La responsabilité morale du philosophe

La responsabilité du philosophe ne se limite pas à l’honnêteté intellectuelle.

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Philosophers crédits Stijn Nieuwendijk (CC BY-NC-ND 2.0)

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La responsabilité morale du philosophe

Publié le 19 mars 2016
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Par Emmanuel Brunet-Bommert

Philosophers crédits Stijn Nieuwendijk (CC BY-NC-ND 2.0)
Philosophers crédits Stijn Nieuwendijk (CC BY-NC-ND 2.0)

Si les idées peuvent se comporter comme des maladies et notamment comme des virus, alors l’implication du philosophe dépasse les frontières des instituts. Chaque idée inexacte, chaque sophisme publié, chaque superstition déguisée se déploiera dans la population avec d’autant plus d’impact que le penseur est empreint d’une bonne réputation. Cette responsabilité ne se réduit pas à la contrainte d’honnêteté intellectuelle, mais constitue un rappel constant qu’une œuvre a sa propre vie et qu’un infime paragraphe peut parfaitement se trouver à l’origine, plusieurs siècles plus tard, d’un génocide.

L’Homme d’esprit doit se garder autant de la facilité que de la présomption, s’il se veut intègre : chaque mot doit être maîtrisé. Tout à l’inverse l’étudiant a pour devoir, dès lors que sa volonté est sincèrement d’accéder à la vérité et non à la puissance, de se garder de cette sorte d’idolâtrie dont profitent ceux que nous estimons comme de « grands » Hommes. Un intellectuel peut être talentueux, excellent même, mais jamais au point d’être considéré comme un personnage sacré.

Dépeindre la réalité

Si nous ne pouvons nier l’importance d’un Albert Einstein, d’un Nietzsche, d’une Ayn Rand ou d’un Wittgenstein, leur tâche se limite ultimement à dépeindre notre réalité et non à la produire. Il viendra donc un temps où même le meilleur d’entre nous finira par être dépassé, car l’activité intellectuelle est un métier qui ne diffère en rien d’un autre : le tailleur de pierre de notre époque est incommensurablement plus évolué que le précurseur de son domaine, aussi génial fut-il.

C’est aussi ce qui fera la qualité de l’essayiste ou du théoricien. Le premier dispose d’une certaine latitude dans sa tâche, puisqu’il peut exprimer toutes les options qui lui viennent en tête. En effet quand on ignore tout du monde un essai est aussi valable qu’un autre, jusqu’à preuve du contraire, puisqu’il part d’un postulat qui n’a pas encore été invalidé. Toutefois, on peut tout aussi bien en déduire que toute idée est fausse jusqu’à ce que les options inverses soient défaites. L’essayiste navigue sur cette ambiguïté, qui lui permet d’explorer toutes les réponses admissibles sans être contraint par les techniques de son époque.

Tout à l’inverse, le théoricien repose sur l’observation. Il ne rédige pas ses travaux avec une idée préalable, mais laisse ses prospections le guider sur un chemin dont il ignore la finalité. Son mouvement est balisé et orienté par la réalité de la démonstration. La méthode scientifique, et notamment la très bonne réputation dont elle profite, nous conduisent à considérer le théoricien comme étant moralement supérieur à l’essayiste, pourtant les deux penseurs sont pareillement humains. Dès lors qu’un concept obtient une certaine célébrité, il s’orne d’une aura de supériorité qui le place au-dessus du commun, son concepteur devient en conséquence une sommité.

L’humilité du penseur

Par exemple, la physique a connu durant des siècles des conflits entre théoriciens et essayistes, ces premiers étant représentés par des sommités comme Aristote ou Pythagore, dont les conceptions reposaient sur des réalités, compte tenu des limitations techniques de l’époque. Alors que de l’autre côté, la théorie atomique ne représentait rien de plus qu’un essai : qui pourrait prouver, en utilisant pour se faire les seules connaissances et moyens de l’antiquité, l’existence de l’atome ? Tout à l’inverse, qui pourrait nier avec cette même limitation, la théorie d’Aristote sur la matière ? La réputation fait la différence, puisqu’elle enterre un essayiste et peut transformer le plomb en or. C’est pourquoi l’humilité est la qualité qui doit façonner le penseur.

La responsabilité émerge aussi vis-à-vis du mystificateur, puisque son existence même implique que l’intelligence peut être une source intarissable d’ignorance. Plus encore, il prouve que la connaissance ne réduit certainement pas la soif de pouvoir, contrairement à ce que certains s’imaginaient jusque-là très naïvement. L’instruction ne réduit pas l’oppression, à moins d’être optimale pour toute l’humanité, chose qui restera à jamais en dehors de notre portée. Le philosophe ou le mystificateur naissent la plupart du temps spontanément, c’est pourquoi les premiers ne lutteront pas naturellement contre les seconds, même avec une supériorité manifeste.

Par définition, l’action de « penser » implique de l’ouverture d’esprit. Le défi plait à l’intellectuel, c’est même cette part de sa personnalité qui peut en faire un artiste. Toutefois, cette prise de conscience fait grandir la soif de puissance, et rend le philosophe plus sensible à son étreinte que ses semblables. Après tout, la volonté de comprendre le monde est une forme de convoitise, qui commence par un triomphe sur notre bêtise, avant d’évoluer vers un contrôle sur la nature dans un second temps. Il est ensuite bien aisé de franchir une étape supplémentaire, en souhaitant dompter l’incompétence des autres Hommes, par l’enseignement. Puis, finalement, d’en venir à souhaiter vaincre l’humanité par la force.

Cette indulgence quant à l’opinion conduit à un certain laxisme devant le mystificateur. Si l’essai est bien évidement une forme raffinée d’opinion, le mystificateur ne réclame pas que son expression mais sa suprématie, ce qui devrait faire réagir n’importe quel intellectuel normalement constitué. Une opinion n’est pas une vérité et un essai, comme son nom l’indique, n’est qu’une simple expérience de pensée. Or, répandre une simple hypothèse comme une vérité supérieure et sacrée n’est plus une « opinion », mais une infamie. Qui peut prédire à quelles ignominies tout ceci conduira ?

C’est pourquoi on n’attend pas du philosophe qu’il gagne sur le terrain du pouvoir, ou qu’un journaliste soit « engagé », pour faire correctement son travail. Dans ce dernier cas, l’engagement est même contraire à l’intégrité intellectuelle puisqu’il oppose une prise de parti à l’impartialité. Le penseur qui entend combattre le mysticisme ne peut vaincre que d’une seule manière : en invalidant par la démonstration l’idéal de son adversaire. Dès lors qu’il est rendu caduc, si le mystique veut l’imposer par la force de ses disciples, il enfreint le droit qui rend la vie en société possible et devient de facto un criminel de droit commun. En conséquence, l’usage de la force est admissible, comme pour n’importe quel autre crime.

Ce n’est pas à l’intellectuel de partir combattre l’arme à la main, mais à la justice d’éliminer les menaces à la confiance mutuelle. Dans le cas contraire, le penseur serait obligé de devenir un mystificateur à son tour et sa « vérité », aussi exacte soit elle, finirait inévitablement par se transformer en un nouvel idéal guerroyant pour la suprématie. Pendant un rapport de force, les opposants sont souvent amenés à se débarrasser de ce qui alourdit leur propos et, bien souvent, l’exactitude en souffre au point que ce qui était correct hier devient le sophisme de demain. La guerre corrompt rapidement l’esprit.

Les étudiants du philosophe

Les autres prescriptions du philosophe sont dédiées à ses étudiants, dès lors qu’il en a, ainsi qu’à ceux qui appliqueront les méthodes de sa conception. La promptitude du savant à enseigner lui fait oublier que tout le monde n’est pas forcement capable de comprendre ses leçons. Un disciple à l’entendement erroné finira par devenir un sophiste s’il n’est pas instruit avec précision, une aptitude que peu d’enseignants ont la patience d’appliquer à tous les élèves. La responsabilité en philosophie n’est pas accessoire, puisque nulle compréhension n’est optimale en tout temps et qu’elle peut être pervertie en quelques générations d’un enseignement vicié.

Un étudiant doit pouvoir discuter sans crainte de la validité du théorème le plus évident, car s’il est aussi bon qu’on l’estime, il passera cette épreuve sans peine. Une vérité objective ne change pas selon la personne qui observe, toutefois l’observation peut être inexacte et un tel système d’enseignement implique une certaine modestie, puisque même un principe universellement admis devra toujours être justifié.

Par la critique et la mise à l’épreuve même des meilleurs penseurs de l’Histoire, on acquiert de l’assurance et de la méthode. C’est en remettant en cause un principe, en mesurant la qualité de sa démonstration, qu’on peut l’apprendre et même éventuellement l’améliorer. Il ne faut jamais empêcher la discussion de chaque paragraphe ou se laisser freiner par le ridicule argument d’autorité qui ferait croire à l’élève qu’il n’aurait pas droit de demander une preuve, sous prétexte qu’il n’en a pas encore atteint le niveau d’un maître. Seul un mystique repose sur ce genre d’autorité en matière d’enseignement, puisque personne n’acquiert jamais de sens critique par la répétition stupide et l’obéissance aveugle.

Ce n’est pas le radotage absurde ou l’exercice déconnecté du réel qui font l’intellectuel mais la critique, la démonstration, l’expérience de pensée et la remise en cause de l’idée établie, quitte à ce que l’instruction ne s’insère plus dans un horaire administrativement dosé. Ce serait toutefois faire preuve d’une certaine mauvaise foi que de faire reposer l’intégralité d’une faute sur la bureaucratie seule : tous les enseignants portent leur part de responsabilité dans la situation, en cas d’échec. En particulier les professeurs de mathématiques, qui s’accordent bien avec cette habitude d’instruction consistant à débiter des informations sans la moindre justification, enfouissant au passage leur domaine dans un terreau de superstition.

Après tout, notre école développée comme une batterie d’élevage industriel facilite énormément le travail de l’instructeur : il n’est maintenant plus autant nécessaire de penser, de s’adapter et d’innover, juste d’appliquer la procédure. Comme l’élève, faute de réussir, semble ne pas échouer sous ce système, aucun intellectuel ne s’est jamais opposé son immoralité. Ils oublièrent du même coup que même si l’ancienne méthode ne garantissait nulle perfection dans la formation au sens critique, celle-ci assure quant à elle que l’étudiant ne sortira plus jamais d’une institution en étant pleinement formé.

Un maître philosophe, comme un artiste, est terrifié par la mort et l’oubli, il sera donc fort aisé pour lui d’accepter une contamination dans un moment de faiblesse, pour satisfaire à sa volonté d’éternité. C’est sa route vers la soif du pouvoir. Les intellectuels aiment oublier que les « lois de la nature » sont supérieures à nos émotions et que même les empereurs n’y échappent pas : l’oubli est notre destin à tous, quoi qu’on décide de faire.

S’il y a bien deux enseignements qui s’avèrent d’une complexité inhabituelle, ce sont la philosophie et les mathématiques : aucune matière n’est plus difficile à inculquer, du fait qu’il est impossible d’instruire au sens critique avec une convenable assurance de succès. La maîtrise, en matière intellectuelle, ne peut être obtenue que par un effort personnel et intime. C’est là un grand malheur humain : l’outil le plus important que nous ayons à notre avantage, l’esprit, ne peut être contrôlé correctement que par une petite poignée d’élus à la volonté inflexible. La majorité des gens se trouvent condamnés à n’en utiliser qu’une petite part durant leur vie.

Il est tout à fait possible d’instruire efficacement aux lois de la nature, aux règles de la logique, au bon usage des méthodes ainsi qu’aux principaux théorèmes des anciens, mais sans certitude que l’étudiant en comprendra la signification véritable ni qu’il saura s’en servir. Malgré cela, si un succès systématique n’est jamais sûr, au moins pouvons-nous réduire le taux d’échec de ceux qui sont les plus prompts à la compréhension. Grâce à ces quelques-là, il nous est possible de mettre en place une sauvegarde pour les masses qui ne pourront surpasser un certain seuil, puisqu’ils font de bons journalistes.

L’instruction souffre d’un problème autant sur son objet que sur ses méthodes. La pédagogie mathématique en est encore une fois exemplaire : on espère permettre à une génération d’élèves d’atteindre un convenable entendement, en leur demandant d’apprendre aveuglément les théories des anciens, alors que la démarche n’a jamais fonctionné ainsi. Elle s’est toujours développée sur la démonstration, ce n’est que lorsque toute critique s’est avérée vaine dans ses tentatives qu’un fait émerge enfin pour nous éclairer dans les ténèbres. Une méthode que les chimistes et les physiciens appliquèrent à leur tour rapidement.

S’il s’avère indispensable de professer un axiome comme une réalité immuable, cela ne décharge pourtant pas l’enseignant d’en prouver la qualité avant de demander sa complète mémorisation à l’étudiant. Un cerveau humain ayant toujours tendance à rechercher de la cohérence par n’importe quel moyen, il s’agit là de la seule voie réellement fiable pour professer un principe qui épargne la naissance de sophismes. Chaque méthode conçue par le philosophe devra répondre à la moindre critique, car dans le cas contraire, elle ne diffère pas du dogme et n’a pas grand intérêt pour établir une quelconque vérité. Finalement, chaque nouvelle découverte quant à notre monde offre un univers d’opportunités. Si nous avons le jugement nécessaire pour cela, alors nous l’avons aussi pour vivre, sans devoir craindre chaque événement inexplicable, et ainsi pouvoir nous faire les artisans de notre propre destinée.

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  • Personnellement,j’aimerai bien savoir pourquoi j’arrive à lire K.Popper, M. Onfray, Camus Nieztche Voltaire Rousseau,même si je n’approuve pas les conclusions, et éprouve tant d’incapacité à rentrer dans le sujet, en gros le « mais de quoi est ce qu’il parle, en quoi cela peut il enrichir ma connaissance »,quand il s’agit de Hegel, Heideger ou universitaires français du genre Foucault ,Derrida. J’ai le sentiment qu’il y a deux philosophies, c’est sur je n’ai pas la formation et l’entraînement du philosophe .

  • Nous sommes au 21 siècle en présence de philosophes de circonstances plutôt que de systèmes. Quelques uns sont placés volontairement ou involontairement sur un piédestal. Leurs analyses de la philosophie depuis l’antiquité me semblent très pertinentes bien entendu.
    Nous avons appris dans notre enfance que philo-sophia à pour origine sophos sagesse et philos chérir.
    Nous savons que le besoin de hiérarchie est une composante de l’homme.
    Mais connaissant ces considérants le véritable philosophe ne doit-il pas accorder ce qu’il professe à ce qu’il devrait être ?
    Je pense par exemple à A Comte Sponville dont les écrits synthétiques et vulgarisateurs sont intéressants, dont les conférences sont appréciées mais dont le comportement, après l’avoir côtoyé, est froid.
    Les questions posées ne peuvent franchir certaines limites.
    Il ne souffre pas la contradiction (du fait de son statut médiatique ?).
    Il répond parfois par un procès d’intention. Est-ce là un comportement de philosophe.
    Nous sommes finalement étonnés.
    L’homme ne reflète pas ses écrits, dommage.
    Ceci dit ne soyons pas naïfs, de nombreux cas similaires ont traversé l’histoire.

  • « les professeurs de mathématiques, qui s’accordent bien avec cette habitude d’instruction consistant à débiter des informations sans la moindre justification … »

    ?!?

    Jusqu’au BAC, l’enseignement des mathématiques s’apparente plus à une initiation et l’apprentissage de règles de calcul qu’à de la science. Mais ce n’est pas la faute des professeurs ni même de système éducatif : quand on commence à vouloir entreprendre les choses de manière sérieuse au niveau licence, il faut remplir des milliers de pages de signes cabalistiques pour parvenir à un niveau applicable à l’étude de la physique.

    « S’il s’avère indispensable de professer un axiome comme une réalité immuable, cela ne décharge pourtant pas l’enseignant d’en prouver la qualité avant de demander sa complète mémorisation à l’étudiant. »

    Un axiome mathématique est censé être quelque-chose d’évident (et donc intrinsèquement simple) : il n’est pas nécessaire de prouver sa qualité ni difficile de le mémoriser. (Ce sont les définitions qui sont difficiles à mémoriser à cause de leur nécessaire précision). Il est cependant vrai que l’axiome a ses limites. Mais la encore, il faudrait une maitrise de la philosophie qu’ont rarement les étudiants en mathématiques pour comprendre que l’évidence n’es pas la vérité.

    Vous en demandez beaucoup aux élèves si vous voulez leur enseigner la géométrie non-euclidienne en 6é … Au final, le nombre d’individus parvenant à maitriser la science et la philosophie est forcément très réduit. Et ceux-la se rendant compte à quel point ils connaissent en fait peu de choses auront l’humilité de ne pas prétendre enseigner la vérité aux autres …

  • Vous venez juste d’essayer de persuader vos lecteurs qu’apprendre à penser par soi-même et aux autres mène à la perversion, aie , j’ai mal pour vous…qu’est-ce ça fait d’être aux ordres d’un gouvernement pré-totalitaire ? (face à la crise à venir) je sais qu’il faut bien vivre,mais…

    • Vous soulevez un point éminemment important. (je ne sais si l’auteur est dans le mode du constat ou bien celui de la perversion) mais vous soulignez le fait qu’il faut apprendre à penser par soi-même. Bernanos dans » la France et les robots » évoque le devenir sociétal. Que constatons nous, hélas, aujourd’hui avec les grandes entreprises qui investissent des fortunes dans l’intelligence artificielle pour réduire l’être humain en un facteur consumériste……. Partant de ce constat, il est de la responsabilité de chacun de s’exprimer en pensée, parole et action afin que l’homme n’épuise plus son entourage et son environnement et qu’il trouve sa place d’être qui échange. Les débats philosophiques quelque soit le niveau sont le point de départ, à chacun, suivant sa formation, de palier les lacunes de plus en plus évidentes du « système » et d’apporter de la sagesse, de la culture dans de petits ateliers d’échanges pourquoi pas… Il reste une lueur d’espoir. Cordialement.

  • « Si nous ne pouvons nier l’importance d’un Albert Einstein, d’un Nietzsche, d’une Ayn Rand ou d’un Wittgenstein ».
    Parlez-nous donc un peu d’Aristote…

  • Vous dites « … on n’attend pas [qu]’un journaliste soit « engagé », pour faire correctement son travail. Dans ce dernier cas, l’engagement est même contraire à l’intégrité intellectuelle puisqu’il oppose une prise de parti à l’impartialité.  »

    En tant que journaliste qui a bien réfléchi au sujet et qui observe ses confrères (et elle-même) au quotidien je trouve que c’est exactement le contraire de ce que vous dites. Nous avons tous une histoire, nous avons tous des idées, des préjugés, des opinions et aucun être humain ne peut prétendre y échapper. Or comme notre métier consiste d’abord par sélectionner les sujets que l’on aborde : comment croire une seconde que dans ce premier processus (et sans parler des suivants : façon de présenter, etc.) un seul être humain sur Terre soit capable de faire totalement fi de ses opinions ?

    D’autant plus qu’il est prouvé que l’être humain a tendance à prêter plus d’importance à ce qui confirme son opinion qu’à ce qui l’infirme. Observez par exemple le traitement médiatique depuis des dizaines d’années des « cités » par des journalistes CSP + de culture judéo-chrétienne pour la plupart. Effectivement nous avons tous des préjugés et le journaliste étant un humain comme les autres il a beaucoup de mal à s’en détacher. En ce cas je préfère alors un journaliste « engagé » en ce sens qu’il ne cache pas son humanité derrière un rideau de fumée de soi-disant objectivité, « partialité qui n’est qu’une chimère… malheureusement même une simple présentation de fait n’est parfaitement « objective ou impartiale » : le choix de placement de son regard, le choix du sujet, les mots empruntés pour en parler, notre langage non-verbal… : tout trahit nos opinions !

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