Discours de François Hollande : trop de blabla !

Incontestablement, François Hollande sait se servir des mots. Mais à force, cela pourrait bien devenir usant et se retourner contre lui.

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François Hollande by Parti socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

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Discours de François Hollande : trop de blabla !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 septembre 2016
- A +

Par Philippe Bilger.

François Hollande by Parti socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)
François Hollande by Parti socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

Mon premier mouvement en entendant François Hollande ce 8 septembre a été de me dire : quel beau discours (BFMTV, Les Echos) ! Puis le charme se dissipe.

François Hollande maîtrise un discours séduisant

Je me reproche d’être abusivement sensible à l’esthétique, à l’allure d’une parole et de l’écouter religieusement, moins parce qu’elle est convaincante qu’à cause de sa beauté intrinsèque, de son style, de son souffle.

L’enchantement continue à se dégrader.

Ce n’est pas seulement qu’on nous a vendu une allocution présidentielle paisiblement démocratique et consensuelle et qu’on a eu, au moins à partir de la seconde moitié du propos, devant un public déjà convaincu, une charge intelligente, perfide, occultant la médiocrité du bilan et tout imprégnée d’une guerre partisane qui culminera bientôt.

La séduction fait long feu.

Les mots de François Hollande. Il les a préparés, conçus, instrumentalisés en quelque sorte. Pour cette occasion. On nous avait tellement préparés. On ne pouvait pas ignorer que nous serions conviés à écouter ce que le pouvoir soi-disant pas encore en reconquête jugeait essentiel pour sa survie.

Discours de François Hollande : des mots, toujours des mots…

blablacar-rene-le-honzecLes mots, le président de la République en a d’abord trop proféré depuis 2012. Dans des discours, dans des commentaires, dans des saillies et des plaisanteries, dans des promesses et dans des sophismes. Dans des déplorations et des hommages. Avec une extrême agilité d’esprit et le sens de la manœuvre. Le président Hollande ne quittant jamais de l’oeil le candidat qu’il serait, qu’il sera.

Des mots, il en a trop offert aux journalistes, leur mâchant la besogne, en énonçant le fait et sa dissection, ses erreurs et son apologie, ses illusions et sa vérité, son bilan et son illustration, sa personnalité et son éloge. Beaucoup de livres sur lui en train de dialoguer, d’expliquer, de travestir, de se justifier, de répondre, de les inonder de mots au point de n’en avoir plus eu assez pour ses ministres. Et ce n’est pas fini. Le 12 octobre sera publié encore un ouvrage de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme : le président a rencontré les auteurs soixante et une fois (Sud Radio, Paris Match).

Les mots apparemment somptueux du 8 septembre ont été trop usés.

Surtout les mots, même magnifiques, les généralités nobles et pleines de conscience sur la démocratie et sa victoire inéluctable contre le terrorisme, la pompe morale et au fond si confortable sur l’état de droit, sa grandeur, sa fixité, sur l’honneur qu’il représente, intouchable, intangible, pour une République, pèsent peu, à vrai dire ne pèsent rien contre la violence de la vérité, contre la rudesse du réel.

Je ne conteste pas que le démantèlement de cette filière de jeunes femmes djihadistes est important ni que l’interpellation de presque trois cents personnes concernées de près ou de loin par le terrorisme ne doive pas être saluée (Le Figaro).

…qui sonnent faux

On ne peut pas soutenir que rien n’est accompli. Pourtant les mots du président ressemblent à ces messages infirmes qu’on adresse quand la mort et le deuil ont frappé. Ils ne servent à rien contre le déchirement irréversible du traumatisme. Il y a des avancées qui donnent l’impression du surplace.

Pour évoquer une progression, mais redoutable, après le drame d’Osny (Le Point), les carences et l’organisation criminelle qu’il a démontrées, pouvons-nous être rassurés sur les dispositifs mis en place contre la terrifiante effervescence susceptible de mettre à feu et à sang l’univers pénitentiaire ?

Et on tombe dans le ridicule, auquel on n’ose pas croire tant il sera traumatisant, quand on s’apprête à faire accomplir des exercices de simulation d’attentat à l’école primaire !

La démocratie vaincra Daech. Les démocraties gagnent toujours. Mais on ne touche pas à l’état de droit. L’islam est compatible avec la République et on n’a qu’à appliquer la loi contre la minorité qui transgresse la vision sulpicienne qu’a le président d’une communauté nationale tranquille face à un islam doux comme un agneau.

Paroles, paroles

Le président met du baume sur nos angoisses mais comme on sait que le premier est seulement du verbe et que les secondes sont trop réelles, loin de nous apaiser ces considérations à la fois convenables et désincarnées amplifient notre désarroi. On a légitimement peur et la menace singulière et collective n’est pas fantasmée. Mais ce qui nous bouleverse de surcroît est que face à une stratégie, réfléchie, insidieuse, masquée ici et sauvage là, exploitant notre art de vivre contre nous ou massacrant sans scrupule de manière indistincte, on ne sent pas véritablement l’État armé.

Il m’est indifférent qu’on rende hommage à l’état de droit et qu’on consacre à la France une superbe ode. Ce qui m’importe est plus simple et plus prosaïque : qu’on nous protège efficacement et avec vigueur. Et qu’on cesse d’opposer à la violence de la vérité, celle que le réel fait cruellement surgir, des délibérations sur « le sexe des anges » ou, pourquoi pas, des « arguties ».

D’autant plus que François Hollande sait parfois se servir des mots comme d’armes à usage purement interne : contre ses adversaires de la droite. Il ne fait le naïf et le généreux que pour la cause commune. Pour la sienne, il cogne.

Mon dernier mouvement est de me dire : quel discours pathétique !

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  • Vous avez du courage de l’écouter dejà.Moi, je ne peux plus. C’est physique…

  • Article aussi ennuyeux que le discours.
    Faut donner un peu de Sarko à l’auteur et ça pétera le feu.

  • Correction : pas trop de blabla, mais que du blabla.

    Si vous n’êtes pas un socialiste encarté, endurci, formaté depuis des années, il est impossible de l’écouter jusqu’au bout.

    Je confirme, c’est Hollande au pays des merveilles.

  • On assiste à une démonétisation du discours public qui sera bientôt une menace pour la démocratie.
    Les mots doivent représenter la réalité et non un mode idéalisé dans lequel le citoyen est invité à planer comme si il avait abusé de produits illicites.

  • le plus incroyable c’est le premier mouvement de philippe bilger: et dire « quel beau discours ».

    Il y a belle lurette que pour beaucoup de personnes ce type de discours irrite plus qu’il n’enthousiasme .
    C’est bien qu’il se ressaisisse, on avait cru un moment qu’il s’était laissé endormir ! !

  • Je viens de lire une Fable, mais celle-ci n’ait pas De La Fontaine.! De plus il arrive à embobiné quelque naïfs.! il ne sait que manier le verbe… Un Verbe éminemment creux car dénué d’expériences Socio-économiques concrètes.!! alors une question se pose pour la grande majorité de nos Élus: ont-ils seulement un domaine de compétence issu d’une expérience réelle..??? A vous de juger…
    Dont: démanteler notre Constitution au nom de l’Insécurité.! Car une Constitution est par nature un ensemble de règles qui permet au Peuple l’encadrement et le contrôle des acteurs politiques…
    Une Constitution doit être conçue par le Peuple et pour le Peuples… En aucun cas une Constitution ne devrait être modifiée sans l’aval du Peuple par des Politiques…. Si ces derniers gèrent et orientent eux-même les règles censées les encadrer, ils ne feront que détruire ces cadres pour avoir plus de pouvoir en détruisant la Souveraineté des Peuples…..
    Or, sous la présidence de l’individu Sarkozy à modifier l’article 68 relatif à la  » Haute Trahison  » qui peut s’appliquer à un Président en exercice a été purement et simplement supprimé par Mr Sarkozy sans même en être avertis; je pose la question, de quel Droit..??
    La Sécurité est l’affaire de tous.? Non.? Comment expliquer, dans un État de droit, que les règles juridiques empêchent de poursuivre des délinquants et que des victimes ne puissent pas obtenir réparation..??
    Le FBI est parvenu à influencer les Législation Européennes, tant nationales que communautaires et cela dans le domaines de l’interception des communications, du Contrôle du Net, de la création de nouvelles incriminations spécifiant le terrorisme, ainsi que sur les reforme des appareils policiers et judiciaires..!!
    Depuis l’implication du FBI dans les affaires de sécurité en Europe, l’insécurité a explosé.! Il semblerait bien qu’une Police mixte ou étrangère, voir à terme une police internationale multidirectionnelle, remplacera notre système nationale de protection du territoire et des population..?
    Elle se forme dans des centres Paramilitaires tel que celui du  » Mont-Shasta en Californie  » Et OUI..? Formation inspirés des Forces Spéciales sous Contrôle de  » MK Ultra  » existent à peut près partout dans le monde…???????  » Sale Temps  » pour les peuples.

  • Ah, il y a encore des téméraires à écouter ces polytocards ❓

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