Les USA vont-ils céder aux sirènes des taux d’intérêt négatifs ?

La Fed est activement engagée dans une campagne visant à préparer les marchés en vue d’une politique de taux d’intérêt négatifs.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Janet Yellen.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les USA vont-ils céder aux sirènes des taux d’intérêt négatifs ?

Publié le 18 février 2016
- A +

Par Graham Summers

Janet Yellen.
Janet Yellen.

Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à se rendre compte que les Banques centrales commencent réellement à manquer de munitions (pour l’instant).

Dans un précédent article, je disais que la politique des taux d’intérêts négatifs mise en œuvre par la Banque du Japon n’avait provoqué qu’un bref rally des actions japonaises, lequel a été anéanti, depuis, par l’effondrement de près de 8% de ces mêmes actions.

Publication agoraCet effondrement a enfin conduit les principaux médias financiers à s’interroger sur cette politique des taux d’intérêt négatifs. Il est regrettable que personne n’ait pris la peine de s’interroger sur ces politiques des taux négatifs (NIRP), des taux à zéro (ZIRP) et de l’assouplissement quantitatif (QE) lorsque les marchés étaient encore en plein rally !

Je le souligne car c’est un signe que nous nous trouvons à un tournant crucial. Entre 2009 et la semaine dernière, les médias financiers ont rarement, voire jamais, remis en question la politique des Banques centrales.

Le fait que de nombreux articles critiques à l’égard de la politique des taux d’intérêts négatifs et des Banques centrales soient publiés nous indique qu’il s’est produit un changement qui devrait s’accompagner de critiques croissantes à l’égard des Banques centrales, ainsi que d’un sentiment baissier, également croissant, au sein des investisseurs.

Ce changement s’est également manifesté lors de la séance des questions/réponses, le 10 février 2016, entre la présidente de la Fed, Janet Yellen, et le Congrès américain. Pour la première fois de mémoire d’homme, la présidente de la Fed a été longuement interrogée par les membres du Congrès sur la légalité et la légitimité de la politique menée par la Fed (à l’exception de Ron Paul, membre du Congrès).

Cela signifie-t-il que les Banques centrales vont simplement « renoncer et rentrer à la maison » ?

Oui et non.

Certes, on a placé la barre bien plus haut, pour la politique monétaire des Banques centrales. Les seules baisses de taux d’intérêt ne suffisent plus. A trois reprises, la BCE a procédé à des baisses de taux aboutissant à des taux négatifs. Aucune de ces baisses n’a produit un rally significatif en Bourse. Seul le QE y est parvenu.

De même, la Banque du Japon a obtenu ses meilleurs résultats grâce à des plans d’assouplissement quantitatif. Comme je l’ai déjà remarqué, les taux d’intérêts négatifs ont à peine rapporté 24 heures de gains sur le marché.

En termes simples, à moins qu’un nouveau plan d’assouplissement quantitatif à grande échelle ne soit annoncé, ou bien une création monétaire immédiate, les marchés ne réagiront probablement pas à une nouvelle politique monétaire émanant des banques centrales.

En bref, les marchés réagissent à la liquidité, et non aux taux.

Je ne veux pas dire que les Banques centrales ne vont pas s’enfoncer encore plus en territoire de taux négatifs (j’en dirai plus dans un instant). Mais la politique réelle à laquelle il faut s’attendre, ce sont des plans d’assouplissement quantitatif de niveau atopique, que les Banques centrales lanceront lorsque la véritable panique s’emparera des marchés.

Il est encore trop tôt pour cela.

Rappelez-vous : peu importe le degré de panique dont semblent être saisis les investisseurs, à l’heure actuelle, les actions n’ont baissé que de 16% par rapport à leurs plus hauts historiques. Et elles demeurent 20% au-dessus du sommet enregistré LORS DE LA DERNIÈRE BULLE !

Je le répète, les actions vont probablement manifester une forte faiblesse jusqu’à ce qu’une Banque centrale lance un nouveau plan d’assouplissement quantitatif. Actuellement, les candidats les plus probables sont la Banque du Japon et la BCE. Mais il est encore trop tôt pour cela.

Bientôt des taux négatifs aux États-Unis ?

Cela dit, je suis désormais encore plus convaincu que la politique des taux négatifs va arriver aux États-Unis.

Comme je l’ai déjà constaté, la Réserve fédérale américaine est obsédée par la façon dont les marchés réagissent à sa politique. Pour cette raison, chaque fois que la Fed prévoit d’annoncer un changement majeur concernant sa politique, elle prépare le marché via de multiples fuites et allusions… et souvent des mois à l’avance. C’est ce qui s’est passé lorsque la Fed a décidé de réduire son QE en 2013.

La Fed a passé ensuite six mois à laisser le marché s’habituer à l’idée d’un tapering, avant que celui-ci n’interviennent finalement en décembre 2013.

Pour le dire le plus simplement possible, la Fed ne surprendra jamais le marché. Cela se vérifie particulièrement à présent, alors que la Fed se trouve dans la ligne de mire, en raison d’importants signes indiquant que ses politiques ont augmenté l’inégalité des richesses et en raison de la campagne présidentielle à venir aux États-Unis.

Si la Fed prévoit quelque chose de nouveau, en particulier quelque chose qui pourrait avoir des répercussions politiques, nous entendrons de nombreuses allusions et suggestions, bien avant que les mesures ne soient réellement dévoilées.

En conservant cela à l’esprit, nous devons considérer que la Fed est activement engagée, désormais, dans une campagne visant à préparer les marchés en vue d’une politique de taux d’intérêt négatifs.

1. D’abord, nous avons découvert qu’un responsable de la Fed avait fait allusion aux taux d’intérêt négatifs au cours de la réunion de septembre 2015 de la Fed.
2. Ensuite, début octobre 2015, le président de la Fed de New York, Bill Dudley, a déclaré que les taux d’intérêt négatifs étaient une « possibilité » mais pas un « sujet de conversation pertinent » à l’heure actuelle.
3. Cette déclaration a été suivie par celle de l’ex-président de la Fed de Minneapolis, Narayana Kocherlakota, indiquant carrément que la Fed « devrait envisager les taux d’intérêt négatifs ».
Kocherlakota est un ex-président de la Fed et il se montre donc plus virulent dans sa communication.
Et plus récemment…
4. Stanley Fisher, vice-président de la Fed, interviewé par Bloomberg, a déclaré que la politique du taux négatif fonctionnait « mieux qu’il ne l’avait prévu ».
5. Narayana Kocherlakota a rédigé un rapport indiquant que la Fed avait besoin de mettre en œuvre la politique des taux d’intérêt négatifs.
6. La présidente actuelle de la Fed, Janet Yellen, a été interrogée par les membres du Congrès concernant le rapport de Kocherlakota, au cours de la séance des questions/réponses, après son discours semestriel.

Les taux d’intérêt négatifs vont être appliqués aux États-Unis. Une campagne de communication se met en place pour préparer le public. Le fait que le Congrès (dont les membres ne sont pas franchement un groupe de financiers sophistiqués) s’interroge au sujet des taux négatifs nous indique que la politique monétaire est sérieusement discutée au plus haut niveau du gouvernement.

C’est le tableau d’ensemble aux États-Unis. La mise en place des taux d’intérêt négatifs sera dévoilée dans les prochains dix-huit mois. Un autre programme massif de QE sera aussi à l’ordre du jour.

Lire sur Contrepoints notre dossier Banques centrales

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • J’ai de sérieux doutes. Ils ont commencé à augmenter leurs taux en décembre et d’un coup ils se renieraient alors que la consommation et la création d’emplois se maintiennent?

    Je n’y crois pas, ça enverrait aux marchés un signal que la FED s’inquiète et donc l’effet inverse à celui escompté.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
pouvoir d'achat
4
Sauvegarder cet article

Pour se faire une idée de l'état d'une économie, la plupart des économistes s'appuient sur une statistique commune, le produit intérieur brut (PIB). Le PIB représente la valeur des biens et services finaux produits au cours d'une période donnée, généralement un trimestre ou une année.

L'utilisation de cette mesure statistique suppose que le moteur de l'économie n'est pas la production de biens et de services, mais plutôt la consommation. Dans le PIB, ce qui compte, c'est la demande de biens et de services finaux. Étant donné que les dé... Poursuivre la lecture

Il ne s'agissait pas d'un « esprit animal », comme l'affirment de nombreux keynésiens.

Article original publié sur la Foundation for Economic Education. 

Le 5 août était censé être un « lundi noir ». Les marchés boursiers du monde entier ont subi des baisses bien plus importantes que la normale. L'indice VIX, qui mesure la volatilité des marchés financiers, a atteint un niveau inégalé depuis mars 2020.

Les turbulences financières suscitent toujours des critiques à l'égard de la spéculation. John Maynard Keynes (1883-1946)... Poursuivre la lecture

Voulant rassurer un électorat féminin qui lui fait défaut, le républicain s’est mué en « pro-choice ». Une stratégie sur laquelle il est vite revenu après avoir été vertement critiqué par les évangéliques, prouvant la difficulté pour la droite populiste américaine de trouver un équilibre sur le sujet.

Par Alexandre Mendel

L’arithmétique électorale américaine est une science de laboratoire. Un mauvais dosage de promesses, un mélange de stratégies non miscibles entre elles, et vous voilà à devoir refaire le retard que vous pensiez... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles