L’Allemagne a-t-elle mangé son pain blanc ?

La gloire de l’Allemagne est-elle en train de passer ?

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L’Allemagne a-t-elle mangé son pain blanc ?

Publié le 10 octobre 2015
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Par Éric Verhaeghe.

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Après plusieurs années de triomphe économique, l’Allemagne envoie plusieurs signaux négatifs qui marquent peut-être une transition vers des années un peu moins rutilantes.

L’Allemagne et le traumatisme VW

Chronologiquement, c’est probablement le scandale Volkswagen qui manifeste le mieux la transition qui commence. Les Allemands imaginaient disposer de l’industrie automobile la plus performante du monde : ils découvrent aujourd’hui que, pour respecter les normes environnementales, leur champion a triché dans les grandes largeurs et qu’il pourrait entraîner de lourdes déconvenues.

Cette découverte est brutale, non seulement pour des raisons psychologiques, mais aussi pour des raisons financières : la capitalisation de Volkswagen en bourse s’est évaporée et le constructeur devra affronter des amendes importantes qui lui coûteront cher. Certains estiment que l’opération pourrait se solder par une perte de 80 Md€ !

Pour l’ensemble de l’industrie allemande, le scandale Volkswagen est un choc à absorber.

À peine 600.000 migrants, et c’est la crise

Parallèlement, l’Allemagne aurait déjà accueilli plus de 570.000 migrants depuis le début de l’année, un chiffre encore loin des 800.000 voulus par Angela Merkel. La chancelière n’en est probablement qu’au début des problèmes sur ce dossier : absorber un tel choc démographique devrait demander au pays d’importants efforts dans un temps très court et dans un climat qui n’est pas le plus favorable. On parle pourtant de 1,5 million de migrants à accueillir cette année, deux fois plus qu’attendu…

En cas de retournement économique pour l’Allemagne, cette vague migratoire risque quand même de susciter un regain de tensions sur un sujet volontiers occulté par les médias allemands : la persistance de mouvements très hostiles aux immigrés. Cet environnement pourrait être dégradé par la tension existant entre les migrants eux-mêmes :

 

L’excédent commercial s’érode

Sous l’effet de la crise chinoise, l’excédent commercial allemand manifeste des signes de fatigue. Il a reculé de 3 Md€ en septembre.

« C’est une forte baisse, de celles qu’on ne voit pas tous les jours », a commenté Holger Sandte, économiste en chef de Nordea. « La faiblesse de la Chine, du Brésil, de la Russie et d’autres marchés se fait ressentir. »

Pour l’instant, les perspectives de croissance ne sont pas remises en cause, mais l’Allemagne pourrait être rapidement contaminée par une inflexion qui touche les grandes économies mondiales.

Un plan social de 5.000 emplois dans le rail allemand

Dans cette ambiance déjà très noire, une première mauvaise nouvelle est intervenue hors de l’automobile. La Deutsche Bahn, les chemins de fer allemands, devrait supprimer 5.000 emplois, notamment dans le fret. Cette information, qui n’est pas encore confirmée, montre tout l’effort que les grands réseaux allemands doivent fournir pour affronter la concurrence internationale.

23.000 suppressions de postes à la Deutsche Bank

Parallèlement, la Deutsche Bank, plus importante banque allemande, est en train de boire le bouillon : « Deutsche Bank s’attend à une perte avant impôt de six milliards d’euros pour le troisième trimestre en raison de dépréciations massives dans ses activités de banque d’investissement et au sein de sa filiale Postbank, dont le groupe entend se séparer. Les comptes trimestriels incluront aussi une dépréciation de la participation du groupe dans la banque chinoise Hua Xia Bank et des provisions liées aux litiges auxquels il est exposé », a précisé le numéro un allemand du secteur bancaire dans un communiqué publié mercredi soir.

Officiellement, l’avenir de la banque n’est pas menacé et ses ratios de solvabilité restent bons (bien sûr, bien sûr…). Il n’empêche : la banque devrait liquider un quart de son effectif, soit 23.000 postes, pour limiter les dégâts.

Il faudra attendre la fin octobre pour connaître le détail de la situation. On peut toutefois imaginer que si la principale banque allemande a essuyé des pertes massives dans ses activités d’investissement, elle n’est pas la seule concernée dans le monde… et cela reste quand même le genre d’information qui peut toujours avoir un impact systémique.

Une inflexion de la puissance allemande

Ces différents indicateurs convergents sont peut-être épisodiques. À moins qu’ils ne marquent une véritable inflexion, le début d’un cycle négatif pour l’Allemagne. La tendance sera à suivre dans les prochains mois.

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  • il y a un problème en Allemagne, une faible consommation intérieure, trop de ‘riches’ , trop de vieux , ce problème ne pouvait pas se résoudre pas une augmentation des salaires a cause , entre autre , des exportations mais va se résoudre par l’immigration..leur pain blanc est toujours sur la table tandis que de notre pain noir il ne restera que des miettes .

  • avant d’inviter quelqu’un à manger , on s’assure qu’il y a de quoi lui remplir son assiette……quand on veut acceuillir des centaines de milliers de gens , on prépare cet afflux , mais les dirigeants font le contraire , ils font venir des gens qu’ils laissent dans la mouise en attendant de s’en servir…..et on voit le résultat ;

  • Le problème ici est, je le rappelle, que la croissance allemande n’est pas si forte avec seulement 0,4% en 2014 et 1,5% prévus cette année selon le FMI soit à peine mieux qu’en France alors qu’en comparaison la croissance américaine a été de 2,4% en 2014 et sera de 2,6% cette année selon le FMI, la croissance britannique est bien meilleure. L’Allemagne paraît surtout forte parce que le reste de la Zone Euro est faible.

    • Très juste. Dans le fond il n’y a rien d’extraordinaire. Néanmoins l’Allemagne a réussi à maîtriser ses dépenses, à se réformer et a une démographie qui crée une baisse de sa population active donc avec une croissance égale à la France et un PIB clairement au-dessus les Allemands peuvent voir une véritable progression de leur niveau de vie, ce qui fut le cas ces dernières années. Donc pas extraordinaire mais c’est pas si mal non plus.

      • Les pays Anglo-saxons (UK et USA ) ont des déficits publics bien supérieurs entre de 4 à 5 % du PIB, injecté 4 % du PIB Allemand avec de la dette et vous pulvérisez vos USA.

        • Les USA ont une croissance démographique plus importante, cela joue aussi.

        • Ces 2 pays ont réduit leur déficit budgétaire ces dernières années, les Etats-Unis étaient en excédent budgétaires avant les guerres Bush. Le budgétaire US cette année sera inférieur à 3% et sans aucun diktat de qui que ce soit : juste de la croissance et

          • C’est vrai contrairement aux pays PIGS, ils n’ont pas violemment contracté leur économie pour revenir dans la zone des 3 % de déficit, cela dit le déficit US est plutôt dû à la crise qu’à la guerre de Bush et les excédents, grâce à la forte croissance du cycle « Internet » 1994-2001.

            Le ratio endettement sur PIB lui s’est d’ailleurs stabilisé, pareil pour la Grande Bretagne.

            Le moment de vérité sera ou pas le relèvement des taux.

  • Il ne faut pas oublier l’instauration du smic qui va faire des ravages en terme de chômage.

    • J’en doute fortement, vu sa démographie défavorable (manque de main d’oeuvre et de moins en moins de jeune combiné à un accroissement rapide des départs en retraite) le chômage n’augmentera pas massivement, au pire juste un peu.

      • Vous vous illusionnez. Les emplois ne sont créés que s’ils sont rentables, pas pour des questions démographiques. Ces deux sujets sont indépendants. Les jeunes allemands ne seront pas recrutés s’ils ne sont pas rentables, quand bien même les anciens partiraient massivement à la retraite.

        Dans le même ordre d’idées illusoires, le PIB global importe peu. C’est le PIB par tête qui compte, et encore, à monnaie constante et corrigé des inclusions publiques qui ne sont pas des productions mais des charges.

        • Le SMIC allemand n’est pas plus élevé qu’en France. Quant à la démographie elle est importante, essentielle même, quand le manque de main d’oeuvre est tel qu’on ne trouve personne pour son entreprise qui en a tant besoin on est près à payer le prix fort. ça se voit au Texas par exemple, avec son chômage à 4,1% et un manque de main d’oeuvre les entreprises proposent des salaires parfois 10% plus hauts, des congés payés supplémentaires..etc..

          • On paye le prix fort tant que c’est rentable, au Texas comme ailleurs, peu importe la démographie. Sinon, on arrête de produire. Votre comparaison des smic allemand et français est bienvenue : en la matière, la France est l’avenir de l’Allemagne.

          • Certes le salaire minimum allemand est plus bas que le français. Mais cela reste quand même un absurdité économique : vous ne pouvez mettre au travail cet afflux important de main d’oeuvre, et seuls ceux qui sont qualifiés pour le poste l’emporteront. Se priver d’un apport de forces encore vives n’est-il pas une ânerie dont seuls les sotcialistes savent faire preuve ❓

            De plus cela ne peut qu’accentuer le rejet en cas de troubles économiques.

    • des ravages… ils ont sans doute anticipé l’arrivée des millions de migrants , arrivée pouvant déstabiliser les salaires et anéantir les espoirs de croissance du marché intérieur !

  • son principal problème est démographique et rien ne remplace les enfants qui ne sont pas nés !

  • On se rassure comme on peut…

  • Elément très important ,oublié ,mais fondamental à mes yeux,le coût de l’énergie….la disparition annoncée des centrales nucléaires va couter une fortune et augmenter le prix de l’énergie donc le coût du made in Germany qui va se délocaliser ou disparaitre
    Volskwagen tombe au plus mauvais moment, surpayer du made in Germany pour découvrir ensuite que l’on a acheté un produit sciemment trafiqué laissera des traces profondes

    • ça commence déjà depuis quelques années, certaines entreprises allemandes préfèrent s’étendre aux USA où le gaz de schiste a rendu l’énergie bien moins chère qu’en Europe et en Allemagne

    • D’un autre côté, le produit sciemment trafiqué représentait un avantage client par réduction de son prix à performance égale. Ceux qui se plaignent d’avoir bénéficié de cet avantage client devront s’accrocher pour démontrer qu’ils ont subi un préjudice. A qui feront-ils croire qu’il était possible d’acheter plus de puissance avec moins d’émissions ? A la rigueur, les plaignants devraient être condamnés pour stupidité ou mauvaise foi, selon l’humeur du juge.

      Sinon, oui, l’Allemagne accumule les boulets en ce moment. Ceci dit, elle a démontré sa capacité à se réformer pour s’adapter, contrairement à d’autres pays (suivez le regard).

  • Il va donc falloir renvoyer les « migrants « illégaux
    ou iront-ils?

    • ou iront ils ? dans leur pays , rejoindre les femmes et enfants qu’ils y ont laissé…. la plupart des migrants qui rapplique en europe sont des hommes ;

  • Wie H16 sagte: dieses Land gefickt wird?

  • Le beau concept européen n’a pas fonctionné: les Allemands ont besoin de main d’œuvre mais ils préfèrent prendre des migrants illégaux que des français , espagnols ou italiens. Sans doute espèrent ils sous payer ces migrants pour maintenir leur industrie compétitive ?. Pourquoi les Allemands sont ils solidaires des Syriens ou autres alors qu’ils ne le sont pas avec les pays faisant partie de l’Europe? Chercher à nous imposer des migrants clandestins est une atteinte à notre souveraineté et une bêtise compte tenu de notre incapacité à les intégrer …. à moins que les Allemands cherchent à nous couler? Déjà qu’ils nous espionnaient voilà qu’ils nous attaquent. Le moteur franco – allemand est mort et l’europe va se déliter.

    • le problème c’est que les espagnols, italiens, grecques, français ne restent pas très longtemps en Allemagne car personne n’a envie d’être sous-payé et de faire le larbin pour des allemands. Au lieu, d’investir dans les pays du Sud de l’Europe ou le chômage est très élevé, Merkel a préféré faire venir des migrants pour pallier à leur problème démographique et pour satisfaire le patronat allemand.
      Mais face à l’afflux des migrants et se trouvant débordé, l’Allemagne cherche à imposer le reste des migrants aux autres pays sous prétexte de solidarité. L’Allemagne n’a aucune vision européenne, elle ne défend que ses propres intérêts, comme elle l’a d’ailleurs toujours fait, quitte à tout détruire toute l’UE.

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