Nous sommes entrés dans la tête d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron paraît présenter toutes les caractéristiques d’un « cerveau droit », le terme de « cerveau droit » s’entendant, ici, au sens biologique, et non pas au sens figuré auquel se référent les politologues.

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Nous sommes entrés dans la tête d’Emmanuel Macron

Publié le 21 avril 2017
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Par Claude Sicard.
Un article d’Emploi 2017

Il ne s’agit pas de convictions politiques, mais d’examiner les éclairages que nous apportent les découvertes passionnantes du fameux neurophysiologiste américain Roger Sperry, une des grandes figures de la neurophysiologie au siècle dernier.

Roger Sperry a obtenu, en 1984, le prix Nobel de médecine pour ses découvertes sur les deux fonctions distinctes du cerveau humain. À partir de ses découvertes expérimentales il a démontré que chaque hémisphère du cerveau a une fonction particulière : certes, les deux hémisphères, reliés entre eux par le corps calleux, sont en dialogue permanent et ainsi ils se complètent.

Cerveau droit/cerveau gauche

Sperry a montré que certains individus fonctionnent en privilégiant l’hémisphère gauche de leur cerveau, d’autres plutôt l’hémisphère droit, et un certain nombre ont un mode de fonctionnement équilibré.

On ne sait pas encore vraiment ce qui dans la période de formation des individus les amène à utiliser plutôt un hémisphère que l’autre. Beaucoup de spécialistes nous disent que dans le monde occidental les individus privilégient le recours à l’hémisphère gauche : il semblerait que chez les Chinois ce soit le contraire. On en vient alors à soupçonner l’écriture.

Cerveau droit et induction

Les phonèmes chinois sont transcrits par quelque 1.500 signes différents qu’il faut que l’imagination interprète : on est là dans un exercice d’induction propre aux cerveaux droits.

Au cours de la jeunesse, et à travers les apprentissages, se créent de nouvelles connexions neuronales, et pour cela d’autres se détruisent, comme l’explique Nicolas Renier, chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière de Paris. En sorte qu’une fois un mode de fonctionnement acquis, il devient très difficile de revenir en arrière.

Quelles sont donc les caractéristiques de fonctionnement de chaque hémisphère cérébral ?

En résumé, l’hémisphère gauche est le siège de la logique, de l’analyse, et du verbal. Le droit est le siège de l’imagination, de la créativité, d’une approche globale et des émotions.

Fink, travaillant sur des cerveaux divisés a noté dans ses expériences de split brain, que lorsque l’on présente un gâteau sur une assiette à un hémisphère gauche celui-ci fait une liaison immédiate avec une fourchette et une cuillère ; alors qu’un hémisphère droit voit, lui, un chapeau ! Le cerveau gauche est logique, analytique rationnel : et, nous disent aussi les spécialistes, efficace et conservateur.

Le droit a un raisonnement intuitif, et global : il est créatif, ouvert à l’innovation. Avec les neuro-droitiers, on a affaire à des personnes ayant le goût du risque. Les cerveaux « droits » fonctionnent par induction, les cerveaux « gauches » par déduction. Le raisonnement inductif implique la créativité et l’intuition. Et les cerveaux droits accordent une grande importance aux rapports affectifs.

Approfondissement des caractéristiques des cerveaux droits

Un cerveau droit pur est quasiment impossible à convaincre ! Il sait ! Et il en est convaincu. Un auteur1 nous dit de ces cerveaux : « Ils savent comment développer leur aura et être en plein contrôle de leur destinée ». Ils désirent être leur propre patron, et ils n’ont pas besoin d’un GPS.

Ils sont inspirés, et veulent exprimer leur vraie nature. Ils ont besoin d’espace et d’autonomie : ils s’adaptent avec une grande flexibilité au gré des événements. L’individu qui ne peut accéder à son hémisphère gauche risque d’être violent. Par exemple, les inventeurs sont des cerveaux droits.

Emmanuel Macron est-il véritablement « cerveau droit ? »

Beaucoup d’éléments dans son parcours professionnel et dans le projet qu’il propose le laissent à penser. Son parcours, tout d’abord : il révèle une personne ayant besoin d’indépendance, et qui sait prendre des risques. Il était subordonné à François Hollande, et il s’en est affranchi.

Il a quitté la banque Rothschild, puis a démissionné du poste prestigieux de ministre de l’Économie. Il s’est lancé ensuite seul dans l’aventure consistant à créer un mouvement, un projet considéré par chacun comme un pari impossible ; il s’est bien agi là de faire preuve d’imagination et d’un incontestable goût du risque.

C’était aussi avoir une vision globale, ce candidat ayant fondé son aventure à partir du dépassement du clivage droite/gauche habituel. Et elle s’est révélée effectivement porteuse d’avenir.

L’identité en mouvement de Macron

Emmanuel Macron, il faut le noter, n’a pas un programme, mais, à la différence des autres candidats, il a un projet. Il affirme que l’identité de la France, thème des plus débattus depuis bon nombre d’années, n’est pas figée ; ce qui est choquant pour beaucoup lorsqu’il dit « Elle est en perpétuel renouvellement : c’est un projet ouvert ».

« L’identité, c’est ce que nous sommes en train d’inventer », nous dit Emmanuel Macron, avec son esprit frondeur et créatif. Par ailleurs, il existe pour lui deux France : l’une, « enthousiaste de ces grands mouvements qui agitent le monde (la mondialisation) ; l’autre, inquiète et sans repères face à la mondialisation ». La première est sa France : l’autre, celle de son adversaire, Marine Le Pen.

Parmi ses inventions, les droitiers étant réputés créatifs, il y a tout d’abord cette invention d’un mouvement « ni de droite ni de gauche », un mouvement qui n’est pas un parti, alors que l’opposition droite/gauche existe depuis plus d’un siècle ; et une autre invention de ce candidat à la présidentielle, soumise à ses électeurs : la création d’un « parlement de la zone euro ».

Affectivité et charisme

Autre caractéristique, enfin, propre à un cerveau droit : l’affectivité et le charisme. Emmanuel Macron a déclaré maintes fois dans ses meetings aimer les gens et « aimer furieusement l’Europe ». Cette manière affective de s’exprimer n’est pas celle d’un cerveau gauche !

Lors de ses meetings, incontestablement un fluide, soudain, circule, et ses fans se trouvent transis par une contagion émotionnelle propre, précisément, à ce que sont capables de dégager, en public, de très réels cerveaux droits. Emmanuel Macron manifeste beaucoup d’empathie, et il développe en permanence des liens affectifs avec les autres.

Sans que l’on ait besoin de faire passer un test à ce candidat 2, il s’agit là d’un véritable cerveau droit.

La caractéristique « cerveau droit » est-elle la bonne pour assumer les responsabilités au plus haut niveau ?

Les spécialistes nous disent que les grands dirigeants sont des individus qui manifestent la capacité de faire communiquer parfaitement les deux hémisphères de leur cerveau. L’idéal est donc, pour de hauts responsables, qu’ils fonctionnent avec un cerveau équilibré. Tout laisse penser que le général de Gaulle, par exemple, possédait cette caractéristique.

Les cerveaux « gauches » sont dans la logique, le rationnel, l’analytique, l’efficience. Ils aiment la résolution de problèmes. Ils sont prudents et organisés, et ils ont un penchant pour la sécurité. Sur le plan des émotions, les cerveaux gauches sont réservés, et ils manifestent peu leur affect.

Le contact humain

Les cerveaux droits, au contraire, sont tournés vers le contact humain. Ce sont des sentimentaux qui expriment publiquement leur sensibilité. Ils aiment souder les hommes. Ils recherchent, à l’excès, le consensus. Ils ont une forte imagination et sont tournés vers le futur. Leurs qualités s’expriment dans les activités de stratégie et d’innovation.

Si Emmanuel Macron, qui est incontestablement cerveau droit, devait demain être celui qui triomphera dans la prochaine élection présidentielle, il faudrait qu’il songe à s’entourer de cerveaux gauches. Un cerveau droit voit les problèmes globalement, il est intuitif et créatif, et il montre la voie.

Cerveau gauche et rationalité

Ses collaborateurs, des cerveaux gauches, devront amener de la rationalité dans les projets proposés : les multiples propositions du leader devront faire l’objet d’un screening systématique pour que, après étude, soient dégagées les bonnes orientations à prendre.

Notons qu’un cerveau « droit » à l’excès peut être dangereux par son indépendance et son impulsivité, avec sa propension à penser qu’il est supérieur aux autres. S’il est trop autoritaire, et mal entouré, il peut entraîner le pays sur des voies dangereuses en se lançant dans des projets trop irréalistes.

Les profils des autres compétiteurs

Il semblerait bien que François Fillon, le candidat de la droite, possède un profil cérébral bien davantage tourné vers l’équilibre ; ce qui n’est pas le cas d’Emmanuel Macron. François Fillon apparaît comme un homme fonctionnant d’une façon harmonieuse sur les deux hémisphères cérébraux.

Contrairement à un cerveau droit, il a su supporter patiemment pendant cinq ans, dans sa fonction de Premier ministre, l’autorité de Nicolas Sarkozy. Bien plus que son concurrent, il apparaît comme un homme de réflexion, d’analyse, de planification et d’administration.

Certes, il lui manque le charisme d’un cerveau droit. Contrairement à un cerveau droit qui cherche à se faire aimer, François Fillon, on s’en souvient, a déclaré dans un récent meeting : « Je ne demande pas que vous m’aimiez, mais que vous me souteniez ! ».

Candidature équilibrée

Les travaux de Sperry nous indiquent qu’un homme se servant d’une manière équilibrée de ses deux hémisphères cérébraux saura puiser dans son cerveau gauche les facultés d’analyse et de réflexion nécessaires à l’élaboration de programmes qui soient à la fois efficaces et réalistes. On en déduit donc qu’il s’agit là d’un candidat pourvu des véritables qualités pour exercer les plus hautes fonctions, selon les théories développées par Roger Sperry.

L’autre candidate placée dans le trio de tête, Marine Le Pen, pourrait bien être plutôt cerveau droit. Elle n’aime pas se laisser dominer et elle développe des vues globales, prospectives, des vues qui manquent assurément d’être soutenues par des analyses approfondies.

Balladur, Barre et Sarkozy

Dans le passé, des hommes politiques à cerveau gauche comme Raymond Barre ou Édouard Balladur, auraient fort bien gouverné le pays, mais ne sont pas parvenus à se faire élire, ce qui est normal pour des cerveaux gauche, dépourvus de charisme.

Des hommes à cerveau droit, comme François Mitterrand ou Nicolas Sarkozy sont parvenus à magnétiser leurs électeurs, et à se faire élire, ce qui est normal pour des cerveaux droits : seule l’histoire dira s’ils ont été vraiment de très bons présidents.

Les électeurs nous diront dans quelques semaines pour quel type de cerveau ils préféreront finalement opter : une élection présidentielle est avant tout un choix de personne, et les électeurs doivent deviner, seuls, ce qui est difficile, s’il s’agit d’un cerveau droit, d’un cerveau gauche, ou d’un cerveau équilibré.

Notons toutefois, et c’est là le plus grand défaut du système démocratique, que les qualités nécessaires pour se faire élire ne sont pas les mêmes que celles nécessaires pour diriger un pays.

 

  1. Cf. le site « La puissance du cerveau droit ».
  2. Voir les tests du Professeur Weston Agor, de l’université du Texas.
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  • Franchement, les envolées de Macron dans ses meetings sont dignes de celles d’un bateleur de foire illuminé ou mieux d’un participant lambda à un concours d’éloquence.
    Rien à voir avec la puissance et la profondeur de celles d’un Mauriac ou d’un Mirabeau.

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