Europe : les balbutiements d’une politique migratoire

L’Europe est-elle en train de faire évoluer la France sur l’immigration ?

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Europe : les balbutiements d’une politique migratoire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 juillet 2015
- A +

Le compromis européen concernant 60.000 migrants marque le début d’une évolution vers une rationalisation et une humanisation de l’immigration en Europe.

Par Anthony Végat.

Listening-to-the-experience-of-migrants-from-lybia-credits Department for International Development/Kate Joseph (CC BY 2.0)
Listening-to-the-experience-of-migrants-from-lybia-credits Department for International Development/Kate Joseph (CC BY 2.0)

 

Le Conseil Européen a récemment commencé à se saisir sérieusement de la question migratoire. Les solutions farfelues ou démagogiques telles que le bombardement des rafiots ou le contrôle intensif des 14.000 km de frontière de l’Europe sont heureusement derrière nous.

La mesure récemment adoptée consiste à répartir au sein des pays de l’Union, 40.000 demandeurs d’asile issus de Grèce et d’Italie et d’accueillir 20.000 réfugiés issus de pays extra-européens. Cette mesure permet de commencer à désengorger un système d’accueil saturé dans les pays du sud de l’Europe et de proposer un canal officiel d’accueil de réfugiés hors Union. Cette première décision a le mérite d’initier une démarche constructive à l’échelle européenne et de favoriser la normalisation du processus d’accueil.

Mais cette mesure représente à ce stade une goutte d’eau face à l’ampleur des décisions à prendre.

D’un point de vue numérique d’abord : en ne concernant que 60.000 personnes, cette mesure ne traite qu’une part marginale du phénomène. En particulier, elle ne concerne que les demandeurs d’asile et les réfugiés et oublie tous les individus qui traversent la Méditerranée pour raison économique. À titre de comparaison, Frontex s’attend à voir arriver entre 500.000 et 1 million de migrants en Europe en 2015.

Mais au-delà du nombre, ce sont les modalités d’accueil qui doivent évoluer. Aujourd’hui, les pays européens font le choix de considérer les demandeurs d’asile comme des assistés : ils sont logés, rémunérés et ont l’interdiction de travailler. Pourtant, ils n’ont pas attendu d’être en Europe pour s’assumer seuls. En arrivant sur le sol européen, ils doivent donc pouvoir subvenir par eux-mêmes à leurs besoins. Cela implique quelques adaptations réglementaires, comme la suppression du salaire minimum, pour permettre au plus grand nombre d’accéder au marché du travail. De même, il sera par exemple nécessaire d’assouplir le droit du logement afin qu’un maximum de ménages puisse se loger. En effet, pour qu’un bailleur prenne le risque de louer son bien à un candidat sans grandes garanties financières, le contrat de location doit être facilement résiliable en cas d’impayé.

L’immigration sera donc à cet égard un facteur déclencheur des réformes structurelles que des pays comme la France ont jusque-là tant repoussées.


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  • heu , vos propositions ne sont que l’officialisation d’un état de fait , les illégaux se logent et travaillent en France..reste les réfugiés..qui ne le sont que parce qu’ils ont été pris et que ce statut existe !.

  • Bonjour
    « L’immigration sera donc à cet égard un facteur déclencheur des réformes structurelles que des pays comme la France ont jusque-là tant repoussées. »
    Malheureusement je pense l’inverse, c’est une formidable propagande pour le FN.
    Les français sont des boeufs.

  • L’auteur se félicite donc d’une ébauche de politique migratoire européenne qui va permettre de normaliser en partie le processus d’accueil de 500 000 à 1 million de réfugiés/demandeurs d’asile/migrants économiques.

    Il ajoute, comme si cela allait de soi, que les modalités d’accueil doivent évoluer elles aussi.
    Il préconise donc de supprimer le salaire minimum pour que ces nouveaux venus puissent subvenir à leurs besoins par le travail (rémunéré au bon vouloir des employeurs) et non par des aides, et de modifier les conditions du droit au logement (en facilitant les expulsions en cas d’impayé)

    Comme pour beaucoup de libéraux, l’auteur réduit donc l’immigration au seul volet économique, il ignore complètement les réactions de méfiance ou de rejet des populations indigènes face à un afflux massif d’étrangers comme si l’anthropologie n’était que la vue d’un esprit embrumé de xénophobie…
    Il trouve normal de passer outre ce rejet, comme le font les socialistes au pouvoir actuellement.

    Il ne veut pas voir que l’ébauche d’une politique migratoire européenne ne s’accompagne d’aucune obligation pour les pays d’accueil de modifier quoi que ce soit à leur politique intérieure, que le salaire minimum ne sera pas supprimé, ni le droit au logement.

    Il préfère affirmer qu’une immigration massive obligera la France à des réformes structurelles qu’elle a repoussé jusque là.

    Si cette profession de foi n’a aucune vocation à devenir réalité, elle n’a pas grand intérêt, au cas contraire, cette manière de contraindre les individus au nom d’une idéologie forcement bonne s’apparente plus au totalitarisme qu’au libéralisme.

    • « cette manière de contraindre les individus au nom d’une idéologie forcement bonne s’apparente plus au totalitarisme qu’au libéralisme. »

      Ridicule. Où l’auteur prône-t-il de « contraindre les individus » ?

      • Modifier profondément une société par l’entrée en masse d’étrangers, sans demander l’avis de ses membres, est une contrainte.
        La « société ouverte »prônée par les libéraux n’a pas à être imposée à ceux qui n’en veulent pas.

        • Ben voyons, la belle rhétorique : restaurer une liberté, ce serait imposer quelque chose ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas lire…

          Si les mots ont encore un sens, c’est vous qui voulez restreindre une liberté fondamentale (la liberté de circuler) et donc c’est vous qui voulez imposer à autrui votre vision des choses.

          Une « société ouverte » est un ordre spontané. Ça ne se planifie pas. Ça ne se réglemente pas. Ça ne se définit pas par un vote démocratique.

        •  » La « société ouverte » prônée par les libéraux n’a pas à être imposée à ceux qui n’en veulent pas. »

          @libresechanges : On ne peut pas « imposer » une société libre. On peut seulement imposer une dictature.

          L’immigration, lorsque ce terme est correctement défini, ce n’est pas le fait d’imposer à des nationaux l’arrivée massive des étrangers.

          L’immigration défendue par les libéraux cohérents, c’est la liberté d’un étranger de se rendre chez un propriétaire ou employeur national qui CONSENT à l’inviter.

  • Tout à fait d’accord avec libresechanges. Un article typique d’un certain libéralisme utopique, parent en cela du socialisme, qui ne veut voir que l’économique (l’économique en dernière instance, comme disait la pensée marxiste !), en ignorant le politique (à distinguer de la politique), à savoir le fait que l’homme est un animal politique, dont les sociétés (tribus, cités, nations…) s’organisent toujours sur la base d’une différence entre eux et nous, étrangers et compatriotes, hostis et civis, etc. Traiter de l’immigration en ignorant ce volet politique et anthropologique, celui de la dialectique de l’universel et du singulier, c’est préparer des lendemains qui déchantent. C’est un erreur que n’aurait pas fait un libéral comme Raymond Aron, qui ne perdait jamais de vue la dimension proprement politique de la pensée libérale. Voir aussi bien sûr les travaux sur « l’essence du politique » de celui dont Aron dirigea la thèse : Julien Freund.

    • Argument d’autorité non valide. Comme si la « société ouverte » prônée par les libéraux n’avait pas de fondement anthropologique…

  • « L’immigration sera donc à cet égard un facteur déclencheur des réformes structurelles que des pays comme la France ont jusque-là tant repoussées » juste lol. les immigrés votent largement en faveur de la gauche. une raison de plus pour s’opposer à l’immigration, ces gens participent à encore plus socialiser l’europe.
    Quand on voit d’où ils viennent (en général très socialistes), je doute qu’il soit très intelligent d’espérer qu’ils provoquent des réformes structurelles

    • Eh oui, l’immigration devient ainsi la nouvelle « armée de réserve » décrite par Marx aux mains des… libéraux.

      On se pince pour le croire.

      On ne parvient pas à réformer la France, dans un sens libéral, ergo il faut faire venir des millions d’immigrés.

      Inférence mortifère, hors sol, coupée de réalités historiques, culturelles, et économiques.

      Il faudra bien un jour que de telles idées soient sanctionnées au tribunal de l’histoire.

  • Supprimer le salaire minimum pour permettre à ces nouveaux venus de trouver un travail à n’importe quel prix. Voilà qui devrait plaire à ceux (Français ou non) qui ont perdu leur emploi et en cherche un. Un potentiel renfort pour le FN.
    Sans parler de la tentation de mieux gagner sa vie par des moyens illégaux.

    • Exactement … c’est une puissante incitation à faire voter FN …

      Encore une fois clairement le salaire minimum doit sauter ça ne se discute pas économiquement, mais il ne doit sauter dans des conditions « normales » pas sous la pression d’un lumpenproletariat importé. Sinon allez expliquer à un autochtone bac moins 4 au chomage que c’est une chance pour lui … … d’autant que ce gas là aura la grande chance de vivre dans les mêmes quartiers que ces nouveaux venus … ce qui n’est probablement pas le cas de l’auteur de l’article … qui lui en parallèle profitera d’une augmentation de pouvoir d’achat sur tous les services/produits qui implique une production intensive en main d’œuvre peu qualifié …

      Bref oui comme le dit Anthropique : »Tout à fait d’accord avec libresechanges. Un article typique d’un certain libéralisme utopique, parent en cela du socialisme, »

  • Si on arrêtait l’ingérence politique pour commencer (à grand renfort de bombes, de révolution de couleurs et de castration économique)
    Ou peu être que l’Europe à besoin d’une nouvelle vague de migrant pauvre pour créer plus de conflits sociaux et continuer la politique de dé régularisation des conditions de travail.

  • La vague migratoire a venir n’annonce rien de bon. Les précédentes se sont plus ou moins bien déroulées, et encore, les generations descendantes des premières vagues migratoires foutent un beau bordel, generations sans racines, sans but, sans attaches. Que va donner le million de migrants annuels, si ce n’est ajouter une couche de n’importe quoi dans la vaste blague qu’est l’intégration?
    CPEF comme dirait un certain h16.

    • « comme dirait un certain h16 »

      Pour votre information, h16 n’est pas xénophobe et est pour une immigration totalement libre.

      • Euh. …. ne pas applaudir l’immigration de masse c’est etre xenophobe ? Faire le constat qu’aujourd ‘hui ce n’est pas une reussite c’est etre raciste ? Ca ressemble a la pensee socialiste de base ca.

      • Je ne vois pas de xenophobie dans mon post… si vous estimez que l’intégration en france des populations africaines est globalement une reussite j’aurais quelques adresses a vous conseiller pour diversifier votre point de vue.

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