Idée reçue : « le capitalisme est anti-écologique »

Le système capitaliste, c’est mauvais pour la planète ? Au contraire, la propriété privée incite à mieux respecter l’environnement.

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Idée reçue : « le capitalisme est anti-écologique »

Publié le 30 janvier 2017
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Par Eddie Willers.

système capitaliste
Déchets By: Frédéric BISSONCC BY 2.0

La rengaine est connue, notre société de consommation nous mènerait au désastre, le système néo-ultra-turbo-libéral provoquerait des cataclysmes climatiques et écologiques sans précédent. Bref, le capitalisme est mauvais pour la planète.

C’est vite oublier que par essence le capitalisme est un système qui tend à optimiser la gestion des ressources, y compris les ressources naturelles, et que malheureusement les désastres écologiques ont plus souvent eu lieu sous des régimes collectivistes que sous des régimes capitalistes.

Dans une économie capitaliste, les droits de propriété sont respectés, les individus sont libres et l’intervention du gouvernement est limitée. Un système collectiviste est l’exact opposé : la propriété privée est abolie, les individus ne sont pas libres et l’État dicte la vie de ses citoyens.

Un petit exemple de gestion privée et de gestion publique

Maintenant que ces bases sont posées, prenons deux pays : la Capitalie et la Collectivie. Ces deux pays se partagent une île où règne une grande forêt luxuriante abritant quantité d’animaux sauvages, arbres fruitiers et sources d’eau fraîche. Néanmoins, au gré de leur histoire, la Capitalie et la Collectivie ont opté pour deux modèles différents de société : la Capitalie a choisi le système capitaliste, la Collectivie, le système collectiviste.

En Collectivie, la forêt appartient à chacun puisque c’est un bien public. Dès lors chacun est libre de l’utiliser comme il le souhaite, si c’est à tout le monde, c’est un peu à moi aussi. Certains individus commencent alors à scier les arbres pour construire des maisons et se chauffer. D’autres en voyant que certains avaient pris la liberté de scier les arbres de la forêt se disent : si eux le font, j’en ai aussi le droit puisque la forêt est un bien public.

En Capitalie, la forêt est découpée en portion qui sont la propriété des individus. Ces derniers, parce qu’ils sont propriétaires effectifs d’une portion ont tout intérêt à ne pas abattre trop d’arbres au risque de perdre leur portion de forêt. Cette dernière mettant beaucoup de temps à repousser, chacun est poussé à gérer au mieux sa portion afin de ne pas détruire trop vite ses ressources en bois.

En Collectivie, les animaux paissent dans un grand champ à l’extérieur de la ville principale. Chacun peut y amener ses bêtes qui y broutent, il n’y a pas de limite à la taille du cheptel pouvant y brouter. Tous les habitants de la Collectivie emmènent donc leurs bêtes dans ce grand champ. De toute façon qu’ils en emmènent un ou dix, cela revient au même pour eux, alors autant en mettre le maximum.

En Capitalie, les champs sont privés. Les fermiers n’ont donc pas intérêt à faire paître trop d’animaux dans leur champ au risque que ceux-ci n’aient plus d’herbe à brouter. Ils limitent donc le nombre d’animaux au nécessaire pour préserver cette ressource que représente l’herbe.

En Collectivie, l’eau est un bien public également. Sans eau nous ne pouvons pas vivre, dès lors il faut que chacun puisse avoir accès à l’eau. Tous les habitants peuvent donc se servir gratuitement à la source d’eau située au milieu du pays. Sachant qu’il n’y a pas de limite, les individus pompent beaucoup d’eau pour leurs champs ou leur hygiène, sans chercher à optimiser leurs systèmes d’irrigation ou d’alimentation en eau. C’est gratuit, pourquoi s’en priver ?

En Capitalie, les habitants achètent de l’eau auprès des exploitants de différentes sources qui doivent gérer au mieux la leur afin que celle-ci ne se tarisse pas et qu’ils soient forcés de mettre la clé sous la porte. Ils adaptent donc les prix en fonction de l’offre (beaucoup de pluie ou pas) et de la demande. Les habitants sont donc poussés à optimiser leur consommation d’eau s’ils ne veulent pas payer trop cher.

Nous pourrions continuer cette comparaison sur bien d’autres points, néanmoins, je pense que vous avez compris l’idée sous-jacente. Un système collectiviste dilue la responsabilité si bien que personne ne se sent responsable de rien et personne ne cherche à mieux gérer les ressources naturelles. À l’inverse, un système capitaliste pousse les individus à mieux gérer leurs ressources, que celles-ci soient financières, humaines ou naturelles.

La gestion des ressources dans la réalité

Le choix de ma comparaison n’est pas anodin. En effet, Haïti et la République Dominicaine sont deux pays situés sur une même île. Haïti affiche un système plutôt collectiviste où les droits de propriété ne sont pas préservés, la République Dominicaine est elle bien plus proche d’un modèle capitaliste. La frontière entre les deux pays montre un résultat saisssant1.

Le blogueur québécois Le Minarchiste avait d’ailleurs cherché à voir s’il existait un lien entre l’interventionnisme étatique et la protection de l’environnement. La corrélation entre taille du gouvernement, tel que calculée par le Frazer Institute et l’Environmental Policy Index de Yale est assez nette. Il semblerait donc, contrairement à ce que prétendent nos collectivistes, un système libéral tend à mieux protéger l’environnement.

Il n’est dès lors plus surprenant de voir que certains des plus grands désastres écologiques se sont produits dans des pays communistes ou en tout cas qui ne respectaient pas les droits de propriété.

Le cas de la mer d’Aral

Je voudrais m’arrêter un instant sur le cas de la mer d’Aral. La mer d’Aral est une mer située à la frontière entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Au début des années 1960 cette mer constituait la 4ème plus grande surface lacustre du monde avec ses 66 458m². En 1998, sa surface avait été réduite de plus de moitié. Que s’est-il passé entre temps ? Le PCUS a décidé d’implanter autour de cette mer des champs de culture de coton bien que cette culture soit totalement inappropriée au sol et au climat de la région.

Pendant trois décennies, l’URSS a donc pompé l’Amou-Daria et le Syr Daria, les deux affluents de cette mer. En foulant aux pieds les droits de propriété des paysans ouzbeks et kazakhs, l’URSS a quasiment asséché une mer de 66 000m².

Parce qu’il déresponsabilise les individus, le collectivisme encourage les individus à consommer plus qu’ils ne l’auraient fait si les biens et services avaient appartenu à des personnes définies. Son aboutissement ne peut donc être que la pénurie, y compris de ressources naturelles. Comme le disait Milton Friedman, « if you put the Federal Governement in charge of the Sahara Desert, in 5 years there’d be a shortage of sand ».

Sur le web

  1. À droite, la République Dominicaine, à gauche, Haïti. Cela vient corroborer la démarche intellectuelle de notre comparaison Capitalie/Collectivie.
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  • L’exemple de la mer d’Aral est gentil sur les dérives du collectivisme. Effectivement l’Etat central et déconnecté des détails de terrain peut souvent mener à des aberrations.

    Mais que dire de la surexploitation du Rio Grande ? Y a-t-il une forme de trouble de jouissance des mexicains ?
    Ou est-ce simplement normal de consommer tout ce que l’on peut « chez soi » sans se soucier des conséquences sur ses voisins ? En gros, des initiatives privées peuvent-elles également se moquer des conséquences, dès lors qu’elles n’impactent pas les membres de leur communauté / société civile ?

  • Pas rigoureusement convaincu, j’ai plutôt tendance à penser que la différence tient dans l’optimisation, le collectivisme n’a pas de sens…comme il ne tient pas compte des désirs des individus , il s’en remet à une autorité pour décider de ce que veulent les gens, la déconnections entre travail satisfaction et revenu conduit à une faible productivité en outre les gens regardent du coté du capitalisme et voient des gens..individuellement satisfaits… les dirigeants collectivistes effrayés par les désirs naissant chez leur sujets de téléphones, nourritures , voitures et autres passent donc leur temps à courir après les capitalistes et même à engager des concours unilatéraux absurdes en consacrant des ressources énormes pour par exemple produire plus d’acier.. et ils le font mal!!!!! en y consacrant beaucoup plus de ressources..car l’économie n’a pas de but en pays communiste…les prix n’ont pas de sens..et sans prix comment optimiser?

  • Vouiii, le bien et le mal, le blanc et le noir ?
    Alors soyons positif, et disons qu’en « capitalie », un minimum de régulation est nécessaire. L’auteur n’a sas doute pas connu les excès pollueurs pendant les « 30 glorieuses » dans ) peu près tous les pays « de l’Ouest », comme « de L’est), comme on disait alors.
    Des rejets directs d’eaux ayant servi à différents traitements, par exemple des papeteries, mais pas que, les dégazages de navires, les décharges sauvages y compris de « DID » (déchets industriels dangereux), des diesel pour le coup très émetteurs de fumées, de suies et dodeurs, etc etc.
    En revanche, je suis d’accord pour dire que les émissions de CO2 ne sont pas « polluantes », et participent même du développement de la végétation.
    Evidemment, si et quand il y aura plus de 5% de CO2 dans l’air, soit 125 fois plus qu’actuellement, on en reparlera (enfin, nos arrière arrière etc petits-enfants)

  • Hum , trop simpliste pour etre universel. Le capitalisme est le seul moyen de gérer l’abondance.. le collectivisme la pénurie….non, le collectivisme crée la pénurie le capitalisme l’abondance en donnant de la valeur au travail.
    L’écologie …..la mer d’Aral a disparu…et alors , son existence n’est due qu’a un accident géographique et si l’homme préfère le coton aux poissons ,c’est son droit..existe t il encore des cultures de coton…si oui ,ce fut une bonne décision..parce que de toute façon la surpêche aurait vidé cette mer…trop petite pour être éternelle.
    L’écologie n’existe que parce que le capitalisme existe , sans lui l’écologie disparaît… encore faut il mettre l’écologie entre de bonnes mains , des gens sachant compter et faire de bons choix…ce qui n’est pas encore le cas.

    • À la base l’écologie est une science, pas une orientation politique. Et par nature elle existe en tant que telle indépendamment du capitalisme, du socialisme ou de n’importe quel isme.

  • Où est le respect de la propriété privé : le gouvernement , les municipalités , les pétrolières , les minières etc. peuvent vous l`enlever quand ça fait leur affaire .Présentement la plupart des écologistes ne font que de la démagogie au lieu de se basé sur la science et la réalité et sur l`innovation pour l`ensemble .Amérique du nord = surconsommation au détriment de la planète.

  • En Colectivie tout appartient à l’Etat, et non pas à tout le monde. Impossible donc de couper les arbres ou de faire paître un troupeau sur les terres « publiques ». C’est grâce aux privilèges, aux passe-droits, à la connivence que la Collectivie tombe dans les abus, les excès.
    En Capitalie, celui qui détient un titre de propriété sur une terre ne se soucie pas si ses déchets vont endommager celle du voisin. Celui qui peut capter la totalité de l’eau de la rivière qui coule sur ses terres ne se soucie pas du fait qu’en aval il va ruiner ses voisins, les affamer, les détruire.
    La métaphore est intéressante, mais elle est déformée…

    • « En Colectivie tout appartient à l’Etat, et non pas à tout le monde. Impossible donc de couper les arbres ou de faire paître un troupeau sur les terres « publiques ». C’est grâce aux privilèges, aux passe-droits, à la connivence que la Collectivie tombe dans les abus, les excès. »

      Oui et non, l’Etat percevant une taxe à la coupe, il encourage le court-termisme et donc la coupe à blanc (voir le cas des forêts au Quebec). Les abus ne sont donc pas une conséquence, mais un postulat de départ intrinsèque au système même de gestion étatique.

      « En Capitalie, celui qui détient un titre de propriété sur une terre ne se soucie pas si ses déchets vont endommager celle du voisin. Celui qui peut capter la totalité de l’eau de la rivière qui coule sur ses terres ne se soucie pas du fait qu’en aval il va ruiner ses voisins, les affamer, les détruire. »

      Ce n’est pas comme ça que ça marche.

      Le respect de la propriété privée implique aussi celui du respect de la propriété privée d’autrui. Pratiquement, cela veut dire que si votre voisin s’installe et ne constate aucune pollution au jour J, alors toute nouvelle pollution arrivant au jour J+n devra être payée/dédomagée par le pollueur, car elle était absente à l’installation du voisin.

      De la même manière, si vous installez votre usine en haut d’une rivière et que vous polluez l’aval de cette rivière, les personnes se situant en aval de votre usine, si ces personnes étaient présentes avant vous, sont en droit de vous coller un procès pour dégradation de la propriété privée d’autrui auprès d’un tribunal civil, et vous gagnerez votre procès.

      On retrouve le même système légalement en urbanisme d’ailleurs, qui fait que instinctivement, même dans un système sans zoning, les usines n’iront pas se coller aux habitations, ou qu’un voisin bruyant n’ira pas se perdre dans un voisinage calme, car le nombre de procès potentiels augmenterait, et vous seriez sytématiquement en faute.

      •  » sont en droit de vous coller un procès pour dégradation de la propriété privée d’autrui auprès d’un tribunal civil, et vous gagnerez votre procès. »

        Je voulais bien entendu dire « et elles gagneront leurs procès » (les victimes)…

        Pareil pour le paragraphe après. par « vous » j’entends « les usines » ou « le voisin » (les fauteurs de troubles).

      • Merci pour ces précisions effectivement importantes. Comme quoi, réfléchir un peu plus avant de s’exprimer évite de dire trop de choses erronées, et réfléchir un peu moins permet des échanges constructifs !

  • en fait, on doit présenter ça autrement, les gens font des choix de vie, et à partir du moment où une question environnementale leur tient à coeur et qu’ils sont prêt à y allouer des ressources, le capitalisme a montré sa supériorité à gérer ça…
    ce qui ne va pas DU tout de soi , c’est de choisir de proteger l’environnement surtout si on est pauvre.. d’abord survivre m’en fous je bouffe le dodo, le denier ‘rien à fout’ c’est lui ou moi. mais si toi qui te soucie du sort des dodos tu me payes de quoi bouffer contre laisser la vie au dodo , no problémo.

    Le collectivisme c’est il y a des gens quelques part qui ont décidé de protéger le dodo…m^me si vous devez en crever.

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