Une interview par la rédaction de Contrepoints.
Une petite présentation ?
Je me prénomme Nicolas, j’ai 48 ans ; je suis en union libre depuis 25 ans et j’ai maintenant 2 enfants de 11 et 13 ans. Je suis né en France à Paris, j’ai vécu mes 20 premières années à Paris et banlieue puis j’ai changé de région pour aller dans le centre de la France pour des raisons professionnelles puisque l’entreprise que je dirigeais avait un meilleur environnement de travail dans la région centre.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’étais, en France, président d’un laboratoire pharmaceutique créé en 1974, fabriquant des dispositifs médicaux dans l’optique, seul laboratoire français sur le marché. Nous avions, à une époque la plus grosse part de marché, devant les laboratoires américains, suisses et allemands. Notre produit se vendait dans toute l’Europe et dans plusieurs pays comme les USA par exemple.
L’activité a été arrêtée en 2002.
Mon activité d’aujourd’hui est de permettre à de grandes entreprises d’utiliser au maximum leurs investissements dans l’informatique. Je m’occupe de l’architecture technique générale en informatique de l’entreprise. Pour simplifier : je calcule le nombre de serveurs dont a besoin l’entreprise pour faire fonctionner ses applications (comptabilité, messagerie etc.) puis les besoins en électricité, en froid, en nombre de salles et en infrastructure réseaux. Les infrastructures sur lesquelles je travaille comportent entre 2000 et 4000 serveurs physiques ou virtuels.
Pourquoi être parti ?
Je suis parti de France suite à la destruction de l’entreprise familiale par l’administration fiscale : perquisitions au domicile des cadres de l’entreprise, menaces de redressement de TVA chez tous nos principaux fournisseurs et principaux clients… et d’autres opérations, ont eu raison de l’entreprise.
Pourquoi avoir choisi le Luxembourg ?
Nous avons choisi le Luxembourg en 2000 parce que le pays était francophone et qu’il offrait une très bonne protection fiscale à l’époque. Il est plus facile d’accès que l’Angleterre.
Nous avions privilégié ce pays également pour que nos enfants puissent avoir une formation en langue très correcte puisque au Luxembourg, les enfants parlent au minimum le français, l’anglais et l’allemand.
Avez-vous eu des doutes, comment les avez-vous gérés ?
Il faudrait être inconscient pour ne pas avoir de doutes. Mais la situation que nous avions en France a largement contribué à choisir vite en ayant en tête que tout vaudrait mieux que ça.
Par contre, je n’ai pas eu de doute sur ma reconversion professionnelle ni sur celle de ma compagne.
Quant aux enfants, je savais qu’il n’y aurait pas de problème : en bas âge et n’allant pas encore à l’école, ils n’ont pas vécu de changement bouleversant leur quotidien. Pas plus qu’un déménagement en tout cas.
Je ne serais pas allé dans un pays ou le marché du travail est contraint. Je fais une relation directe entre la contrainte fiscale et le marché du travail et des salaires.
Un bilan aujourd’hui : que vous a apporté l’expatriation, à vous et votre entourage familial ?
L’expatriation a permis à notre famille de retrouver une certaine sérénité, de reconstruire son capital alors qu’en restant en France, nous aurions perdu 30 ans d’efforts très intenses. Ayant connu beaucoup d’autres “éliminés fiscaux”, le bilan est toujours largement positif même depuis les événements qui ont poussé le Luxembourg à devenir un enfer fiscal.
Nous avions gardé des ressources financières. Suffisamment en tous cas pour pouvoir nous installer dans notre pays d’accueil. Il a fallu un an à peu près pour nous remettre dans un état financier “normal” et ma compagne a cessé son activité professionnelle pour s’occuper des enfants.
Pour retrouver une aisance financière, il a fallu plus longtemps. À peu près 12 ans.

Est-ce que vous vous sentez encore Français ? Pourquoi ?
Je n’ai jamais été corporatiste. Ni Français, ni autre corps. Cependant, je suis culturellement français et inculque à mes enfants des valeurs de la France libre, indépendante, travailleuse et méritante.
J’avoue que malheureusement, je trouve de plus en plus d’exemples de vie en société correspondant à mes inspirations aux USA, particulièrement au Texas, milieux conservateurs et “country”. En France, ces exemples ne se montrent plus, par peur fiscale. Et de cela, j’en suis certain, ayant entendu des discours officiels et constaté des actes officieux par les mêmes personnes.
Vous aimeriez ajouter autre chose ?
Le malheur dans tout cela est que l’on émigre pour résister à l’oppression. Que cette oppression est, dans nos pays, générée par le gouvernement et que l’expatriation ne permet que de reprendre des forces mais n’évite pas la confrontation. Il va bien falloir faire comprendre encore une fois qu’un gouvernement n’a pas d’autres possibilités que de respecter la liberté de tous. Quel qu’en soit le moyen.
—
Suivre sur Contrepoints les prochains épisodes de la série Ma vie d’expat’
Vous souhaitez participer à la série ? Contactez-nous à redaction@contrepoints.org !
En France, on te donne le choix :
être un exilé fiscal ou un éliminé fiscal….
Je suis totalement en phase avec vos écrits. Moi je suis dans la même réflexion. Et cela pour des raisons de pression fiscale. Je me retrouve plus dans une vision des pays comme le Canada. L’état s’introduit dans tous, en déresponsabilisant les citoyens.
Perquisition ? Redressement ? Pourquoi ?
parce que : http://www.temoignagefiscal.com/
Et pour ce cher Nicolas ?
Le pourquoi est une très bonne question mais n’a pas de réponse.
Le pourquoi technique est beaucoup trop long pour tenir sur une page web et très très peu d’acharnés pourraient lire, comprendre et analyser les 10m3 de papier correspondants aux procès, arguments et conclusions. Le résultat technique, je peux vous le dire, il est à la défaveur du fisc français. Ils ont perdu sur toute la ligne et ont été condamné à payer des dommages. Enfin…. 2000€ pour 10 ans de procédure, des millions d’euro de pertes d’exploitation et on ne parle pas des chômeurs que cela a généré…
Le pourquoi métaphysique… qu’en dire, ce ne sont que des spéculations.
Bel article. Je m’y retrouve en partie. Je vais peut etre écrire le mien.
Et hop censuré. Idlibertés aiment pas quand je dis que les banquiers sont des escrocs.
Quand c’est scénarisé la pilule passe mieux on dirait.
Ce type est un sale con.