La munition à 800 000 dollars du super Destroyer

En mi-novembre 2016, le Pentagone et l’US Navy ont tiré un trait sur la production et l’acquisition de projectiles Long Range Land Attack Projectile (LRLAP) chiffrées au bas mot à 800 000 dollars l’unité !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La munition à 800 000 dollars du super Destroyer

Publié le 25 novembre 2016
- A +

Par Charles Bwele.

La munition à 800 000 dollars du super Destroyer
By: Paul VanDerWerfCC BY 2.0

Conçus dans les années 1990 et mis en service dans les années 2010, les destroyers de classe Zumwalt relèvent d’une technologie de rupture garantissant aux États-Unis une avance militech en mer sur la Russie et la Chine.

Fort d’une silhouette sans aspérité « à la Star Wars », d’une signature radar équivalente à celle d’un bateau de pêche, de deux moteurs électriques à induction de 79 mégawatts (permettant de dépasser 30 nœuds soit 56 km/h), de systèmes de bord automatisés et intelligents (supervisés par des serveurs IBM sous Linux capables de résister aux chocs, vibrations et impulsions électromagnétiques) et d’un équipage de 130 marins, le Zumwalt est un imposant bâtiment de 186 mètres de long, de 25 mètres de large et d’une masse de 15 000 tonnes.

Il embarque un hélicoptère multi-missions SH-60 Seahawk et trois drones Firescout, et est équipé de 80 cellules de lancement vertical (missiles de croisière BGM-109 Tomahawk, missiles surface-air RIM-66, missiles antiaérien/anti-missiles RIM-161 SM-3 et RIM-162 Evolved SeaSparrow, missiles anti-navires Harpoon, missiles anti-sous-marins RUM-139 VL-ASROC). Il est également muni de tubes lance-torpilles, de deux canons 30 mm Mk-46 Gun Weapon System (GWS) à l’arrière, et de deux canons 155 mm Advanced Gun System (AGS) – cadencés à 10 tirs/mn à l’avant.

Un coût pharaonique

Destiné au soutien d’opérations de débarquement et à la destruction de cibles stratégiques, le Zumwalt est aussi un navire au coût pharaonique : 6 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros) l’unité. De fait, l’US Navy n’a commandé que trois bâtiments au lieu des 32 exemplaires initialement prévus.

En mi-novembre 2016, le Pentagone et l’US Navy ont tiré un trait sur la production et l’acquisition de projectiles Long Range Land Attack Projectile (LRLAP), munition de précision (à guidage inertiel et GPS) d’une portée de 140 km, spécialement forgée pour le canon AGS du Zumwalt (et vice-versa), et chiffrée au bas mot à 800 000 dollars l’unité ! Un bonheur ne venant jamais seul, le fabricant Lockheed Martin promet un prix nettement plus élevé…

bwele1

À titre de comparaison, un missile de croisière Tomahawk (à capacité nucléaire) vaut un million de dollars, et des obus de 155 mm tels que le M712 Copperhead et le M982 Excalibur valent environ 70 000 dollars l’unité. En outre, l’adaptation parfaite de ces obus aux configurations du canon AGS (manutention, stockage, logiciel de visée/tir, etc), spécifiquement conçu pour accueillir le LRLAP, nécessitera de juteux frais supplémentaires et plusieurs années d’essais et de validations.

La marine américaine est également intéressée par le Hyper Velocity Projectile (HVP), munition de 155 mm actuellement développée par BAE Systems sous contrat avec l’Office of Naval Research. Cette arme serait déclinée en trois versions compatibles avec les canons Mk-45 (installés sur bon nombre de croiseurs et destroyers US Navy), avec les canons de 155 mm tels que l’AGS, et avec les futurs canons électromagnétiques Railgun cadencés à 10 coups/mn et tirant des projectiles de 18 kg à une vitesse de 9000 km/h.

Selon mon collègue Thibault Lamidel – animateur du blog le Fauteuil de Colbert et rédacteur au webzine EchoRadar, « pour payer de tels navires, la marine renonce à l’autre condition de la supériorité, le nombre et la présence. Aujourd’hui, l’US Navy compte 320 à 340 bateaux, et il lui en faudrait au moins 400 pour être une marine globale présente partout dans le monde comme le souhaitait Reagan. […] Le Zumwalt reste un exercice technologique. » 

Dans le roman de guerre Ghost Fleet mêlant efficacement science-fiction militaire et prospective technologique, les stratégistes et analystes de défense Peter W.Singer et Arthur Cole critiquent vertement des systèmes d’armes tels que le super-destroyer Zumwalt, la frégate Littoral Combat Ship et le chasseur F-35 Joint Strike Fighter, jugés trop sophistiqués, trop chers, trop beaux et donc trop délicats pour le combat réel et pour le maintien en condition opérationnelle.

En savoir + :

Sur le web

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Bon, l’armement, aux USA, est un business et les ricains ne font pas dans la dentelle ; quant un conçoit un canon, un nouveau système d’armes, on veut toujours plus fort et plus gros !
    C’est tellement gros et fort que cela devient inefficace et parfois ridicule.
    Ainsi la tenue de combat du soldat américain, super équipé, super protégé, sur armé, qui en fait une grosse et lourde chose, lente à se déplacer et cible idéale.
    Et ces bâtiments à la technologie la plus avancée ; les USS se font tirer dessus à partir des côtes et parfois au mouillage. (houtis, Yemen)
    Je crois qu’on va me tirer dessus !

    • Le fantassin américain reste bien plus efficace que ses adversaires, jusqu’à preuve du contraire. On arrive facilement à des rapports de pertes de 40 pour 1.
      Et les Américains savent aussi abandonner une partie du barda si c’est nécessaire.

  • Même histoire que le F35 : trop beau joujoux technologiquex, trop couteux au détriment de l’éfficacité opérationnelle.

    • Les media américains critiquent tout sans savoir. Cela fut le cas pour le M1, le F16, l’Apache, le B2, etc… Et les français sont trop heureux de baver sur le F35, sélectionné par une dizaine de pays, contrairement au Rafale qui à l’époque ne l’était encore nulle part.

    • Monsieur a piloté l’avion pour pouvoir critiquer? Les pilotes eux ne tarissent pas d’éloge sur l’appareil. L’US air force est bien obligé pour contrer les nouveaux avions russes et chinois!

  • A 800000$ l’obus, la cible doit être en … or massif 🙂
    Cela coure les rue :mrgreen:
    En 10 minutes 80 millions $ cramés.

    • Un destroyer ennemi vaut plus que ça. Mais c’est vrai qu’on ne peut pas faire l’impasse sur le prix.

      • Dans un environnement multi-cible des tas de choses bons marché peuvent couler ce destroyer. Et comme son prix est équivalent au PIB d’un petit pays, chaque perte est insoutenable, même pour l’économie US.

        Par contre, les cibles de ce genre d’arme sont très peu nombreuses : quelques gros navires que possèdent 2-3 pays maximum et qui sont parfaitement atteignable avec d’autres moyens moins chers.

        En bref : en cas de conflit basse intensité, ce destroyer ne sert à rien
        En cas de conflit haute intensité, il n’y a aucune chance d’avoir un rapport de perte favorable économiquement.

        L’Amérique a justement gagné la dernière guerre mondiale avec du matériel moyen mais facile à produire et peu cher à remplacer. On sait ce que valaient les « wonderwaffen » de haute technologie dans ce conflit : rien.

    • Oui, pour un navire comme un porte-avion, cela vaut la peine. Un destroyer plus petit aussi, à condition de tirer de loin et qu’il ne fonce pas trop vite.
      A 150 km de distance, tir à plat, l’obus a ralenti et rien ne dit qu’un système de défense ne le détruira pas.
      Plus proche en plein jour vous êtes visible de loin sans radar. Et rien ne dit qu’il n’y a pas de progrès dans la détection radar.
      Si l’avantage est bien actuel, qu’en sera-t-il dans 5 ans, 10 ans ❓
      Seuls 2 pays sont susceptibles d’être la cible de ce genre d’artillerie, et ils n’ont qu’un seul porte-avion qui pourrait très bien être coulé par un missile classique.
      C’est peut-être une erreur de sortir trop vite ce genre de projet des cartons.

  • Joli jouet, on se croit parfaitement invisible des systèmes d’armes des autres navires de surface, et puis soudainement les gars d’en dessous (sous mariniers) vous foutent une branlée implacable en venant vous sniffer le derrière, tâter de votre signature sonore afin de la connaitre par cœur, et vous remettent à terre un rapport sur le trajet suivi par votre bateau au mètre près, le tout sans que personne à bord de ce barda n’ai pu repérer quoique ce soit. Mais bon, la seule menace sérieuse (c’est à dire non alliée) à travers le monde pour ce gros joujou n’existe qu’en 1 seul exemplaire à l’heure actuelle (les sous marins russes de classe Severodvinsk, les autres catégories de SNA russes étant de véritables mégaphones aquatiques provenant de l’héritage soviétique, aux caractéristiques sonores déjà bien identifiées), prévu en 12 machines à terme.
    L’expérience technique acquise pour fabriquer ce cuirassé inutile va par contre sans doute avoir des répercussions (l’article nous montre déjà le panel de projectiles de nouvelle génération mis au point pour les tourelles)

  • Il est actuellement remorqué pour panne majeure… Le remorqueur a t’il une basse signature radar?

  • Les américains ont totalement oublié comment ils avaient gagné la guerre mondiale.

    Du matériel parfois en dessous de la technologie de pointe ennemie, mais facile et peu couteux à produire qui rend chaque perte ennemie insoutenable économiquement parlant.(même dans un rapport défavorable des pertes).

    • Mais cela coûte des vies humaines qui pourraient être épargnées. De nos jours la population n’accepte plus les pertes humaines!

      • Si on parle conflit de haute intensité, le ratio des pertes Allemands / Américains a largement été en faveur de ces derniers.
        Vous ne pouvez pas saturer un front avec du matériel qui coûte une blinde à l’unité. De rares tigres entourés de meutes de loups n’ont aucune chance.

        Sinon, dans les conflits de basse intensité, il existe des matériels très peu coûteux, y compris en vie humaine, et bien mieux adaptés comme les drones.

        Ce destroyer n’est adapté ni à l’un, ni à l’autre.

        Pour le même prix, vous pouvez avoir 16 destroyers de classe Arleigh Burke parfaitement moderne qui transportent 1440 missiles Tomahawk, SM-2, BGM-109 et torpilles VLASROC, 256 Harpoon anti-navire, 32 canons de 127 mm etc etc.

        Autant dire que le « super destroyer » ne tiendrait pas 5mn face à cela et même en cas de débarquement il vaut bien mieux avoir les 16 Arleigh Burke derrière en couverture. Rien que le quart de ce nombre ferait un meilleurs boulot sans risquer de vous laisser totalement à découvert à la moindre panne ou au moindre impact.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Alors que les campagnes de désinformation russes au sujet de l'Ukraine se multiplient, le gouvernement Zelensky intensifie sa lutte contre la corruption.

C'est l'un des points de propagande principaux du Kremlin pour démoraliser l'Occident d'envoyer de l'aide en Ukraine : le pays serait corrompu jusqu'à la moelle, et cette aide ne servirait qu'à engraisser certains dirigeants hauts-placés.

Ne faisons pas d'angélisme : la corruption (legs de l'URSS à tous les pays de la région) est présente en Ukraine, comme dans tout l'ex-bloc s... Poursuivre la lecture

Il y a 120 ans, par une froide matinée d’hiver, les frères Wright font décoller l’avion sur lequel ils travaillent depuis des mois. C’est une machine très complexe à piloter. Ce jour-là, ils réussissent à effectuer quatre vols de seulement 30 à 260 mètres qui se terminent chaque fois assez brutalement. Mais la boîte de Pandore est ouverte.

On peut tirer au moins cinq leçons de cet épisode.

 

Il est difficile d’estimer la portée d’une invention sur le long terme

Le 17 décembre 1903, personne n’imagine ce que d... Poursuivre la lecture

Par Romain Delisle Un article de l'IREF

En 1934, le général de Gaulle, alors simple colonel, avait publié un livre visionnaire, intitulé Vers l’armée de métier, sur l’état de l’armée française, et sur la nécessité de constituer une force blindée autonome pour percer les lignes ennemies.

À l’époque, la hiérarchie militaire et les gouvernements successifs avaient préféré parier sur la ligne Maginot pour défendre la frontière nord-est, route de toutes les invasions. Le maréchal Pétain notamment, avait écrit une préface au livre du ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles