeurs de l’UKIP de Nigel Farage, qui militait pour le Brexit, voteraient naturellement pour les conservateurs, maintenant que le Brexit était engagé. Que les électeurs du parti travailliste qui avaient voté pour le Brexit se tourneraient vers elle.

Elle a explicitement gauchisé son programme, dans le but de capter cet électorat. Curieusement, elle a abandonné l’électorat traditionnel du parti conservateur, les personnes âgées, en proposant une réforme du financement de la dépendance, sur laquelle elle a dû faire machine arrière.

Mais les électeurs de l’UKIP ne se sont pas forcément tournés vers les conservateurs. Les travaillistes qui avaient voté pour le Brexit non plus. L’analyse de Theresa May était mauvaise.

Sa tactique électorale était à l’opposé de celle victorieuse de David Cameron. Rappelons que Cameron n’avait pas de majorité au Parlement. Il gouvernait avec le Lib Dem. Tout en menant un programme économique résolument en faveur de l’économie de marché, qualifié d’austérité par ses opposants, il a gagné une majorité aux élections.

Cameron n’a pas cherché à gauchiser son programme. Il s’est présenté en bon gestionnaire, face à un parti travailliste présenté comme laxiste, et pouvant entraîner le Royaume-Uni dans une catastrophe économique et sociale. Mais il a aussi pris soin, durant la campagne et son mandat, de ne pas se couper de l’électorat âgé.

Enfin, durant la campagne, il s’est focalisé sur les circonscriptions qui pouvaient basculer, en y concentrant les moyens financiers du parti conservateur. Il n’a pas mené le combat là où l’élection était perdue d’avance, ou gagnée d’avance. L’on reconnaît là une bête politique, ce que Theresa May n’est peut-être pas.

La leçon est que les conservateurs doivent se présenter en bons gestionnaires. Là est leur crédibilité. On peut remarquer que les conservateurs ont gagné des sièges là où leur discours était clair sans être consensuel : en Écosse. En se présentant résolument contre un nouveau référendum au sujet de l’indépendance, ils ont bénéficié du vote de ceux qui étaient fatigués de ce débat sur l’indépendance, et qui voulaient tourner la page après la victoire du Non à l’indépendance.

La démocratie sur un coup de dé

Les derniers événements politiques au Royaume-Uni se sont joués à peu de chose. Que ce soit le Brexit, la nomination de Theresa May comme Premier ministre, ou encore les dernières élections. En démocratie, le sort d’un peuple ne tient ainsi qu’à un fil.

Theresa May est devenue Premier ministre suite au vote en faveur du Brexit. C’est le vote des électeurs travaillistes qui a fait pencher la balance en faveur du Leave, alors que le parti travailliste militait pour le Remain. Mais le leader travailliste, Jeremy Corbyn, n’a apporté qu’un timide soutien au Remain. Que se serait-il passé si le parti travailliste avait été mené par un véritable partisan de l’Europe ? On peut se poser la question. Un seul homme a peut-être précipité le Royaume-Uni vers le Brexit.

À la suite du Brexit, Theresa May est devenue Premier ministre presque par hasard. Quasiment par défaut. Boris Johnson partait favori dans la succession de David Cameron. Le jeu de Michael Gove, qui s’est présenté en dénigrant Johnson, l’a rendue favorite, provoquant le désistement de sa seule adversaire. Nous avons donc un Premier ministre qui est presque là par hasard, par un concours de circonstances. Nous sommes loin du grand vote d’adhésion.

Les dernières élections ont aussi pu être influencées par les attentats, en plus de la mauvaise tactique de May. En effet, elle était ministre de l’Intérieur sous Cameron, donc sous le feu des critiques après les attentats. Corbyn s’est engouffré dans la brèche.

Conclusion : réfléchir au pouvoir des politiciens

La démocratie est le pire des systèmes politiques, à l’exception de tous les autres. La boutade de sir Winston Churchill est terriblement d’actualité. On peut aussi citer l’exemple français, avec une présidentielle sans débat, un président mal élu, sans adhésion pour sa personne, et qui focalise les extrêmes.

Que faire alors ? Le libéralisme préconise de limiter le pouvoir de ces politiciens qui veulent nous gouverner. Il faut limiter leur rôle, pour qu’au maximum ce soit les actions de chacun qui dessinent la société, et non des technocrates qui imposent leur vision. Car la démocratie n’est que le pouvoir de la plus forte minorité, le vote dépend des circonstances et pas forcément de la raison, et ce peut être un vote par défaut et non un vote d’adhésion. Trop d’aléas pour le sort de millions de gens.

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  • La principale leçon a tiré de cette histoire du Brexit c’est qu’il n’a été voté que par 29 % des électeurs inscrits, qui côtoient bien des concitoyens britanniques de plus ou moins fraîche date non inscrits et énormément d’étrangers

    « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire »(A.E)  

    « Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les « démocraties » occidentales) ne peut s’appeler « démocratique » et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom. »  (S-C.K)
    « La démocratie, c’est le nom volé d’une idée violée » (J-P.M).
    « L’erreur ne devient pas  vérité parce qu’elle est approuvée par beaucoup » (M.G)
    « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont forcément raison » (M.C)
    «  Ceux qui regardent le vote universel comme une garantie de la bonté des choix se font une illusion complète. » (A.T)
    « Qui trouve globalement rationnelles et louables nos organisations et pratiques sociétales, en particulier sur le plan politique et économique et a fortiori environnemental, ne l’est guère » (I.I)  

    JE LE SAIS, JE LE DIS
    Et particulièrement ce jour

    • C’est sur que si on s’attache à la vision romancée et idéalisée de démocratie, pouvoir au peuple, on en est loin. Mais c’est quoi, le pouvoir au peuple, techniquement parlant ? C’est 2 loups et un agneau qui votent le menu ? C’est 51% qui impose sa volonté aux 49%?
      La démocratie, c’est le parlementarisme ? L’élection ?
      Nous sommes en démocratie constitutionnelle, c’est à dire un ensemble de principes constitutionnels qui définissent l’aspect démocratique, avec des élections LIBBRES, une constitution, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, des contrepouvoirs, dont le but est d’encadrer le pouvoir pour eviter la tyrannie. Pas un mythe du peuple sage et éclairé…

      • En fait, la démocratie réelle n’existe pas.
        Le souverain ne peut être qu’une personne et le peuple n’est pas une personne.

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