Par Éric Verhaeghe.
Les parlementaires sont de pauvres gens, scandaleusement sous-payés et injustement incompris. Le petit défilé de lamentations auquel nous avons assisté sur le sujet cette semaine souligne, une fois de plus, l’ahurissante rupture entre les marquis indécents qui prétendent régenter la République et les Français ordinaires qui doivent se résigner à une indigestion de couleuvres.
Les provocations d’Henri Guaino
Henri Guaino, auto-proclamé gaulliste social, a osé déclarer devant des caméras de télévision qu’avec 5 100 euros par mois de rémunération comme député, il ne pouvait rien « mettre de côté ».
« Moi, j’ai commencé ma carrière d’élu à 50 ans passés. Donc à 50 ans passés, vous avez des charges, j’habite à Paris. On peut me dire : ‘Vous pouvez déménager’. Bien sûr, je vais dire à ma famille : ‘On s’en va’. Je ne suis pas élu dans la Creuse ou en Corrèze, [à Paris] les loyers sont beaucoup plus élevés. Le train de vie que j’ai, même en le réduisant, il pèse plus lourd. »
Ses électeurs qui vivent au même endroit avec beaucoup moins auront apprécié le geste et la phrase.
Les pleurnicheries de Gérard Collomb
Hier, c’était Gérard Collomb qui reprenait le crachoir pour pleurer sur son sort. Étranglé par le cumul des mandats, le maire de Lyon (qui s’investit beaucoup dans la campagne d’Emmanuel Macron) est peu assidu au Sénat. On ne peut pas tout faire dans la vie. Du coup, il est dans le viseur de nouvelles dispositions qui frappent les absentéistes au portefeuille : sa rémunération est tombée à 4 000 euros.
« Il est impossible de prévoir quels jours on doit être à Paris, car on ne sait pas d’une semaine sur l’autre quand se feront les votes solennels. Impossible dans ces conditions d’organiser un agenda » se justifie l’élu, pour qui la mesure de Gérard Larcher serait même contre-productive. « Dans ces conditions, on n’aura plus comme sénateurs que des mauvais, des apparatchiks de partis et des retraités. »
Pénaliser financièrement les élus absents ? Cette mesure, qui paraît de bon sens lorsqu’elle frappe les salariés ordinaires, est visiblement vécue comme une plaie par les élus de gauche qui la subissent.
Les syllogismes très peu républicains de Gérard Collomb
On s’amusera de relever, en creux, la pensée profonde de Gérard Collomb. Selon lui, mal payer les parlementaires obligera à avoir des mauvais, des apparatchiks de partis et des retraités. Ah bon ? parce que ce n’est pas le cas aujourd’hui ?
Il a raison, Collomb, de poser la question de la représentativité sociale des chambres parlementaires. On sait aujourd’hui qu’elles sont essentiellement composées de fonctionnaires. C’était d’ailleurs son cas, puisque, avant d’être élu, il était enseignant dans des lycées publics. Jusqu’à preuve du contraire, un enseignant n’est pas payé 5 000 euros. Pas même 4 000 euros. En devenant député, Collomb a probablement doublé son salaire. Est-ce pour cela qu’il était mauvais ?
Car, sans le dire, Collomb nous explique qu’un bon parlementaire, c’est un parlementaire qui doit avoir un métier aussi bien payé que celui de député ou de sénateur. Sa petite phrase illustre à merveille le glissement insidieux de la République vers un système censitaire qui ne dit pas son nom.
Seuls les plus riches doivent pouvoir être élus.
La variante de « l’enracinement » local
Parallèlement, on apprend que des députés républicains vont faire pression sur François Fillon pour que soit remise en cause la loi sur le non-cumul des mandats.
L’argument le plus généralement utilisé pour justifier cette situation anormale où un maire est aussi le député du coin repose sur l’idée que le cumul permet de mieux connaître les problèmes locaux, ce qui éviterait ainsi une « déconnexion » entre Paris et la province. Ah ! ah ! superbe syllogisme…
Rappelons d’abord qu’un élu à l’Assemblée Nationale est… l’élu de la Nation. Il ne représente donc pas sa circonscription, mais le peuple français tout entier. Le fait que cette idée soit complètement « passée de mode » et qu’officiellement aujourd’hui les parlementaires se considèrent comme de simples lobbyistes d’une circonscription, ou d’une région, ou d’une collectivité, en dit long sur le déclin de l’esprit républicain parmi nos élus, et sur la dégradation de la démocratie en France.
Selon la Constitution, seul le Sénat représente les collectivités locales, ce qui explique d’ailleurs que les sénateurs ne soient pas élus au suffrage universel direct.
Ce que les cumulards aiment expliquer sans l’assumer, c’est que la République est morte, et qu’elle se réduit désormais à un concert de parcours individuels où chaque élu fait feu de tout bois pour tirer la couverture à lui… en arrosant sa circonscription de bienfaits ou d’avantages extorqués à l’intérêt général.
C’est précisément cette dérive institutionnelle qu’il faut combattre en changeant de régime. Mais… merci aux parlementaires de tomber ainsi le masque sur la réaction nobiliaire qu’ils pratiquent au jour le jour.
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Mais on ne répond pas à la question essentielle quel doit être l’indemnité parlementaire et pourquoi?
C’est une question qu’on peut poser pour toute occupation non soumise aux lois du marché…
Il peut donc dire qu’il est mal payé…ou l’imaginer…
Un des seuls moyens d’avoir une info sur le sujet…si c’est suffisant est de regarder si ils rempilent , combien démissionnent? si il y a des candidats..
Si collomb peut savoir quel personne est un « BON », pourquoi faudrait il s’embêter à voter? Cette personne doit penser que la démocratie est que le peuple a raison pas que simplement que le p euple décide ( et peut se tromper, choisir des mauvais etc…)
Les parlementaires et tous les privilégiés de et par le statut public échappent à tout contrôle car ils sont TOUS des « travailleurs » au noir car ils reçoivent légalement ou non des sommes non soumises aux taxes sociales et fiscales. Est-cela la transparence ? Est-ce cela l’égalité ? Les parlementaires ne seraient pas satisfaits des lois qu’ils votent ! Que devraient dire les citoyens qui sont écartés de la protection à laquelle ils ont droit et cotisent !!
À quand un syndicat des parlementaires, affilié CGT, avec manifestations, grèves, revendications, sabotages, séquestration de président ou ministre, revendications?
Cette perte de toute décence alors que, même à l’étranger, on connait leurs privilèges fiscaux, leurs retraites multiples, leurs cumuls, leur déclarations « sur l’ « Honneur » leurs avantages de mobilité et autres fantaisies rentables?
Qui dit que « ce pays est foutu »? Bon courage au futur président pour son programme économique qui ne pourra toucher « les droits z’acquis »!
Merci pour cette mise au point.
Il est à noter que certains se plaignent de devoir être absents pour cause mandats multiples et sont, par ailleurs, pour le cumul des mandats…
Les parlementaires prétendent que le mandat de maire est indispensable à la connaissance des problèmes locaux . On peut leur suggérer de se contenter d’être conseiller municipal. Ils seront parfaitement tenus au courant des ordres du jour et pourront intervenir au conseil.
Je viens d’apprendre quelque chose : les députés ne représentent pas leurs localités (pourtant ils sont les seuls élus directement par les électeurs locaux de leurs circonscriptions !!), ce sont les sénateurs – pour qui aucun électeur « lambda » ne peut voter directement qui le sont.
Le monde à l’envers ?
Si l’AN doit effectivement être une assemblée de représentants de la nation, qu’attendons nous pour remplacer ce suffrage par circonscriptions totalement dévoyé pour un suffrage 100% proportionnel et national ?
Là ça serait cohérent.
Enfin pour finir un dernier point sur la rémunération des parlementaires. N’oublions pas que moins ils sont payés, plus ils seront susceptibles de céder aux sirènes de la corruption… Reste à trouver un équilibre.
Ils se plaignent ❓
Hop, affilions les au RSI. Du coup, celui-ci se redressera comme par miracle 🙂