RSI : onze ans de problèmes et la colère monte encore

Créé en 2006, cela fait onze années que le RSI accumule les déboires et martyrise ses usagers dont la colère monte inexorablement...
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Logo RSI (Tous droits réservés)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

RSI : onze ans de problèmes et la colère monte encore

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 février 2017
- A +

Tiens, ça y est : les journalistes semblent s’éveiller au fait que les indépendants en ont plus qu’assez de leur régime d’assurance sociale, le RSI. Peut-être est-ce la proximité des élections ? Peut-être est-ce la timide apparition de ce mot dans le discours de certains candidats, et du thème plus général de la protection sociale des commerçants et des artisans ? Peut-être est-ce la grogne, jusqu’à présent diffuse, qui commence à cristalliser ?

Il faut dire que ce régime des indépendants est devenu pour certains candidats l’un des enjeux de la campagne présidentielle puisque ces derniers ont indiqué leur intention de supprimer ce régime. Benoit Hamon évoque sa disparition au profit d’un « statut social unique de l’actif », terme un peu vague qui couvrirait aussi bien le salarié que l’indépendant. Marine Le Pen envisage de, je cite, « le remettre sérieusement à plat » là où une dissolution pure et simple serait probablement plus efficace. François Fillon voudrait semble-t-il le remplacer par une « Caisse de protection des indépendants », ce qui a un parfum de redite et ne respire guère l’efficacité. Emmanuel Macron a, lui aussi, évoqué la question dans son style inimitable où de grands moulinets chaleureux viennent brasser tendrement une grosse bouffée d’air tiède.

Notre prochain président décidera-t-il d’une vraie remise à plat de ce véritable scandale ?

Allez savoir. En tout cas, les signes sont de plus en plus abondants que la France qui ne compte pas ses heures et qui se paye généralement au lance-pierre commence à en avoir plus qu’assez d’un régime qui devient de plus en plus prohibitif, qui assure de plus en plus mal et qui a le toupet de harceler ses assurés avec l’obstination bornée que seule peut déployer une administration confite dans son monopole et ses habitudes.

URSSaf

En effet, pour les indépendants, selon le troisième baromètre réalisé par leur syndicat et dont Le Figaro publie les résultats, 76% d’entre eux ne sont pas satisfaits du RSI et 94% estiment que sa mise en place en 2008 n’a pas constitué une avancée pour leur protection sociale.

C’est évidemment une façon fort diplomatique de présenter une véritable « catastrophe industrielle » (ce sont les mots de la Cour des comptes en 2012) touchant plus de six millions d’indépendants en France. On se rappellera des précédents billets dans lesquels je revenais sur les mésaventures de cette institution calamiteuse qui, au contraire des plaies d’Égypte qui ne durèrent qu’un temps limité, s’est abattue sur la France depuis plusieurs années et dont on ne parvient toujours pas à se débarrasser.

Cependant, après des années pendant lesquelles les autorités, avec l’autisme compact qui les caractérise, n’ont absolument rien fait et ont même laissé les coudées franches au RSI pour continuer à empiler ses exactions, on assiste à présent à des mouvements de plus en plus marqués de la part des assurés eux-mêmes. Il faut dire que beaucoup d’entre eux, poussés à bout par ce mammouth bureaucratique destructeur d’emploi, ont pu consacrer cette partie de l’énergie auparavant nécessaire à développer leur activité à rentrer dans le lard de l’imposant pachyderme ravageur.

Dans le baromètre, ceci se traduit, par une statistique de plus en plus élevée du départ des travailleurs indépendants vers le statut nettement mieux géré de travailleur salarié : « S’ils étaient 13% en 2015 (+ 6 points), 23% (+ 10 points) des chefs d’entreprise s’étaient organisés à 2016 pour rompre, en toute légalité, tout lien avec cet organisme », détaille l’étude. Ce n’est plus quelques mécontents qui claquent la porte, ce sont des centaines de milliers d’indépendants qui fuient le navire en perdition.

Il y a de quoi.

Entre les appels de cotisations farfelus, qui changent d’une fois à l’autre sans qu’on puisse expliquer exactement pourquoi, la gestion calamiteuse des usagers (dont 35,6% estiment que les services du RSI sont injoignables) ou de leurs dossiers qui se font balader d’un service à un autre, les innombrables problèmes informatiques aussi impromptus que commodes pour expliquer les erreurs accumulées, le régime est devenu un véritable cauchemar pour une proportion croissante d’affiliés.

Dans ce sombre tableau brille cependant une lumière qui réchauffera le cœur de ceux qui sont concernés. En effet, si le RSI semble bien générer un puissant mécontentement de la part des affiliés (et certains vont même parler de haine), au moins les cadres qui travaillent au sein de cette institution ne s’en plaindront pas trop : ces cadres ont obtenu une augmentation de salaire de 13% fin 2016 !

Plus amusant encore, on apprend dans le tract outré de la CGT qui a découvert le pot au roses que ce régime a réussi le tour de force d’augmenter ses cadres à l’insu de toutes les organisations syndicales représentatives du personnel et au mépris du rapport de la Cour des comptes. Dans la foulée, le régime n’a pas cru bon d’augmenter le reste du personnel, ce dont se plaint abondamment la CGT (avec l’absence de lucidité qui lui est maintenant habituelle).

On s’étonnera en effet qu’un régime qui surponctionne à droite et à gauche puisse se permettre ces largesses pour ses cadres. On s’étonnera moins que la CGT puisse réclamer l’open-bar, en lieu et place d’une austérité qui ferait honneur à un régime qui s’enfonce dans le n’importe quoi vibrant d’incompétence. Mais après tout, tant que les fonds coulent à flot, il serait dommage de ne pas en profiter, n’est-ce pas ?

En attendant de savoir si, finalement, les instances dirigeantes du RSI cèderont à la pression populaire de ses salariés et augmenteront tout le monde avec le geste auguste de celui qui vit confortablement de l’argent des autres, soyez certains que les entrepreneurs et indépendants qui paient pour ce bastringue continueront de recevoir leurs factures (et parfois, en plusieurs exemplaires, avec variation des montants et des explications), pendant que d’autres continueront à se battre pour obtenir leur dû lorsqu’ils tombent malades.

En parallèle, les candidats à la présidentielle ont, semble-t-il, pris la mesure du malaise qui règne. Si, pour le moment, les solutions qu’ils préconisent ressemblent à des bricolages ou des impasses, au moins peut-on se réjouir de voir que ce problème, qui traîne depuis plus de dix ans – la création du monstre remonte à décembre 2005, semble avoir atteint le débat public.

À ce rythme, haut les cœurs, dans dix ans, ce problème sera presque résolu !


—-
Sur le web

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Disparition du RSI ou reforme de sa gestion……pas certain que supprimer le RSI soit un cadeau fait aux indépendants,ils risquent de devenir les vaches a lait de la secu…..par contre leur offrir une secu privée est ce dans le carton des prétendants au trône ?

    • Pour la sécu privée, c’est pas gagné. l’État freine des 4 fers et dézinguer tous azimuts ceux qui essaient.
      Il faudrait une vraie révolution, mais les indépendants ne sont pas une force coordonnée et les autres, salariés du régime général, n’ont pas encore totalement compris à quel point ils se font mettre. Voire, certains aiment ça.

    • Pas la peine de supprimer le RSI. Supprimer son monopole de manière officielle et claire suffira largement à résoudre le problème. Dès lors le RSi sera condamné à devenir bon ou a mourir. (Il mourra).

  • Cela fait beaucoup de classes mécontentes, la Phrance est prête a exploser par ces mécontents du RSI, ces mécontents de la répression routière, ces mécontents de la banlieue, ces mécontents des politiques. Ça va rapidement faire Boum avant les élections… et normalement comme toujours Pschitt. Sauf que rien n’est normal.

  • Combattant de la toute première heure, il est tellement simple de ne pas payer le RSI, qu’il me parait fou de vouloir le « changement » au risque que les failles juridiques soient comblées et qu’il faille démonter à nouveau le nouveau « truc social » qui ne pourra qu’etre plus difficile à contourner ..

  • Pourquoi aucun candidat ne propose pas , simplement, la,liberté aux individus de choisir les assurances sociales de son choix.

    Elles sont obligatoires, couvrent des risques individuels, parfaitement encadrées par le droit européen.

    Cela ne réglera pas le principal souci de bcp d’indépendants : ils ne gagnent pas suffisamment pour payer les cotisations…

    • Il y a un minimum obligatoire à payer, mais ce minimum n’ouvre pas tous les droits. J’ai cotisé plus de 10 ans en tant que commerçante pour ma retraite à la Cavic (avant le RSI) et on me valide 19 trimestres (un trimestre par an plus heureusement deux ou trois bonnes années). Le régime général a calculé ma retraite pour le reste de ma carrière et a transmis au RSI : pas de nouvelles. Je téléphone « mais madame il faut 6 mois pour un dossier de retraite » ! Six mois pour calculer les quelques euros que me vaudront mes 19 trimestres ! Faut-il vraiment commenter ? Je pense à ceux qui dépendent totalement du RSI et j’espère pour eux qu’ils ont quelques économies. Franchement, l’égalité ce ne serait pas un seul régime pour tous, public comme privé ? Les mêmes cotisations, mëme durée, même indemnisation … Plus de régimes spéciaux, y compris pour les politiques ! Et si l’on parlait de la MSA pour les agriculteurs : même galère !

  • création du monstre remonte à décembre 2005

    En effet, l’historique figurant sur le site web du RSI remonte à 2005. Le monstre est en fait plus ancien que ça. Je me suis mis à mon compte en 2003 et il sévissait déjà. Je suis redevenu salarié 10 ans plus tard. Le fait d’être débarrassé du R.S.I. fut un grand soulagement. Si je devais recréer une entreprise j’opterais sans hésiter pour le statut de SAS qui permet de rester à la CPAM.

  • D accord avec reactitude
    Ils veulent prendre dans la caisse des indépendants car il y a de l argent et cela contribuera à alimenter la sécu en déficit
    Indépendant ne vous faites pas berner par les médias et les politiques
    Tout va pas si mal au RSI
    Et moi en tant qu’indépendant je ne veux pas que mon argent aille à la sécu déjà que ça me saoule de voir que l URSSAF gère les prélèvements
    Ouvrez les yeux car après c’est trop tard

    • Lire article de mediapart ,l argent des cotisation ne sert a rien a couvrir le trou de la secu.car la question a se poser etait ou va tout cet argent?.
      LA REPONSE en bourse et investissements DS dES PARADIS FISCAUX..benefices ne servent .. ni pour combler le trou securite social car avec les milliards de benefices le trou serai deja plus que comblee.
      les francais ralent ralent mais ne se,posent pas vraies quetions.
      En europe belgique en allemagne angleterre meilleur assurance moindre cout et vous etes raquetté et vous vous ne vous rendez pas compte qu on vous vole!?.
      OU VA TOUT L argent des cotisations de l ursaff et de rsi La la question et pourquoi refusent t ils de laissez aux français la liberte d affiliation selon la directive europeenne ?..posez vous les bonne question reveillez vous.!Independant veut dire couper le cordon ombilical.. etat n est pas la pour prevoyez a vos besoins c est vous qui semblez payer leurs besoins.
      Moutons vers l abatoir!,!,

  • J’ai peur , si on aligne les entrepreneurs sur les salariés. Cela fera plus de cotisations .le RSI sera remplacé par quoi .?? 53 pour cent du bénéfice. C’est moins de charges que pour un salarié. .ou on approche quand même de 87 pour cent . Je suis entrepreneur affilié au RSI. Et ça fait longtemps .certes je provisionne pour ne pas être surpris .il vaut mieux avoir un comptable .vous voulez quoi ? Cotiser pour le risque de chômage : ça fera des pour cent en plus .. cotiser pour les congés payés. .ça fera encore des pour cent en plus . Par contre ceux qui ont des soucis à ce faire sont les micro ou auto entrepreneurs .ils ne tiennent pas de comptabilite. Donc bonjour les rappels .. avant il y avait la mutti la ram … Et il y avait aussi des soucis pour ceux qui confondent CA et bénef. Et c’est un vieux c… qui vous le dit.on doit provisionner ses charges car elles sont décalées dans le paiement .c’est aussi simple que ça. Et à chaque fois que ça change c’est pire …..donc ….

  • ENCORE UN COMMERCE QUI FERME ET QUI MARCHAIT BIEN À NORT SUR ERDRE et bientot ce sera mon tour 3 petsonnes pour pole emploi. MERCI LE RSI

  • A cote du RSI, existent également des caisse de retraite « des Indépendants » , pleines de ce charme discret et inoubliable des conglomérats bureaucratiques français.
    J’ai une pensée émus pour la CIPAV, plusieurs fois mise en exergue par la Cour des Comptes pour une gestion (le terme n’est peut être pas adapté) calamiteuse et que son Président (toujours en fonction) avait failli mettre en faillite.
    Les professionnels qui ont cotisé à ce Titanic public ont , à mom humble avis, du souci à se faire….

  • Il y a un vrai malaise au RSI. Beaucoup de salariés le quittent soit pour un autre régime de la sécu soit pour rien…..

  • Honte à ses gens qui nous gouvernent qui seraient parfaitement incapable de gérer une entreprise qui font les lois pour eux et qui nous mangent honteusement la laine sur le dos, et je sais de quoi je parle C’EST HONTEUX QUAND ALLONS NOUS NOUS RÉVOLTER !!!!!!!

  • Vous avancez des choses sans rien savoir en fait et vous prétendez être… journaliste ??? Le sondage que vous citez est une enquête lancée par un syndicat contestataires et non pas LE syndicat des indépendants. Donc, aucune valeur réelle. Vous ajoutez à la confusion, renseignez vous mieux. Quant aux cadres augmentés… il l’auraient souhaité vraisemblablement mais ils ont eu droit à une toute petite revalorisation de salaire. Vos sources sont encore peu fiables. Quant à vos centaines de milliers d’indépendants qui quittent le bateau… vous divaguez ;-)))
    J’espère que l’institution vous poursuivra en diffamation !

    • Vous êtes cadre du RSI ? Ou membre du syndicat des indépendants ? Votre syndicat a le monopole de la représentation des indépendants ? Pourquoi un autre syndicat n’aurait-il pas le droit d’exister et de faire des enquêtes ? Si ce syndicat est « contestataire » c’est bien qu’il y a matière à contestation ?

    • J’ajouterai que l’information concernant les hausses de salaire a été fournie par la CGT du RSI… s’agit-il du fameux « syndicat contestataire » que vous mentionnez ?

      • Ce syndicat des indépendants n’a aucune leçon a donner car il est non représentatif, ne siégeant nulle part, c’est juste un groupuscule de mécontents qui souhaite la fin du RSI mais qui oublie que d’une manière ou d’une autre, s’il y a prestation, il y a cotisation. Comme partout il y a et il y aura toujours des mécontents, il y a des dysfonctionnements mais de là à vouloir faire croire que les 7 millions d’assurés sont en colère, c’est juste du baratin ! Quelques centaines ne feront jamais des millions. Donc arrêtez de voir le verre à moitié vide.

        Quant à la CGT… elle est plutôt en mauvaise posture dans toutes les caisses du régime et n’est plus très représentative voire carrément balayée dans certaines régions. Ce syndicat et la CGT ne doivent faire qu’un selon nous. C’est ce qu’on appelle vouloir se raccrocher aux branches, il y a le feu

        Nous n’arrivons donc pas aux mêmes conclusions que vous. Et si ces 13 % d’augmentation étaient justifiés par la régionalisation ? Si vous aviez réellement travaillé votre sujet, vous auriez découvert que dans certaines régions les directeurs doivent gérer 3 immenses territoires au lieu d’un seul, 600 personnes au lieu de 200, 600000 assurés au lieu de 200000 ? Et toujours sur 5 jours d’activité. Les kilomètres, la vie de famille, la santé… des notions qui semblent totalement vous échapper.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Oihab Allal-Chérif.

 

En 2023, avec les sorties des films Air, Tetris, et BlackBerry, l’entrepreneuriat est plus que jamais une source importante d’inspiration et de revenus pour les cinéastes. Dans ces films comme dans The Social Network, Le Fondateur, Steve Jobs, ou Walt Before Mickey, les entrepreneurs sont présentés comme des personnages géniaux, perfectionnistes, résilients, torturés, impétueux, rebelles, et avec des vies rocambolesques.

Adulés ou haïs, les aventures authentiques des entrepreneurs constituen... Poursuivre la lecture

Un article de l'Iref-Europe

Livreurs à vélo, chauffeurs VTC, professeurs ou psychologues…

Dans l’Union européenne, environ 28 millions de personnes travailleraient sous le statut d’indépendant pour des plateformes comme Deliveroo, Bolt ou Uber. Elles pourraient être 43 millions en 2025. Fonctionnaires et élus européens, surprotégés, ne peuvent pas imaginer que des travailleurs préfèrent leur indépendance au risque de leur inquiétude, être le loup plutôt que le chien de la fable.

 

La technocratie européenne s’év... Poursuivre la lecture

Les difficultés rencontrées par le système de protection sociale français viennent des principes qui ont présidé à la conception de la Sécurité sociale. C’est un concept socialiste.

 

Aller aux sources : la spoliation légale 

Les socialistes, au sens que donne Bastiat, sont les adeptes de la « spoliation légale » :

« C'est ce qui est arrivé. La chimère du jour est d'enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres ; c'est de généraliser la spoliation sous prétexte de l'organiser. Or, la spoliation légale pe... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles