Canada : un « libéral » comme Premier ministre ?

Le social-démocrate Justin Trudeau serait-il en passe d’être le prochain Premier ministre canadien ?

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Justin Trudeau (Crédits : Alex Guibord, licence CC BY 2.0)

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Canada : un « libéral » comme Premier ministre ?

Publié le 18 octobre 2015
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Par Hadia Baïz
Un article de Trop Libre

Justin Trudeau by Alex Guibord(CC BY-ND 2.0)
Justin Trudeau by Alex Guibord(CC BY-ND 2.0)

L’orientation politique du Canada pourrait prendre un tournant inédit ce lundi 19 octobre, journée des élections fédérales qui investiront la 42ème législature du Parlement canadien. Longtemps peu pris au sérieux mais aujourd’hui en tête des sondages d’intention de vote, le libéral Justin Trudeau serait-il en passe d’être le prochain Premier ministre canadien ?

Une campagne électorale longue et agitée

Suite à la dissolution du Parlement le 2 août dernier par Stephen Harper, Premier ministre conservateur, depuis près de dix ans au pouvoir, la campagne électorale la plus longue de l’histoire du Canada a été déclenchée. Deux fois plus longue et deux fois plus coûteuse que celle de 2011, cette campagne aura duré en tout 78 jours.

78 jours pour séduire, convaincre et défendre sa « plate-forme », cela a semblé largement suffisant pour Justin Trudeau, chef du Parti Libéral, parti centriste de tendance social-démocrate, qui apparaît aujourd’hui comme le favori des sondages (37% des intentions de vote) et vient ainsi déstabiliser le tandem Conservateur Vs. NPD (nouveau parti démocratique) qui forme l’opposition officielle depuis 2011. Un bouleversement inattendu, comme le laissent penser les médias canadiens, qui témoigne d’un paysage politique bien plus mouvementé et marqué par la renaissance de partis comme le Bloc Québécois.

La « fraîcheur » de Justin Trudeau

Au pouvoir juste avant la victoire des conservateurs en 2006, les libéraux ont formé, ces dernières années, un parti instable et impopulaire avec notamment plusieurs changements de chef, le plus souvent des intellectuels que des personnalités politiques. L’arrivée de Justin Trudeau en 2013 à la tête du Parti fait alors grand bruit : qui est-il, ce « farceur » arriviste, à l’aube de la quarantaine, héritier et fils de l’ancien Premier ministre canadien Pierre Elliot Trudeau ? D’abord critiqué en raison d’un prétendu manque de maturité, il est aujourd’hui encensé pour ses qualités politiques « inattendues » et le vent de fraîcheur qu’il apporte au sein du Parti mais aussi sur la scène politique canadienne.

Une idée de Canadian dream

Enseignant, militant et chef de Parti, mais aussi boxeur et père de trois enfants (voir aussi l’histoire de la rencontre avec sa femme sur son site officiel), Justin Trudeau manie avec brio son image médiatique tout en menant une campagne extrêmement dense auprès des Canadiens de tous bords politiques : affirmant faire entièrement confiance aux électeurs pour choisir le « meilleur » gouvernement, il va même jusqu’à s’adresser directement aux fervents conservateurs. « Nous n’avons pas besoin de les convaincre d’abandonner le parti conservateur. Nous devons juste leur démontrer que c’est le Parti de Stephen Harper qui les a abandonnés » déclare-t-il, déterminé à prouver qu’une « nouvelle décennie comme celle de Stephen Harper » ne serait que néfaste. Sa plateforme à lui (« programme » à la canadienne), Changer ensemble proposerait au contraire une « vision […] d’un pays où tous et toutes ont une chance de réussir » avec des valeurs que l’on pourrait qualifier de « centristes » ou « social-démocrates », c’est-à-dire, plus à gauche que les conservateurs et plus à droite que le NPD.

La « plate-forme la plus progressive de l’histoire du Canada »

Face aux sondages qui le placent aujourd’hui en tête des intentions de vote, Justin Trudeau appelle les Canadiens à ne pas en tenir compte et à considérer davantage son programme politique.

Fondé sur le thème du changement, tout comme celui du NPD, et dans une optique de vote-sanction contre les conservateurs, le programme du Parti Libéral prévoit notamment un réajustement du système de taxes au profit des classes moyennes et défavorisées, une revalorisation de la prise de décision locale en particulier pour les politiques environnementales ou encore une « restauration de l’intégrité démocratique » avec une parité homme-femme dans les cabinets ; et il refuse une intervention contre ISIS en Irak et en Syrie (le NPD également). Quant aux débats épineux autour du niqab et de la marijuana, Justin Trudeau prend clairement position : « Je fais confiance aux Canadiens » affirme-t-il pour soutenir la légalisation de la marijuana, tandis que le port du niqab est selon lui, « un droit en tout temps et en tout lieu », et qu’il faut respecter les décisions de la Cour fédérale, y compris sur la question du port du niqab lors des cérémonies de citoyenneté. Il accuse d’ailleurs le Premier ministre Stephen Harper de pratiquer une « politique de peur et de division » et d’en vouloir retirer des bénéfices électoraux.

Un « concours de popularité » ?

Si Justin Trudeau qualifie le programme de Thomas Mulcair, chef du NPD, d’un « plan mirage » qui ne pourrait jamais relever le pays des années Harper, le Parti Libéral n’est pas non plus épargné par des critiques et accusations : tandis que ses positions sur les questions fiscales et sociétales sont considérées, sans surprise, comme tout à fait scandaleuses par les conservateurs, l’attitude de Justin Trudeau est aussi remise en cause. « Cette élection est sérieuse », « ce n’est pas un concours de popularité » ont notamment condamné le ministre sortant des Finances, Joe Oliver, et l’ex-ministre des Affaires étrangères, John Baird. Un constat qui, cependant, ne devrait sûrement pas être imputé qu’au Parti Libéral…

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  • Liberal en anglais = social-démocrate en francais.
    Justin Trudeau n’est en aucun cas libéral au sens économique du terme. Son programme se résume à une grosse dose de keynesianisme et d’étatisme avec en parallèle un tabassage fiscal des plus aisés. Trudeau annonce d’ailleurs ouvertement vouloir présenter des budgets en déficit jusqu’en 2019 afin de « relancer l’économie » avec un plan d’investissement dans les infrastructures. Cet homme inexperimenté est un risque de naufrage économique majeur à éviter à tout prix.

    • Clairement. Harper est le plus libéral du lot, au moins économiquement. Il a fait du bon boulot pendant 9 ans.

    • Merci,

      J’allais justement dire que l’article ne démontrait en aucun cas en quoi il était plus libéral qu’Harper.

      • Heu… pourquoi voudriez-vous que cet article démontre cela alors que ce n’est visiblement pas ce qu’il cherche à montrer en précisant bien le positionnement centriste de ce parti entre les Conservateurs et la gauche (le NPD) ?

  • Justin Trudeau est surtout un fils à papa (et à maman) qui n’aurait jamais pu réussir en politique sans l’aide de ses parents.
    Il ose dire qu’il défends la classe moyenne et les défavorisés alors qu’il ne connait absolument rien à ces gens. Il est l’exemple type du bobo gauchiste complètement déconnecté du peuple et de la réalité.
    Stephen Harper n’est pas parfait mais il a été un bon premier ministre.

  • A ceux qui veulent un article plus complet analysant les élections canadiennes (enfin, analysant le programme des différents partis): https://minarchiste.wordpress.com/2015/10/15/elections-federales-2015-mon-analyse/

  • C’est triste mais en politique ce sont les dépenses qui permettent à un politicien de se faire vénérer. Tel les pharaons avec leur pyramide. Stephen Harper indiscutablement fait du bon boulot, la preuve c’est qu’il faut mentir pour le démolir.

    Cependant, il ne laisse aucune pyramide et ce sont les pyramides qui permettent de se faire vénérer par les médias / élites qui sont ceux qui ont accès aux micros.

  • Le PLC , a beau être le parti « libéral » du Canada, il n’a jamais rien eu de libéral au où nous entendons ce terme sur Contrepoints, et ce fut le cas sous Trudeau pour qui j’ai travaillé au moment du rapatriement de la Constitution. Viscéralement anti-indépendantiste, je n’avais pas trop le choix à l’époque. Le parti conservateur n’était pas une option au Québec…trop proche du PQ!!
    Le fils Trudeau n’a pas la pointure du père, et de loin…Il est encore plus proche que lui des Démocrates US et du sens qu’ attribuent les Américains au mot LIBERAL, sans accent en anglais ( socio-démocrate), comme le dit justement l’article. Mais les Français persévèrent dans ce contresens car il ignorent tout des fondements philosophiques du libéralisme. Ils n’en connaissent que la caricature propagée par les tenants de l’utopie socialiste qui sont majoritaires en France.
    A ce propos, Jean-Marie Le Pen était bien plus libéral que sa fille.
    Je souscris des deux mains aux remarques précédentes de Kevan Saab

    Justin Trudeau est dans la droite ligne du mantra « tax and spend » des Démocrates et non dans celle de la rigueur budgétaire et de l’amaigrissement de l’Etat. pour soutenir l’empoi et la croissante. Chrétien a, comme Schröder, mis son socialisme dans sa poche et le mouchoir dessus pour redresser le pays.
    Trudeau Jr est un démagogue. et là-haut papa ne doit pas pavoiser.

  • Liberal (socialiste en Amérique du Nord) =/= libéral (conservateurs en Amérique du nord).
    Trudeau est une vaste blague. Son programme = appliquer une taxation idéologique sur les plus riches, imposer un dogme égalitariste avec sa pseudo-parité, laisser filer les déficits par une politique interventionniste digne de Mitterand et prendre le contrepieds des conservateurs jusque sur les sujets sociétaux…
    Je ne vois rien de libéral là-dedans, ni rien de véritablement intelligent non plus d’ailleurs…

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