2017, année de la réforme… ou de la révolution ?

Ruine, excès de contrôle, hyper-centralisation, élites publiques rentières, dépendance à la dépense publique… L’Ancien Régime de l’État-providence se meurt.

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2017, année de la réforme… ou de la révolution ?

Publié le 15 février 2017
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

By: Graham C99CC BY 2.0

Le 26 août 1774, Turgot écrivit une lettre à Louis XVI. Dans sa missive, restée célèbre, il appelait le souverain à mettre en œuvre de profondes réformes du royaume, sclérosé par une noblesse rentière. Elles ne vinrent jamais et quinze années plus tard, la Révolution française éclatait. En janvier 2008, lorsqu’il a remis le rapport de la commission qu’il présidait au Président Sarkozy, Jacques Attali a commencé son intervention par la lecture de ce courrier. Sans exagérer les parallèles historiques hasardeux, dix années après ce discours, nous semblons à nouveau être à l’aube d’un moment de transition.

La crise politique profonde que nous traversons marque la fin d’un Ancien Régime : celui de l’État-providence, de son interventionnisme et de la démocratie sociale qui l’a inspiré.

Depuis des années, la colère populaire s’exprime avec une violence croissante : jacqueries (des Bonnets rouges aux zadistes) et rébellions électorales (les candidats des extrêmes rassemblent entre 30 % et 40 % des intentions de vote pour la présidentielle) se succèdent et s’accroissent. En filigrane, elle dénonce l’incapacité à agir de la puissance publique. Cette paralysie est le fruit de son obésité : l’excès d’intervention a conduit à la faillite.

Le poids de l’administration publique

Trop lourd, l’appareil administratif nourrit aussi l’immobilisme de la vie économique et sociale. Les entrepreneurs sont privés de leurs opportunités de réussite par un État trop invasif. L’École, hyper-centralisée et hyper-administrée est en échec : la réussite en France est la plus déterministe de tout l’OCDE. Pour paraphraser Beaumarchais, par le sort de la naissance, certains sont rois, d’autres sont bergers ; mais on ne donne plus les chances à l’esprit de remédier à ces injustices…

La gronde sociale dénonce les élites qui, souvent courtisanes et rentières, vivent des ressources publiques : l’administration la plus haute navigue, protégée, entre directions publiques et privées ; les élus sont financés par des ressources fiscales qu’ils se répartissent en fermant la porte aux nouveaux entrants ; une grande partie de la presse est subventionnée. La concurrence ainsi muselée, la stabilité, même médiocre, est garantie et la stimulation anesthésiée. Tous ont intérêt à préserver le système qui les fait vivre. En grand nombre, ils dénoncent le marché. Dans la « France d’en bas », on réclame au contraire une disruption radicale.

Protégée de la concurrence par l’État qu’elle vénère et qui la protège, l’élite est déconnectée. De régulations en contrôles, elle ne cesse de prétendre savoir à leur place ce qui est bon pour le peuple et les acteurs économiques. Elle ne parvient pas à concevoir que ce qui a toujours existé puisse disparaître : comme la monarchie divine était éternelle, l’Etat-providence perdurera. Elle nourrit d’ailleurs le rêve que l’exaspération se déverse en faveur du candidat social-démocrate en mai prochain. Mais jusqu’à maintenant celui-ci n’a pas montré qu’il voulait bouleverser le système ; il se contente de l’amender. La révolution par la noblesse d’Etat ?

Ruine, excès de contrôle, hyper-centralisation, élites publiques rentières, dépendance à la dépense publique… L’Ancien Régime de l’Etat-providence se meurt. Le basculement vers un modèle alternatif peut se faire dans la transition réformatrice ou la révolution brutale, dans la paix ou la colère. Le malheur est que la colère profite souvent aux extrêmes. Maintenant que le candidat de droite semble disparaître, le danger politique de 2017 est énorme.

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  • Le basculement vers un modèle alternatif aura bien lieu, n’ayez crainte.
    Mais ce ne sera probablement pas celui qu’on attend.

    J’ai entière confiance en mes compatriotes, drogués à l’étatisme, pour ‘bien’ voter.

    Et comme révolution on aura un régime type Venezuela avec lepen ou melanchon.

    A croire que le socialisme fait partie des gènes des francais.
    Et ceux qui n’ont pas ces gènes sont lobotomisés par l’éducation nationale socialo communiste.

    • +1
      Le pire c’est que les gens votant Le Pen sont persuadés de voter contre le socialisme et ne voient pas que Le Pen, c’est le socialisme.
      Le monde français va donc se diviser entre ceux qui votent socialiste (Hamon Melenchon) ou socialiste (Le Pen) ou socialiste (Macron). Avec beaucoup de chance Fillon passera, et on aura un socialiste au pouvoir.

      • En même temps, à l’école, on inculque que le national socialisme c’est très différent du socialisme…mais si on a l’audace de demander pourquoi, on se voit répondre un parceque indigné par un prof d’histoire / géographie qui en sait probablement moins que certains de ses élèves sur le sujet.

        • Oui, URSS union des républiques soviétiques Socialistes, Nazi national socialiste, etc .. ça saute pourtant aux yeux

          Le bon coté des choses, c’est que si les français commencent a voter pour ce que l’on appelle les “extrêmes” (53% des gens souhaitent voter pour Melenchon Hamon LePen), c’est qu’ils commencent a comprendre que le système ne marche pas. C’est déjà un énorme progrès. Ils sont prêts au changement.

          Le mauvais coté des choses, c’est qu’ils pensent que le changement doit aller vers encore plus d’Etat 🙁

          Comme vous dites, pour 95% des français, pas une fois dans leur vie, on leur a présenté une vision alternative avec moins d’Etat. Dés la naissance, depuis l’Education nationale, aux médias jusqu’à l’offre politique. Rien.

          Ils ont la solution a coté d’eux, mais ne la voient pas. C’est fort dommage.

    • Moi non plus je ne perçois pas de révolution libérale en France.
      Si une révolution est en marche, c’est vers une catastrophe Poutinesque ou soviétique, au choix.

    • “Bien voter” suppose d’avoir un choix de candidats. Or ce n’est pas le cas, puisque les “élites”, comme on dit, ont verrouillé le système pour que, justement, il ne puisse pas y avoir d’autre alternative que ce système monarchique et despotique. La pire de dictatures est celle qui est appelée par le peuple !

  • Il me semble que c’est surtout la famine qui fut l’élément déclencheur de la Révolution. Pour l’instant le peuple a suffisamment de pain et de jeux pour rester tranquille. Et ça peut durer extrêmement longtemps.

    • Bernard Maris avait dit que la France est une URSS qui a réussi en un sens il avait raison. Le souci vient à mon avis de l’argumentaire : citer le Vénézuela et l’ex URSS sonne totalement cliché au vue de la réalité des situations des deux pays.
      De même que la flat tax et plébiscité à raison mais bizzarement je n’ai aucune envie de m’installer dans un des pays où elle est appliqué.Il faut de la pédagogie, en 1929 la France souffrait moins que le Vénézuela actuellement au niveau des pénuries etc…
      Le seul truc qui marche c’est la contradiction : refuser de payer plus d’impôt mais vouloir une classe et une crèche dans chaque commune de France: vous verrez la ça commence à les faire cogiter.

  • avec 57% du PIB redistribué par l’Etat et les élites corrompues en question, une majorité de français bénéficiaires de ces aides à des niveaux plus ou moins grands, je doute que la révolution vienne d’une élection quelconque. Et si révolution, émeute ou effondrement il y a, ce ne sera certainement pas pour une libéralisation du pays.
    Un coup d’Etat, une pandémie majeure, une guerre, un effondrement économique (banques, monnaie, etc.) pourront être des facteurs déclenchants externes. Mais des facteurs internes comme ceux décrits dans Guérilla me semblent improbables…

  • “Le candidat de droite semble disparaître”… dans les médias aux ordres desdéfenseurs du statu quo.
    Les mêmes qui ont essayé de nous persuader de l’élection de Juppé

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