Présidentielle : 4 critères pour bien choisir son candidat

Il ne suffit pas pour choisir un candidat à une élection présidentielle de regarder une sinistre farce télévisée rassemblant les onze prétendants.

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Présidentielle : 4 critères pour bien choisir son candidat

Publié le 7 avril 2017
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Par Patrick Aulnas.

L’étalage médiatique des pratiques financières parlementaires a tellement perturbé la campagne présidentielle que son niveau est désormais proche de zéro. Le dernier débat rassemblant les onze candidats a permis d’atteindre le fond, du moins espérons-le.

Confusion, agressivité destinée à exister médiatiquement, superficialité des propos, tout y était. Personne ne sait si ce sont les chaines de télévision qui entraînent les politiciens dans ce spectacle de mauvais goût ou si les politiciens utilisent la télé pour ne pas être oubliés.

Mais il s’agit bien de spectacle et non d’information. Devant son écran, le public attend la faute de l’un, l’attaque de l’autre, comme si le plateau était une arène romaine. Les jeux du cirque sont devenus moins sanglants mais n’ont pas disparu.

Gauche et liberté

Dans une société libre, la politique doit se garder de ressembler à un spectacle. Sa place doit être limitée mais éminente. Limitée car l’envahissement normatif et financier de la société globale par le politique conduit à une sorte de tyrannie qui ne dit pas son nom.

Pour la gauche, on le sait, « tout est politique » car la démocratie consiste à construire un modèle qui sera imposé à l’ensemble des citoyens au nom du principe de majorité.

Démarche potentiellement totalitaire à laquelle adhèrent clairement Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Artaud et même Benoît Hamon. Chacun d’entre eux propose de violenter la société actuelle pour l’emmener vers un avenir très hypothétique.

Droite et rôle limité du politique

Pour la droite, au contraire, la société existe en dehors du politique. Le rôle des politiciens consiste à gérer l’existant, à le faire évoluer souplement et avec un minimum de contraintes imposées d’en haut par le pouvoir.

Les politiciens ont davantage pour rôle d’accompagner les évolutions qui prennent naissance dans le corps social que de proposer des modèles théoriques à expérimenter. François Fillon se rattache nettement à cette conception.

L’exemple historique du mariage homosexuel en France permet de concrétiser cette idée. Instaurer l’union civile des homosexuels, au-delà même du PACS, aurait sans doute rencontré des oppositions assez limitées.

Instituer un « mariage pour tous » en brutalisant tous ceux pour lesquels le mariage a un fort contenu religieux ne peut que créer des ruptures et des conflits.

Il est possible d’accorder des droits nouveaux, donc de faire progresser la liberté, en respectant les convictions profondes de nombreux citoyens. Trop pressée d’imposer des modèles théoriques, la gauche a beaucoup de mal à l’admettre.

Gérer les conflits, trouver des compromis

S’il doit rester limité, le rôle des politiciens n’en est pas moins éminent car nos sociétés complexes doivent trouver des compromis pour exister.

Voilà bien la fonction essentielle des gouvernants d’aujourd’hui : parvenir à concilier des aspirations et des intérêts divergents, anticiper les conflits et, s’ils surviennent malgré tout, savoir arbitrer pacifiquement.

Une vision globale et synthétique claire est nécessaire pour cela, mais aussi une expérience qui ne s’acquiert qu’avec le temps et la pratique gouvernementale.

Si Donald Trump se heurte à tant d’oppositions et suscite tant de réactions négatives, c’est bien parce qu’il lui manque la culture et l’expérience. En France, Emmanuel Macron possède incontestablement la culture nécessaire pour gouverner, mais l’expérience lui fait cruellement défaut.

Critères généraux de choix

Il ne suffit pas pour choisir un candidat à une élection présidentielle de regarder une sinistre farce télévisée rassemblant les onze prétendants. Il ne suffit pas non plus d’examiner minutieusement les programmes de chacun et de les comparer, exercice utile mais insuffisant. Il faut répondre à quelques questions simples, très générales mais essentielles :

1. Quel est le projet souhaitable ? Nouveau modèle de société ou gestion rigoureuse et pragmatique ? Politique envahissante (ambitieuse diront certains) ou politique modeste (cautionnant l’existant diront certains) ?

2. Quel est le gouvernant le plus apte ? Deux qualifications de base sont nécessaires : la maîtrise de tous les grands sujets politiques et économiques (la culture) et une expérience de l’exercice du pouvoir (le savoir-faire).

3. Face à une situation grave et imprévue (troubles sociaux, terrorisme de masse), un dirigeant doit être capable de faire face. Son action passée constitue un indicateur.

4. Enfin, question essentielle : faut-il voter utile ? Faut-il, au contraire, voter pour protester ou se faire plaisir ? La sociologie politique est cruelle et certains candidats n’ont aucune chance de devenir Président. Voter pour eux, est-ce renoncer à avoir une influence ?

Ces critères de choix ne sont certainement pas suffisants, mais ils permettent de faire un tri efficace. Bien sûr, les notions d’expérience, de culture politique, de capacité de réaction  face à l’imprévu comportent une part de subjectivité. On peut, par exemple, considérer que Macron ou Hamon ont suffisamment d’expérience ou non. Sans la subjectivité, tout serait vraiment simple.

 

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  • Excellent article!!!

  • 1 – Projet ? Celui de Macron me paraît plus ambitieux (retraites, assèchement des syndicats et des partis).
    2 – Aptitude à gouverner ? Macron sans hésitation, il n’aura pas de concerts de casseroles à chaque sortie.
    3 – Troubles sociaux ? Idem, Macron aura le soutien d’une partie de la gauche.
    4 – Vote utile ? Idem, Macron aura plus de facilités pour gouverner.
    Et pourtant je voterai Fillon, au moins au 1er tour.

    • Mini-moi-président aurait une aptitude à faire face aux troubles sociaux grâce aux appuis de la gauche ?
      Humm… j’ai du rater un épisode.
      Troubles sociaux face au projet écotaxe ?
      Troubles sociaux face à la pseudo loi Travail, même une fois dépouillée de son contenu ?
      Troubles sociaux des grévistes CGT ou SUD, dans les transports publics, dans les raffineries, dans la presse ?
      Où avez-vous vu la gauche faire face aux troubles sociaux, hormis pour sa volonté d’imposer à tous « sa » vision de la société sur le seul et unique sujet du mariage ? Jamais !

  • « Voilà bien la fonction essentielle des gouvernants d’aujourd’hui : parvenir à concilier des aspirations et des intérêts divergents, anticiper les conflits et, s’ils surviennent malgré tout, savoir arbitrer pacifiquement. »
    Ça c’est aussi une vraie qualité. L’article est un peu orienté, car on aurait pu citer Macron pour cela. La réforme des retraite de Macron (gros dossier) est aussi la plus ambitieuse à mon sens. Mais Fillon remporte indéniablement la palme pour le reste. Mon vote lui est (quasi) acquis.

  • Je ne vois pas en quoi ces question aident tant les candidats sont minable… De plus je ne peux pas partager la vision droite-gauche de l’auteur

  • Article salutaire mais clivage adopté droite/gauche dans les 2 premiers paragraphes inadapté au propos qui distingue plutôt les étatistes des libéraux. Car hélas les étatiste fleurissent encore largement dans la droite française, Fillon compris cf son absence de remise en cause du monopole de la Sécu, je me demande même s’ils ne sont pas majoritaires..

  • Je n’ai pas été beaucoup plus loin que la seconde citation :
    « Pour la gauche, on le sait, »
    « Pour la droite, au contraire »

    Je perds un peu de temps à commenter, je m’interroge!
    Je suis étonné sur un site plutôt libéral quand même, de lire encore aujourd’hui ce genre de catégorisation médiatique Droite/Gauche.
    A mon avis avant même de chercher à savoir comment choisir son candidat, il faut comprendre que ce clivage est une farce.

      • On ne pouvait pas savoir !
        Pour info regardez les minutes de publication, on a publié tous les 3 en disant la même chose presque en même temps. Qui plus est avec la modération de Contrepoints entre le moment de validation et le moment où la publication est effective, il se passe souvent plusieurs dizaines de minutes.
        Action, Réflexion, ah non c’est l’inverse 😉
        CQFD.

  • Ce sont effectivement des critères pour choisir. On peut en imaginer d’autres.

    Selon moi, le vote pour un candidat doit répondre à la nécessité suivante :

    « je dois être capable d’expliquer mon vote à mes enfants ou petits enfants ado, au regard de l’éducation que nous leur avons données et des valeurs que nous leur avons transmises.

    En outre, pour ne pas les désespérer, je dois être capable de prouver à mes ados que le candidat pour qui je vais voter propose :

    – un destin pour la France
    – un grand dessein pour l’Europe
    – une vision pour la mondialisation »

    (On ne peut tout de même pas accepter que le cadre de la mondialisation économique soit entièrement conçu par Trump et xi jinping, sans même en parler aux peuples, alors que les accords internationaux de ce type ont une valeur juridique supérieure au droit européen qui, lui-même est supérieur aux droit national. C’est donc le quotidien des gens qui est affecté, avec ses + et ses -. On ne peut tout de même pas laisser aux peuples seulement le dossier du mariage pour tous (au demeurant fort important) ou les horaires des RER.

    Pour mon vote, je ne cherche donc pas un officier mécanicien de la soute, c’est le job du Premier Ministre (tout à fait indispensable, par ailleurs). Je cherche un amiral qui fixe le cap du haut de la passerelle, car c’est le Job du Président.

    Pourtant, on voit plus de clés à molettes que de longues vues dans les programmes….

    • J’adhère à cette vision qui redéfinit le sens du vote.
      Et c’est en ayant adopté la même démarche que j’ai pris ma décision : jamais plus je n’irai mettre un bulletin de vote, fusse-t-il blanc, dans une urne.
      Du moins tant que le vote blanc, qui exprime le refus de choisir parmi les options proposées, ne sera pas autant reconnu que le prétendu « vote utile ».
      Je le répète, ce n’est pas parce qu’on peut choisir son maître qu’on n’en est pas moins esclave. Je refuse de choisir l’un ou l’autre au fallacieux prétexte que ce sera celui qui me donnera le moins le fouet !

  • Ces quatre critères sont très judicieux.

  • Quelle doit être la stature d’un président pour qu’il puisse mettre en oeuvre un projet souhaitable dans le pays du sans culotisme et des bonnets rouges manifestant bruyamment et même violemment son aversion génétique pour le changement ? L’énarque souveraino-jacobin Fillon ne serait donc pas un « constructiviste » décrié à longueur d’articles dans Contrepoints ? Sommes nous prêts à subir cinq années de concert de casseroles de Nation à la république à chaque fois que Fillon tentera de mettre en oeuvre son programme « souhaitable » ? Fillon après Chirac et Hollande : « L’immobilisme est en marche ; rien ne saura l’arrêter » ?

  • Aucun candidat ne parle du poids stratosphérique de l’Etat et de la nécessité absolue de le diminuer….et Fillon me paraît peu crédible dans sa volonté de virer 500 000 fonctionnaires….forcément, revenir à dire que l’on diminue le poids de l’Etat, veut dire aussi moins de pouvoir de la part du gouvernement…..on fonce tout droit vers la faillite, quelque soit l’heureux élu

  • Serait-il souhaitable et sage de confier la réforme du système fiscal français aux époux Balkany ? Alors que leur expertise dans ce domaine est indiscutable et reconnue de tous !

  • Je ne vois pas en quoi un tel article peut m’aider à choisir un candidat.

    • Il n’y a pas de choix à faire.
      Quand on nous demande de choisir la longueur de nos chaînes ou la taille du bâton qui va nous être appliqué, il n’y a pas de choix à faire. Que l’esclavagiste, que le bourreau agisse puisqu’il en a le droit.
      Mais qu’il ne vienne pas demander notre accord avant de nous asservir ou de nous battre !

  • C’est quoi cette vision du meilleur candidat Mélenchon c’est pas un opportuniste. Ça serait un régime totalitaire pour une minorité et une libération pour la majorité du peuple. Si bien sur la France appartient encore à la France. Fillion avec ses petit sourire condescendant, y’a pas besoin d’être intelligent pour voir que c’est un faux. Donc Mélenchon président Hamon, Artaux, Poitou ministre voilà une équipe qui se batte contre la misère.

  • Croyez vous vraiment avoir le choix de votre président ?
    Quel qu’il soit il fera ce qu’on l’autorise à faire,ni plus ni moins.

  • Bonjour,

    je ne suis pas d’accord avec vous, mais en tant que libéral, je respecte votre prise de position.

    Comme mon précédent commentaire ( sur un article publié par une autre personne) n’a pas été publié sur contrepoints que je soutiens, je n’en dirais pas plus, je suis sans doute trop virulent dans mes réactions.

    A votre disposition pour échanger,
    Fabrice

  • « Pour la droite , la société existe en dehors de la politique »
    C’te bonne blague.
    Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre?! Des types comme Asselineau, Fillon, et Ducon-gnangnan n’ont jamais existé en-dehors de la politique, et la politique de la droite n’a jamais été qu’une version parmi de nombreux étatismes, ça commence avec Hegel et ça se poursuit au vingtième siècle entre une droite gaulliste voire pire.

    Pour le reste, il est faux de dire que les programmes n’ont jamais été aussi inexistants dans une campagne. Tout le contraire. Jamais des candidats n’avaient autant exhibé leur programme grace à leur chaine youtube notamment, jamais ils n’avaient autant décomposé leur programme sur internet. Jamais il n’y a eu autant de débats (10 en comptant les primaires), avant un premier tour de présidentielles. Les affaires de Fillon ne sont que de son fait, s’il avait eu une attitude irréprochable dans ses 35 ans de carrière en politique, on n’en parlerait pas!

  • Article éclairant, dans un certain sens, mais qui oublie un élément très important : dans la ‘lutte’ pour l’accès à la fonction suprême, chaque candidat masque forcément (au moins partiellement) son ‘programme’ profond (s’il en a un) derrière des ‘promesses’ visant justement à le faire élire. Par ailleurs, dans la présente élection, il y a eu manifestement une stratégie de destruction, voire de terre brûlée, par une ‘équipe’ complètement dépassée qui s’est avérée incompétente à la simple gestion de la France, au prétexte d’un dirigisme sans limites. Comme dit H16, ce pays est foutu…

  • Question aux libéraux : conseillerez-vous aux personnes pour qui aucun candidat n’est assez libéral ( Fillon est au mieux un « libéral-conservateur » et Macron est au mieux un « social-libéral ») de voter blanc/d’aller voter pour personne ? Ou alors, plutôt que de voter blanc, l’abstention n’est-elle pas le meilleur moyen de faire passer au pouvoir politique le message qu’à nos yeux il n’a plus aucune légitimité ?

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