L’Italie, berceau des banques et du capitalisme

Nombreuses sont les villes italiennes qui ont contribué à l’économie capitaliste entre le XIIe et le XVIe siècle.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Venise vue du ciel (CC, Oliver-Bonjoch)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Italie, berceau des banques et du capitalisme

Publié le 27 novembre 2015
- A +

Par Jean-Baptiste Noé.

Venise vue du ciel (CC, Oliver-Bonjoch)
Venise vue du ciel (CC, Oliver-Bonjoch)

En se rendant en Italie, le touriste pourra effectuer un voyage à travers l’histoire des banques et du capitalisme. Nombreuses sont les villes italiennes qui ont contribué au développement de l’économie capitaliste, dans une période comprise entre le XIIe et le XVIe siècle. Venise et Gênes ont constitué des comptoirs et des empires commerciaux en Méditerranée et en Orient, empires économiques qui ont été aussi puissants que rivaux. Venise, à son apogée, contrôlait la mer Adriatique et la Dalmatie et elle avait de puissants relais en Mer Noire. Elle assurait le commerce de la soie et des épices, ainsi que des métaux précieux. Marco Polo en est le représentant le plus fameux, lui dont le Livre des Merveilles fit rêver des générations d’aventuriers. Marco Polo fut emprisonné par les Génois, ennemis farouches de Venise, dont la rivalité engendra notamment le détournement de la quatrième croisade et la prise de Constantinople (1204). Les villes de Toscane ont également pris part à l’expansion économique. À Sienne fut fondée en 1472 la banque Monte dei Paschi qui est aujourd’hui la plus ancienne banque encore en activité. Le terme de paschi désigne la maremme, qui est une zone de marécages le long de la côte. À l’origine, la banque servait à financer les activités des éleveurs. Avec l’unification italienne du XIXe siècle, son activité s’est étendue à toute la péninsule, puis aux pays étrangers. Florence est une autre grande ville économique. Sa monnaie d’or, le florin, est frappée dès le XIIIe siècle. Son nom est tiré du lys qui orne la monnaie, symbole de Florence et qui se dit florenus en latin. La stabilité de la monnaie fait qu’elle est utilisée dans toute l’Europe, grâce aux marchands italiens qui l’utilisent dans les foires et les marchés, notamment les grandes foires de Champagne qui sont le cœur vibrant de l’économie européenne au XIIIe siècle. Par la suite, d’autres villes ou États ont frappé des monnaies dénommées florins, sans qu’il y ait de liens avec Florence.

Le rôle des Lombards.

Les historiens de l’économie médiévale, notamment Jacques Heers (1924-2013), ont montré le rôle crucial joué par les Lombards dans le développement de l’économie capitaliste. Par leur situation géographique, ils sont en contact aussi bien avec la péninsule qu’avec le nord de l’Europe, où ils peuvent notamment acheter les draps de laine d’Angleterre et des Flandres. C’est à eux que l’on doit, entre le XIIe et le XIIIe siècle, l’invention de la lettre de change, qui donna le chèque, de la comptabilité analytique et des dépôts, origine des banques ; des éléments qui se sont perfectionnés dans les siècles suivants. Les Templiers ont repris une partie de cette fonction de changeur et de prêteur de monnaie, ce qui a assuré leur richesse, et ce qui leur a attiré les jalousies de Philippe le Bel, jusqu’à sceller leur mort. Cet essor économique se retrouve aussi dans le sud de la péninsule, à Naples et en Sicile, dont les Normands, qui dominaient alors l’île, multiplient le commerce et les échanges en Méditerranée et en Europe du Nord. Une grande partie de l’argent gagné est mis au service de l’art : il s’agit de montrer la puissance des familles et de manifester l’orgueil des villes. S’il ne reste plus grand-chose des anciennes routes du blé et des épices demeurent les somptueux palais et les toiles des grands peintres. Preuve que l’essor du capitalisme peut accompagner celui de l’art et de la culture.

Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • N’oublions pas également que la compta moderne est également née durant cette période en Italie.

  • Dommage que l’Italie actuelle en soit loin.

  • Merci à l’auteur d’avoir relaté l’historique du dynamisme Italien.
    Effectivement, l’Italie du nord est un modèle de développement dont nos politiques devraient s’inspirer pour tenter de réindustrialiser la France….
    Le dynamisme Italien est fondé essentiellement sur un tissu de PME et PMI qui ont l’intelligence de travailler en réseaux avec l’appui des politiques et des universités.
    En Italie, l’objectif premier des diplômés universitaires consiste à devenir dirigeant d’entreprise.
    En France, dans notre dans notre climat économique morose, les meilleurs éléments universitaires rêvent de devenir fonctionnaires…..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Rainer Zitelmann, auteur du livre In Defense of Capitalism, a rencontré Steve Forbes, rédacteur en chef du magazine Forbes, à deux reprises à New York en avril. C'est un homme remarquable qui a une vision claire de l'économie de marché. Ils ont parlé des développements économiques et politiques actuels aux États-Unis et en Europe.

 

Rainer Zitelmann : La Heritage Foundation vient d'attribuer aux États-Unis le pire indice de liberté économique depuis la première publication de l'indice en 1995. Selon le dernier indice, pas m... Poursuivre la lecture

9
Sauvegarder cet article

Après huit ans de bons et loyaux services pour Contrepoints, dont trois à la tête de la rédaction, il est temps de passer la main. Huit années de découvertes, de rencontres et de débats acharnés pour défendre la liberté par principe dans un monde de moins en moins libre a été une expérience personnelle extraordinaire et la traduction d’un engagement constant depuis maintenant plus de dix ans. Contrepoints n’est pas seulement un média libéral, il est devenu au fil des années un acteur majeur de l’histoire des libéraux français et de la reconna... Poursuivre la lecture

Partout dans le monde, les États-Unis sont considérés comme le cœur du capitalisme. Mais cela n'était vrai qu'à une époque.

Le dernier classement de l'indice de liberté économique révèle que les États-Unis sont les plus mal notés depuis la création de l'indice en 1995 selon lequel pas moins de 16 pays européens ont une économie de marché plus libre que celle des États-Unis. Même les pays scandinaves sont économiquement plus libres, c'est-à-dire plus capitalistes, que les États-Unis. La Suède se situe à la 10e place sur l'« échelle du c... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles