Le contribuable, ce citoyen de seconde zone

Ceux qui financent la démocratie sont suspects, en tout cas beaucoup plus que ceux qui en profitent.

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Moloko vellocet credits Alvaro Tapia (CC BY-NC-ND 2.0)

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Le contribuable, ce citoyen de seconde zone

Publié le 5 novembre 2015
- A +

Par Éric Verhaeghe.

Moloko vellocet credits Alvaro Tapia (CC BY-NC-ND 2.0)
Moloko vellocet credits Alvaro Tapia (CC BY-NC-ND 2.0)

Le contribuable est forcément un citoyen de seconde zone. S’il paie des impôts, c’est parce qu’il a de l’argent. Et s’il a de l’argent, il a probablement quelque chose à se reprocher. Grâce à ce brillant sophisme, aussi vieux qu’un cheval gratuit est rare, et comme tout ce qui est rare est cher, un cheval gratuit est cher, le gouvernement discrédite chaque jour un peu plus la démocratie : ceux qui la financent sont des gens suspects, beaucoup moins fréquentables que ceux qui en profitent. Cet extravagant retournement des valeurs conforte une logique d’assistanat où la valeur est tirée de la dépendance vis-à-vis de la communauté.

Le précédent de l’impôt sur le revenu

On se souvient que le projet de loi de finances pour 2016 a mis en place une mécanique compliquée pour ramener le nombre de contribuables payant l’impôt sur le revenu à moins de la moitié des assujettis. Pour le gouvernement, il est important qu’une majorité de Français ne participe pas directement aux dépenses publiques par le biais de l’imposition.

Pour qualifier ce réflexe, on hésite entre populisme et esprit de défaite, à moins que ce ne soit les deux.

  • Populisme : pour donner à François Hollande une ultime chance d’être élu en 2017, le gouvernement flatte les bas instincts qu’il prête aux électeurs en leur expliquant qu’ils n’auront pas à payer directement pour l’entretien des armées de fonctionnaires dont le nombre ne cesse de gonfler. Que les riches paient ! ils en ont les moyens…
  • Esprit de défaite : le gouvernement préfère un peuple obéissant, qui profite de la dépense publique sans y participer, plutôt qu’un peuple d’empêcheurs de tourner en rond qui demande des comptes sur l’utilisation de l’impôt. C’est ainsi que les démocraties finissent, quand le pouvoir endort les consciences et parie sur la docilité plutôt que sur la liberté.

L’affaire des demi parts des veufs(ves)

Alors que le gouvernement offre 2 milliards de réductions d’impôts à tous ceux qui seront désormais exonérés de l’impôt sur le revenu, il veut aller plus loin.

La suppression des demi-parts des veufs et veuves, décidée en 2008, produit mécaniquement une hausse des impôts locaux ? L’État, entendez les autres contribuables, paiera. Alors que les rares contribuables sont déjà assommés au titre de la solidarité, ils devront faire un effort supplémentaire pour ceux qui ne paient pas l’impôt.

Bien entendu, personne ne pose la vraie question : pourquoi les impôts locaux sont-ils si élevés ? Cette question-là fâche trop. Et puis elle obligerait à rendre les millions de fonctionnaires territoriaux productifs… Et ça, le fonctionnaire n’aime pas.

Le geste en faveur des handicapés

Bercy avait projeté d’aligner l’allocation adulte handicapé (AAH) sur les autres minima sociaux, en déduisant de son calcul les intérêts des comptes d’épargne. L’allocataire qui dispose d’une épargne importante en sera heureux : s’il a eu la bonne idée d’hériter de la formule familiale, il continuera à vivre de la solidarité collective.

Là encore, le système fonctionne sur des postures à deux vitesses : d’un côté, le gentil allocataire qui a tous les droits, de l’autre, le méchant contribuable qui a tous les devoirs.

Qu’importe, puisqu’il est un citoyen de seconde zone…

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  • citoyens de seconde zone indispensables pour tout les autres , à commencer par les élus , ces goinffres financiers qui nous coutent trés chers même quand ils sont à la retraite …..citoyens de seconde zones qui sont l’énergie ( l’éssence ) et le moteur ( le travail ) des autres …éssayez donc de faire rouler un véhicule sans l’un et sans l’autre…..sauf à devoir le pousser pour peu qu’il est encore les roues….

  • « ceux qui la financent sont des gens suspects, beaucoup moins fréquentables que ceux qui en profitent »

    Je crois malheureusement que presque tout le monde en profite (cf : les allocations familiales) et c’est bien pour ça qu’il est compliqué de réformer ce pays. Tout comme pour la réduction des fonctionnaires, qui n’a pas un fonc ou pseudo fonc ou tout autres payés uniquement par l’état dans son entourage ? Parce que même si le français râle, il prendra tout de même la défense du beau frère ou de la tata qui est fonctionnaire !!!

    • Très discutable!
      Ayant beaucoup d’amis comptant au moins un fonctionnaire dans leur famille, je n’en ai pas encore trouvé un seul pour défendre ces mêmes fonctionnaires… Il est vrai qu’aucun d’entre eux n’a de conjoint dans la fonction publique ce qui lui permettrait de bénéficier directement de certains avantages! Mais dans ce cas on est dans l’équivalent du capitalisme de connivence mais à l’échelle familiale… ou plutôt du couple!

    • Moi, qui n’ai jamais rien touché de la France et qui ait un passé de 45 ans d’impôts, les seuls fonctionnaires que je fréquente ne sont pas français. (Sinon , quelle horreur !)
      Comme moi dans le privé, ils sont audités au moins 1 fois tous les 3 ans et peuvent être licenciés en cas d’insuffisance.
      En cas de disparition de leur poste, il n’est pas certain qu’ils restent en fonction notamment à l’éducation nationale.
      Ma belle-sœur a déjà été deux fois fonctionnaire et travaille actuellement dans le privé.
      Les responsables ont un budget et une mission.
      Tout dépassement de son budget révèle donc une incompétence notoire du fonctionnaire et son avenir devient tout à fait incertain.
      Ces pays existent et c’est la France et son administration qui sont une exception et non l’inverse.

  • Q: Comment appelle-t-on un citoyen désarmé?
    R: Un contribuable.

  • Le citoyen et l’esclave….rien de neuf depuis Rome

  • Il y a 5 ans, après m’être fait tondre et retondre, je me suis carapaté dans un autre pays. Et bien figurez-vous que je viens de recevoir la semaine dernière un courrier en provenance des services fiscaux (DGFiP), me demandant de payer avec 25% de majoration (oui oui), une méchante « dette fantôme ».

    Le même service qui m’avait établi un quitus fiscal me demande maintenant de l’argent, et comme je n’ai aucun moyen de vérifier quoi que ce soit, je dois juste payer ce « truc » et me taire. Depuis je fais de rêves étranges.

    Je m’imagine un explorateur, seul sur mars, qui voit arriver la capsule de ravitaillement avec pour seul courrier une lettre de la DGFiP.

    Ou alors un zombie qui dévore goulument un cerveau encore chaud et qui voit le facteur arriver avec une lettre recommandée de la DGFiP.

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