Europe de l’énergie : la « désespérance » du marché de l’électricité

Un rapport de France-Stratégie d’avril 2016 évoque la « reconstruction d’une Europe de l’énergie » dont le marché de l’électricité est « en désespérance », et même « en ruine ».

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Europe de l’énergie : la « désespérance » du marché de l’électricité

Publié le 12 juin 2016
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Par Michel Gay.

CO2 By: Zappys Technology SolutionsCC BY 2.0

Il est parfois bon de lire une brève synthèse, ou des extraits, de certains rapports officiels perdus dans les méandres d’internet et que personne, ou presque, ne connaît. Leur contenu permet parfois de mieux comprendre la situation actuelle et notre avenir.

Il en est ainsi du rapport « Climat : comment agir maintenant ? » (avril 2016) de France Stratégie qui est un organisme de réflexion et d’expertise placé auprès du Premier ministre.

Ce rapport évoque notamment la « reconstruction d’une Europe de l’énergie » dont le marché de l’électricité est « en désespérance », et même « en ruine ».

En voici quelques extraits choisis afin, éventuellement, de susciter suffisamment votre curiosité pour aller lire tout le texte (8 pages).


« L’énergie carbonée restera vraisemblablement abondante et accessible à un coût modéré ».

« L’Union européenne (…) devra très probablement incorporer dans son marché de quotas de carbone un prix plancher (qui pourrait ne concerner dans un premier temps que la production électrique) et envisager la création d’une taxe carbone européenne. Elle devra également revoir l’organisation d’un marché de l’électricité qui ne permet plus de lancer de nouveaux investissements sans soutien public ».

« La France doit désormais axer ses efforts sur la réduction des émissions (de carbone) du transport, du résidentiel / tertiaire et de l’agriculture. La baisse de prés de 19% de ses émissions depuis 1990 (…) provient pour l’essentiel du secteur industriel et de la production d’énergie : la production d’électricité est ainsi quasiment décarbonée ».

« Aujourd’hui la mise au point de techniques nouvelles (…) permettent non seulement d’aller chercher les gisements de pétrole et de gaz contenus en grande quantité dans la roche-mère, mais également de les produire à un prix modéré, compétitif avec celui des hydrocarbures conventionnels les plus coûteux. »

« D’ici 2020, les États-Unis et l’Australie pourraient, selon les prix, vendre autant de gaz que le premier exportateur actuel, le Qatar. »

« Les marchés du carbone et de l’électricité que l’Union européenne a créés (…) sont en ruine.(…) Le prix de l’électricité sur le marché de gros s’est effondré et compromet désormais la rentabilité de la plupart des installations de production d’électricité (à moins qu’elles ne soient subventionnées), tandis que le coût de l’électricité pour le consommateur (qui intègre le coût des subventions) augmente dans la plupart des pays. »

« L’Union européenne ne représente plus aujourd’hui que moins de 9% des émissions mondiales pour 7% de la population. (Chiffres 2013). »

« (…) l’une des priorités de la lutte contre le changement climatique devrait être, comme le souligne le dernier rapport du GIEC, d’aboutir à une production d’électricité décarbonée – pour ensuite substituer l’électricité aux hydrocarbures dans un certain nombre d’usages (transport notamment), (…) : ainsi, un véhicule électrique1 émet dans certains pays de l’UE-28 plus de gaz à effet de serre qu’un véhicule neuf à essence. »

« La baisse des émissions de GES2 de près de 19% de 1990 à 2014 (…) mérite cependant d’être relativisé car, lorsque l’on prend en compte l’empreinte carbone en comptant les émissions de GES liées à la demande finale intérieure3, celles-ci sont beaucoup plus stables sur la période : la baisse des émissions sur le territoire français est ainsi pour partie liée à la fabrication à l’étranger des produits que nous consommons. »

« Les bons résultats obtenus sont très largement imputables à la baisse des émissions enregistrées par le secteur industriel et la production d’énergie. Or, une fois arrêtées les dernières centrales à charbon, les émissions du mix électrique français représenteront moins de 4% des émissions totales françaises. À l’avenir, les efforts de réduction des émissions de GES devront donc se concentrer sur le résidentiel – tertiaire, le transport et l’agriculture, secteurs pour lesquels les réductions sont beaucoup plus difficiles et coûteuses à mettre en œuvre. »

« Cohérence des objectifs : la baisse de la consommation d’énergie n’est qu’un moyen au service de l’objectif premier que constitue la réduction des émissions de GES.(…) En France, remplacer – comme le prescrit la réglementation thermique 2012 – le traditionnel ballon d’eau chaude, qui fonctionne à partir d’un mix électrique décarboné et qui peut servir de stockage énergétique pour les ENR, par des dispositifs à partir de gaz moins consommateurs d’énergie conduit à plus d’émissions. »

« Cohérence économique : les enjeux technico-économiques du mix électrique doivent prendre en compte le souci de préserver notre compétitivité. Le développement des ENR au sein d’un mix électrique déjà décarboné et en situation de surcapacité a pour but non pas de réduire les émissions de GES mais de diminuer la part du nucléaire dans notre production d’électricité. Cet objectif est sans incidence sur le volume total des émissions. Pour autant, la minimisation du prix des énergies doit rester une priorité pour préserver notre compétitivité : une hausse de 10% des prix de l’électricité en France réduirait la valeur de nos exportations de 1,9%4. »

« L’introduction d’un prix plancher du carbone dans le secteur de la production électrique pourrait permettre :

  • de favoriser les énergies alternatives au charbon et de baisser les émissions,
  • de relever le prix du marché de gros,
  • de ne pas trop pénaliser les autres secteurs industriels. »

« La situation actuelle du marché de l’électricité ne permet pas d’assurer la rentabilité des installations de production, à moins qu’elles ne soient subventionnées : elle n’est pas durable. »

  1. Environ 120 g CO2/km pour un mix électrique émettant en moyenne 350 g CO2/kWh (en ajoutant les émissions provenant de la fabrication de la batterie).
  2. Gaz à effet de serre : il s’agit des émissions métropolitaines (hors UTCF) qui sont passées de 543 en 1990 à 440 MtCO2e en 2014.
  3. Ce qui revient à ajouter les émissions provenant de la fabrication et du transport des produits importés et à retirer celles des produits exportés.
  4. Bureau D, Fontagné I et Martin P (2013) « Energie et compétitivité », Les notes du conseil d’analyse économique, n°6, mai.
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  • ça ne donne pas envie de le lire , mais plutôt de vomir dés le premier extrait avec un ‘probablement’ totalement aberrant dans un rapport devant permettre une décision engageant notre avenir

  • méfiance , un allié n’est pas forcement un ami qui vous veut du bien !
    heu c’est quoi de vrais problèmes écologiques ?
    les miens se résument au choix du bon piège a rongeurs et du bon pesticide et d’essayer de répondre aux multiples normes que notre gouvernement invente pour me prendre du pognon..en ce moment je bute sur l’assainissement d’une fosse sceptique en région très rurale et a la faune exubérante, doit je remplacer quelque chose qui marche pour quelque chose qui ne marche pas mieux mais me coute les 2 bras et les 2 jambes ?

  • Que veut dire =  » une hausse de 10% des prix de l’électricité en France réduirait la valeur de nos exportations de 1,9%4.  » Est-ce du français ou du charabia ? Est une affirmation économique ou bien idéologique ?

  • Il me semble que la comparaison avec la voiture électrique n’est pas correcte : avec les deux chiffres indiqués de 120 gCO2 / km et 350 gCO2 / kWh, on arrive à une consommation spécifique de 34,3 kWh / 100 km, ce qui est excessif, car on en est déjà à moins de 20 kWh / 100 km, et donc les émissions sont de l’ordre de 70 gCO2 / km, ce qui est mieux que toutes les voitures à moteur thermique.
    Ce chiffre de 350 gCO2 / kWh est une moyenne basse pour l’Europe avec une électricité toujours à forte composante fossile (on parle effectivement ici ou là de 437 à 522 gCO2 / kWh pour le mix européen, ce qui donnerait 87 à 104 gCO2 / km, ce qui est toujours mieux que le moteur thermique…)
    Mais, en Suisse, par exemple, le mix électrique consommé a émis de l’ordre de seulement 120 à 140 gCO2 / kWh et donc une voiture électrique roulant en Suisse émet seulement quelque 24 à 28 gCO2 / km.

    • Hitler a décidé d’assécher la Manche pour envahir l’Angleterre. Il a fait aligner ses soldats le long des cotes et ordonne : « Ein, zwei, drei, trinken ! ». Mais le niveau ne baisse pas. Alors il prend ses jumelles et scrute les cotes anglaises. Il y voit les soldats anglais alignés et Chuchill qui scande : « one, two, three, pee-pee » …

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