3 pistes pour sauver le système de santé

Réformer le cursus des études, réformer les hôpitaux et leurs urgences, revoir la tarification.

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3 pistes pour sauver le système de santé

Publié le 8 octobre 2016
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Par Bernard Kron.

3 pistes pour sauver le système de santé
Fever By: LorenzoCC BY 2.0

Les maires des petites agglomérations veulent mettre fin à la liberté d’installation et instaurer un service civil de 3 ans pour les jeunes généralistes. Cela serait catastrophique et aggraverait la situation. Faire 10 ans d’études et 3 ans de service civil serait en effet contre-productif. 

Trois axes de réformes doivent être menés dans le même temps pour sauver le système de santé : réformer le cursus des études, réformer les hôpitaux et leurs urgences, revoir la tarification.

La réforme du cursus des études médicales

Madame le Ministre veut maintenant créer une licence santé et des métiers d’infirmières cliniciennes pour soulager les médecins. Serait-ce le retour des officiers de santé ?

Réformer le cursus des études médicales comme on l’a vu dans mon précédent article permettrait seul de remettre sur rail le système en densifiant l’Externat.

Un an de stage obligatoire à la campagne en 6éme année suivi de 2 ans d’internat ramènerait les études à huit années au lieu de dix. Cela mettrait sur le marché des milliers de jeunes généralistes.

Il faudra dégager des budgets afin de revaloriser l’exercice médical libéral dans les territoires sous-équipés. La réforme des hôpitaux et des organismes de l’État trop dépensiers et redondants devra donc être menée. La réorganisation de la médecine de ville est à ce prix !

La réforme des hôpitaux

En 1958 le plein temps hospitalier a permis de moderniser les hôpitaux mais la politique du tout hôpital est coûteuse.

« On déshabille Pierre pour habiller Jacques car l’hôpital c’est 100 000 médecins ,40% du budget santé pour 25% des soins assurés ! »

numerisation_20161008-5La nouvelle gouvernance complique une organisation déjà trop lourde. L’administration décide des dépenses, alors que peuvent faire le directoire et le conseil de surveillance face à cette situation ?

Les contrôles sont confiés aux agences régionales de santé ce qui devrait permettre d’éviter certains détournements financiers scandaleux par des directions peu scrupuleuses avec parfois la souscription de prêts toxiques.

Les agences régionales hospitalières bien que parfaitement informatisées, n’avaient rien fait dans ce domaine : simple tolérance ou complicité laxiste ?

La perte de 80 millions d’euros d’honoraires « évaporés » par bug informatique à l’AP-HP en est la démonstration la plus récente.

La réorganisation des urgences

L’hôpital est débordé par l’afflux aux urgences, plus de 18 millions de passages chaque année. Elles sont gérées par des urgentistes polyvalents. Ceux-ci sont moins affûtés que les chirurgiens pour la traumatologie et la pathologie abdominale.

Par dogmatisme, le retour du privé dans leur prise en charge tarde. L’allègement des contraintes administratives des établissements permettrait de recréer un réseau d’offres qui soulagerait l’hôpital. On ne compte plus le nombre de transferts vers le privé, faute d’équipes disponibles pendant ces gardes.

La convergence tarifaire

La convergence tarifaire hospitalière, à peine amorcée avec le privé, est remise en cause. Casser le thermomètre de la T2A (Tarification à l’activité) ne supprimera pas la maladie : l’hôpital dépense trop.

La loi du marché est faussée par les subventions. Le constat est édifiant en ce qui concerne les décisions à prendre : on continue d’aller dans la mauvaise direction. Les solutions mises en place écartent les acteurs du privé.

Les hôpitaux sont surdimensionnés. Il faudra en diminuer la taille tout en les dotant de toutes les technicités. Qui le fera ? Stopper la désertification est à ce prix.

Les organismes redondants de l’État

Les lois Savary (1982-1984) sur l’université, les ordonnances Juppé de 1996, les lois Kouchner de 2002 et la loi HSPT de 2011 ont créé de nouveaux organismes.

Ils se contredisent et entraînent une inflation de dépenses inutiles. Qui connaît leur rôle ? Pour le profane, les sigles tous plus mystérieux les uns que les autres se multiplient. Ils rendent notre vocabulaire incompréhensible.

Les acteurs de ces organismes sont animés par la même pensée négative sur la médecine libérale, ce qui explique sa mise en coupe réglée par de multiples contraintes.

La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) avait annoncé plus de 300 mesures de simplification et ce, sans aucun effet. En 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault lance la modernisation de l’action publique (MAP)  sans résultats.

Le Schéma Régional d’Organisation Sanitaire et Sociale (SROSS) a étendu des réseaux de plus en plus complexes.

L’absentéisme de si nombreux salariés dans les caisses d’assurance maladie, taux deux fois plus élevé que dans le privé, ainsi qu’un personnel en surnombre, aurait du inciter le législateur à simplifier toutes ces structures au lieu de les multiplier. Cet absentéisme atteint onze points dans la fonction publique hospitalière, et dépasse ces onze points dans la fonction publique territoriale.

« Le ministère des sigles ! »

Les 26 Agences Régionales de Santé et de Solidarité (ARSS) mises en place par la Loi santé HSPT de 2011 fonctionnent sous directorat d’État.

Les Observatoires Régionaux de la Santé (ORS), La Direction Générale de l’Organisation de Soins (DGOS), les Agences Régionales de l’Hospitalisation (ARH), DDASS, DRASS, CRAM, HASP et autres administrations y sont regroupés.

La Haute École de Santé Publique (HESP) a été créée à Paris après la dernière guerre en même temps que l’École Nationale d’Administration (ENA) pour réorganiser le pays en ruine. Elle participe, de par ses ramifications dans les ministères, à la mise sous tutelle de la médecine libérale.

Avec de telles compétences, comment peut-il subsister encore autant de cas de fraudes à notre époque du tout informatisé ? On estime à plus de 10 millions le nombre de fausses cartes vitales en circulation. Elles permettent  d’accéder aux soins ou à l’achat de médicaments sans droits réels.

Il faut ajouter à ces dépenses des dizaines de millions non réglés à nos hôpitaux par des « touristes médicaux ».

Alors oui seule une réforme en profondeur de tout le système de santé pourrait sauver notre médecine.

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  • Ce qui est certain c’est qu’avec une telle accumulation d’approximations, d’erreurs et de partialité, la santé n’est pas prête d’être sauvée en France, si tant est qu’elle en ait besoin…
    Comme tout est à peu près faux dans cet article je n’en dirai pas plus , juste un exemple : le soi-disant mépris des organismes de tutelle pour la médecine libérale, alors que précisément toutes les politiques de santé visent à faire du médecin généraliste le pivot du parcours de soins, et qu’il n’y a jamais eu autant d’incitation à cela, par exemple avec les maisons de santé pluriprofessionnelles…
    Assez avec cette « médecine libérale » : tout médecin est SALARIE de l’assurance maladie, qu’il le veuille ou non . La vraie médecine à deux vitesses n’est pas là, entre « public » et « privé libéral », elle est dans l’inégale qualité des soins, entre petites structures qui vivotent mais sont maintenues pour des motifs d’aménagement du territoire, et grosses structures à plateau technique et expertise de pointe.
    Mais je suis prêt à parier que l’auteur de cet article défend le maintien des petits hôpitaux où le risque de mourir en sortant du bloc opératoire est trois à cinq fois plus élevé que dans un gros centre…

    • Désolé rick vous êtes sectaire:
      Les Grands hôpitaux c’est 100 000 médecins 30 000 postes non pourvus par des titulaires, 40% des dépenses pour 25% des soins
      L’AP-HP par »bug informatique vient de perdre 80 millions d’honoraires!
      Dites moi pourquoi les jeunes médecins ne s’installent plus en MG,?
      Seulement 9% d’installation après la thèse
      Age Moy des médecins 56 ans et doublement de sdéparts à la retraite!

      • Effectivement j’ai sans doute été un peu sectaire. C’est que le sujet complexe peut très rapidement paraître partial quand tous les paramètres et failles multiples ne sont pas abordés. Vous abordez là un nouvel élément qui est celui des études de médecine et du déséquilibre entre généraliste et spécialisation. A ce sujet je vous renvoie à la lecture d’un ouvrage récent de Guy Valencien, « la médecine sans médecin ? », avec une vision prospective intéressante vers une haute technologie qui paradoxalement pourra rendre toute sa place à une prise en charge plus humaine des patients, le soignant étant libéré de son temps par la technique. Une piste pour rendre une plus grande place à la médecine générale.
        Quant à l’APHP…. C’est l’exemple parfait des effets pervers d’un trop grande mutualisation. La tare française du jacobinisme appliquée à la santé. Tant de choses à dire sur l’APHP. …Vous parlez d’honoraires mais pourquoi diable l’hôpital Pompidou est la plus grande clinique privée de France, ça c’est une belle aberration.

  • Suite:
    Je n’ai pas abordé un sujet trop polémique la féminisation de la profession 40% caron pourrait croire que je suis »sectaire » ni le problème des petits hôpitaux:
    Il est simple la formation chirurgicale hyper spécialisée ne permet plus de » faire de la chirurgie » dans de telles structures.
    Seules les cliniques privées de taille suffisantes peuvent le faire!

  • 2éme émission Lundi 17 octobre à 18h Sud Radio
    Moi Président » la crise de la chirurgie
    Posez vos questions en direct 360 800 800

  • Si on lit bien, on oblige les futurs et jeunes MG à un an de « stage » obligatoire en zone dite défavorisée. Encore des contraintes. L’auteur n’a pas compris que les étudiants sont libres et que cette proposition sera un échec, pire, elle rebutera les futurs médecins. Peut mieux faire…

    • Serge vous m’avez mal compris:un Externat plus formateur avec stages en libéral en fin de Cursus assorti d’un internat plus court quand la filière libérale est choisie=incitation forte

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