Le scandale financier de la traverse 17-18 (ligne 518 de bus à Paris)

La mairie de Paris subventionne une ligne de bus qui coûte plus cher par voyageur qu’un transport individuel Uber !

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Le scandale financier de la traverse 17-18 (ligne 518 de bus à Paris)

Publié le 4 avril 2017
- A +

Par Alexis Vintray.

Que diriez-vous, si vous étiez contribuable parisien, de voir votre argent utilisé pour subventionner une ligne de transport en commun à 85 % de déficit ? Vous seriez choqué, à juste titre, de voir comment votre argent est gaspillé. Et pourtant, le scandale continue, et la mairie de Paris a décidé de rajouter de nouvelles dépenses au lieu d’y mettre fin une fois pour toutes !

La traverse 17/18, un scandale financier depuis 2011…

La traverse 17/18, destinée à faire le lien entre le 17e et le 18e arrondissement, est une ligne de minibus qui vont de l’ouest du 17e arrondissement à l’hôpital Bichat dans le 18e. Avec une petite trentaine d’arrêts, elle fait une boucle pendant toute la journée et passe toutes les 15 à 20 minutes. Lancée en 2011, elle transporte entre 200 et 300 000 passagers chaque année, un chiffre assez faible comme reconnu pudiquement par la mairie (240 000 en 2012, 275 000 en 2016)

Principal hic, cette ligne est un gouffre financier sans fond, dans lequel ont déjà été probablement engloutis 8 à 10 millions d’euros de votre argent en six ans, puisqu’en 2016 seulement, la traverse 17/18 Batignolles-Bichat a coûté 1,7 million d’euros au contribuable selon Yvette Ranc (Agence de la mobilité au sein de la Direction de la Voirie et des Déplacements, Ville de Paris). En 2012, la mairie de Paris évoquait 1,5 million d’euros. Cela représente 5 euros par habitant du 17e et du 18e (incluant enfants, personnes ne payant pas d’impôts, etc.).

Payer un VTC comme Uber ou Chauffeur Privé à chacun des 275 000 clients de la Traverse 17/18 en 2016 reviendrait moins cher au contribuable parisien que les 6 euros par trajet de coût actuel ! La preuve :

Payer un VTC comme Uber ou Chauffeur Privé à chacun des 275 000 clients de la Traverse 17/18 en 2016 reviendrait moins cher au contribuable parisien

… scandale dans lequel la mairie réinjecte encore de votre argent !

Le contrat d’exploitation de la traverse confié à la RATP expire fin 2017. Il semblait donc aller de soi que, après un premier essai raté, la mairie de Paris allait mettre un terme à cette ligne et investir de façon plus productive l’argent des contribuables parisiens.

Et pourtant non : la mairie de Paris (qui finance), avec le soutien des mairies du 17e et du 18e arrondissements (qui ont organisé des réunions publiques), a décidé de repartir pour un tour (et combien de millions de coûts supplémentaires ?). Pire, ce nouvel engagement se fait en réinvestissant de l’argent public pour financer l’ajout de l’information en temps réel des heures de passage des bus. Seule contrainte, réduire les coûts de 30 % avec une rationalisation du parcours, soit un passage de 84 % de déficit à 76 % de déficit1. Vous avez dit saine gestion ?

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Et le scandale est loin de s’arrêter là puisqu’il n’y a pas de raisons de supposer que, avec les mêmes modes de fonctionnement, la poignée d’autres traverses qui existent dans Paris soient significativement moins déficitaires.

Pourquoi un tel gâchis financier ?

À ces niveaux abyssaux de déficit, on doit se demander à qui profite le crime : intérêts financiers ? Clientélisme électoral ? Rien ne laisse présager qu’il s’agit de la première option à ce stade, mais la seconde semble bien plus probable si on se fie au compte-rendu du Conseil de quartier du 17e voué à ce sujet : « Beaucoup de participants manifestent leur mécontentement quant à la volonté de réduire le coût de la Traverse de 30 % [..]. Les arbitrages budgétaires paraissent parfois incompréhensibles aux yeux des habitants, des sommes d’argent importantes sont dédiées, par exemple, aux œuvres d’art le long du parcours du T3. »

Dit autrement, au lieu de faire ce qu’un gestionnaire sain ferait, à savoir arrêter les coûts d’un projet voué au déficit lourd et structurel, la mairie préfère donc céder aux demandes de quelques centaines de personnes, en faisant payer pour cela les deux millions d’habitants de Paris…

Pire, Annick Lepetit, élue d’opposition dans le 17e et députée de la circonscription concernée par la Traverse regrette même qu’on essaie d’en diminuer les coûts et « aurait préféré qu’un travail soit mené pour discipliner les automobilistes [qui bloquent les bus] plutôt que de réduire le coût de la Traverse. » Mais la majorité de droite n’a pas davantage pris position pour stopper cette ligne lourdement déficitaire puisque, au contraire, Jérôme Dubus estime « qu’une meilleure communication est à envisager » et « regrette que le bout de la rue de La Jonquière (au niveau du centre sportif B. Lafay) ne soit pas desservi par la Traverse ». Geoffroy Boulard (LR) se satisfait pour sa part de la réduction des 30 % des coûts et ne demande pas l’arrêt définitif de la traverse.

La fin du gaspillage de l’argent du contribuable n’est pas pour demain…

Note : l’image d’illustration de cet article est une photographie de la traverse Ney-Frande et non de la traverse 17/18 « Batignolles-Bichat ».

  1. en supposant que chaque passager paie 1 euro par trajet et en rapportant cela au 6 euros de coût par trajet donné par la Mairie
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  • N’étant pas parisien mon propos est neutre. Dans la gestion d’un réseau de transport, il semble normal que certaines lignes soient plus rentables que d’autres: sinon c’est condamner tout les habitants à payer pour seulement quelques grandes lignes qu’ils n’utiliseront jamais et rendre les trajets transverses impossibles ou démesurément longs. Que cela puisse être mieux géré, sûrement, mais parler de scandales…

    • « sinon c’est condamner tout les habitants à payer pour seulement quelques grandes lignes qu’ils n’utiliseront jamais  »
      C’est ce qui est fait ici en fait .

    • 90% de déficit, pas un scandale ? Allons au bout du raisonnement et payons un Uber à tous les clients de la ligne, cela reviendra moins cher au contribuable !

    • @Jesuisunhommelibre
      « il semble normal que certaines lignes soient plus rentables que d’autres »

      Bien. Or, donc, il est ici sujet de lignes non rentables.

    • Ceci pourrait etre valable si les gens étaient consultés, et qu’ils acceptaient d’eux même de payer pour rien. Apres tout, ils font ce qu’ils veulent. ais est ce le cas? Non. Une minorité très bruyante fait valoir son point de vue, et la majorité silencieuse, souvent tenue à l’écart des informations et autres chiffres, est discrètement mise à contribution sans les avertir. Et là ce n’est pas correct.

    • Personnellement, il me semble relativement anormal de payer pour un service dont je n’ai que faire.

      Je n’utilise pas les transports en commun par choix. Aussi, je ne vois pas pourquoi je devrais les financer.

    • En dehors des heures de pointes, faire rouler des autobus est vraiment stupide et non rentable. Va t-on limiter le service aux heures de pointes seulement? Quand je vois des autobus vide rouleur dans ma ville, je ne crie pas « scandale ». Je sais que le service d’autobus n’est pas toujours rentable financièrement. Et c’est en le développant qu’ on va attirer les gens.

  • Ah, Service Public, ou supposé tel. Il faut élargir le débat : qu’est-ce qu’un « vrai » service public ? . A qui peut-on/doit-on le confier ? Cherchera-ton l’équilibre financier pur et dur, un déficit « direct » de X%, ou une péréquation avec des services comparables (cas de la ratp, sans préjuger de ses résultats financiers) ?
    Très insidieusement et dans le cas cité, le calcul « écologique » (consommations énergie, émissions de polluants) serait à faire, le gagnant ne serait pas forcement celui qu’on croie).
    A partir de là, vaut-il mieux Uber/VTC ou covoiturage ou la 17-18 ? Public ou privé ou PPP ?

    • Très bonne question.
      D’autant plus que selon l’article, 200 000 à 300 000 personnes utilisent le service en question.
      Il y a de fait un besoin.

      • si il y avait des tickets à 5€ pour aller sur la lune gageons aussi qu’il y aurait aussi un « besoin ». Tout est une question de prix. J’ai eu l’occasion de travailler dans la grande distribution et bien je peu vous assurer que le prix « fait » le besoin donc non il n’y a pas de « besoin » pour cette ligne, il se trouve juste que le prix est suffisamment « attractif » pour que l’on trouve une clientèle. Si cette ligne était vendu au prix de revient c’est dire qi l’on multipliait le prix par 10 on verrait alors un tout autre besoin avec sans doute un chiffre proche de zéro voyageur…

      • Non, 2-300 000 voyages. En nombre de personnes c’est très largement moins. Combien de fois par mois prenez-vous les transports en commun ? Si c’est comme la grande majorité des gens pour les aller-retour boulot-maison, c’est 400 fois par an. Ca relativise très largement les chiffres.

  • Ce service fait partie d’un tout , les transports parisiens.il faut voir l’ensemble pour juger du bien fondé de cette ligne… Sinon on supprime tout les transports en commun hors heures de pointe et tout devient rentable financièrement mais ,est-ce le but ?.
    Dans cet article on juge la rentabilité par rapport à uber…Mais tout le monde ne peut pas se payer uber , n’est-ce pas le rôle du service public de penser aussi à eux ?

  • S’il y a un besoin, c’est à l’usager de payer le coût de son voyage, soit 6 € environ, pas à la collectivité. C’est le problème principal que l’on rencontre en France. Tout le monde trouve normal que « la collectivité » paye pour ses moindres désirs. L’un veut pratiquer un sport, l’autre un autre et les collectivités locales construisent des stades, des salles de sport et donnent en plus des subventions. Chaque ville veut son aéroport et fait un pont d’or à Raynair ou autre pour les faire venir et chaque voyage est subventionné sur nos impôts, même si nous ne prenons jamais l’avion… Les Français seraient moins exigeants s’ils payaient de leur poche au lieu d’attendre tout de l’Etat et des collectivités…

  • Il faudrait que les contribuables (que ce soit au niveau d’une ville, d’une region où d’un pays) puisse avoir son mot à dire sur les dépenses publiques…ainsi on arrêterait une bonne fois pour toute ces dépenses dignes de république bananière…

    • Suffit que chacun vote avec son fric.

      C’est ce qu’on appelle le marché. Mais cela ne permet pas de faire vivre une palanqué de parasites professionnels qu’on appelle « élus ».

  • Vous avez oublié de préciser un point important.
    C’est que si c’est la ville de Paris la prend en charge c’est qu’au niveau des transports franciliens la ligne n’a pas été jugée nécessaire.
    Donc le contribuable parisien la paie en plus de sa contribution aux transports franciliens.
    1,7 million d’euros pour même pas 500 AR par jour c’est beaucoup.
    Pourquoi la ville de Paris ne met-elle pas en concurrence le service de navette ?

  • Ce ne sont pas des minibus mais des microbus : Seulement huit places pour un chauffeur. Donc sur la base de trois rotations par heure, le principe est de payer de façon sûre trois heures de chauffeur, tarif RATP, pour transporter au mieux du mieux 24 personnes. Sur la base de 35€ par heure de chauffeur, cela obligerait à facturer 105 €/24 Passagers si bien que le cout de base par passager pour une heure de transport vaut déjà plus de 4€… Il faut ensuite compter le gazole et tous les frais liés au roulage dont l’ amortissement du coût des véhicules. Lesquels doivent coûter une petite blinde parce que ce sont des véhicules très typés de bus urbains à dimensions très réduites qui ne doivent être produits qu’à quelques dizaines de véhicules par an, donc quasiment faits main…
    Avec une telle charge financière en postulant un remplissage maximal, on se doute bien que la réalité va être encore bien plus triste…

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