“Sur la brièveté de la vie” de Sénèque

Une belle leçon de vie, qui se pose toujours à notre réflexion, près de 2000 ans après. Par l’un des grands philosophes romains antiques.

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“Sur la brièveté de la vie” de Sénèque

Publié le 17 octobre 2016
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Par Johan Rivalland.

51mtetzfqrlCet écrit de Sénèque est une lettre écrite à son ami Paulinus, dans laquelle il développe ses réflexions sur ce qui, aux yeux de beaucoup, est vécu comme une sorte d’injustice ou de déception : que la vie soit trop courte.

Loin s’en faut, proclame le grand philosophe. La vie est, au contraire, a priori plutôt généreuse. Seule l’attitude des individus peut conduire à ce que leur vie leur paraisse passer plus vite qu’en réalité.

Ainsi, si tant de personnes n’étaient pas si accaparées par la poursuite de mille futilités ou vagabondages, occupées à courir après des ambitions sociales un peu vaines ou une oisiveté souvent critiquable, ou encore une avarice insatiable, si l’on ne dépensait pas inutilement son temps au service d’autres sans que cela soit toujours bien nécessaire et dans une sorte de “servitude volontaire“, on tirerait bien plus avantage de ce que la vie nous offre, goûtant chaque instant comme s’il était le dernier. Au lieu que d’autres, au bord de la mort, pleins d’amertume, se laissent surprendre par elle, n’ayant pas pensé qu’elle viendrait les surprendre si tôt et n’ayant pas le sentiment d’avoir pu profiter pleinement de ce qu’ils s’étaient préparé pour plus tard.

Une philosophie de la sérénité

Face à ces multiples attitudes, tirant parti de son expérience et de ses observations (et non d’une quelconque doctrine parfaitement théorique), Sénèque en tire des leçons, toutes orientées vers le bénéfice de la vie et la sérénité devant l’acceptation de la mort.

Finalement, c’est dans la curiosité, la recherche de la connaissance et l’ouverture de son esprit que l’on trouve les vertus nécessaires au plein accomplissement de sa vie, et non dans l’avarice, l’ambition, le manque de moralité (l’empereur Caligula semble particulièrement visé, mais peut-être aussi Néron).

C’est la différence entre ceux qui vivent pleinement la vie et ceux qui ne font qu’occuper le temps, ne laissant place qu’à de trop rares instants de vie véritable. Ainsi, comme le note par exemple Sénèque :

“Combien ne sont-ils pas à se sentir accablés par leurs richesses ! Et tous ceux que l’éloquence et l’incitation quotidienne à démontrer leur talent amène à se ronger les sangs ! Tous ceux qui s’étiolent dans les voluptés continuelles ! Tous ceux qu’assiègent, sans leur laisser la moindre liberté, une multitude de protégés ! (…)”.

C’est « l’incapacité d’être avec soi-même » qui, en fin de compte, empêche les gens de se réaliser.

Beaucoup d’idées justes me semblent contenues dans cette pensée de Sénèque, ainsi qu’un tas d’autres dans cet ouvrage, que je ne présenterai pas ici, mais qui recèlent elles aussi une grande part de liberté.

Une philosophie qui a ses limites ?

Cependant, la double critique que je ferais porte premièrement (sans vouloir commettre d’anachronisme) sur le manque de choix que l’on peut éprouver dans la plupart des situations face aux événements de la vie. Notre situation personnelle et sociale est ce qu’elle est et se pose généralement en contrainte. On ne peut forcément faire autrement que se mettre au service des autres et poursuivre quelques ambitions nécessaires au déroulement de notre carrière : celle qui nous permet d’acquérir l’alimentation et les biens nécessaires à sa vie et celle de ses proches en premier lieu. Mais aussi, on ne peut vivre tous repliés sur nous-mêmes sans tenir compte du rôle que nous avons vis-à-vis des autres. Là s’arrête La Vertu d’égoïsme).

Deuxièmement, prôner la curiosité et les plaisirs intellectuels, c’est là ne pas voir que ces plaisirs ne sont pas partagés par tous. On peut ne pas se sentir attiré du tout par cet état d’esprit, ou tout simplement ne pas l’avoir. On peut même être très heureux sans eux. Là encore, nous pouvons nous-mêmes nous renvoyer à nos propres observations.

Il n’en reste pas moins que sur l’essentiel, une réflexion de chacun sur les contraintes inutiles que l’on se pose peut-être trop souvent, ou la recherche vaine de mille futilités artificielles, permettrait de jouir plus pleinement de la vie, en savourant chaque instant comme si, en effet, l’horizon temporel de celle-ci était très proche, ce que nous ignorons tout à fait.

Une pensée pleine de sagesse. À méditer pour rendre sa vie plus belle (encore).

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  • Du rôle que nous avons envers les autres….bof … certes, cependant mieux vaut être dans la case des dominants plutôt que celle des dominés , c’est mieux quand même. Je parle des vrais dominants , pas ceux qui se croient riches parce qu’ils gagnent 8000 euros avec quelques responsabilités , en fait ce ne sont que des larbins des puissants avec des plus grosses miettes .

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