Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Si les grands ministères régaliens (Intérieur, Affaires étrangères, Défense, Justice, etc.) échoient à des personnalités de gauche et du centre gauche, les ministères dits techniques (Économie, Budget, Travail, Santé, Transition écologique, etc.) reviennent à des personnes issues de la droite ou du centre droit. L’idéologie à gauche, le pragmatisme à droite, rien de très étonnant dans tout cela.
Bruno Le Maire à l’Économie
Décidément, les primaires ne veulent vraiment rien dire, tant le monde politique fait fi des opinions exprimées par le peuple.
Après Valls qui avait à peine réuni 150 000 voix aux primaires de gauche de 2012, et qui s’est retrouvé à Matignon (avant d’être à nouveau désavoué par le peuple aux primaires de 2017), nous avons Bruno Le Maire auquel moins de 2,5 % des électeurs de droite avaient accordé leur confiance et qui se retrouve à la tête de Bercy ! Vous n’en voulez pas ? Vous les aurez quand même !
Ce grand perdant des primaires (la presse parlait de « piquette ») tient désormais les rênes de l’économie, des finances, de l’industrie, des services et de la fiscalité. Prix de sa trahison à l’égard de François Fillon.
Âgé de 48 ans, Bruno Le Maire n’en est pas à sa première expérience ministérielle. Ce n’est pas à proprement parler un nouveau venu « issu de la société civile »… C’est au contraire un pur produit de la fabrique des élites politiques françaises : normalien, agrégé de lettres modernes, passé ensuite par Sciences Po et l’ENA…
Lors du septennat de Nicolas Sarkozy, il a été secrétaire d’État aux Affaires européennes, entre 2008 et 2009, puis ministre de l’Agriculture de 2009 à 2012. Le loup aux dents qui rayent le parquet avait déjà brigué Bercy, en 2011, lors de la succession de Christine Lagarde… Il s’était fait souffler la place par ? François Baroin ! Tiens tiens, comme on se retrouve…
Dans son programme de candidat à la primaire de la droite, Bruno Le Maire s’était prononcé pour une baisse de la CSG à 6 % et une suppression de l’ISF. Concernant la fiscalité sur l’épargne, il avait pris position pour une flat tax à 25 % sur les placements à revenus fixes, et pour le statu quo sur l’assurance-vie… Mais bien évidemment, cela ne veut rien dire et nous verrons dans les jours qui viennent quels sont ses projets…
Gérarld Darmanin aux Comptes publics
À la place du secrétariat d’État dirigé depuis avril 2014 par Christian Eckert, le sarkozyste Gérald Darmanin récupère un ministère à part entière, celui de l’Action et des Comptes publics, au périmètre beaucoup plus large que son prédécesseur.
Il pilotera ainsi depuis Bercy le budget de l’État et les comptes de la Sécu, ainsi que la fonction publique et la réforme de l’État. Une redéfinition du périmètre ministériel qui semble judicieuse car elle permet au titulaire du poste d’avoir la mainmise sur l’ensemble des comptes publics. C’est plutôt bien vu.
Agé de 34 ans, Gérald Darmanin est un des trois benjamins du nouveau gouvernement, avec les secrétaires d’État Marlène Schiappa (34 ans également) et Mounir Mahjoubi (33 ans).
Ancien député du Nord (2012-2016), maire de Tourcoing, ce proche de Xavier Bertrand a été porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2014 pour la présidence de l’UMP. Lui aussi avait tiré dans le dos du candidat de la droite, François Fillon, en pleine campagne. Bercy risque de se voir bientôt affublé du sobriquet de « 30 deniers », puisque donné en paiement de la trahison !
Si nous savons que Gérald Darmanin se revendique « gaulliste social » (sic) et qu’il est un des rares députés à avoir eu le courage de s’élever contre le « mariage pour tous » à l’Assemblée nationale, nous ne savons rien, en revanche, sur ses opinions concernant la dette publique. Cela lui évitera d’avoir à se dédire…
Pour ceux à qui une nomination aurait échappé, voici la liste des ministres et secrétaires d’État :
- Édouard Philippe, Premier ministre, chef du gouvernement
- Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur
- Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire
- François Bayrou, ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Sylvie Goulard, ministre des Armées
- Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangère
- Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires
- Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé
- Françoise Nyssen, ministre de la Culture
- Bruno Le Maire, ministre de l’Économie
- Muriel Pénicaud, ministre du Travail
- Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale
- Jacques Mézard, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation
- Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics
- Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
- Annick Girardin, ministre des Outre-mer
- Laura Flessel, ministre des Sports
- Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports
- Marielle de Sarnez, ministre chargée des Affaires européennes
- Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement
- Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes
- Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées
- Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du Numérique
autant les gens ambitieux ne me dérangent pas , autant les traitres ambitieux me soulèvent le coeur ; le maire en fait partie ;
Beaucoup sont d’un (courant d’un) parti par opportunisme.
Macron fait comme les autres. Il laisse tactiquement des circonscriptions pré-gagnées. a des “vedettes” qu’ils veut ménager
A quoi ça sert de voter quand le découpage a été charcuté pour faire gagner un camp ?
On appelle çà la démocratie.
Le moins pire serait la proportionnelle avec le classement par les électeurs des cinq premiers de leur camp préféré ou moins non-préféré. Avec l’informatique, ça allongerait le temps de dépouillement, mais c’est tout à fait possible et moins falsificateur de l’opinion réel des citoyens.
@ SPRIKRITIK
Vous avez raison et “vous allumez la lumière”! Bravo!
Oui les “2 grands partis” sont des conglomérats d’individus, de groupes et groupuscules, de tendances, de chapelles,…, hypocritement “unis” dans une “société à but lucratif” chargée de décrocher le pactole accordé par l’état pour rembourser les frais de campagne engagés par les candidats en toute légalité absolument pas vérifiée en détail, dans plus de 9 cas sur 10.
Le “politicien individu” présente la particularité de son ambition de “diriger” ses semblables (et “égaux”!) dans une intention mélangeant allègrement son impérieux désir de pouvoir, le prétexte du bien du peuple et la satisfaction de son narcissisme personnel avec un souci de lucre bien mal dissimulé!
On arrive forcément au paradoxe d’être invité à choisir un de ces “malades” (à qui on ne confierait jamais ses économies) dans des listes de candidats que vous n’avez pas présélectionnés, et qui bien que désirant le même job bizarre, pour les mêmes raisons (de “tordus”!), vont tenter de vous convaincre qu’avec les mêmes moyens, ils feront “mieux que les autres” et, bien sûr, “pour votre bien”!
Tout ça, après, que la France ait décapité son roi pour mettre maintenant un chef d’état individuel, unique et puissant, à leur tête, grâce à un système électoral le moins “démocratique qui soit dans l’Union Européenne”, et ça par fidélité au système inventé par un général, sans doute bien charismatique, très spécial, capable de tout, mais pourtant fidèle à son éthique rigide et personnelle, respectant le choix, non des politiciens mais des citoyens, “en direct”!
C’était un modèle unique qui n’a jamais pu être même copié!
Il n’était ni un saint ni un démon, à la fois fidèle à sa “vision” (prospective, pas nostalgique, de “La France”) qui est passé bien avant tout le reste, sa gloire, son désir de pouvoir et ses intérêts personnels compris!
Mais il est mort, il y aura bientôt 50 ans!
C’était un autre monde et une autre France: ce qu’on en gardé, c’est ce qui est utile pour accéder au pouvoir, dont le vote majoritaire et le pouvoir du seul président (anti-démocratique, quoi qu’on dise!).
de gaulle était un grand homme à mon sens. pas un libéral, mais un grand homme.
aujourd’hui, nous n’avons plus que des pillards.
Mikylux,
Vous évoquez le Général De Gaulle qui a présidé la France à une époque ou la concurrence économique n’était pas celle générée par la mondialisation que nous connaissons.
La constitution de la Vème république, créé à la main du Général, est devenue un cadre institutionnel obsolète qui concentre trop de pouvoirs vers un nombre limité de personnes. Il s’agit d’un régime d’organisation étatique qui n’a cours dans aucun autre pays d’Europe.
Nous vivons à une époque ou l’économie a pris le pas sur le politique; ceci nécessitant à la fois un allègement des charges des entreprises et une orientation de l’épargne pour promouvoir l’activité industrielle.
L’Allemagne Fédérale est en ce domaine un modèle à suivre, même s’il est loin d’être parfait, car il a le mérite d’assurer un quasi plein emploi et des rémunérations convenables.
@ Duglandin
Pour moi, Ch.De Gaulle, “modèle original”, était un “dictateur démocratique”: si c’est apparemment un oxymore, c’était pourtant la réalité: mépris pour la représentation parlementaire, il voulait, sincèrement, je crois, servir la France (plus que les Français?), écoutant ses proches collaborateurs mais décidant seul!
C’est le côté “dictateur”.
Son départ de l’Élysée en 12 heures après son dernier referendum, c’est son respect démocratique!
La mondialisation, il y a contribué en réindustrialisant la France dans des projets technologiques concurrentiels, favorisant l’exportation.
Je ne crois pas à la “prépondérance” économique sur le politique mais l’économie est le terrain de la “troisième guerre mondiale” qui a déjà bien commencé! (Avec la panoplie: alliances, coups bas, tentatives de règles internationales, batailles de chiffres, nouvelles armes technologiques, ses “pacifistes” aussi, etc …)
Elle aura ses vainqueurs et ses vaincus!
Les enjeux sont les mêmes: conquêtes de territoires pour étendre son pouvoir!
Différence de forme (moins sanglante et plus “acceptable”), pas de fond ni de but très “politique”!
Et “Deutschland über alles” reste évidemment de mise! L’Allemagne, malgré son “amitié” ou son “couple”, n’a évidemment pas l’intention de faire “bourse commune” avec son conjoint et ami français. Faut pas rêver!