Macron, la poursuite du « hollandisme » par d’autres moyens ?

Macron a compris que les Français, encore majoritairement satisfaits de leur sort, ne veulent de changement qu’en apparence. Il leur a servi la soupe aux illusions qu’ils veulent boire.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Macron, la poursuite du « hollandisme » par d’autres moyens ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 mai 2017
- A +

Par Serge Federbusch.

Ceux qui se demandaient ce que pouvaient signifier les termes « système » ou « oligarchie » n’ont qu’à observer Macron et ils seront édifiés.

Le coup d’État médiatique a fonctionné. Les amours monstrueuses de Publicis et de l’Inspection des finances ont produit la bête qu’on peut désormais voir en face.

En apparence, Macron n’est que la poursuite du « hollandisme » par d’autres moyens.

Négocier avec Berlin, Bruxelles et Francfort la résorption lente de nos déficits ; taxer les classes moyennes supérieures, notamment leur patrimoine immobilier, accorder des miettes aux banlieues pour qu’elles se tiennent tranquilles : la feuille de route de l’ancien ministre de Hollande ressemble beaucoup à celle de son ex patron.

Série de mesurettes socialistes

Le grand souffle réformateur dont les médias font mine de s’émerveiller en parlant du projet Macron tient en réalité à une série de mesurettes qui apparentent l’élection de Macron a un gros remaniement ministériel chez les socialistes.

La plus substantielle est le basculement d’une exonération de charges sur les bas salaires vers une hausse de la CSG. C’est un peu court jeune homme ! Car les autres annonces sont sans modalités ni calendrier précis, notamment la marche très lente vers une retraite par points.

C’est donc avant tout une aventure personnelle qui se poursuit, comme la scénographie mitterrando-clownesque de la cour du Louvre l’a montré. La presse et les télés vont bientôt être saturées de visages soi-disant nouveaux qui ne seront que les masques de l’ancien régime perdurant.

Le surplace nous guette

On pourrait donc croire qu’on se situe dans la banale continuation, pour une période de cinq ans, du processus de déclin lent qui fait de la France une province de l’Hinterland germano-européen. En marche mais sans élan, le surplace nous guette.

Sauf que la macronite n’est pas une simple étape, un simple palier de ce mal dégénératif.

Certes, elle affaiblit les vieux appareils politiques. Mais, sans souffle réel ni direction politique neuve et claire, elle ne pourra en venir à bout. Macron va ajouter un appareil supplémentaire au système quadripartite en vigueur depuis des décennies.

Le chien va chambouler le jeu de quilles sans en proposer un nouveau. Il est donc probable, et il est sans doute souhaitable, que la multiplication des triangulaires et quadrangulaires aux législatives ne donne pas à la créature médiatico-financière de majorité nette.

Que va-t-il se passer à l’Assemblée ?

Il faudra attendre le soir du second tour, à 22 ou 23 heures, pour savoir si une force se dégage vraiment à l’Assemblée. Il y a aujourd’hui peu de chance que ce soit le cas quand on observe la pantalonnade autour de la candidature de Valls et les errements dans les investitures des uns et des autres.

Les derniers socialistes sont certes prêts à se vendre à Macron. Mais ils veulent le faire en bande organisée pour faire monter les enchères.

Quand bien même tout ce petit monde se mettrait d’accord in fine, Macron devra compter, entre PS à demi-ralliés et modémistes, sur une majorité branlante et peu fiable, bien pire que ce que furent les frondeurs pour Hollande.

Macron a réussi son casse politique, mais il a laissé des sacs de billets sur le trottoir et ses complices se disputent déjà le butin alors que retentissent les sirènes de la vieille police à ses trousses…

Changement, mais seulement en apparence

Certes, Macron a compris que les Français, encore majoritairement satisfaits de leur sort, ne veulent de changement qu’en apparence. Il leur a servi la soupe aux illusions qu’ils veulent boire. Le cœur de son électorat est très proche de celui des « Charlie », qui espèrent faire barrage aux menaces en se serrant les coudes plutôt qu’en prenant les armes. Le changement dans la continuité c’est maintenant !

Comment cela a-t-il été possible ? Ne négligeons pas un facteur discret mais puissant. La baisse de l’euro de ces dernières années a timidement relancé l’activité, prouvant que sa surélévation antérieure était bien une des origines majeures de nos difficultés.

Paradoxalement, la justesse des critiques contre l’euro les a privées d’audience. C’est un des écueils sur lesquels a buté le Front national : les Français sont moins hostiles à l’Union européenne du fait même de l’affaiblissement de cette dernière.

Sans majorité solide, Macron va en tout cas se trouver face à des partenaires qui ne lui feront pas plus de cadeaux qu’à son prédécesseur. Leur patience vis-à-vis de nos subterfuges budgétaires s’émousse.

Gageons que le charme Macron déjà très relatif et sa pseudo-fraîcheur asphyxient vite dans le grand étouffoir politicien. Tapi dans l’ombre, le problème de l’énormité des dettes demeure, plus insoluble que jamais.

Sur le web

Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Merci à l’auteur pour cette réflexion pertinente notamment lorsqu’il affirme, dans son sous titre, que « les Français ne veulent le changement qu’en apparence »; MACRON leur a donc servi « la soupe aux illusions qu’ils veulent boire ».
    Force est de constater que, dans le paysage politique français, l’illusionnisme est un élément porteur qui permet de devenir un président de la Vème république.

  • et ça commence mal : Bruxelles prévoit une remontée des déficits de la France que le programme de Macron aura du mal à enrayer car il met les dépenses supplémentaires d’abord et procrastine sur les économies. Fillon aussi creusait les déficits mais la crédibilité de son programme l’aurait fait accepter par Bruxelles. Vis à vis des engagements européens, Macron c’est de l »esquive pour accepter une vraie rentrée dans les clous, Fillon c’était une vraie politique de redressement qui aurait pu sauver l’euro en réduisant l’écart de compétitivité en la France et les pays vertueux du Nord.

  • Allons, courage ! Nous avons une dernière chance avec les élections législatives d’inverser la marche de la France vers l’anéantissement !
    Macron, qu’on nous vend comme l’homme nouveau, était avec Hollande depuis le premier jour, conseiller puis ministre. Et ceux qui se précipitent à ses pieds pour participer à la curée, de droite comme de gauche, sont eux aussi de vieux briscards de la politique… Mais aucun ne se rend compte que Macron va les utiliser pour obtenir le pouvoir absolu, et qu’ensuite il les jettera quand ils ne serviront plus. Alors nous verrons arriver des visages nouveaux… mais pour quelle politique ?

  • pour l’instant macron est sur son petit nuage , avec des bulles de champagne encore plein la tête ; quand il aura repris ses esprits , qu’il sera confronté à la réalité , qu’il lui faudra prendre des mesures qui n’auront plus rien à voir avec ses promesses , il lui arrivera ce qui est arrivé à ses prédécésseurs : bim , bam boum , plus dure sera la chute….et pour lui et pour nous ;

  • Tout à fait, c’est exactement cela : du sur place. Ou encore du Moonwalk comme le pratiquait avec tant d’élégance l’artiste disparu M.Jackson ❗

    Macron est-il un véritable artiste, et la France a-t-elle besoin d’un artiste ❓

  • Programme que la droite vient d’enterrer…

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pour Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre signale la concrétisation d’une alliance entre Emmanuel Macron et Les Républicains, mais aussi la position de force du Rassemblement National. Entretien.

 

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre. Que signifie ce choix d’Emmanuel Macron ?

Frédéric Sawicki : La première chose à souligner, c’est que Michel Barnier vient de la droite et qu’il a forcément reçu le soutien d... Poursuivre la lecture

Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de « consultations » aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau Premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse du rez-de-chaussée.

 

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes ... Poursuivre la lecture

L’économisme de gauche le plus archaïque est bien parti pour revenir peu ou prou aux affaires et, avec lui, le magistère d’économistes théoriciens non-pratiquants, comme Élie Cohen, réputé faire consensus. L’objectivité et l’omniscience prêtées à ceux-ci par ce dernier reposent depuis longtemps sur un dosage subtil et pourtant largement déséquilibré entre libéralisme et interventionnisme d’État agrémenté d’antinucléarisme « raisonnable ». 

 

Dans cette caste séculairement omniprésente sur les plateaux télé, on trouve le dis... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles