La Cour des comptes annonce un quinquennat de tous les dangers

Soit la France veut tenir ses engagements, et elle devra réformer en profondeur. Soit elle ne veut pas réformer, et adieu les engagements communautaires.

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La Cour des comptes annonce un quinquennat de tous les dangers

Publié le 9 février 2017
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Par Éric Verhaeghe.

La Cour des Comptes annonce un quinquennat de tous les dangers
By: THORCC BY 2.0

Il faut lire le rapport annuel de la Cour des comptes. D’abord parce qu’il a le bon goût d’étriller les pratiques corporatistes à la française qui deviennent insupportables avec le temps : le corporatisme patronal financé par le contribuable, le corporatisme de la fraude à la formation professionnelle, le corporatisme au sein des administrations publiques, le clientélisme de la santé publique en France (dont on ne dira jamais assez le coût pour l’assuré), tout cela maquillé sous des discours lénifiants, comme celui de l’écologie à Paris, qui cache de grosses bulles de mensonge.

Surtout, la Cour a l’intelligence de consacrer un extrait de son rapport annuel à la situation réelle des finances publiques qui laisse place à peu d’ambiguïté sur ce que sera le prochain quinquennat.

Un appel à la stabilité des dépenses publiques jusqu’en 2020

Sans entrer ici dans le détail de l’analyse, la Cour affirme que, pour tenir ses engagements européens, la France devra respecter une stabilité de la dépense publique. On notera les propos tenus :

Une telle maîtrise des dépenses publiques est possible : depuis 2010, de nombreux pays européens ont mené des politiques ambitieuses de réduction des dépenses publiques et leur poids dans le PIB a baissé en moyenne dans la zone euro, alors qu’il est globalement stable en France.

Mais l’effort à mener est en réalité supérieur à ce que les chiffres présentés dans les projections pluriannuelles de finances publiques laissent apparaître. En effet, ces projections reposent sur des hypothèses de croissance optimistes, avec un retour de la croissance à 2,0 % en 2020, favorisant la hausse des recettes et une réduction sensible du déficit conjoncturel. Avec des hypothèses de croissance plus prudentes, c’est ainsi une baisse de la dépense publique en volume qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs affichés de réduction du déficit public.

Par ailleurs, une part significative de la modération de la dépense publique entre 2010 et 2015 provient de la baisse de la charge d’intérêts, sur laquelle il paraît peu prudent de compter désormais pour faire baisser la dépense : alors que la baisse de la charge d’intérêts avait contribué à freiner la dépense entre 2010 et 2015, l’intégralité de la baisse de la dépense devrait porter à l’horizon 2020 sur les autres dépenses.

Le tableau est posé. Soit la France veut tenir ses engagements, et elle devra réformer en profondeur. Soit elle ne veut pas réformer, et adieu les engagements communautaires.

La Cour des comptes demande un effort inédit

Impossible donc de ne pas noter l’avertissement qui est dressé dans le cadre de la présidentielle à venir, et qui est probablement le seul véritable marqueur du débat : tenir ou pas les engagements financiers de la France devant l’Union Européenne. En réalité, l’essentiel du choix à opérer en mai 2017 portera sur l’ambition ou non de procéder à des réformes de structure.

Sur ce point, la Cour renvoie chaque électeur à sa conscience. Sa démonstration est claire : imaginer que l’on peut être « européen » sans accepter des réformes drastiques relève de la pure illusion.

On mesure immédiatement l’impact de cette affirmation sur les combinaisons possibles à la présidentielle : elle écarte ou disqualifie par avance les duels opposant des candidats peu soucieux des finances publiques mais affirmant leur volonté de rester dans l’Europe.

L’heure de passer à la caisse

Une chose est sûre : une baisse de la part des dépenses publiques dans le PIB (dont la France est championne) n’interviendra pas sans des mesures douloureuses. Après un quinquennat de surplace sur tous ces sujets, permis par une baisse artificielle des taux et un abandon de notre crédibilité diplomatique (notamment au sein de l’Union), il va falloir passer à l’action. Dès 2017, par un « collectif budgétaire ».

Le décor est posé.

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  • Soit elle ne veut pas réformer, et adieu les engagements communautaires.

    Dit comme cela, ça ne fera pas peur a un seul français. Désinformé sur l’économie les « engagements communautaires » représentent pour eux « la férule de Bruxelles ou de Berlin ». Ils les jetteraient sans sourciller.

    Si on ouvre un budget officiel de l’état français (PLF, PLFR) on s’aperçoit que l’état claque 24% de trop chaque année, il emprunte 100 milliards d’euros soit 11 millions par heure juste pour survivre et selon la Cour des Comptes la dette réelle est de 246% du PIB.

    Les spread sur la dette française sont en train de se tendre, les gens qui prêtent sont en train de se rendre compte que la France pourrait bien faire défaut. Ce qu’il faut dire aux Français c’est que la France risque de se transformer en Grèce bis sans réforme.

    Chômage à 30% et 60% chez les jeunes, prestations sociales en chute libre, etc., etc.

  • finalement , on va demander aux contribuables de payer pour la mauvaise gestion des dirigeants ; ce n’est pas juste et les contribuables ne vont pas être contents ;

    • Oui et non. Les électeurs peuvent choisir des personnes compétentes. Mais jusque là ça n’a pas l’air de trop les déranger… Alors, il faut payer, comme une boîte qui aurait choisi un mauvais PDG.

  • Et pas un mot dans la presse, qui est trop occupée à vérifier l’emploi du temps de Penelope, comme les comptes de l’état n’était pas un vrai sujet de campagne.

  • Il semblerait que seul François Fillon ait compris le problème?

  • Absolument tous les candidats disent s’asseoir sur les règles européennes de déficit (et ce n’est pas neuf, souvenons-nous de Sarkosy repoussant le retour sous 3% pour aller chercher la croissance « avec les dents »!), Donc pas besoin d’attendre les élections pour savoir ce qui va se passer: hausse du déficit et de la dette et plus que probablement la commission n’osera pas sanctionner un grand pays, elle n’ose s »attaquer qu’aux péquenots comme la Grèce

    • Jusqu’à ce que…

    • Alain: la commission n’osera pas sanctionner un grand pays

      La commission non, mais certains investisseurs vont commencer à croire que la France risque de ne pas rembourser et ils ne vont pas prendre le gros risque de prêter de l’argent pour une rémunération minable. Le risque exceptionnel demande une récompense exceptionnelle.
      Or il suffit que les taux augmentent un peu pour que la situation financière de la France devienne intenable.

      Et la France c’est plus de 8 fois le PIB de la Grèce…..

  • Alons allons, calmez-vous, tous les français sont au courant de la situation, mais ils s’en foutent, littéralement.

    Le rapport annuel de la Cour des Comptes? une franche rigolade pour les français, mieux que l’Almanach Vermot.

    Et j’attends encore les Tribunaux d’Exception des Médias, ceux qui passent leur temps à flinguer tout ce qui n’est pas de gauche, sur ordre sûrement de celui qui murmure à l’oreille des ânes (ou ânesses) médiatiques. Vous croyez qu’il vont faire des tables rondes ad vitam sur les chapitres du rapport? Meuuuuhhh non.

    Dixit un copain socialiste que j’aime bien mais qui m’agace, « pourquoi s’affoler, prenons l’argent tant qu’il y en a, on verra bien après ». Variante du socialisme, « après moi le déluge ».
    Mais pour la bonne cause, hein? pour les pauvres, les sans-abri; les sans-boulot, les sans-dents, etc…. Qu’ils disent.

    Sauf que je n’ai jamais vu un pauvre s’enrichir grâce à ce genre de « redistribution », plutôt le contraire d’ailleurs, alors que les politiciens eux s’enrichissent tous, socialistes ou pas.

    • Winch: Alons allons, calmez-vous, tous les français sont au courant de la situation, mais ils s’en foutent, littéralement.

      La plupart ne sont pas vraiment aux courants du désastre qu’est le budget de l’état et les pillages qui ont lieu tous azimuts. Je le constate un peu partout quand j’avance les données chiffrées.

      Mais les journalistes, les médias, qui sont fortement politisés, amis des partis et qui ont les doigts dans le pot de confiture n’ont absolument aucun intérêt ni envie de trop dénoncer les abus et l’image d’une France qui part en quenouille. C’est en partie idéologique, en partie par complaisance avec le système politique et en partie parce qu’ils sont « hors-sol » et ne se rendent pas non plus vraiment compte du problème.

      Au final c’est service minimum pour la plupart, quelques lignes sur les rapports de la Cour des comptes, vite minimisées avec quelques comparaisons ou explications foireuses, en bref une jolie collection de biais cognitifs. Vus depuis le pays libéral d’à côté, les articles des journaux français sont vraiment ahurissants, sur l’économie et l’état en particulier c’est festival !

      Donc non, les Français qui s’informent encore majoritairement par les médias classiques ne sont pas vraiment au courant. La descente est très lente, mais pour la plupart ils ont l’impression que c’est la faute de (au choix): la mondialisation, l’Europe, l’Allemagne, la libéralisation, les banques, l’Amérique, les patrons, le cac40, le marché, la finance, tous ces coupables bien commodes que les politiques et médias ne cessent de mettre en avant. Évidemment les gens n’ont plus confiance dans les partis, mais pas forcément pour les bonnes raisons.

      Un exemple d’article complètement hors sol que je démonte un peu plus haut (10 février 2017 à 0 h 11 min)
      http://www.lepoint.fr/economie/qui-se-cache-derriere-la-remontee-des-taux-de-la-france-09-02-2017-2103690_28.php

      Et c’est ça le pire: voir sombrer la France alors que la plupart des citoyens n’ont aucune idée du problème réel.

      Et c’est ça le pire: voir sombrer la france alors que la plupart n’a aucune idée du problème.

  • Heureusement, il y a l’impôt. Qu’une majorité de Français estime être une bénédiction. On peut bien les augmenter encore un peu, il y a des gens dans ce pays qui font encore des économies.

    • Ruben: Heureusement, il y a l’impôt. Qu’une majorité de Français estime être une bénédiction.

      Ceux qui en bénéficient avantageusement oui, corporations, entreprises d’état, médias, autres clients des politiques.
      Ceux qui en bénéficient juste au niveau social éventuellement, mais ils ne se rendent pas compte que ce qu’ils touchent est relativement minable pour la plupart et pour le niveau d’imposition de la France.

      Pour les autres, ceux qui paient non:
      Ras-le-bol fiscal éprouvé par les Français, partisans à 61% d’économies budgétaires, quitte à fermer certains services publics.
      http://www.lefigaro.fr/politique/2013/12/02/01002-20131202ARTFIG00522-les-francais-reclament-moins-de-fonctionnaires.php

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