Par Jacques Garello.
Sans trop le vouloir, le nouveau Président des États-Unis d’Amérique s’est invité dans notre campagne présidentielle. Je le constate et je trouve indécente et dramatique cette référence insistante à ce curieux personnage.
Indécente car cela traduit la place de notre pays dans le concert international : à la remorque de Trump, ou de Poutine, ou des dissidents anglais, ou des Chinois, comme si les affaires de la France ne pouvaient se traiter qu’en allant chercher l’inspiration ou la solution ailleurs. Dramatique car du coup le débat, déjà bien pauvre au départ, se situe désormais au niveau le plus bas possible : on s’envoie du Trump à la tête : Marine pour s’en réclamer, Macron pour l’attaquer.
J’ai bien entendu Marine se présenter comme l’émule de Trump. Il a décidé les constructeurs d’automobiles à abandonner leurs usines au Mexique et à investir massivement aux États-Unis. Il a tenté de stopper l’immigration en provenance de sept pays musulmans théâtres d’opérations, ou foyers d’expansion du totalitarisme islamique ; il va construire un mur pour mieux fermer les frontières du pays.
Marine Le Pen et Donald Trump
Marine l’annonce : elle pratiquera la même politique à l’égard des entreprises françaises qui se sont délocalisées dans des pays qui pratiquent le dumping social, fiscal et environnemental, qui menacent les ouvriers de Whirlpool, de Peugeot et Renault.
Les produits fabriqués à l’étranger par des entreprises françaises subiront un droit de douane quand ils entreront sur notre sol ; elle pense d’ailleurs que la menace suffira et que les entreprises reviendront au bercail. Parallèlement, le mur monétaire sera élevé contre l’euro, ce qui permettra de combler l’écart de productivité avec l’Allemagne, et sans doute notre dette extérieure sera-t-elle amputée puisqu’on la remboursera en francs (alors qu’elle a été contractée en euros).
Peu importent le réalisme et les retombées de ces mesures, nous en reparlerons sans doute, mais l’important c’est de voir la candidate présumée en tête des présidentielles aller chercher son inspiration dans un pays ordinairement honni par les gens de sa mouvance et vouer une telle admiration pour Donald Trump.
Macron contre Trump
J’ai bien vu Emmanuel Macron pointer un doigt vengeur en direction du même Donald Trump. Dans une de ces envolées lyriques dont il a le secret, le brillant second de Marine (ou supposé tel) s’est adressé directement audit Président – ou à son hologramme. « Monsieur Trump, n’oubliez jamais que vous nous devez votre liberté, votre existence. Monsieur Trump regardez votre histoire, c’est celle de La Fayette, c’est la nôtre. » L’énarque candidat ne connaît pas très bien son histoire.
L’indépendance des États-Unis ne se résume pas à la venue de La Fayette, dont la contribution militaire (c’est-à -dire celle de Rochambeau et De Grasse) a été d’un appoint tardif et minime, et dont la carrière politique n’a pas été édifiante même s’il a été honoré par son frère Washington.
En revanche, les Français ont reçu le soutien des soldats américains lors de la première guerre mondiale et doivent à l’héroïsme de milliers de GI d’avoir été libérés en 1944. Répondre à la vulgarité de Trump par une apostrophe aussi vulgaire déconsidère celui qui prétend représenter les Français demain.
Pauvreté du débat en France
Voilà donc une série de propos et de positions aussi ridicules qu’irréalistes, mais qui démontrent la pauvreté intellectuelle d’un débat où les candidats infantilisent les électeurs.
Par contraste, malheur à Fillon, le seul candidat qui propose un programme construit autour d’un projet concret, fût-il perfectible ! J’espère sincèrement que les électeurs ébranlés par la basse propagande médiatique quotidienne et les coups fourrés d’une magistrature aux ordres ne fuiront pas dans l’abstention ou le vote suicidaire.
Il reste plus de deux mois pour arrêter le spectacle de music-hall américain, pour aborder les vrais sujets et regarder ce qu’annoncent les programmes. Les vrais sujets sont ceux du chômage, de la santé, des retraites, des impôts, de l’école, de la famille, de la crise européenne, de l’immigration et du totalitarisme islamique. Ce qu’annonce le programme de François Fillon, c’est la rupture avec le socialisme, redevenu sectaire, révolutionnaire et suranné avec Hamon et son équipe.
L’oligarchie se défend
Et c’est bien pour cela que l’homme est attaqué : il menace ceux qui sont installés dans la société française depuis un demi-siècle au moins, ces énarques, ces hauts fonctionnaires et magistrats, ces syndicalistes, ces corporations, ces réseaux, qui nous ont privés de notre liberté et de notre propriété pour pérenniser leur pouvoir et leurs privilèges.
Trump n’a rien à voir avec les élections françaises : il n’a pas causé notre malheur présent, il n’a pas de recette miraculeuse pour nous en sortir. Revenons à la France et jugeons le programme. C’est nous qui par priorité sommes concernés.
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“Marine l’annonce : elle pratiquera la même politique à l’égard des entreprises françaises qui se sont délocalisées dans des pays qui pratiquent le dumping social, fiscal et environnemental,”
WHAHAHA ! Faire revenir les entreprises françaises qui produisent à l’étranger, pour bien les tabasser fiscalement une fois de retour sur le territoire, en guise de récompense ! Entreprise=patron=capitaliste=finance=riche=vilain méchant à saigner à blanc.
D. Trump n’a déjà pas les solutions pour son propre pays, “the land of the free and the home of the brave”, comment pourrait-il avoir les bonnes pour le nôtre, “le pays des Droits de l’Homme” ?