Le compte personnel d’activité pour les nuls

Le compte personnel d’activité se résume finalement au ripolinage de droits individuels à la formation par l’intermédiation d’une grosse plate-forme électronique gouvernée par des algorithmes censés orienter et conseiller les utilisateurs.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
La secrétaire d'Etat à la ville Myriam El Khomri aux côtés du maire de Pierrefitte-sur-Seine Michel Fourcade (Crédits : Chris93, licence CC-BY-SA 4.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le compte personnel d’activité pour les nuls

Publié le 17 janvier 2017
- A +

Par Bertrand Martinot.

Le CPA pour les nuls
La secrétaire d’Etat à la ville Myriam El Khomri aux côtés du maire de Pierrefitte-sur-Seine Michel Fourcade (Crédits : Chris93, licence CC-BY-SA 4.0)

Pour plagier Charles Péguy, tout, en ce moment, commence en mystique et finit par des plate-formes électroniques. Dernier exemple en date : le compte personnel d’activité (CPA) dévoilé par le Premier ministre et la ministre du Travail ce jeudi. Ce devait être, selon le président de la République un « progrès social majeur qui permettra de construire un modèle nouveau de sécurisation des parcours professionnels », et même comme « la réforme sociale majeure du quinquennat ». Voilà pour la mystique.

Quant à la plateforme, c’est la forme charnelle que prend le produit une fois dévoilé par la ministre du Travail. C’est que le CPA se résume finalement au ripolinage de droits individuels à la formation par l’intermédiation d’une grosse plate-forme électronique gouvernée par des algorithmes censés orienter et conseiller les utilisateurs.

Absence de droits concrets

Plutôt que des droits concrets et compréhensibles pour l’actif, celui-ci est confronté à des listes de formation fixées administrativement par les partenaires sociaux et une bureaucratie du social d’un autre âge.

Plutôt que des droits sonnants et trébuchants permettant à la personne de financer des actions de reconversion et de rebondir professionnellement, le titulaire ne se voit attribuer que des droits à des heures de formation dont on ignore le montant de prise en charge.

Plutôt que des droits assis sur des ressources en rapport avec les besoins réels, le CPA est essentiellement assis sur une ressource d’un milliard d’euros (0,2 % par redéploiement d’une petite partie des financements de la formation professionnelle) pour une population cible d’environ 20 millions de personnes, soit 50 euros par an… Plutôt qu’une offre de service diversifiée et innovante, et qui  correspondrait à l’infinie diversité des situations où ils se trouvent, les actifs en mal de reconversion professionnelle sont renvoyés par la plate-forme aux prestations habituelles du service public de l’emploi sans autre choix alternatif.

Last but not least, cette gigantesque plate-forme, qui propose des questionnaires en ligne sur les traits de caractère de l’utilisateur (pour l’aider à s’orienter professionnellement) et qui pourra stocker les feuilles de paye, comporte des risques évidents de confidentialité. Le vol reconnu par Yahoo récemment de centaines de milliers de comptes personnels devrait pourtant nous faire réfléchir.

Pour tout dire, ce sujet est central dans la réforme du marché du travail, et la sécurisation des parcours professionnels mérite bien mieux qu’une plate-forme. Il est temps, en reprenant la belle idée des droits transférables et attachés à la personne censés portés par le CPA, de bâtir enfin un système accordant aux actifs des droits concrets en matière de reconversion. Des droits dûment financés, quel que soit le statut (salarié, chômeurs, indépendants…), ouvrant l’accès aux services de conseil, d’orientation professionnelle à la formation en passant par l’accompagnement à la création d’entreprise. Telle est l’ambition que nous portons avec la proposition de « capital emploi formation » que vient de publier l’institut Montaigne.

  • Tribune publiée dans L’Opinion du 12 janvier

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • De quoi se mêle l’Etat. Est-ce bien à l’état de créer ce genre de service ou d’outils ? Ils n’ont rien d’autre à faire ?

  • de la poudre aux yeux leur nouveau délire !!!!
    à part embrouiller les salariés et leurs employeurs… une veritable usine à gaz. y avait mieux à faire c est sûr. ..
    ils devraient plutôt se regarder dans la glace avec leurs heures sup à 10% c est se moquer des salariés et moi je suis employeur..
    je defends mes collaborateurs eux les enfoncent
    gauchistes de pacotille…

  • Je pense qu’il va falloir bientôt attribuer des journées spéciales de formation aux salariés et employeurs pour utiliser les délires administratifs.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La rupture conventionnelle est un dispositif de rupture du contrat de travail d’un commun accord entre l’employeur et le salarié. Contrairement à la démission, elle permet au salarié de bénéficier des allocations chômage.

Voici 5 raisons de conserver tel quel ce dispositif.

 

Sa remise en cause serait un acte de défiance envers le dialogue social

La rupture conventionnelle est issue de la négociation entre partenaires sociaux : sa création a été prévue par l’accord national interprofessionnel de 2008 (signé par l’e... Poursuivre la lecture

2
Sauvegarder cet article

Un article de Philbert Carbon.

 

L’Insee dresse un portrait des multinationales françaises dans une note récente. Par firme multinationale française, l’institut désigne un groupe de sociétés (hors services non marchands et filiales bancaires) dont le centre de décision est situé en France et qui contrôle au moins une filiale à l’étranger.

 

Les multinationales françaises réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à l’étranger

En 2021 (année sur laquelle porte la note), elles contrôlaient 51 00... Poursuivre la lecture

Un article de Bertrand Nouel

Qu’est-ce que la « trappe à bas salaires » ? C’est le fait d’encourager l’embauche de salariés peu productifs (peu compétents, peu expérimentés…) en abaissant, jusqu’à les supprimer, les cotisations et charges patronales qui seraient normalement prélevées sur le salaire brut. On a « en même temps » complété la rémunération des mêmes salariés avec la « prime d’activité », qui est à la charge de la CAF. Ces exonérations et ce complément n’existent que pour les bas salaires : au niveau du smic et en dégressivi... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles