Le Pen et Mélenchon ont-ils raison de défendre le protectionnisme ?

Le protectionnisme est défendu par l’extrême droite et l’extrême gauche. Une unanimité qui devrait inquiéter ?

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Le Pen et Mélenchon ont-ils raison de défendre le protectionnisme ?

Publié le 11 avril 2017
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Par Emmanuel Martin.

Un article de l’IREF.

La campagne présidentielle est décidément bien affligeante. Comme l’écrivait Nicolas Lecaussin après le grand débat, l’impression est d’être en 1917 et pas en 2017. Un parfum de collectivisme flotte de manière assez nauséabonde, sans que cela émeuve grand monde. Et au-delà d’une « politique du père Noël » consistant à distribuer toujours plus dans la logique d’un étatisme éculé, il y a un point sur lequel les collectivistes de droite comme de gauche se rejoignent joyeusement : le protectionnisme. Pour madame Le Pen il est urgent de mettre en place des mesures de « protectionnisme intelligent » ou « réfléchi ». Pour monsieur Mélenchon il s’agirait d’un protectionnisme « solidaire ».

Le protectionnisme peut-il être intelligent ?

Évidemment, à la lumière de l’expérience historique, il est déjà difficile de ne pas voir une mauvaise blague dans cette expression.

Faut-il en effet rappeler que la signature de la loi protectionniste Smoot-Hawley en 1930 par le président américain Hoover avait déchaîné une vague de représailles protectionnistes tout autour de la planète ? Cette vague avait à son tour, non seulement contribué à morceler et contracter le marché mondial, et donc la croissance mondiale, attisant les frustrations sociales, mais aussi alimenté la montée des nationalismes qui menèrent in fine à la Seconde Guerre mondiale. « L’intelligence » voudrait qu’on n’oublie pas l’Histoire.

Cette leçon de l’Histoire nous apprend également qu’il est extrêmement difficile d’avoir un protectionnisme « intelligent », c’est-à-dire sélectif, comme dans le cas de la loi Smoot-Hawley, dans le sens où il n’est pas possible d’anticiper et de maîtriser les réactions des partenaires commerciaux. Un effet boomerang, donc : c’est ce que les économistes appellent les « conséquences inattendues » des politiques publiques. Donner l’illusion qu’on maîtriserait « avec intelligence » le processus, et qu’on arriverait à neutraliser les représailles des autres pays, est tout simplement mensonger. D’ailleurs le flou de madame Le Pen sur le contenu « intelligent » de son protectionnisme en dit long sur la question : c’est un slogan vide – et dangereux.

Autre enseignement de l’Histoire, plus récente cette fois-ci. En 2009, sous la pression des fabricants de pneus américains, l’administration Obama érige des tarifs douaniers punitifs de 35 % (contre 4 % auparavant) sur les pneus d’origine chinoise. L’argument était évidemment qu’il fallait sauver les emplois dans le secteur aux États-Unis. Une étude du think tank American Enterprise Institute a récemment quantifié le coût des quelque 1200 emplois sauvés : 900 000 dollars par emploi en 2011, payés par le consommateur américain. Le protectionnisme américain a consisté à se « faire mal à soi-même » en tant que nation…

Mais bien sûr ces 900 000 dollars « donnés » à l’industrie du pneu ont été perdus par d’autres industries ! Ce serait donc plus de 3700 emplois détruits ailleurs. C’est la vieille histoire de la vitre cassée de Frédéric Bastiat… En outre, les producteurs américains de pneus ont-ils été les plus grands gagnants ? Non. Le plus ironique en effet est que ce sont les producteurs « non-chinois », au Mexique et en Asie, qui ont le plus bénéficié de cette baisse de la concurrence chinoise sur le sol américain…  Conséquences inattendues là encore.

L’économie moderne est fondée sur des chaînes de valeurs internationalisées. Les produits sont des assemblages de composants qui eux-mêmes sont déjà des assemblages de composants. Un tarif douanier sur tel produit composant va en réalité peut-être heurter un producteur national parce qu’un composant « national » n’est pas totalement substituable à ce composant « étranger ». Le degré de complexité des chaînes de valeur est tout simplement ingérable pour un technocrate.

Toutes ces questions se ramènent en réalité au problème insurmontable de la connaissance de tout planificateur en définitive. Vous avez dit « intelligence » ?

 

Le protectionnisme peut-il être solidaire comme le soutient monsieur Mélenchon ?

Là encore, derrière les belles intentions, il faut regarder la réalité. Évidemment qu’il faut se préoccuper du sort d’ouvriers mal traités dans des pays comme le Bengladesh ou la République Démocratique du Congo. C’est déjà là que les consommateurs et les associations ont leur part à jouer. Mais, de manière sans doute plus importante, c’est à la diplomatie d’agir. Cependant, pour que la diplomatie fasse son devoir, elle doit déjà avoir les idées claires sur les questions économiques…

Les conditions locales de travail exécrables sont liées à un manque de liberté économique et d’État de droit, situation qui permet à quelques entrepreneurs véreux, en connivence avec les politiques, d’étouffer la concurrence, et de maintenir des populations dans une sorte de servitude. Cette forme de monopole ralentit ainsi le développement de la majorité de la population, contrairement à d’autres pays qui ont commencé au même stade (pensons aux Dragons asiatiques).

Mais arrêter d’acheter à ces pays, ou fortement en diminuer nos importations, n’est pas une solution. Cela revient généralement à jeter les ouvriers en question encore plus dans la misère. Quand les USA ont arrêté d’importer des textiles du Pakistan dans les années 1990 parce que les usines embauchaient des mineurs, les adolescents pakistanais qui ne pouvaient plus travailler en usine ont commencé à se prostituer. Un autre effet boomerang…

Enfin, la solidarité a bon dos : on sait que les producteurs peuvent manipuler l’argument à leur profit. C’est comme cela que la file de ceux qui demandent des protections va s’allonger. En 1930, il n’était au départ question avec le Smoot-Hawley que de protéger quelques produits agricoles. Mais chaque producteur y allant de son lobbying, ce sont au final plus de 20 000 produits qui ont été touchés. Au-delà du problème de la connaissance il faut donc également être conscient de celui des incitations, celles des producteurs, qui veulent être protégés, et celles des législateurs qui ont intérêt à choyer leur clientèle électorale. Il est alors facile de plaider la « solidarité » pour faire en réalité passer ses intérêts « égoïstes ».

On le voit : l’intelligence et la solidarité, quand on parle de protectionnisme, peuvent se révéler trompeuses.

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  • Le débat entre protectionnisme et libre échange déséquilibré tel qu’il se pratique depuis les années 1970 est un de ces débats pipés et pipeaux largement à côté de la plaque.

    Dans son principe, le débat est pourtant fort simple :

    Les pays en excédent commercial extérieur produisent plus qu’ils ne dépensent domestiquement. Ils sont pour le libre échange car ils ont besoin de pouvoir exporter leur surplus de production et d’épargne au reste du monde. Ils replacent les excédents obtenus en prêtant aux pays en déficit dont ils sont créanciers ou en y achetant des actifs. La balance en emplois découlant du commerce extérieur est positive.

    Les pays en déficit commercial extérieur, eux, dépensent plus domestiquement qu’ils ne produisent. Autrement dit, ils dépensent plus que leur revenu. C’est le cas de la France depuis les 35 heures sous Jospin. S’ils sont pour le libre échange, les pays en déficit extérieur acceptent donc nécessairement de s’endetter et / ou de vendre une part de leur capital à des étrangers. La balance en emplois découlant du commerce extérieur est négative. Typiquement, il arrive un moment où le sous-emploi, le poids de la dette et / ou le transfert du capital national à des mains étrangères finit par créer un ressentiment dans la population. L’état d’esprit bascule alors en faveur du protectionnisme. Nous y sommes. Même les Etats-Unis, inspirateur et pilier du système de libre échange mondial, est en train de basculer avec Trump. En Europe, Maurice Allais avait prévenu il y a 25 ans : « On doit être pleinement conscient qu’une libéralisation inconsidérée des échanges peut susciter au sein de la Communauté Européenne de violentes oppositions et provoquer le développement de puissants mouvements anti-européens. On ne pourrait ainsi que compromettre la construction européenne, condition de notre avenir ». Nous y sommes aussi.

    Entre ses intérêts divergents des pays en excédent et des pays en déficit, le seul point d’accord possible au niveau global est bien sûr que le libre échange mondial se fasse dans des conditions de taux de change croisés qui gardent les balances commerciales croisées aussi proches que possible de l’équilibre. Car, tout consommateur est aussi un producteur, ou dépend in fine d’un producteur pour son revenu qui lui permet de consommer.

    Que les échanges se fasse dans des conditions de taux de change croisés qui gardent les balances commerciales croisées équilibrées, c’est d’ailleurs ce que prévoit explicitement le droit international régissant le système commercial et monétaire global (voir préambule du GATT et article 1 des status du FMI). Ces traités sont violés quotidiennement depuis 45 ans et les déséquilibres de balances courantes n’ont cessé de se développer depuis, de concert avec l’endettement mondial qui a littéralement explosé pour financer ces déséquilibres. Mais, il est n’est pas inintéressant de noter que le viol de ces dispositions du droit international ont été à l’initiative des Etats-Unis avec la décision de Nixon de répudier les Accords de Bretton Woods en 1971 et que la position des Etats-Unis sur ce sujet est précisément en train de changer. Il y a donc en ce moment même une possibilité de revenir d’un libre échange déséquilibré à un libre échange équilibré pour le bénéfice mutuel et réciproque des pays participants. C’est là que doit se situer le débat constructif et opérationnel et qu’on devrait entendre les libéraux. Les appels à la poursuite du libre échange déséquilibré actuel – outre qu’ils sont illégaux au regard du droit international en vigueur – apparaissent comme dépourvus de la moindre valeur explicative pour expliquer le contexte économique mondial actuel caractérisé par la faiblesse du trend, l’envolée de la dette globale relativement au revenu global et la récurrence de crises périodiques dont la sévérité à tendance à croître et dépourvus de la moindre valeur opérationnel pour l’améliorer.

    • Vous mélangez cause et effets : si les balances croisées commerciales sont déséquilibrées et si le chômage est si haut, c’est en majeure partie du aux dettes souveraines et aux taxes inhérentes et non au manque d’ajustement monétaire.

      La seule politique monétaire que les libéraux doivent soutenir, est celle de la stabilité des prix.

      Appeler les libéraux à soutenir des mesures Keynésiennes, vous ne manquez pas d’humour.

      Rappelons le monde économique de 71 : inflation à deux chiffres, chômage, croissance déclinante, exactement les mêmes problèmes qu’actuellement, avec le retour progressif des solutions que vous revendiquez et le retour progressif au protectionnisme, et à des politiques monétaires Keynésiennes.

    • Et svp arrêtez de manipuler des vérités magiques du genre « Les pays en déficit commercial extérieur, eux, dépensent plus domestiquement qu’ils ne produisent. » qui sont complétement fausses : les pays en déficit commercial extérieur achètent plus à l’extérieur qu’il ne vendent. Ceci n’a absolument rien à voir ni avec la dépense domestique, ni avec la production.

      La France meurt de ce genre de pseudo-vérités pseudo-économiques destiné à embrouiller les gens et à véhiculer toutes les solutions magiques en politique économique qui ne sont que des escroqueries.

      Si la France est en déficit commercial avec ses voisins, c’est qu’elle n’est pas compétitive dans ces exportations et c’est tout.

      Je vais prendre un exemple très simple : vous importez du pétrole et fabriquez avec des objets en plastic que vous exportez. Si la balance des échanges est déficitaire, c’est que l’argent rapporté par les venets objets en plastic est inférieur à l’argent dépensé par l’achat de pétrole. Normalement, la balance devrait être positive, parce que les objets en plastiques se vendent plus cher que le prix du pétrole qu’il faut pour les fabriquer (c’est le principe de la valeur ajoutée). Si la balance est négative, c’est du à une et une seule raison : vous n’arrivez pas à vendre vos objets en plastic, parce que leur prix n’est pas compétitif : que la valeur n’est pas différenciée.

      Et ceci n’arrive que dans un seul et unique cas : quand le coût de transformation est trop important ou en tout état de cause, plus important que la concurrence. Hors, quel est la facteur le plus influent sur le coût de transformation ? Les taxes de toutes sortes.

      Les pays en déficit commercial extérieur sont les pays qui ont une politique budgétaire inadaptée.

      • « Vous mélangez cause et effet ».

        C’est en partie vrai. Et vous aussi. Car la relation joue dans les deux sens. Le commerce international est ainsi d’autant plus déséquilibré qu’il prend place entre des pays qui détériorent leur compétitivité au taux de change en vigueur par une politique relativement trop favorable aux salaires et relativement trop défavorable aux profits et à l’investissement (c’est en effet le cas de la France) et des pays qui dopent leur compétitivité au taux de change en vigueur par une politique relativement trop défavorable aux salaires et donc à la consommation et relativement trop favorable aux profits et à l’investissement, investissements consistant en capacités productives inévitablement orientées vers l’export du fait de la relative faiblesse de la demande interne.

        « La seule politique monétaire que doivent suivre les libéraux est la stabilité des prix ».

        Précisément. Le commercial international entre pays ayant des écarts salariaux de 1 à 10 alors que les écarts de productivité peuvent être rapidement amoindris par du transfert de technologie des pays développés vers les pays en développement sans que les taux de change n’égalisent les balances commerciales est très déflationniste. Cela est simple à comprendre : si une part croissante de la production mondiale se déplace dans les pays en développement à coûts salariaux faibles à l’initiative de multinationales qui y délocalisent aussi leur haut niveau de productivité (technologie, équipements, processus de production, techniques de management, etc), la part de la masse salariale dans la production mondiale va avoir tendance à baisser, et donc la part relative de la consommation. Il va devenir de plus en plus difficile à la masse salariale mondiale d’absorber la production mondiale aux prix demandés. Et il va se développer des sur-capacités du fait d’une part croissante des profits et de l’investissement dans la production mondiale. Sauf si le système s’endette pour permettre à la demande mondiale de continuer à absorber la production mondiale sans baisse de prix. C’est précisément ce qui s’est passé ces dernières décennies. Jusqu’à ce que la capacité d’endettement soit saturée et vous obtenez la crise de 2008 : les défauts de paiement et la déflation. Le jeu s’arrête. Si vous baissez les taux d’intérêt de 4% à 0% pour permettre à ce petit jeu de reprendre et de se poursuivre plus longtemps sans aucun changement, vous obtiendrez la prochaine crise.

        « Appeler les libéraux à soutenir des mesures keynésiennes… ».

        Je me contrefiche des querelles de chapelle stériles et vous les abandonne bien volontiers. Les grands penseurs économiques de tous bords sont heureusement nettement plus subtils et nettement plus intéressés à solutionner des questions concrètes que leurs groupies inévitablement plus dogmatiques.

        « Arrêtez les vérités magiques : les pays en déficit achètent plus à l’extérieur qu’ils ne vendent, ceci n’a absolument rien à voir avec le fait qu’ils dépensent plus domestiquement qu’ils ne produisent ».

        Rien de magique là dedans, simplement de l’arithmétique élémentaire. Acheter plus qu’on ne vend à l’extérieur est strictement la même chose que dépenser plus qu’on ne produit domestiquement. En effet :

        Production Domestique = Dépense Domestique + Exportations – Importations (je néglige les variations de stocks).

        Soit, Production Domestique – Dépense Domestique = Exportations – Importations

        Si exportations < importations, alors production domestique < dépense domestique. C'est une identité, deux façons de dire exactement la même chose. Si quelqu'un est embrouillé, c'est vous.

        "Si la France est en déficit commercial avec ses voisins, c'est qu'elle n'est pas compétitive dans ses exportations, c'est tout".

        Plus précisément, il faudrait dire "… c'est qu'elle n'est pas competitive dans ses exportations au taux de change en vigueur".

        Et une fois qu'on a énoncé cette magnifique tautologie, on n'a rien dit de bien utile.

        Il est bien certain que la France à une grande part de responsabilité dans la situation très difficile dans laquelle elle se trouve. Les hausses de coûts de production domestiques résultant de hausses des salaires supérieures à la productivité du travail (en particulier pour les bas salaires), de hausses de charges démesurées et de hausses irresponsables des frais généraux de la nation sous forme de dépenses publiques peu ou pas productives n'a pu qu'aggraver considérablement les effets du libre échange mondial dès lors qu'un nombre croissant de pays adoptaient le modèle de développement économique fondé sur la compétitivité salariale (faible part des salaires dans la production), l'investissement tourné vers l'export et le recyclage des excédents en interventions sur les marchés des changes de façon à maintenir une devise compétitive (Allemagne, Japon, Corée du Sud, Tigres asiatiques, Chine). Déséquilibres internes et déséquilibres externes sont inextricablement liés. Dans les deux sens, c'est à dire pour les pays en déficit comme pour les pays en excédent.

        La seule question pratique maintenant est la suivante : comment fait-on pour redresser ces déséquilibres accumulés dans une situation d'endettement mondial vertigineuse ?

        a) On fait porter tout le poids de l'ajustement sur les pays en déficit, ce qui veut dire une compression de leurs revenus non compensée par ailleurs et donc une baisse de la demande mondiale et donc une impossibilité de rembourser les dettes accumulées ?

        ou

        b) On attaque les déséquilibres extérieurs accumulés par les deux bouts, les pays en déficit restreignant leur demande interne et les pays en excédent augmentant leur demande interne, de façon à ce que la demande mondiale soit maintenue et que le fardeau de la dette puisse être graduellement dégonflé sur base relative ?

        Vous dites a). Je dis b). Telle est l'unique différence entre nos deux points du vue. Pour ce qui est de la responsabilité de la France quant à ses décisions internes préjudiciables, nous sommes largement d'accord.

        L'approche b) me semble infiniment préférable car je pense que l'approche a) mène à une crise de type 1929, c'est à dire 2008 en pire, une fois que la dette relative globale aura convergé vers le niveau maximal compatible avec des taux d'intérêt nuls.

        • Mais vous faite une fixation sur le rôle de la monnaie 
          Bon, mais je crois que vous avez trouvé vous-même ce que j’essaie de vous dire :
          « Le commercial international (bla bla …) est très déflationniste » : exactement, le système est conçu pour être déflationniste. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, il fonctionne à l’envers de l’économie « pré-70 » : il n’est plus régulé (ou tenté d’être régulé) par des ajustements monétaires, mais conçu pour que la monnaie soit une constante.
          « La seule politique monétaire que doivent suivre les libéraux est la stabilité des prix ».
          Le modèle monétaire indexé (la monnaie bien) où la monnaie est un élément économique parmi les autres (or, argent et dérivés) provoque de l’inflation : le volume d’index de référence (volume d’or) étant plus ou moins constant dans le temps, il est absolument impossible de garantir une quelconque stabilité des prix, les anticipations et déséquilibres de balances se reportent donc dans des crédits qui finissent par s’empiler et ce de façon encore plus évidente que les taux sont faible.
          On est d’accord, ça c’est bien l’économie « pré-70 »
          En se libérant de la contrainte indexée et en régulant les taux directeurs, les BC ont inversé le modèle : le modèle monétaire dirigé (la monnaie fiat) où la monnaie est régulée pour être uniquement un indice de valeur constant (stabilité des prix) provoque une déflation chronique qui corrige l’inflation naturelle à l’augmentation de la consommation, à l’augmentation du niveau de vie.
          Les dettes, surtout les dettes d’Etat peuvent s’empiler : on peut faire de la cavalerie et ne payer que les intérêts. Cela n’a aucun impact sur le système, parce qu’il n’y a plus d’effet de déséquilibre ou de limite lié à l’indexation, lié au volume de métal (ou d’autre chose) en référence. La valeur de la monnaie ne change plus, alors que dans le modèle précédent, les volumes de dettes et les déséquilibres de balances commerciales avaient un effet direct sur la valeur de la monnaie parce qu’ils étaient corrélé au volume de métal et que cette corrélation était déséquilibrée.
          Vous pouvez également changer les monnaies à volonté et sans impact que les valeurs des monnaies les unes avec les autres, parce que les taux de changes ne sont plus la résultante d’un déséquilibre, mais une simple conversion : la stabilité des taux de changes entre les monnaies n’étant qu’une conséquence de la stabilité des prix (à peu de choses près) : les prix ne variant pas dans les pays, les déficits sont alors structurels et non plus conjoncturels.
          Donc oui vous avez raison si le monde fonctionnait majoritairement en monnaie indexée, ce qui n’est plus le cas : la constante n’est plus le volume d’or, mais la stabilité de la valeur de la monnaie, ce qui change tout.

          • Il y a juste un très léger problème : un système qui est déflationniste sur les prix du fait de l’arbitrage salarial systématique permis par le libre échange entre pays de niveaux de vie radicalement différents sans que les taux de change égalisent les balances extérieures et qui, dans le même temps, fait enfler la dette totale pour financer les déséquilibres massifs et persistants de balances courantes va tout droit vers une impossibilité majeure.

            Vous avez tort, il n’y avait pas de fortes poussées inflationnistes de 1950 à 1967. L’inflation a commencé à accélérer à la fin des années 1960 sous l’effet des mesures sociales (Great Society aux Etats-Unis, Accords de Grenelle en mai 1968 en France, etc) cumulées aux dépenses de la guerre du Vietnam. Mais l’inflation a réellement décollé à partir de 1973, soit après la fin de Bretton Woods en 1971, et comme une conséquence directe. La lourde chute du dollar après 1971 a en effet mis à mal les recettes pétrolières libellées en dollar des pays exportateurs, d’où la petite hausse compensatoire décidée sur le prix du baril. Ce fut le début de la fantastique envolée des déséquilibres de balances courantes, les fameux pétro -dollars allant se recycler en Amérique Latine et y causant, en se retirant au début des années 1980, une crise de la dette qui préfigurait les nombreuses crises de la dette qui se sont succédées depuis avec une régularité de métronome.

            Vous avez encore tort, le système pre-1970 ne conduisait pas à un empilement de crédits. C’est le contraire. La courbe de l’endettement mondial relatif, fort élevée au sortir de la guerre en 1945, n’a fait que baisser jusqu’à la fin des années 1970. C’est à cette date qu’elle s’est violemment retournée à la hausse pour ne cesser de croître depuis et atteindre le niveau très problématique que l’on connaît aujourd’hui.

            • Vous m’avez mal compris : le système pre-70 utilisait la monnaie comme correctif, donc les dettes n’existaient pas, puisqu’en gros il suffisait de dévaluer la monnaie pour faire payer les épargnants et les voisins.

              • Ok. Et on fait comment pour corriger les dettes dans le système post-1971 ?

                • On les rembourse, ou plus exactement, on arrête de les rembourser (intérêts compris) avec de nouvelles dettes.

                  • « On rembourse les dettes ».

                    Très bien, voyons ce que cela donnerait.

                    Durant la période qui nous occupe, de 1975 à 2016, le PIB mondial est passé d’environ $6.000 milliards à environ $75.000 milliards. Pendant ce temps, la dette mondiale totale (publique + privée) est passée d’environ 200% du PIB mondial soit $12.000 milliards à environ 350% du PIB mondial soit $262.500 milliards.

                    Vous voulez rembourser la dette ? Essayons donc d’établir, comme on le fait dans les cas de sur-endettement, un plan de remboursement étalé dans le temps qui consisterait à ramener la dette à 200% du PIB actuel sur une même période de 41 ans. Par prudence, on suppose pas de croissance du PIB. Il faudrait donc ramener la dette de $262.500 à $150.000 milliards en 41 ans. Cela veut dire qu’il faudrait faire baisser le montant restant dû de $2.744 milliards par an (262.500 – 150.000 = 112.500 / 41). Comme la dette porte intérêt à environ $10.000 milliards par an (3.8% de 262.500), faire baisser le montant restant dû de $2.744 milliards veut dire rembourser $12.744 milliards de principal par an. Sur un PIB de $75.000 milliards par an, il faudrait donc, par rapport à la situation actuelle où les dettes ne sont pas remboursées mais perpétuellement renouvelées et augmentées à des taux d’intérêt de plus en plus bas, soustraire à la consommation et à l’investissement $12.744 milliards (soit 17% du PIB mondial) pour rembourser les dettes. Ce serait l’effondrement.

                    Il est impossible de faire baisser la dette sur base absolue sans causer un effondrement économique. La seule solution est de la faire baisser sur base relative au cours du temps, c’est à dire que la croissance de la dette totale soit inférieure à la croissance de l’activité pendant une longue période. C’est à dire l’inverse de ces 45 dernières années durant lesquelles la croissance de la dette totale à été plus rapide que celle de production. Cela implique de rétablir l’équilibre des balances commerciales croisées de façon à faire cesser la duplication de crédit à l’échelle mondiale qui financent et perpétuent ces déséquilibres.

          • Vous ne m’avez pas répondu, a) ou b) ?

            • Ni a ni b, puisque la seule solution est de cesser la gabegie de l’Etat qui est la cause structurelle des déséquilibres. Désolé mais ce n’est pas en changeant le thermomètre que l’on soigne la fièvre.

              • Faire cesser la gabegie des États en déficit, point barre. C’est la réponse a).

                Faire cesser la gabegie des des États en déficit et, dans le même temps, faire augmenter la demande interne des États en excédent, c’est la réponse b).

                Donc, réponse a) pour vous et b) pour moi.

                Merci pour la discussion.

                • Non votre point a porte sur le deficit de la balance commerciale, alors que je ne parle que du deficit budgétaire (quoiqu’en France, vu la part de l’Etat dans l’économie, ca revient quasiment au même) : à partir du moment où les partenaires commerciaux ne pourront plus recycler leurs excédents dans des dettes souveraines, la balance commerciale se rétablira d’elle même.

                  • Un pays en déficit extérieur dépense plus qu’il ne produit domestiquement. Autrement dit, il dépense plus que son revenu. Autrement dit, il s’endette. C’est la mécanique inexorable de la balance des paiements. Que cette hausse de l’endettement passe par le secteur public ou le secteur privé ou par les deux à la fois ou d’abord par l’un puis ensuite par l’autre n’a qu’une importance secondaire. La dette totale monte relativement au flux de production et de revenu total qui permet d’en assurer le service.

                    Vous dites « à partir du moment où les partenaires commerciaux ne pourront plus recycler leurs excédents dans les dettes souveraines, la balance commerciale se rétablira d’elle même ».’

                    Tout dépend ce que vous voulez dire par là, car cela peut se faire de façon récessive et déflationniste ou cela peut se faire en préservant la croissance mondiale ou cela peut ne pas se faire du tout.

                    – Si vous voulez parler de contrôle de capitaux qui empêcherait les pays en excédent de recycler leurs surplus en titres financiers ou actifs physiques des pays en déficit de façon à ne plus distordre les taux de change en leur faveur, de sorte qu’ils ne pourraient utiliser leurs recettes d’exportations que pour acheter des biens et services à leurs partenaires commerciaux, alors la balance commerciale serait en effet rétablie sans compromettre la croissance mondiale et le stock de dettes accumulées dégonflerait sur base relative par rapport au PIB. C’est ce que je dis.

                    – Si vous voulez dire par là que le déficit public ayant disparu, la dette publique des pays en déficit n’augmente plus et qu’il n’y a donc plus rien à acheter pour les pays en excédent, il y a deux possibilités. La première possibilité est que les surplus des pays en excédent continueront d’être recyclés par un autre canal que la dette publique, par ex. dette des ménages via le crédit bancaire et / ou dette des entreprises via le marché bancaire et / ou obligataire ou margin loans pour financer une bulle boursière ou n’importe quel autre canal. Dans ce scénario, la hausse de la dépense privée qui en résulte dans le pays en déficit crée une prospérité factice (car à crédit) qui permet en effet au déficit public de se réduire, au moins sur base relative. Ce fut le cas des Etats-Unis ou de l’Espagne par exemple entre 2002 et 2007. Cela ne dure pas et finit par se heurter au mur de la dette qui croit beaucoup plus vite que la capacité de service de la dette. La deuxième possibilité est une baisse de la dépense publique non compensée par une hausse de la dépense privée dans les pays en déficit. Cela s’appelle une récession. Le revenu national baisssant, une dette publique stable en valeur absolue continue de monter en valeur relative par rapport à la capacité de la servir. Ça ne marche donc pas. C’est la solution a).

                    La seule solution est donc celle que je préconise, c’est à dire la b).

                    • « Un pays en déficit extérieur dépense plus qu’il ne produit domestiquement. Autrement dit, il dépense plus que son revenu.  » Je vous ai déjà dit que c’était faux !

                      Un pays n’a aucun revenu, l’Etat si (les impôts) et la dépense de l’Etat ne s’effectue pas à l’extérieur, mais à l’intérieur (à quelques bricoles près)

                      La balance de commerce extérieur n’est pas du tout un problème de production (donc de croissance, de PIB etc…) mais de compétitivité.

                      Ce que vous n’arrivez pas à comprendre, c’est que la balance commerciale est toujours équilibrée d’un point de vue comptable : c’est achat de produit contre monnaie. Et la monnaie est elle même échangée en retour, sinon cela ferait longtemps que le système actuel serait par terre.

                      L’argent en circulation est de la dette à 99% : vous confondez les dettes croisées (qui globalement s’annulent) et les dettes souveraines (qui sont de vraies dettes) – vous faites la même erreur que les gens qui lisent les bilans et qui mélangent actif/passif et trésorerie.

                      Je commence à comprendre le problème : on utilise les mêmes mots pour parler de choses complétement différentes.

                      La dette n’est pas un problème, ce qui est un vrai problèmes sont les dettes qui ne se résolvent pas, parce qu’elles permettent aux déséquilibres de perdurer.

                      Une dette privée est complétement différente d’une dette publique, parce qu’une dette privée est couverte par des actifs, protégée par des assurances etc… donc cette dette sera un jour où l’autre couverte. Une dette publique n’est pas couverte, même si l’Etat a sensément le droit de préempter les actifs des citoyens, dans la réalité, ca ne se produit pas comme cela : il n’y a ni assurance, ni huissier pour valoriser les actifs des Etats en cas de défaut.

                      Ce que j’essaie de vous expliquer est que le système actuel permet une dette quasi infinie au point de vue mondial : le volume de monnaie crédit (émis par les banques centrales) reste quasiment stable, mais le volume de monnaie dette (émis par les banques commerciales) varie dans des proportions gigantesques. Il est même quasiment impossible de l’estimer, car toute la monnaie en circulation n’est que de la dette comptée plusieurs fois (le temps que les contreparties bancaires entre banques soient effectuées) : quand vous achetez une voiture avec un chèque, si ce chèque est émis sur la même banque que la votre, vous avez dans la nature X dettes : celle qui correspond à la valeur du chèque, celle qui correspond au compte bancaire du vendeur, celle qui correspond à votre compte etc… Cette monnaie là n’est que de la dette, ce ne sont que des écritures comptables.

                      Pour revenir à vos solution a) b) le problème est effectivement le remboursement de la dette PUBLIQUE, ou plutôt le remboursement des intérêts de la dette PUBLIQUE : tant que le remboursement des intérêts est supérieur au déficit, cela veut dire que le volume de dette diminue … inutile d’agiter des scénarios catastrophe, cela veut juste dire que la structure économique doit bouger d’un modèle où l’Etat entretient des activités en déficit chroniques qui doivent devenir équilibrées d’un point de vue économique : soit en les privatisant, soit en les rationalisant (en passant par exemple d’un modèle par répartition à un modèle par capitalisation)

                      Pour deux raisons : d’abord parce que les taxes et prélèvements sont directement imputés sur les prix à l’export (et non sur les prix à l’import) et parce que (et encore grace aux taux très faibles) les intérêts coûtent environ 50 milliard d’euros par an (soit 1/8 des rentrées fiscales)

                    • « Un pays en déficit extérieur dépense plus qu’il ne produit domestiquement. Autrement dit, il dépense plus que son revenu ».

                      Vous dites que c’est faux mais vous ne le démontrez pas. Moi, je dis que c’est vrai et je le démontre à partir de la comptabilité nationale :
                      Production Domestique = Dépense Domestique + Exportations – Importations (je néglige les variations de stocks). Soit Production Domestique – Dépense Domestique = Exportations – Importations
                      Pour un pays en déficit extérieur, exportations – importations < 0, ce qui implique nécessairement production domestique – dépense domestique < 0, soit le pays dépense plus qu'il ne produit.
                      Vous dites que c'est faux ? Prouvez le.
                      Nous parlons bien entendu ici du revenu national du pays, c'est à dire la consolidation du revenu de toutes les entités constitutives (particuliers, entreprises, banques, État).

                      "La balance commerciale est toujours équilibrée en termes comptables".

                      Non, la balance commerciale n'est pas toujours équilibrée. Il se peut fort bien, et c'est d'ailleurs ce qui se passe, qu'un pays soit en déficit ou en excédent commercial extérieur. Cet écart étant nécessairement compensé par un flux monétaire, c'est la balance des paiements qui est toujours équilibrée comptablement, par construction.

                      Expliquez moi donc comment les dettes croisées s'annulent globalement et ce qui distingue les dettes souveraines "qui sont de vraies dettes" des autres dettes qui ne sont donc pas des vraies dettes ?

                      "La dette n'est pas un problème, sauf celles qui ne se résolvent pas".

                      En effet, remarque très judicieuse. Précisément, c'est le cas depuis 45 ans, les dettes ne se résolvent pas. Elles s'accumulent.

                      "Une dette privée est couverte par des actifs".

                      Oui, encore une remarque très judicieuse. Et alors ?

                      Les subprimes américains étaient couverts par des biens immobiliers. Les prêts résidentiels espagnols aussi. Les dettes des entreprises du secteur minier, maritime et pétrolier contractées pendant le boom et aujourd'hui très problématiques sont couvertes par des mines et des stocks de minerais, par des bateaux et des gisements pétroliers. Les milliers d'entreprises qui font défaut chaque année rien qu'en France avaient des actifs au moment où elles ont contracté un crédit.

                      Dès que la valeur de l'actif devient inférieure à la valeur de la dette, la dette privée est un problème. Rien ne garantit qu'un investissement financé à crédit générera un revenu supérieur au service de la dette. Un investissement pétrolier réalisé en haut de cycle couvre facilement la dette qui l'a financé avec un baril à $110. C'est plus difficile avec un baril à $55. L'entreprise est en faillite avec un baril à $30. En fait, si les investissements privés financés à crédit gêneraient en net un revenu supérieur à l'intérêt de la dette, la dette privée baisserait relativement au revenu privé du fait d'un retour sur investissement positif. Or, la dette privée monte continuement depuis 45 ans. C'est que, collectivement, la dette privée augmente plus vite que la valeur des actifs privés résultant de l'actualisation des flux de revenus privés. Il y a destruction de valeur. Même s'il y a croissance de la production. D'où le problème.

                      En fait, ce qui se passe pour ainsi dire à chaque crise de la dette, c'est que les dettes privées problématiques sont mutualisées sur le bilan national. Elles deviennent de la dette publique. C'est ce qui s'est passé aux Etats-Unis et en Espagne en 2008-2009.

                      "Le système actuel permet une dette quasi infinie au niveau mondial".

                      Pas du tout.

                      Le système de crédit actuel reposant sur des réserves fractionnaires permet bien une plus grande flexibilité dans l'expansion du crédit. Mais certainement pas infinie.

                      D'abord, à tout moment, le stock de capital total est une quantité finie correspondant à un multiple fini de la production totale. Pour une population totale et un niveau de production totale donnée correspond ainsi un volume bien déterminé d'usines, d'équipements, de bureaux, d'appartements et de maisons, de routes, d'autoroutes, de ports, de ponts, de voitures, d'écoles, d'hôpitaux, de navires, d'avions, de centrales électriques, de réseaux de communications, de stocks, etc. Ce stock de capital est fini. Et, pour garantir la solvabilité du système, il ne peut pas être intégralement financé par dette. La quantité de dette mondiale est donc non seulement un montant fini mais elle ne peut pas dépasser un certain multiple lui aussi fini (même avec des taux d'intérêt nuls) de la production mondiale. Que cette dette physiquement finie puisse être exprimée en un nombre toujours plus grand et éventuellement convergeant vers l'infini d'unités monétaires par dilution monétaire, cela est certes possible, en cas d'hyperinflation.

                      Il y a une autre raison pour laquelle une dette infinie est strictement impossible. Les systèmes de crédit à réserves fractionnaires sont structurellement illiquides, la réserve n'étant (comme son nom l'indique) qu'une fraction des prêts octroyés. Dès que des défauts se matérialisent sur les crédits, ne serait-ce que sur une partie relativement petite du portefeuille de prêts, les banques sont dans l'incapacité absolue de faire face à des comportements de précaution et de défiance des déposants voulant soustraire leurs avoirs bancaires de la banqueroute (ce que vous voulez faire en cas de 2ème tour Le Pen – Mélenchon). C'est bien ce qui rend si dangereux la folle envolée de la dette relative globale (publique + privée, quasiment partout dans le monde) depuis 45 ans. Quand les défauts (publics ou privés) vont arriver, les systèmes de crédit seront immédiatement en faillite, paralysant toute activité économique. Le capital est un multiple fini de la production. Si la dette devient un multiple trop grand de la production, c'est qu'il n'y a plus de fonds propres dans le système. Le système est en faillite. Comme la dette totale monte relativement à la production totale depuis 45 ans, on s'en rapproche. En fait, il est facile de voir que les taux d'intérêt à 0% presque partout dans le monde sont la dernière étape.

                      "… tant que le volume de remboursement des intérêts est supérieur au déficit, cela veut dire que le volume de dette diminue…"

                      Cette phrase ne veut rien dire. Le paiement des intérêts (on paye des intérêts, on ne rembourse pas des intérêts, on ne rembourse que le principal) est inclus dans le déficit. Ainsi, l'Etat français paye environ €50 milliards par an d'intérêts sur la dette publique, €55 milliards qui sont inclus dans le déficit public d'environ €65 milliards. Ce que vous voulez dire, c'est que la dette diminue si le budget est en excédent après paiement des intérêts de la dette.

                      Nous sommes d'accord que les dépenses non rentables de l'Etat pèse sur la compétitivité du pays et doivent être rendues plus performantes ou abandonnées. Notre désaccord est que vous dites qu'un ajustement interne de l'économie française (et de toutes les économies en déficit extérieur) suffit alors que je dis qu'il ne suffit pas et qu'il est même collectivement impossible s'il n'est pas accompagné dans le même temps d'un ajustement des déséquilibres externes.

                    • « Un pays en déficit extérieur dépense plus qu’il ne produit domestiquement. Autrement dit, il dépense plus que son revenu »

                      Non parce que le deficit extérieur n’est que le bilan importations/exportations des biens et services.

                      Les achats d’actifs financiers ne sont pas comptabilisés, ni la relocalisation d’actifs financiers. (ok, il s’agit en grande partie de monnaie bancaire, donc de monnaie-dettes c’est pour cela que je vous parle de deux dettes différentes)

                      Si j’achète en France une Mercédès avec un chèque HSBC, celui-ci sera couvert par HSBC en Allemagne et si il s’avère que HSBC est la banque de Mercédès avec laquelle Mercédès paie ses employés, il n’y a pas de création de dette autre que l’argent transitant sur les comptes bancaires (argent qui lui est bien une dette de la banque)

                      Il faut bien comprendre que ce n’est pas de la monnaie centrale qui « voyage » mais de la monnaie bancaire, c’est à dire uniquement des écritures comptables.

                      Si vous simplifiez à l’extrême, l’achat de la Mercedes correspond à l’utilisation d’un crédit bancaire Allemand par un Français.

                      Votre phrase serait juste si les multinationales (et les banques multinationales) n’existaient pas et que tout échange entre pays se faisait en monnaie locales, ce qui n’est plus le cas : lorsque vous payez avec un chèque HSBC Français une Mercédès Allemande, vous effectuez juste un déplacement comptable dans les comptes d’une banque … Anglaise : aucun déplacement physique d’argent n’a lieu et cet ‘argent’ ne correspond à aucun bilan Français, Allemand ou Anglais, mais uniquement HSBC.

                      La « dette » a lieu à l’origine : lors de la création de la monnaie bancaire : soit parce que vous empruntez pour acheter la voiture, soit parce que l’argent que vous avez a été créé par la banque lors d’un crédit où lors d’un échange avec une autre banque.

                    • Les subprimes étaient pas couvert, c’est la définition même d’un subprime : un prêt risqué dont l’emprunteur n’a pas les garanties nécessaires. Les banques ont confondues leur métier de banque et celui d’assurance, sans remplir aucune des conditions de couverture des compagnies d’assurances.

                    • « Le système actuel permet une dette quasi infinie au niveau mondial ».

                      Imaginez un petit jeu : tous les propriétaires de maison en France vendent leur maison à un voisin qui leur vend la leur (ok, c’est un jeu, il faudrait trouver des maisons à prix identiques, oublier les frais de mutation etc..) et bien sur, ils le font en même temps et paient en liquide …. ca fait une montagne de pièces ou de billets à imprimer le temps des transactions …

                      Les dettes croisées ne sont rien d’autre que cela : au lieu d’être du métal ou du papier, ce ne sont rien d’autre que des crédits bancaires.

                      Le seuil de réserve est je crois à 7% en France, mais il est à 0% dans certains pays, ce qui donne une capacité de création de dettes croisées quasi infinie.

                    • « Quand les défauts (publics ou privés) vont arriver, les systèmes de crédit seront immédiatement en faillite, paralysant toute activité économique.  » : pas vraiment parce que les dettes privées sont pour la grande parties finies dans le temps : elles existent soit le temps des transactions, soit le temps du crédit. Un défaut public n’a quasiment aucun effet, car la liquidation de la couverture tient lieu de résolution du crédit.

                      Sauf pour les banques et sauf pour les Etats, et sauf également pour les pyramides de Ponzi.

                      Les taux à zéro empêchent les pyramides de Ponzi, car il n’y a simplement rien à gagner. C’est pour cela que la hausse des taux est extrêmement dangereuse dans le monde dans lequel nous sommes : elle met les dettes d’Etat sous tension et permet les montages de cavalerie type Subprimes.

                      A l’origine, ce système a été conçu pour augmenter la capacité de crédit et donc d’investissement. Les Etats socialistes, en l’utilisant pour financer leurs déficits structurels ont complétement perverti le système et fait courir d’énormes risques à leurs populations.

                    • « Ce que vous voulez dire, c’est que la dette diminue si le budget est en excédent après paiement des intérêts de la dette. » Oui, désolé de la confusion.

                    • L’ajustement n’a pas à intervenir sur les pays en déficit de commerce extérieur (c’est leur problème si ces pays avancent moins vite que les autres) mais sur les pays en déficit budgétaire et ne réduisant pas ce déficit, car en fin de compte ils se mettent hors jeu s’il ne le font pas et ils doivent dans ce cas être isolés (retirés du libre échange et retourné aux taux de changes, à la monnaie nationale indexée, aux stocks d’or, contrôle des changes, etc… ou bien vivre avec de la monnaie de singe comme de bon vieux roubles des années 80 ou des bolivars actuels.

                    • Me réciter que la balance commerciale est la différence entre les exportations et les importations – outre que c’est parfaitement inutile car je le sais déjà – ne permet nullement de démontrer qu’un pays en déficit extérieur ne dépense pas plus domestiquement qu’il ne produit. Or je vous ai demandé de le démontrer.

                      Vous me parler de transactions au comptant, pour lesquelles les débits et les crédits se compensent en effet sur les comptes bancaires des parties à la transaction. Votre petit jeu sur les maisons est une somme de transactions au comptant. Or, nous ne parlons absolument pas des transactions au comptant. Nous parlons de crédit, d’emprunt à terme, de dette qui reste à honorer une fois la transaction consommée.

                      Vous avez tort. Tous les flux financiers avec l’étranger sont comptabilisés dans la balance des paiements. Je m’aperçois que vous n’avez strictement aucune idée de ce que vous racontez.

                      Les crédits subprimes étaient couverts par l’actif résidentiel qu’ils finançaient. C’est la définition même d’un prêt hypothécaire que d’avoir l’actif sous-jacent comme sûreté. Vous n’avez effectivement pas la moindre idée de ce que vous racontez.

                      « Un défaut n’a quasiment aucun effet car la résolution de la couverture tient lieu de résolution du credit. » Mais où étiez vous en 2008 ? Et l’on ne parlait que de pertes minimnes, une poignée de trilliards de $, une goutte d’eau par rapport aux encours globaux. Cela a pourtant failli mettre le système financier mondial par terre et paralyser l’économie mondiale.

                      « Les pays en déficit budgétaire doivent être retirés du libre échange. » Si je vous lis correctement, il faut retirer les Etats-Unis du libre échange mondial car ils sont en déficit budgétaire chronique ? Mon vieux, il faut vous ressaisir d’urgence, vous racontez d’énormes conneries ! Retirer les Etats-Unis du commerce mondial va faire un trou béant dans la coque des pays en excédent car les Etats-Unis, du fait du rôle international du $, absorbent près de la moitié des déséquilibres cumulés de balances courantes mondiales. Heureusement que vous n’avez aucune responsabilité à part raconter des âneries sur Contrepoints, vous auriez déjà fait s’effondrer l’économie mondiale.

                      Avant d’asséner des énormités, il n’est pas inutile d’avoir une vague idée de quoi on parle.

                    • https://www.banque-france.fr/statistiques/balance-des-paiements/la-balance-des-paiements-et-la-position-exterieure/balance-des-paiements-de-la-France

                      Les achats d’actifs financiers ne sont pas comptabilisés, ni les relocalisation d’actifs financiers. Seuls les échanges de certains produits financiers (les investissements) sont comptabilisés.

                      Indiquez moi (par exemple) dans quelle ligne vous mettez les dépenses des touristes étrangers en France, ou les paiement des expatriés de multinationales, ou les transferts sur compte courants entre les étrangers vivant en France, les filliales étrangères, etc…

                    • Et oui, la dette publique US a doublé depuis 2008 avec Obama, c’est effectivement un énorme problème qui met en péril l’ensemble du système et qui est aussi en grande partie responsable de la stagnation économique aux USA.

                    • « Les crédits subprimes étaient couverts par l’actif résidentiel qu’ils finançaient.  » Je crois que c’est la meilleure.

                      Subprime = prêt hypothécaire à haut risque (traduction)

                      http://www.linguee.fr/anglais-francais/traduction/subprime.html

                    • Je ne balance pas d’énormité, mais vous, vous raisonnez dans un monde qui n’existe plus. Ricardo vivait au XVIII° siècle, à une époque où la monnaie fiduciaire était à ses balbutiements (et dans le genre essai erreur, c’était plutôt d’erreur dont il faudrait parler), où les monnaies privées n’existaient pas, où tous les échanges internationaux se résolvaient en métal précieux, etc…

                      Et comme je vous l’ai répété plusieurs fois, la finance actuelle fonctionne à l’inverse du modèle précédent : la valeur de la monnaie est invariante (ou plutôt c’est les prix qui sont maintenus statistiquement invariant par ajustement des taux)

                      Une petite explication didactique du mécanisme de création monétaire et de régulation de l’inflation

                      https://youtu.be/o2u7Xa57y8A

                    • Sinon, je suis déçu que mon exemple avec les maisons ne vous ait pas fait comprendre la différence entre une monnaie centrale et une monnaie dette (ou secondaire, ou commerciale, ou privée …) sachant que toute l’économie fonctionne en monnaie dette et non pas en monnaie central : la quasi-intégralité de la monnaie en circulation est de la dette.

      • Bonjour Stéphane,
        Est-il possible que la balance commerciale extérieure soit déséquilibrée par défaut de production exportable ?
        Par exemple, si j’importe du pétrole pour me chauffer, mais que je produits que vends à l’étranger que des pommes produites par un nombre limité de pommiers, je peux être en déséquilibre sans pour autant pouvoir imputer ça au coût du travail…
        Me trompe-je ?

        • Bonjour PakuraTane,

          Oui mais non : vous oubliez l’ajustement de prix. Prenons l’exemple d’un acteur purement exportateur et l’autre purement importateur. Il arrivera un moment où l’importateur verra sa demande diminuer parce qu’il ne peut plus payer, parce que le prix est trop haut. Si l’exportateur veut continuer à vendre, il faudra que le prix diminue. Dans l’exemple à un seul sens, aucun échange n’aura lieu parce que cela équivaudra à vendre avec un prix nul et que même s’il s’agit d’une production primaire (agriculture, mines ..) il y a quand même un travail nécessaire pour assurer l’échange (transport, manutention …)

          Ce qu’il faut comprendre dans le système actuel, est que les pays exportateurs achètent de la dette souveraine : en gros les chinois échangent des biens manufacturés contre des bons du trésor US.

          La « Finance » n’est absolument pas une histoire de capitalistes et de 1% , mais une histoire de dettes souveraines et de fonds de pension…

  • Le protectionisme est un poison economique, c est quand meme assez demontré (cf l article). Mais pourquoi les peuples le souhaitent ? (Trump, Brexit ou chez nous Le Pen/Melanchon =45 % de voix)
    Dans la theorie, (cf Ricardo=) chaque pays se concentre sur ce qu il sait le mieux faire et echange les biens, d ou une elevation du niveau de vie pour tous.
    Actuellement que ce passe t il ?
    En simplifiant un peu, on va dire que l ouvrier francais perd son travail, se retrouve au RSA et que les excedents commerciaux chinois s investissent sur les marché et font monter les prix des actifs (immobilier, actions …)
    Donc l ouvrier francais peut certes acheter une TV moins cher mais comme il a perdu son salaire, ca lui fait une belle jambe … De l autre coté, la personne qui possède des actifs gagne nettement : elle paie ses produits moins chers (car importés) et voit la valeur de ses biens augmenter .
    On a donc une division en 2 de la societe: une partie voit sa situation s ameliorer nettement alors qu une autre sombre. ET il ne faut pas etre tres futé pour comprendre que la partie qui beneficie nettement de la mondialisation est minoritaire en %

    On en revient donc au brexit ou meme les brexiters savaient que la GB allait y perdre economiquement. Mais ils s en moquaient car les plus impactes ne seraient pas eux

    • Les peuples le souhaitent car on leur a fait croire que cela allait régler leur problèmes, vu que leur prédécesseurs ont été incapable de le faire.

      Le socialisme ne marche pas ? Il faut plus de socialisme !

  • Sous nos yeux, depuis quelques décennies nous avons vus deux pays énormes, la Chine et l’Inde, sortir des centaines de millions de gens de la misère, grâce à la liberté des échanges. Et comme nous savons que l’échange profite aux deux parties, sans quoi il n’aurait pas lieu, cela veut dire que cette prospérité asiatique ne s’est pas faite au détriment du reste du monde. Bien au contraire. Alors parler de protectionnisme participe pour moi d’une incompréhension de la réalité qui conduit à l’appauvrissement de tous.

    • « Comme nous savons que l’échange profite aux deux parties… »

      Non, justement, on ne le sait pas dans le cas présent.

      Ce que l’on sait, c’est que la théorie des avantages comparatifs de Ricardo a démontré que le libre échange entre des pays ayant spécialisé leurs productions dans les domaines où ils ont un avantage de coût relatif est mutuellement bénéfique à ces pays, c’est à dire que le niveau de vie augmente dans tous les pays concernés.

      Comme toute démonstration, la théorie de Ricardo n’est valable que dans le cadre des hypothèses faites.
      La théorie de Ricardo suppose que les pays échangent bien contre bien, par exemple le Portugal échange du vin contre du textile anglais. Cela revient à dire que les balances commerciales sont équilibrées. La théorie de Ricardo n’est pas valide pour un échange de biens contre crédit, c’est à dire qu’elle n’est pas valide pour des balances commerciales en déséquilibre. C’est pour cette raison que les traités du GATT et du FMI instaurant le libre échange international après la seconde guerre mondiale proscrivent les déséquilibres de balance courantes (voir l’article 1 des statuts du FMI). Bien que violés depuis plus de 40 ans, ces articles de droit international sont toujours en vigueur actuellement. La France le sait bien qui a placé nombre de Directeurs Généraux au FMI et à l’OMC.

      La théorie de Ricardo suppose en outre des échanges de biens finis, chaque pays étant seul responsable de son processus de production. Autrement dit, la théorie de Ricardo n’est valide qu’en l’absence de transferts de technologie et d’investissements à l’étranger. Elle n’est pas valide si une multinationale d’un pays développé peut apporter sa technologie, ses équipements, ses techniques de production et de management dans un pays en développement et cumuler ainsi les avantages comparatifs des pays développés (la technologie et les biens de production modernes) et ceux des pays en développement (les faibles coûts salariaux) dans un même pays sans compensation par les taux de change, altérant ainsi les avantages relatifs entre pays.

      En clair, la théorie des avantages comparatifs de Ricardo n’est absolument pas applicable aux conditions actuelles du commerce mondial. Les bénéfices du libre échange dans des conditions de taux de change n’équilibrant pas les balances courantes et dans des conditions de transferts technologiques et d’investissements trans-frontaliers n’ont jamais été démontrés. Croire que le libre-échange est mutuellement bénéfique dans ces conditions n’est qu’une croyance non démontrée, un acte de foi. Cette croyance est totalement infondée en théorie et on ne peut pas dire que la pratique ait été beaucoup plus concluante.

  • pourquoi parler de la balance commerciale de la france? on devrait s’en foutre…

    ceux qui achètent payent… et ceux qui vendent sont payés..

    c’est une VRAIE question pourquoi se soucie on de la balance commerciale de la « france ».. ?
    On fait une somme globale qui est fort curieuse. une entreprise ne cherche pas à exporter elle cherche des clients qui payent…

    Il faut donc d’abord expliquer en quoi une mauvaise balance commercial ME nuit..me présenter les remèdes..éventuellement pour peu qu’il existe UN remède qui vaille pour toutes les entreprises..ce qui serait douteux.

    • Parce qu’une balance commerciale négative est un indicateur puissant : c’est la preuve du manque de compétitivité de l’économie.

      • Et une balance commerciale positive est la preuve d’une économie compétitive.

        Mais comme l’économie mondiale est un ensemble fermé (en tout cas tant que l’on ne commerce pas avec Neptune ou Pluton), il s’ensuit nécessairement que la somme des excédents doit être égale à la somme des déficits. Autrement dit, il est strictement impossible que tous les pays soient en excédent extérieur en même temps. Si les taux de change n’égalisent pas les différences de compétitivité moyennes entre pays de niveaux de salaires très différents dans un monde où la technologie est mobile et la productivité est portable, alors il est inévitable que la recherche généralisée de compétitivité va faire baisser la part des salaires globaux dans la production globale et conduire ainsi à une faiblesse de la demande finale et à des sur-capacités de production globales. Là est le cœur du problème actuel de l’économie mondiale.

      • sauf que..il y a des entreprises compétitives en France et d’autres qui le sont moins..
        J’affirme que c’est un faux sujet…les sujets sont les charges qui empêchent les gens de travailler et la monnaie qui lie le sort de TOUS les européens et qui est la raison pour laquelle certains se sentent fondés à penser lance commerciale.
        La balance commerciale est une variable macroéconomique qui, considérée comme un « problème » , appelle des solutions macroéconomiques, en général simplement injustes.

        Je ne suis pas économiqte et ai une vision simpliste de l’conomie , La balance économique reste quelque chose de simple, j’ai de l’argent, peut être de la monnaie de singe mais peu importe et j’achète des biens contre cette monnaie, les chinois on donc plein d’euros en poche et ont la possibilité d’acheter des trucs en europe , plus tard , au risque que l’euro vaille quelque chose.

        Mais je répète la balance extérieure est en ce qui me concerne le fait que j’achète de l’essence avec mon argent que j’ai gagné, ou un tv coréenne avec mon argent…en quoi ça concerne chaque français »?

        On subit des politiques de l’emploi parce les gens se focalisent sur le taux de chomage… les problèmes sont quasiment or monnaie toujours macroéconomiques/

        • Oui, la France ayant mis tous ses éléments les moins productifs au chômage ou dans des emplois non marchands non productifs à la charge du budget général, ceux qui ont encore un emploi marchand sont en moyenne très productifs. Le problème étant évidemment le chômage de masse et l’emprise fiscale qu en résulte.

          Si la Chine utilisait ses recettes d’exportations pour acheter plus de biens à l’étranger, alors les balances commerciales se rapprocheraient de l’équilibre et le problème diminuerait. Mais, précisément, ce n’est pas ce qui se passe. À la place, la Chine – et les autres pays en excédent extérieur – utilise le produit des excédents pour acheter des actifs financiers des pays en déficit et maintenir ainsi leur taux de change à un niveau compétitif pour faire perdurer leurs excédents extérieurs. Et donc le problème, loin de se résoudre, empire. Et déclenche des réactions protectionnistes dans les pays en déficit extérieur, au premier rang desquels les Etats-Unis, ce qui est tout de même un revirement majeur pour le pays qui est depuis plus de 70 ans l’insipirateur et le pilier du libre échange mondial.

          En quoi ça vous concerne ? C’est très simple. Si vous achetez maintenant votre bouilloire made in China, la même qui était jusqu’à récemment fabriquée dans une usine dans le Jura, vous la payer plus cher. Certes, le prix d’achat lui même est un peu moins cher (pas de beaucoup, l’essentiel de la différence va dans les marges de l’entreprise concernée) mais vous devez aussi maintenant payer par vos impôts les indemnités chômage et les coûts de reclassement des employés de l’usine du Jura. Si bien qu’à la fin vous y perdez. L’usine chinoise qui les fabrique maintenant appartient à la même entreprise française qui y a apporté sa technologie et ses savoir-faire. Il n’y a maintenant plus aucune fabrication de bouilloire en France. Ces savoir-faire français se perdent donc. Généralisez à un très grand nombre de produits et la conclusion qui vous concerne est que vous y perdez beaucoup. À la fin, c’est très simple : vous ne pouvez acheter du pétrole koweitien ou des TV coréennes qu’à concurrence des exportations de vins de Bordeaux ou de sacs Vuitton ou de n’importe quel autre article de fabrication française vendus au Koweït ou à la Corée du Sud. Si l’échange ne se fait pas bien contre bien (via monnaie) mais bien contre crédit toujours dans le même sens, alors arrive fatalement un moment où le crédit du joueur qui y perd s’épuise.

        • Vous avez entièrement raison, ce n’est qu’un indicateur et un prétexte pour des pseudo économistes pour crier au loup.

          • Il faudrait savoir : c’est un « indicateur puissant » le 11 avril ou un indicateur peu pertinent et un « prétexte pour crier au loup » le 12 avril ?

            • Un indicateur qui est aussi utilisé comme prétexte

              • Tous les indicateurs dans tous les domaines peuvent être utilisés comme prétexte à des fins multiples. Votre réponse n’apporte donc rien d’utile à la question de pourquoi les équilibres commerciaux et financiers mondiaux sont très importants. À vrai dire, c’est la question cruciale de notre époque.

                Rétablir les équilibres de balances courantes au plan mondial est crucial car le financement de ces déséquilibres massifs et persistants depuis les années 1970, la nécessité de permettre à la demande mondiale d’absorber la production mondiale malgré la baisse de la part des salaires mondiaux dans la production globale résultant de l’arbitrage salarial systématique entre pays développés et pays en développement sans compensation par les taux de change, ainsi que la duplication de crédit engendrée dans les pays créditeurs par le mécanisme des réserves fractionnaires a poussé la dette globale à des niveaux totalement intenables relativement à la production mondiale, c’est à dire relativement à la capacité de servir la dette. Il y a un vrai risque que cette pyramide de dettes irrécouvrables s’effondre, engendrant une dépression économique généralisée. À cet égard, la situation très précaire de 2008 s’est nettement aggravée depuis, certains grands pays émergents étant venus rejoindre la quasi-totalité des pays développés dans le clubs des pays sur-endettés. Il faut souligner que ces grands pays émergents, au premier rang desquels la Chine, sont en excédent extérieur massif et que leur nouveau problème de surendettement complique singulièrement toute possibilité de ré-équilibrage mondial.

                Voilà pourquoi le rétablissement des équilibres extérieurs sur une base coopérative et non récessive est la question cruciale de notre époque.

                Jusqu’à présent, on se heurtait au veto américain. Maintenant qu’ils ont changé d’avis avec Trump, une possibilité s’ouvre enfin d’aller dans cette direction, en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

                • Je ne pense pas que les US aient changé d’avis avec Trump, ca fait un bout de temps que la Fed est soumise à des pressions énormes par le lobby financier US pour relever ses taux) et il est encore trop tôt pour savoir ce que va faire vraiment la Fed.

                  Un relèvement des taux d’intérêts sonnerait l’annonce de la prochaine crise mondiale par effondrement des capacités de remboursement des Etats et par plongeon de la valeur du $. Je ne suis pas sur du tout que cette solution se passera dans le calme.

                • Mais je fait le pari que si le second tour des présidentielles en France est MLP vs LJM, il faudra vite courir vider son compte en banque et acheter de l’or, car la France, vu sa dette et la structure internationale de celle-ci, a de forte chances de déclencher un bel effet domino.

    • Ceux qui vendent ne sont pas payés ou en tout cas pas en totalité. Pour le solde, ils reçoivent une promesse de payer, une dette en langage courant. Quand les promesses de payer (les dettes) s’accumulent beaucoup plus vite que la production de biens qui permet d’en assurer le service, il y a un léger problème. Ça s’appelle une faillite dans le langage courant. C’est douloureux pour le débiteur, comme pour le créancier. Ça paralyse l’activité économique. Tel est – très schématiquement – le problème actuel de l’économie mondiale.

  • L’auteur de l’article donne des leçons d’histoire tout en semblant mal la connaître :

    – Les mesures de protection douanière votées aux Etats-Unis mi-1930 ont été une conséquence de la crise financière et économique qui avait déjà débuté. Ces mesures ont en effet été un facteur aggravant, mais elles n’ont pas pu être la cause première ni le facteur déclenchant de la crise déjà enclenchée. La crise fut donc causée par autre chose que le protectionisme. Par quoi alors ? Peut être par les gigantesques déséquilibres de balances courantes de l’entre-deux guerres et la pyramide des dettes qui les finançaient ? Une situation étrangement similaire à la situation actuelle, à la différence que cette fois-ci les déséquilibres se sont accumulés en temps de paix…

    – Les Etats-Unis étaient à la fin des années 1920 le principal pays en excédent extérieur du monde. S’il est clair que la croissance économique d’un pays en excédent extérieur ne peut que pâtir de l’instauration de barrières douanières (ce serait l’équivalent aujourd’hui de la Chine ou de l’Allemagne qui instaureraient des barrières douanières), il est tout à fait possible qu’il en soit différemment pour un pays en déficit extérieur.

    – Enfin, rappelons à l’auteur que parler commerce international sans parler taux de change n’a strictement aucun sens. C’est pourtant ce qu’il fait dans cet article.

  • @DVD et Stéphane, auriez-vous des ouvrages à proposer pour creuser cet aspect de l’économie ?

    • Franchement : non, je ne voit pas d’ouvrage simple et didactique pour expliquer comment fonctionne la finance mondiale depuis 70. Il va vous falloir faire votre marché entre la page de Wikipedia sur Milton Friedman, le FMI etc… et pas mal de jus de cerveau.

      Je l’ai déjà regretté maintes fois, mais ce que je considère personnellement comme une avancée majeure du libéralisme est très mal connue et encore moins bien vulgarisée.

      Bizarrement, ce sont les opposants au « néo turbo libéralisme » qui en parle presque le mieux. Il y a des choses très intéressantes dans les vidéos gauchistes qui trainent sur UTube mais ca dévisse toujours à un moment et ça essaie toujours de se raccrocher aux âneries Marxistes comme la valeur travail, l’accumulation de capital etc…..

      Les choses à comprendre :
      – la différence entre monnaie dette et monnaie crédit
      – les mécanismes de création monétaire
      – comment fonctionnent les réserves fractionnaires
      – la théorie quantitative de la monnaie
      – la régulation de l’inflation par l’action monétaire
      – la théorie du revenu permanent de Friedman

      Ca fait déjà une bonne base

    • Zod,

      En langue française, les ouvrages de Maurice Allais des années 1990 sont tellement prophétiques qu’on a l’impression qu’ils ont été publiés le mois dernier.

      Plus récent, « L’étrange désastre – le saccage de la prospérité » de Didier Dufau dont il faut recommander l’excellent blog.

      Plus vieux, Jacques Rueff « le péché monétaire de l’Occident ». Excellent.

      En langue anglaise, « The great rebalancing » de Michael Pettis dont il faut également recommander l’excellent blog.

    • Merci à vous deux, je vais checker tout ça.

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