Le regard de René Le Honzec.
Je me suis découvert une vocation de critique théâtral en potassant pour mes dessins d’actu. Bon, il y a toujours toutes sortes de styles, dramatique (rare), comique (souvent), intellectuel (je suppose, vu que je ne comprends pas), érotique mais c’est surtout le guignol qui règne en maître dans le spectacle politique. Ce n’est pas pour rien qu’une émission branchée bobo-parisienne s’est ainsi intitulée “Les guignols”. Remarquable série qui a fini par se guignoliser elle-même mais qui a eu le mérite de mettre en lumière le ridicule de nos élites.
Et si la saison théâtrale a démarré en beauté avec du classique gaucho-bobo Nuit Debout, spectacle monté (je pèse mes mots…) sans relâche depuis les Braillards de Mai 68 (Dani en guest star) sous des titres divers, mais avec les mêmes rôles titres (lycéen redoublant indigné syndiqué, camarade prolétaire de la fonction publique syndiqué en grève, intellectuels et enseignants indignés et émus par cette révolte marxiste-sans-le-savoir, artistes intermittents mais toujours militants syndiqués, etc.). Seuls les acteurs changent, le texte étant mis au point depuis longtemps, déclamé avec talent par l’impétueux théâtreux cabotin Mélenchon ou la Mme Récamier du (de la) pauvre Clémentine Autain, ou surtout ânonné par une majorité de ringards trustant les plateaux médias.
Mais hier nous avons eu une grande séance de Guignol, avec la passionnante intrigue “La motion des Frondeurs”. Après un angoissant suspense, Guignol a gagné comme le veut la tradition car au dernier moment il manqua deux traîtres, pour le plus grand plaisir de Madelon-El Khomry et de Gnafron- Macron (bof, je n’ai pas trouvé mieux).
Le plus sérieux de cette guignolade, c’est le cadre des décors de la Cour des Comptes, qui vient, encore une fois, de soulever des indignations (voir plus haut la critique théâtrale au chapitre indignations) orientées : elle a constaté, entre autres, que les guichetiers n’ont pas grand-chose à guicheter vu l’évolution de la Poste. Et de proposer de réformer cette vieille dame avec divers remèdes qui chatouillent agréablement le libéral tapi dans sa tanière de Contrepoints.
Avec un côté guignol, aussi, on n’y échappe pas. Le facteur va faire passer le permis de conduire… Encore un peu, il sera autorisé à conduire des voitures pour transporter des gens ; ce qui me rappelle une actualité récente. Encore une fois, la peur des syndicats décourage les initiatives, la motion de censure sur la Poste n’est pas prête d’être déposée.
Le verbe affranchir prend deux f ; merci.