Laissons les entrepreneurs africains entreprendre !

Que pourraient faire les gouvernements pour rassurer les entrepreneurs africains et booster la création d’entreprises ?

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Petite marchande en Côte d'Ivoire (Afrique) (Crédits : Kate Fisher/BBC World Service, licence BY-NC 2.0), via Flickr.

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Laissons les entrepreneurs africains entreprendre !

Publié le 15 août 2015
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Par Mallam Nasir El Rufai.

Petite marchande en Côte d'Ivoire (Afrique) (Crédits : Kate Fisher/BBC World Service, licence BY-NC 2.0), via Flickr.
Petite marchande en Côte d’Ivoire (Afrique) (Crédits : Kate Fisher/BBC World Service, licence BY-NC 2.0), via Flickr.

L’Afrique est un endroit très rentable pour faire des affaires. Les taux de rendement y sont plus élevés que partout ailleurs dans le monde, mais cela ne se fait pas sans prendre des risques importants. Que pourraient faire les gouvernements pour rassurer les entrepreneurs africains et leur rendre la vie plus facile ?

L’action d’un gouvernement peut être aussi bien propice que fatale. Mon histoire préférée ici est le premier chapitre du livre Pourquoi les nations échouent ? Il aborde l’histoire de deux villes, ou deux villages, appelés tous les deux Nogales, l’un en Arizona et l’autre au Mexique, et séparés par un simple mur. Leur nom est la seule chose que ces communes partagent. Nogales-Arizona est une ville prospère, le revenu par habitant est de l’ordre de 20.000 dollars tandis que celui de Nogales-Mexique y est de 300 $, ses habitants tentant de franchir la clôture pour se rendre à Nogales-Arizona. Pourquoi ? La différence réside dans la qualité du gouvernement. Rien n’est possible sans un gouvernement qui fonctionne correctement.

Pour que les entrepreneurs prospèrent, les contrats doivent être protégés. Le but du gouvernement est de protéger les personnes, les biens et d’assurer le respect des contrats. Tout gouvernement respectant ces missions peut être considéré comme un gouvernement de qualité. Nous avons besoin d’un système judiciaire impartial et d’une application efficace de la loi. Lorsque le système fonctionne, vous tenez pour acquis ces biens publics. Mais pour beaucoup d’entre nous, au Nigeria par exemple, au cours des dernières années, nous avons constaté que rien n’est acquis en la matière.

De trop nombreuses régions d’Afrique manquent de sécurité. Au Nigeria, nous avons moins de 400 000 policiers, dont 150 000 sont affectés à la protection des personnalités. Nous aurions besoin d’une force de police deux fois plus importante.

Le développement du capital humain est un autre domaine où le gouvernement pourra jouer un rôle important ; parce que l’éducation de base, en particulier l’éducation primaire, permet de favoriser et augmenter la qualification des personnes, apportant ainsi une contribution aux affaires, et optimisant les comportements des ménages en tant qu’acheteurs et consommateurs. L’analphabétisme est non seulement un handicap personnel, mais un obstacle aux échanges, par l’absence d’accès aux choix à la disposition d’une personne informée. Encore une fois, et sans accréditer les thèses collectivistes, je pense que le gouvernement doit permettre et faciliter l’accès à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, et du calcul, ces acquisitions constituant des fondamentaux obligatoires au progrès de la société civile, en créant l’environnement propice pour ce faire. Sans cette base, les entrepreneurs n’auront pas le gisement de ressources humaines nécessaires pour se développer.

Le troisième ingrédient est le capital social, ou le capital-confiance dans la société. En effet, les sociétés ayant des niveaux élevés de capital social encouragent l’entrepreneuriat. Voilà pourquoi vous constatez que la plupart des entrepreneurs sont issus d’endroits comme les États-Unis, le Canada, l’Europe, car il s’y trouve un niveau élevé de capital social. Vous pouvez conclure des accords sans avoir besoin de les écrire parce que même les accords verbaux peuvent être respectés. Et grâce à ce sens de la responsabilité, la société a fini par accepter que la simple parole soit un gage suffisant.

Les sociétés africaines fonctionnaient jadis de cette manière, mais les séquelles du colonialisme et les erreurs de gouvernance post-indépendance ont émoussé cette confiance au sein de nos sociétés. La structure traditionnelle de confiance a été brisée et n’a pas cédé la place à des structures modernes identiques. Des études ont démontré que les pays à très faibles niveaux de confiance ne peuvent développer que des entreprises familiales. Voilà pourquoi la plupart des grandes entreprises, comme par exemple en Corée du Sud, ont débuté sous forme de structures familiales. Tandis que dans les pays à fort niveau de confiance, comme les États-Unis, d’énormes entreprises se développent sans que l’on puisse nommer leur fondateur, tel General Electric ou AT & T. Nous nous souvenons encore de Bill Gates comme le fondateur de Microsoft, mais dans quelques années ? Personne ne s’en souviendra. Le gouvernement, grâce à l’application de la loi, la protection des contrats et un régime de sanctions, peut créer ce niveau de confiance qui encouragera les entrepreneurs africains à créer de la richesse.

Nous sommes la plus grande économie en Afrique, et la nation la plus peuplée ; nous devons par conséquent prendre les devants pour donner l’exemple d’une approche pragmatique de politique en matière de commerce, et d’investissement à travers toute l’Afrique.

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  • Les pays africains ont testé le socialisme à la soviétique, ça n’a pas fonctionné du tout. Les dictatures tribales non plus d’ailleurs.
    J’espère sincèrement qu’un certain nombre de pays de ce continent testeront la solution libérale.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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