L’Allemagne va-t-elle sortir de la zone euro ?

Des économistes allemands évoquent des pistes pour sortir de l’euro. L’Allemagne, grand créancier de l’Europe, se prépare à l’impensable.

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the allmighty euro By: Ryan McBride - CC BY 2.0

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L’Allemagne va-t-elle sortir de la zone euro ?

Publié le 15 janvier 2017
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Par Simone Wapler.

zone euro
Eurozone By: Ryan McBrideCC BY 2.0

Les dissensions autour de l’euro montent et elles vont s’exacerber. La récente sortie de Sigmar Gabriel dans le Spiegel n’est qu’un symptôme parmi d’autres.

Mais son avertissement doit être pris très au sérieux. Il n’est « plus impensable que l’euro éclate » a-t-il déclaré.

La zone euro en position fragile

Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand, président du parti social démocrate, va se présenter aux élections contre Angela Merkel. Ce n’est pas exactement un « populiste ».

Plus personne n’aime l’euro. Les pays du sud, les buveurs de vin, dont la France, le trouvent trop contraignant. Les pays du nord, les buveurs de bière, n’aiment pas du tout l’idée que Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, puisse en créer 60 milliards tous les mois pour complaire aux buveurs de vin. Que la monnaie soit ainsi avilie.

L’euro, comme toutes les devises actuelles, n’est que de la dette, du crédit. La dette s’entasse. Les débiteurs craignent de ne pas être payés et les créditeurs voudraient des lignes de crédit infinies.

« L’or est la monnaie des rois, l’argent est la monnaie des honnêtes hommes, le troc est la monnaie des paysans mais la dette est la monnaie des esclaves. » (Norm Franz)

Personne ne veut être esclave et tout le monde désire être libre. Libre de dépenser à sa guise, libre de gérer comme il l’entend. L’euro est désormais vécu comme une entrave. Des fonctionnaires planchent toujours sur un possible éclatement de l’euro. La cellule d’urgence ouverte lors de la crise de 2011 n’a jamais fermé.

Cette cellule n’a jamais fermé car les dysfonctionnements subsistent. Les banques de la Zone euro ne se font toujours pas confiance entre elles, le marché interbancaire n’a jamais vraiment fonctionné à nouveau normalement. Les soldes target enflent. Il s’agit d’un obscur système de compensation entre banques centrales nationales de la Zone euro.

La zone euro : une dette envers l’Allemagne

Hans Werner Sinn, professeur d’économie à l’université de Munich, dénonce depuis des années ces déséquilibres et récemment, dans « Le sauvetage secret de l’Europe », il indique que le reste de l’Europe doit à l’Allemagne et au Pays-Bas 819 milliards d’euros. Cette dette a augmenté de 180 milliards d’euros en 2016. Soit 15 milliards d’euros par mois.

Les propositions de sortie ordonnée de l’euro s’appuient essentiellement sur les travaux de Markus Kerber. Un autre Allemand, économiste, professeur à l’université de Berlin, que j’ai souvent cité dans mes livres.

Qu’on le veuille ou non, le sort de l’euro est lié aux échéances électorales françaises puis allemandes.

Les élections présidentielles en France, un déclencheur ?

The Wall Street Journal, le Financial Times surveillent de près la montée de Marine Le Pen dans les sondages, et les investisseurs institutionnels étrangers sont prêts à lâcher l’euro au premier signe de « populisme ». On ne leur refera pas le coup du « Brexit pas possible », du « Trump pas pensable » et du référendum italien.

Mais si le cap des élections françaises est franchi par l’euro, les décideurs sont en Allemagne. Et les Allemands se préparent à « l’impensable ». Que savent-ils que nous ne savons pas ?

Evidemment, votre patrimoine, votre argent feront les frais de la dislocation de l’euro. Tous les moyens légaux sont en place : la loi Sapin 2 pour les contrats d’assurance-vie, la directive européenne de résolution bancaire pour vos dépôts. Les esclaves paieront.

Il faut choisir votre camp : esclave ou non ? Même si votre pays choisit pour vous la monnaie des esclaves, que ce soit l’euro ou n’importe quelle autre monnaie nationale basée sur du crédit, vous pouvez, vous, en décider autrement à titre individuel. On a toujours le choix…

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.

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  • Sortir de l’euro serait une régression qui déboucherait sans doute sur plus de problèmes que de solutions. On peut sans doute proposer une autre voie. Selon l’économiste belge Bernard Lietaer, il existe aujourd’hui dans le monde plus de 4.000 monnaies parallèles ou coopératives, liées à une monnaie nationale, ou complètement indépendantes. Une des plus anciennes est le WIR suisse, une monnaie privée interentreprises. On estime qu’elle a joué un rôle déterminant dans la résilience et la stabilité remarquables de l’économie du pays. Lietaer est l’auteur de « Réinventons la monnaie » où il soutient, entre autres qu’ « un développement régional authentique nécessite une monnaie régionale ». Il a été gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, est un des plus grands experts internationaux sur la monnaie et enseigne aujourd’hui à Berkeley.

  • Un bon gros défaut est la seule solution. Il est impossible pour les pays de rembourser leur dette. Ceux qui y arrivent aujourd’hui un peu le font car ils ont réussi à prendre sur les autres en parts de marché. Ce sont des vases communicants, si la France reprenait sur l’Allemagne alors celle-ci aurait des difficultés. Il est impossible de reproduire le modèle allemand partout, il faut bien des gens qui importent plus qu’ils n’exportent pour que d’autres, comme l’Allemagne puisse exporter.

    • Si le défaut ne s’accompagne pas d’une reforme profonde voir même révolutionnaire de l’économie, cela ne sert à rien (cf la Grèce).
      La balance commerciale n’est pas très importante. C’est un sophisme. La seule balance qui importe est celle des paiements. Et dans ce cas tous les pays peuvent avoir un solde budgétaire positif.

      • On est d’accord que de grosses réformes doivent être accomplies derrière mais aujourd’hui il est dérisoire de vouloir rembourser absolument les dettes. On le voit avec la Grèce qui est revenu à un excédent primaire et qui pourtant ne s’en sort pas malgré des réformes drastiques. L’Italie est aussi en excédent primaire depuis des années mais ne fait que rembourser des intérêts.

        Ce que je disais est que pour les pays d’avoir une balance des paiements positives est qu’il faut une économie qui marche bien et c’est le cas quand un pays exporte plus qu’il n’importe comme l’Allemagne. Si demain personne n’achète ses produits alors son économie s’écroulera et elle ne remboursera pas sa dette. S’il y a des exportateurs c’est qu’il y a des importateurs ailleurs.

        • Des réformes drastiques en Grèce? c’est une blague? que l’état divise par deux son empreinte sur la société et on pourra commencer à discuter. Et puis ou avez vous vu que l’on rétabli la prospérité d’un pays si profondément ancré dans la gabegie en quelques années? Non, il faudra des dizaines d’années à la Grèce pour se rétablir. les dettes visibles ne sont que la partie émerge de l’iceberg, il faut apuré tous les malinvestiisements, reconstruire de presque zéro un économie saine basé sur des activités rentables et cela prend du temps beaucoup de temps à partir du moment ou l’on commence vraiment à le faire (et j’ai de gros doute concernant la Grèce qui continue à vivre de la dette). Comme le dit bien Cavaignac, toute dette se remboursé d’une manière ou d’une autre. Cette argent a été dépensé et pour une écrasante partie il a été dépensé en pure perte, pour des dépenses de confort donc il n’y aura aucun retour sur investissement c’est pour cela que cette dette est insoutenable, elle ne créé rien. C’est comme si vous rempruntiez simplement pour manger du caviar ou boire du champagne. Donc en fin de compte ce château de sable qui à été construit avec des richesses inexistante s’écroulera sous son propre poids plongera le monde dans une longue période de trouble. Tout cela à cause de criminels démagogues et d’individus irresponsables qui ont crus (ou plutôt qui ont voulu croire) à leur mensonges.

        • En fait il me semble que l’excédent primaire de la Grèce ne vient pas de sa libéralisation économique mais plutôt d’un surplus d’impôts prélevés (et de subventions européennes hein).
          Du coup, ce n’est pas le remboursement de dettes qui mets la Grèce à genoux mais son absence de réelle réforme pour libérer les énergies.
          En gros ils ont virer les fonctionnaires sans libérer le marché du travail dans le privé.

    • « Un bon gros défaut est la seule solution » : le bon gros défaut est une illusion.

      Si vous ne remboursez pas la dette d’une manière honnête, dans le respect du contrat, vous payerez autrement, par l’inflation, la pauvreté, le conflit, la mort, la régression économique et sociale généralisée. Demandez donc aux Grecs ce qu’ils en pensent, eux qui payent leur dette publique insensée au prix fort.

      Toute dette est toujours finalement payée, d’une manière ou d’une autre, sans aucune possibilité d’y échapper.

  • A mon avis, ils tenteront d’abord de régler le « Brexit ».

  • « L’euro, comme toutes les devises actuelles, n’est que de la dette » : toute monnaie est par principe une dette. L’or comme l’euro représentent l’un comme l’autre des dettes. La notion de monnaie-dette, comme s’il pouvait exister une monnaie-non-dette, est l’archétype du faux problème, la caricature du raisonnement économique vain tournant à vide sur des prémisses fausses. Norm Franz, qui que soit ce personnage, n’a pas compris la monnaie. Il l’utilise tous les jours mais il ne comprend pas son fonctionnement, exactement comme les conducteurs ne comprennent pas ce qui se passe sous le capot alors qu’ils utilisent quotidiennement leur automobile.

    « Les soldes target enflent. Il s’agit d’un obscur système » : rien d’obscur là-dedans. Il s’agit d’un système comptable qui n’est qu’un outil, d’ailleurs plutôt bien construit et transparent celui-là par rapport à ceux qu’il a remplacé. Un outil comptable n’est pas responsable de l’irresponsabilité des gouvernements. Les soldes inscrits dans Target ne font que rendre compte de cette irresponsabilité.

    « le marché interbancaire n’a jamais vraiment fonctionné à nouveau normalement » : ça, c’est malheureusement vrai, du moins en partie. Cela se comprend aisément. Lorsque, conformément à son rôle de prêteur en dernier ressort, la BCE empêche les faillites des banques qui devraient disparaître, la confiance entre banque ne peut plus exister, poussant l’ensemble du système à la faillite. Au terme de l’histoire, le marché est toujours plus fort que les interventions désordonnées des gouvernements ou des banquiers centraux qui, pourtant, poursuivent indifféremment et inlassablement leurs œuvres néfastes au lieu de renoncer pour respecter la réalité.

    Etonnant entêtement, non ?

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