Une interview par la rédaction de Contrepoints.
Une petite présentation ?
Bonjour, je m’appelle Antoine, j’ai 37 ans, je suis marié et père d’un enfant. Je suis originaire de Normandie et je vis à San Francisco, Californie depuis 12 ans.
Que faites-vous comme métier dans ce pays ? Pouvez-vous raconter brièvement votre parcours professionnel ?
Je travaille dans la finance depuis mon arrivée. Au début j’ai commencé à travailler dans la banque, dans la continuité de ce que je faisais en France. Je me suis ensuite spécialisé dans la finance en particulier. Après avoir été trader chez Goldman Sachs, je travaille maintenant pour un fonds d’investissement américain.
Pourquoi être parti ?
Je suis parti un peu par hasard. J’ai rencontré ma femme pendant un voyage que j’effectuais en Californie en 2003, en vacances. Nous avons passé du temps ensemble en France, et j’ai ensuite décidé de franchir le pas et d’essayer de vivre à l’étranger. Je me suis dit que je n’avais pas grand-chose à perdre et que si ça ne marchait pas, je pouvais toujours revenir en France.
J’avais l’impression de ne pas avoir un avenir professionnel très intéressant dans la banque en France. N’ayant pas bac+5, j’ai très vite compris que mes possibilités seraient limitées. Je me sentais un peu dans une impasse.
Et puis en parallèle, j’en avais marre de la mentalité en général, quand même très négative.
J’étais loin de m’imaginer en partant le changement radical que ce cela aurait sur ma vie en général et mon travail en particulier.
Pourquoi ce pays ?
J’ai toujours été attiré par les États-Unis en général et la Californie en particulier. J’aime le surf, les voitures américaines, bref la culture locale. Même quand j’étais petit, j’étais fasciné par tout ce qui touchait à l’Amérique. J’ai toujours trouvé ce pays magnifique et ma première visite en 2002 m’a plus que conforté dans mon opinion. J’ai tout de suite adoré.
Donc je suis parti en ayant moins de doutes sur ma capacité à m’adapter sur place.
Quels doutes avez-vous eus ? Comment les avez-vous gérés ?
Oui, bien sûr j’ai eu des doutes, et de gros même. Changer de pays, surtout pour un pays lointain (j’aurais eu moins de doutes si cela avait été pour m’expatrier en Suisse…) est quelque chose de difficile. J’ai dû quitter mon travail, mes affaires mais surtout ma famille et mon pays. Comme chaque bond dans l’inconnu, j’ai eu beaucoup de doutes et d’appréhension : quel travail pourrai-je faire, vais-je pouvoir m’intégrer, etc.
J’ai quand même pu gérer tous ces doutes en prenant ça comme une expérience à vivre avec une relation risque/récompense assez asymétrique dans la mesure où dans le pire des cas je pourrais revenir en France sans avoir perdu beaucoup au change et en ayant de nouvelles perspectives professionnelles et personnelles.
Parlez-nous de votre quotidien : comment s’organise une journée, en quoi est-ce différent de la France, de ce que vous connaissiez ?
Mes journées s’organisent un peu différemment de la France. Comme San Francisco est sur la côte ouest, je commence le travail en général vers 7 h du matin ce qui est relativement tôt. Par contre je finis vers 16 h, donc j’ai le temps de profiter de la ville ou de la plage.
J’ai moins de congés qu’en France (environ 4 semaines) mais je ressens moins le besoin de partir étant donné le cadre incroyable qu’offrent San Francisco et la Californie. J’habite dans une ville internationale avec énormément d’opportunités et en même temps je suis à 10 minutes à pied de la plage donc avec presque un sentiment d’évasion journalier. Sans compter le grand nombre de parcs, la montagne pas loin, etc.
Je dirais que dans mon quotidien j’ai beaucoup moins une impression de négativité, de morosité ambiante que par rapport à la France. Les gens semblent beaucoup plus apaisés et heureux.
Un bilan aujourd’hui : que vous a apporté l’expatriation ? Et à l’entourage familial ?
L’expatriation m’a apporté un avenir professionnel que je n’aurais jamais pu atteindre en restant en France que ce soit en termes de salaire ou de poste.
De plus, le fait de découvrir un autre pays, une autre culture a été extrêmement enrichissant et positif.
Il n’y pas de doutes que ce n’est pas toujours facile d’être loin de ma famille. Mais avec la distance, je profite de mes proches de manière différente. Je les vois moins souvent mais je passe plus de temps de qualité.
Est-ce que vous vous sentez encore Français ? Pourquoi ?
Oui je me sens absolument encore Français et je pense que je le resterai toujours. Mes racines sont en France et ça ne changera jamais.
Autre chose à dire ?
San Francisco reste une ville chère ou il est difficile de trouver un logement de 2 pièces à louer pour moins de 2500 dollars par mois. Le système de santé américain reste onéreux si vous n’êtes pas salarié d’une entreprise.
Par contre c’est tellement stimulant d’habiter dans une ville où la plupart de l’innovation se réalise, c’est une ville qui bouillonne d’énergie !
Pour terminer, même si je reconnais que ce n’est pas toujours facile ou à la portée de tout le monde, j’encourage vivement l’expatriation. Le risque en vaut vraiment la peine.
- Retrouvez le témoignages d’expatriés dans d’autres pays : ils sont sur tous les continents !
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C’est un beau témoignage. La morosité française est effectivement le pire fléau qui touche notre pays. L’Urssaf, le rsi et des prélèvements records transforment lentement notre pays en un Etat collectiviste, socialiste, peut etre meme communiste. Les jeunes ont perdu toute initiative et toute envie. Les petits gars de seine saint denis qui ont pu grâce à Uber trouver un job (Uber premier employeur de la region) vont se retrouver soumis aux cotisations Ursaff et requalifiés comme salariés. Quel désastre. C’est sur que l’Amérique ça fait rêver !
Communiste. Le programme de Georges Marchais étant désormais appliqué à 100%.
Accessoirement, Uber n’est pas un employeur, contrairement aux desiderata de l’URSS(AF)…à moins de requalifier également les centrales de taxis gérées par les proches de celui qui se croit être le plus grand des présidents de la cinquième république…
Pour s’expatrier il faut soit se marier avec une américaine soit avoir une lettre d’engagement d’une entreprise américaine soit avoir un million de $
Fuir la morosité, le déclinisme, la dictature du diplôme et le masochisme du french bashing pour, de Californie dire votre sentiment de rester profondément français. Comme je vous comprends
Bonjour, Est-ce qu’il serait possible d’avoir l’adresse email d’Antoine ? J’ai quelques questions sur San Francisco. Superbe article!
Idem pour moi 🙂
Merci a tous pour vos commentaires. Matt et Charles.w vous pouvez m’ecrire sur antoine.piron@gmail.com. Je serai content de repondre a vos questions.
Merci Antoine. Je pensais que la rédaction nous mettrais en contact, puisqu’il n’est généralement pas recommandé de laisser trainer son adresse email sous peine de spam (je pense que vous pouvez demander à cette dernière d’éditer votre commentaire), j’essaie de vous envoyer mes quelques questions d’ici demain 🙂
Pour des jeunes qui « en veulent » il est sûr que les États unis offrent des possibilités de réussite professionnelle qui ne se trouvent pas en France. Qui plus est, la qualité de vie y meilleure que celle que nous avons en France. C’est une triste réalité pour un Français qui aime son pays, que de constater année après année la décadence et le déclin de notre beau pays.
Et ce sont malheureusement les jeunes « qui en veulent » qui font la prospérité d’un pays 30 ans plus tard. A condition de ne pas les laisser fuir et des les garder motivés et de leur permettre de s’enrichir et de prospérer.A titre d’exemple, l’Afrique se meure des jeunes qui fuit. Les bons petits jeunes français s’en vont eux aussi. Quelle misère.
Et en terme de salaire ? Combien vous gagnez maintenant ?
C’est pas trop dur d’éviter tous les guerriers de la justice sociale et autres hipsters qui pullulent dans cette ville ?
Ca va pas trop dur dans l’ensemble. En tous cas beaucoup plus facile a eviter que les taxis grevistes, manifestants, pickpockets, greves metro/sncf, etc quand je suis en visite a Paris!
C’est pas sympa de pas me répondre. Je vis au US, et demander le salaire de quelqu’un n’a rien de tabou. Dans mon université, les salaire d’entry level après un bachelor sont généralement dans les 80 -100 milles l’année. Je ne suis pas communiste, faut pas avoir honte !
Le témoignage est celui de quelqu’un qui bosse dans la finance. On est clairement dans le haut du panier en terme de rémunération. Donc oui SF c’est beau mais on est dans l’entre-soi de la haute société américaine. Je suggère de revoir Winter’s Bone (https://fr.wikipedia.org/wiki/Winter's_Bone) pour contre-balancer cette vision idyllique de l’Amérique. 🙂
Vous préférez l’entre soi des banlieues pourries peut être ? Ou de la morosité bien francaise ? Et qu’y a t’il de mal d’aller la où son intérêt est maximal ? Oui on peut se faire bcp d’argent aux US, en particulier dans la finance, le big data, le consulting … surtout quand on a un bonne experience professionnelle ou un bon diplôme d’une université reconnue (et qu’on a le Visa). Oui aller au US dans ces conditions quand on vient de France, c’est vraiment « idyllique ». Et alors ? Parcequ’un parasite social bien francais n’a rien a gagner à aller aux USA, ou parcequ’un analphabète a tout à perdre a quitter la France et ses généreuse allocations, ce serait mal pour un individu de se rendre là où il serait plus HEUREUX ? Vous êtes bien le genre de pillards de Atlas Shrugged qui essaient de faire culpabiliser les riches pour les dépouiller légalement de leur bien en les traitant d’EGOISTE. Mais vous savez quoi ? La plupart des grands hommes le sont ! Et vous voulez que je vous apprennent qqch ? En vous comportant ainsi, c’est vous le plus gros égoiste : Vous reprochez à un homme de partir pour être heureux parceque VOUS ne pouvez pas quitter ce pays merdique qu’est la france et VOUS ne pouvez plus vivre de SON travail (via l’impôt) ! La seule difference est là : votre égoïsme est irrationnel, tandis que le notre est profondément respectueux et rationnel :
Jamais nous ne vivrons pour les autres, ni ne demanderont aux autres de vivre pour nous.
Bonsoir,
Le titre paraissait rêveur, mais à la première ligne le ton est donné: le monsieur il travaille dans la finance donc (et c’est un avis personnel) un parasite qui joue avec l’argent des autres, qui se paye au passage avec des commissions, des frais bancaires ou des frais de gestion. Un type qui vous garanti un placement sûr! Un passage par Goldman Sachs au hasard!. Il ne fait pas parti des 100 millions d’américains sans emploi, ni des 20% de famille dans lesquelles aucune personne travaille. Il est payé par la planche à billet, les investissements qui mettent le reste du monde au chômage. Quand ça s’arrêtera, son rêve s’effondrera.
L’Amérique fait rêver? ben allez-y! ça va pas tenir longtemps encore! 50% d’abeilles en moins en 2015! le lac Powel qui a un niveau d’eau très bas au point qu’en Californie ils peignent les pelouses avec de la peinture verte pour économiser l’eau! La Californie est le premier producteur mondial d’amendes! sans eau et sans abeille, ça va pas durer! Ah oui! Mosanto a une solution!
L’Amérique un rêve? Et les usines de Chicago qui délocalisent au Mexique car un mexicain coûte moins cher qu’un américain? Suffit de lire la presse US pour voir que la seule chose qui fonctionne c’est la finance car ils pillent les ressources du monde entier! Derrière c’est pas beau à voir! Avec quelques trillions de Dollards de dette et de déficit qui seront jamais remboursés c’est un peu facile de voir que le beau côté. Comme disait l’autre le Dollard c’est notre monnaie mais c’est votre problème! Et bien je te dis pas où tu peux te les mettre tes Dollards!
En revanche, la seule chose de vrai et sincère, c’est que la Californie est un lieu agréable à vivre en terme de climat. D’ailleurs beaucoup de SDF viennent se réfugier en Californie.
Je rejoins le commentaire de Pop