Par Jean Pouly.
Un article de The Conversation

Qui sont les slashers ?
Selon l’Insee, plus de 10 % des actifs Français auraient ce qu’on appelle en bon français technocratique une pluri-activité. La grande majorité cumulent plusieurs activités salariés et un quart sont également à leur compte. Ils sont plutôt jeunes et ils cumulent deux voire trois emplois. Cela ne concerne pas que les diplômés. On retrouve par exemple dans cette catégorie les chauffeurs de VTC qui sont aussi pizzaiolo. Et contrairement aux idées reçues, ces slashers ne subissent pas majoritairement cette situation de cumul. Ils revendiquent cette souplesse et cette liberté d’organisation.
Quels sont les avantages, inconvénients et limites de cette pluri-activité ?
Les avantages sont surtout liés à la flexibilité et à la souplesse, pour les employeurs comme pour les employés. C’est aussi un moyen très puissant d’inclure sur le marché de l’emploi des cohortes de jeunes diplômés (ou non) qui en sont exclus et une opportunité de vivre une aventure entrepreneuriale très formatrice.
Cette situation de pluri-activité est par contre assez précaire par rapport au régime du CDI généralisé qui assure une certaine sécurité et une visibilité sur le moyen terme à toute la société. On risque également de substituer à des entreprises homogènes des organisations en réseau assez volatiles où les liens seront fragiles, ne reposant que sur des relations contractuelles effectuées sur des plateformes et des échanges électroniques manquant d’épaisseur et de subtilité humaine.
Enfin, le fait d’être partagé entre de très nombreuses activités différentes n’est pas toujours facile à vivre et n’est sans doute pas fait pour tout le monde.
Cette nouvelle forme d’organisation est-elle transitoire ou durable ?
On dit souvent que le salariat est en perte de vitesse, voire en danger de mort et que l’économie numérique va détruire une très grande partie des métiers existant avec les progrès fulgurants de la robotisation et de l’intelligence artificielle. En réalité les choses sont beaucoup plus nuancées. Un récent rapport du Comité d’orientation de l’emploi (COE) vient de montrer que seuls 10 % des métiers d’aujourd’hui étaient réellement menacés mais qu’en revanche, la plupart des tâches se transformaient.
On a sans doute un peu vite confondu les tâches et les métiers. Cette situation de transition numérique qui opère de grandes transformations des tâches, des métiers et des modèles économiques requiert beaucoup de flexibilité et d’agilité et un accès à une main-d’œuvre très spécialisée.
On peut donc parier que les slashers vont continuer à prospérer dans ce contexte de mutation de moyen et long terme.
Jean Pouly, Expert en économie numérique, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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