Retraites : Marisol Touraine nous raconte des histoires

Mme Touraine ne connaît pas la situation du système de retraite français et veut faire croire qu’il n’y a nullement besoin d’une réforme. Elle se trompe.

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Marisol Touraine - Crédit photo Photo Mathieu Delmestre - Parti Socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

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Retraites : Marisol Touraine nous raconte des histoires

Publié le 9 novembre 2016
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Retraites : Marisol Touraine nous raconte des histoires
Marisol Touraine – Crédit photo Photo Mathieu Delmestre – Parti Socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

Dans une interview accordée au journal Les Échos le 2 novembre dernier, Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé, a soutenu que « les retraites étaient à l’équilibre et qu’il n’y avait donc pas besoin d’allonger les durées de cotisation ». Cette affirmation démontre que Mme Touraine ne connaît pas la situation du système de retraite français et veut faire croire qu’il n’y a nullement besoin d’une réforme. Elle se trompe. Voilà pourquoi :

1. Pour la ministre, le régime général serait à l’équilibre. Elle semble ignorer que ce régime ne représente qu’environ 38 % du total des pensions, 116 Mds d’euros sur 240 Mds d’euros de dépenses retraites. Les complémentaires (Agirc et Arrco) sont largement déficitaires, les caisses seront vides en 2017 et 2024. La ministre oublie de mentionner aussi le Fonds de solidarité vieillesse, créé en 1994, et qui est aujourd’hui déficitaire de 4 Mds d’euros. De même, Le Fonds de réserve des retraites créé pour combler les déficits à l’horizon 2020, a déjà été siphonné de plusieurs milliards d’euros.

En même temps, les employés du privé ont vu reculer l’âge de départ à la retraite jusqu’à 62 ans, ont subi une hausse des cotisations en 2014, 2015 et 2016, le gel des pensions et une hausse de la fiscalité avec la mise en place de la Casa (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie).

2. Mme Marisol Touraine se moque de cette situation car elle fait partie du secteur public où les retraites sont très majoritairement prises en charge par l’État, donc par les contribuables. Dans son constat, elle oublie de préciser que les retraites du public et les régimes spéciaux ne sont pas provisionnés. Les fonctionnaires ne bénéficient pas de caisse comme les employés du privé. Leur cotisation est fictive, celle de l’État représente 74.28 %, et même 126 % pour les militaires. Quand un fonctionnaire paye 1 euro de cotisation pour sa retraite, l’État en paye 9 ! Dans le privé, ce rapport est de 1 pour le salarié à 1.6 pour l’employeur.

Pour ce qui est des régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF, etc…), le poids des retraites est estimé à plus de 90 Mds d’euros et le déficit à plus de 6 mds d’euros. Ce trou n’apparaît nulle part car il est prélevé directement sur le budget de l’État.

3. En réalité, nous n’avons fait que des réformettes paramétriques en France. L’IREF propose une vraie réforme des retraites en France. Bien entendu, il faut d’abord en finir avec les inégalités entre le public et le privé et supprimer les régimes spéciaux. Ensuite, il faudra graduellement mettre en place la capitalisation grâce à un Compte personnel Retraite pour tous les Français, qu’ils travaillent dans le public ou le privé.

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