Qui est réellement derrière la Fed ?

Concrètement, qui détient le pouvoir au sein de la Fed, la plus importante banque centrale du monde ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Qui est réellement derrière la Fed ?

Publié le 20 juillet 2016
- A +

Par Jim Rickards.

Qui est réellement derrière la Fed ?
By: Day DonaldsonCC BY 2.0

Les investisseurs et les analystes utilisent le terme “Fed” sans réfléchir vraiment à ce qu’est la Fed, et à ce qu’elle n’est pas. Il est important de comprendre la structure de la Fed pour comprendre sa politique.

La Réserve fédérale n’est pas seulement une banque centrale, mais un système comprenant douze réserves fédérales régionales supervisées par un conseil des gouverneurs basé à Washington (DC). Cet organisme central porte le nom de Conseil des gouverneurs du Système de la Réserve Fédérale (Board of Governors of the Federal Reserve System). Il est doté d’un président et d’un vice-président qui sont, actuellement, Janet Yellen et Stanley Fischer.

En outre, cinq autres gouverneurs siègent à ce conseil de sept personnes. En ce moment, deux sièges sont vacants (et aucune nomination n’est en cours en vue de leur attribution) ; l’ensemble du conseil n’est donc composé que de cinq personnes : Janet Yellen, Stanley Fischer, Lael Brainard, Daniel Tarullo, et Jerome Powell.

Si le Conseil des gouverneurs supervise le “système”, il ne s’occupe pas de banques spécifiques. Les activités bancaires sont du domaine des douze réserves fédérales régionales, situées dans de grandes villes comme Boston, New York, Philadelphie, Chicago et San Francisco. Les réserves fédérales sont la propriété des banques commerciales de chaque région. Par exemple, Citibank et JP Morgan sont actionnaires de la Réserve fédérale de New York car leurs sièges sociaux se situent dans le Deuxième District de la Fed, qui comprend New York.

Comme les réserves fédérales régionales ne sont pas cotées, elles élisent leur conseil d’administration et ce sont leurs membres qui votent. À son tour, ce conseil nomme le président de chaque banque. Cela donne parfois lieu à des accusations de conflit d’intérêt car les actionnaires, de fait, nomment leur propre régulateur.

Ce conflit a atteint un paroxysme à l’occasion de la nomination de William Dudley au poste de président de la Réserve fédérale de New York. Dudley est un ancien associé de Goldman Sachs. Or, la Fed de New York supervise directement Goldman. Stephen Friedman, un autre ex-associé de Goldman, était président du conseil d’administration de la Fed de New York au moment de la nomination de Dudley. Le conflit d’intérêt est évident… pourtant, on en a peu parlé, et personne n’a rien fait à cet égard. À la Fed, c’est la routine.

La mise en place de ces douze réserves fédérales régionales remonte à une époque où la conjoncture économique variait énormément d’une région à l’autre des États-Unis, et où les nouvelles circulaient lentement. En 1915, quelques années après la création de la Fed, chaque Réserve fédérale pouvait fixer son propre taux d’escompte, reflet du contexte régional, et mettre en œuvre un resserrement ou un assouplissement monétaire, en fonction de ses besoins.

Aujourd’hui, cela peut paraître bien désuet. Les nouvelles concernant l’activité économique circulent instantanément. Néanmoins, cette structure composée de douze réserves régionales persiste.

Si les décisions liées à la politique des taux d’intérêt sont prises à Washington, elles sont mises en œuvre par le guichet des opérations d’open-market de New York. Contrairement aux autres réserves fédérales régionales, la Fed de New York détient donc un pouvoir exceptionnel : celui d’exercer un effet sur les marchés monétaires.

Un conseil d’administration à Washington a le pouvoir, mais pas de banque. Onze réserves fédérales régionales dans tout le pays, non cotées, ont peu de pouvoir. Enfin, une réserve fédérale régionale, à New York, contrôlée par les plus grandes banques privées et détenant un pouvoir considérable sur le marché, exauce les voeux du Conseil.

Wall Street contrôle la Fed… Oui mais comment ?

La politique monétaire n’est pas fixée par le conseil d’administration ou par les réserves fédérales régionales. Elle est fixée par le FOMC (Federal Open Market Committee, ou comité de politique monétaire, en français), qui est composé de membres émanant du conseil de Washington et des réserves fédérales régionales.

Le FOMC dispose de douze membres permanents, habilités à voter. Les membres du Conseil des gouverneurs représentent sept votes. Les présidents des réserves fédérales régionales représentent les cinq autres votes. Comme il y a douze réserves fédérales régionales, quatre des cinq votes régionaux font l’objet d’une rotation d’un an entre régions. Le cinquième vote correspond au siège permanent qui est attribué à la Réserve fédérale de New York. Donc, le FOMC compte douze votants : sept gouverneurs du Conseil, quatre présidents de réserves fédérales régionales et le président de la Réserve fédérale de New York.

Cette organisation est clairement conçue afin de maintenir le pouvoir entre les mains de Washington et de New York. Si le Conseil et New York s’accordent sur une politique, ils représentent huit voix, par rapport aux quatre voix des autres régions. Washington ne peut jamais être vaincu lors d’un vote.

Les présidents des réserves fédérales régionales peuvent passer à la télé et dire ce qu’ils veulent – c’est d’ailleurs souvent ce qu’ils font. Leurs remarques font bouger les marchés dans un sens ou dans l’autre du jour au lendemain. Mais ce n’est que pour la galerie. A moins de pratiquer le day-trading, il vaut mieux ne pas tenir compte de ce qu’ils disent. Ils n’ont aucune influence sur la politique menée à moyen ou long terme.

Le pouvoir politique, à la Fed, est détenu par quatre personnes : Yellen, Fischer, Brainard et Dudley. Et c’est tout. Si ces Big 4 (Yellen, Fischer, Brainard, Dudley) s’accordent sur la politique à mener, ils obtiennent alors les votes nécessaires qui vont dans leur sens. Tout le reste, c’est de la diversion – voire du divertissement.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

 

 

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Simplicité, cynisme, un pouvoir vraiment hallucinant! 🙁

  • Ajoutons les nombreux commissaires européens qui sont passés lar Goldman Sachs avant ou après leur mandat, et on aura une idée de qui dirige une grande partie du monde….

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles