« Le libéralisme, c’est le socialisme »… Vraiment ?

Comment peut-on confondre la liberté et l’idéologie qui réglemente nos vies jusqu’aux plus petits détails ? Réponse au politologue Guillaume Bernard.

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Facepalm (Crédits : Hobvias Sudoneighm, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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« Le libéralisme, c’est le socialisme »… Vraiment ?

Publié le 5 juillet 2015
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Par Damien Theillier.

facepalm credits Hobvias Sudoneighm (licence creative commons)
Facepalm (Crédits : Hobvias Sudoneighm, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

Rappelez-vous les trois slogans qui régissent la dictature orwellienne :
La guerre, c’est la paix.
La liberté, c’est l’esclavage.
L’ignorance, c’est la force.

Guillaume Bernard, maître de conférences à l’ICES, vient d’en inventer un quatrième :
« Le libéralisme, c’est le socialisme » !

Comment peut-on arriver à confondre la liberté et la folle idéologie qui réglemente nos vies jusqu’aux plus petits détails ? Notre maître de conférences a réussi ce tour de force dans un article paru dans Valeurs Actuelles fin mai 2015, intitulé « Malentendus courants sur le libéralisme ». Tout part d’une équation par amalgame : le libéralisme serait une philosophie libertaire hédoniste et relativiste… ce que serait également le socialisme.

De là, le libéralisme, c’est le socialisme.

 

Un malentendu sur le libéralisme

L’auteur entretient un malentendu sur le libéralisme, habituellement entendu à gauche : celui-ci postulerait ou fonderait ses arguments sur l’hypothèse d’individus égoïstes, matérialistes et autosuffisants, affranchis de toute norme morale, de toute espèce d’ancrage dans une réalité morale naturelle.

Cette idée répandue dans le clergé, y compris au plus haut sommet de sa hiérarchie (comme le montre encore une fois la dernière encyclique du Pape François), est une idée fausse. À l’encontre de cette caricature, le libéralisme classique ne se confond ni avec l’hédonisme ni avec une indifférence à l’égard du bien ou du mal, et encore moins avec le socialisme.

 

Une philosophie du pouvoir limité

La plupart des libéraux s’accordent avec la tradition occidentale issue de la philosophie grecque pour dire qu’il existe une rationalité morale, et que le bien et le mal ne sont pas des notions arbitraires, relatives à l’opinion ou à l’époque. Ainsi, le vol détruit le principe de la propriété, fondée sur le travail, c’est-à-dire sur le libre exercice de nos facultés.

Pour les libéraux, à la différence des socialistes, il existe donc un droit antérieur à la formation de l’État, un ensemble de principes généraux que la raison peut énoncer en étudiant la nature de l’Homme.

Ce droit s’impose au pouvoir, qui doit dès lors le respecter. Les lois édictées par l’autorité politique n’ont force obligatoire que selon leur conformité au droit naturel. Et si les citoyens possèdent par nature certains droits fondamentaux, ces droits ne peuvent être ni octroyés ni supprimés par la loi.

 

Le libéralisme, pas une théorie morale complète

Mais contrairement au socialisme, le libéralisme n’a jamais eu la prétention d’être une théorie morale complète, ni une philosophie de la vie ou du bonheur.

Guillaume Bernard se trompe en affirmant que « le libéralisme est un tout », c’est-à-dire une sagesse globale. Il est seulement une théorie politique, incluant une morale politique, qui traite du rôle de la violence et des limites du pouvoir. Puisque les hommes ont des penchants criminels (ce qui rejoint l’idée chrétienne de péché), il faut les empêcher de nuire. Mais il est également nécessaire de limiter le pouvoir et d’empêcher la tyrannie. Si tous les hommes étaient bons, l’État serait superflu. Mais si, à l’inverse, comme le reconnaissent les libéraux et les conservateurs, les hommes sont souvent malveillants, alors on doit supposer que les agents de l’État eux-mêmes, qui détiennent le monopole de la violence, constituent une menace potentielle. C’est John Locke contre Thomas Hobbes, Benjamin Constant contre Rousseau.

Par conséquent, ce qu’un individu n’a pas le droit de faire : voler, menacer, tuer, un État n’a pas le droit non plus de le faire. Si le fait de spolier autrui est immoral pour un individu, cela vaut également pour ceux qui exercent l’autorité politique. Les libéraux pensent que le commandement biblique « Tu ne voleras pas » s’applique à tous sans exception. Il s’agit d’une éthique universelle qui s’applique également aux institutions sociales. Un vol reste un vol, même s’il est légal.

 

L’individu, seul agent moral

Il faut également entendre la défense libérale de l’individu en ce sens que celui-ci est le seul agent moral. Les notions de bien et de mal moral, de droits et de devoirs n’ont de sens que pour des personnes singulières, non pour des collectivités abstraites. Seul l’individu humain agit, pense, choisit, seul il est sujet de droit. Ainsi parler de « droits des homosexuels » n’a pas de sens, pas plus que de parler de « droits des catholiques ». L’égalité des droits ne peut être fondée que sur l’appartenance à l’espèce humaine, et non sur l’appartenance à une communauté ou à un groupe collectif.

Enfin et surtout, il n’est pas possible de comprendre l’essence de la philosophie politique libérale, si on ne comprend pas qu’elle a toujours été historiquement définie par une rébellion authentique contre l’immoralité de la violence étatique, contre l’injustice de la spoliation légale et du monopole éducatif ou culturel.

 

Une anthropologie réaliste

Mais ce qui différencie les libéraux des utopistes, c’est qu’ils n’ont pas pour but de remodeler la nature humaine.

Le libéralisme est une philosophie politique qui affirme que, en vertu de la nature humaine, un système politique à la fois moral et efficace ne peut être fondé que sur la liberté et la responsabilité. Une société libre, ne mettant pas de moyens légaux à disposition des hommes pour commettre des exactions, décourage les tendances criminelles de la nature humaine et encourage les échanges pacifiques et volontaires. La liberté et l’économie de marché découragent le racket et encouragent les bénéfices mutuels des échanges volontaires, qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels.

Quiconque a lu un peu les libéraux, anciens ou modernes, Turgot, Say, Bastiat, Mises ou Hayek, sait en effet, que pour eux, primo, l’intérêt personnel ne peut se déployer librement que dans les limites de la justice naturelle et secundo, le droit ne se décide pas en vertu d’un contrat, mais se découvre dans la nature même de l’homme, animal social, doué de raison et de volonté. On est alors très loin de la caricature donnée par l’article de Guillaume Bernard.

 

Les entrepreneurs anticipent les besoins des consommateurs

Les libéraux, il est vrai, accordent à l’intérêt une large place dans le développement de ce monde. Mais ils voient en lui le plus puissant et le plus efficace des stimulants lorsqu’il est contenu par la justice et la responsabilité personnelle. Le fait que les entrepreneurs soient avant tout guidés par leur intérêt, loin de conduire à l’anarchie, permet de canaliser les intérêts. Cela les oblige à prendre en compte et à anticiper les besoins des consommateurs. Pour réussir, il faut être à l’écoute des besoins de la société.

En revanche, l’un des objectifs principaux des socialistes est de créer (en pratique par des méthodes violentes) un Homme nouveau acquis au socialisme, un individu soumis dont la fin ultime serait de travailler au service du collectif. Pour les socialistes, en effet, les hommes ne sont que des matériaux inertes qui ne portent en eux ni principe d’action ni moyen de discernement.

Partant de là, il y aura entre le législateur et l’humanité le même rapport qu’entre le potier et l’argile. La loi devra façonner les hommes en fonction d’une idéologie imposée d’en haut.

Comme le dit bien Jean-Paul II :

« Là où l’intérêt individuel est supprimé par la violence, il est remplacé par un système écrasant de contrôle bureaucratique qui tarit les sources de l’initiative et de la créativité. » (Jean-Paul II, Centesimus Annus, 1991).

De fait, il y a beaucoup plus d’avidité et de cupidité dans le socialisme que dans le libéralisme. Dans une économie socialiste, il n’y a que deux moyens d’obtenir ce qu’on désire : le marché noir, ou la combine politique. Dans une économie de marché libre, la façon la plus efficace pour les personnes de poursuivre leur amour de la richesse est de servir les autres en proposant des biens utiles et à bon prix.

 

La propriété privée, c’est la protection des plus faibles

La propriété est d’abord une condition nécessaire à ce que le philosophe Robert Nozick appelle « l’espace moral » de la personne. La nature morale de l’être humain exige que la liberté de choix soit protégée pour que chacun puisse exercer pleinement son jugement et ses responsabilités. Et cet objectif de protéger cet espace moral de choix individuel est mieux servi par une société de libre marché, qui respecte la propriété. Notre tâche principale est d’agir de façon optimale, c’est-à-dire à réaliser notre nature humaine, aussi complètement que possible dans les circonstances de notre vie. Et seule une société libre, qui protège le droit de propriété, peut permettre d’atteindre cet objectif.

La propriété est aussi ce qui permet un comportement « prudent » (au sens de la vertu morale) vis-à-vis du monde naturel et social. Enfin et surtout, elle bénéficie aux pauvres car elle leur permet d’utiliser leurs dons et leurs compétences dans un marché ouvert à la concurrence.

Dans le christianisme, l’homme est appelé à servir les autres, spécialement les plus faibles. Or, la meilleure façon, la plus productive et la plus juste, d’aider les pauvres est précisément la liberté pour chacun d’exercer la profession ou l’activité de son choix. Une société libre est une société dans laquelle chacun est libre d’utiliser les informations, même imparfaites, dont il dispose sur son environnement pour poursuivre ses propres fins.

Certes, dans une société libre, les revenus sont inégaux, mais les possibilités qu’ont les gens de se sortir de la pauvreté extrême sont très grandes parce qu’on peut gagner en servant les intérêts d’autrui, et que la richesse des uns bénéficie, à terme, aux autres. Le libre marché est un formidable mécanisme naturel de redistribution des richesses car c’est un jeu à somme positive, l’échange est gagnant-gagnant quand il est consenti.

Enfin, l’économie de marché libre est un système qui permet de ce fait à la philanthropie de s’exercer mieux que dans tout autre système. Chaque être humain a une obligation morale d’assistance à l’égard de ceux qui sont atteints par le malheur. Mais on ne donne que ce qui est à soi. C’est le respect du droit de propriété qui rend possible la charité.

 

L’égoïsme est dans la nature humaine

En conclusion, l’égoïsme n’est pas dans le libéralisme, comme semble le croire Guillaume Bernard, il est dans la nature humaine. Le libéralisme explique seulement que l’intérêt personnel, canalisé par le droit, peut servir le bien commun de façon plus efficace et plus juste que la contrainte de la loi.

En effet, le principe qui a été découvert progressivement au cours de l’histoire occidentale et qui a été mis en lumière par les penseurs libéraux classiques, c’est que la liberté individuelle est créatrice d’ordre, mieux que n’importe quelle solution bureaucratique imposée d’en haut par la coercition. Et cela est vrai, non seulement sur le plan politique mais aussi sur le plan économique. L’allocation des ressources par le libre jeu de l’offre et la demande est la réponse la plus productive et la plus efficace aux besoins humains. Mais c’est aussi le seul système économique compatible avec une vision morale et religieuse de l’homme, fondée sur le droit naturel, c’est-à-dire sur l’idée que les gens ont, par définition, du fait même de leur présence sur Terre, des droits qu’il est immoral et injuste pour quiconque de violer.

 

L’État moderne, grand prédateur

Libre à chacun bien sûr de renvoyer dos à dos libéralisme et socialisme, comme le fait Guillaume Bernard. Mais encore faudrait-il ne pas tomber dans la vision caricaturale et fausse qu’il fait du libéralisme. Car il est trop facile de fabriquer un homme de paille pour mieux le rejeter ensuite comme quelque chose de vulgaire et d’immoral.

L’État moderne, qu’il soit de droite ou de gauche, est devenu « le grand prédateur », le grand confiscateur des libertés et des moyens financiers, promoteur d’un moralisme sans fondement, le tout au profit d’une mafia de rentiers de la politique. Or, dans le passé récent, seuls les libéraux ont pu s’opposer à cette croissance apocalyptique. Et ce ne sont pas les chrétiens sociaux, ni les réactionnaires, tous tentés par la forme moderne de socialisme qu’est l’étatisme, qui ont pu s’opposer à cette croissance.

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  • Excellent article : il est toujours utile de démonter les hommes de paille !

  • Excellent article, je pense le partager avec quelques collègues profanes pour leur faire la leçon !

    « Par conséquent, ce qu’un individu n’a pas le droit de faire : voler, menacer, tuer, un État n’a pas le droit non plus de le faire. »

    Par contre, je suis surpris de cette formule. Certains libéraux ne sont pas opposés à la peine de mort, à l’impôt, à la prison, etc. Il faudrait nuancer sur ce point, ce que réellement l’État a le droit ou non de faire et surtout sur ses motivations.

    • Il e faut pas confondre état et justice. les « punitions » ou dédommagement ne sont pas décréter par le pouvoir étatique mais par une justice qui devrait être indépendante et uniquement guidée par l’application des droits naturels.

    • Comme dit par Laurent, attention à ne pas penser la justice comme l’appareil de répression du pouvoir en place… Elle se doit d’être indépendante, et le pouvoir lui même doit y être soumis.

      Après il faut aussi voir ce que l’on accepte que l’Etat fasse, et ce que l’Etat s’adjuge lui même comme pouvoir. La subtilité est là. De la même façon que je n’autorise personne à rentrer chez moi, sauf si je l’y autorise expressément. L’Etat devrait être un invité, mais se comporte comme un malfaiteur.

    • Dans une conception libérale (une des conceptions libérales devrait-on plutôt dire) de la justice, les peines prononcées ne sont pas liées à un État, mais à la victime par une justice indépendante. Le juge n’a pas a être lié à l’État, il suffit que les parties prenantes l’acceptent et considèrent son arbitrage non-biaisé. S’il condamne alors l’une des parties à une peine donnée c’est au nom de la justice en général et de la victime, non pas pour une institution omnisciente et ayant le monopole de la violence légale.

      Pour la peine de mort c’est plus compliqué, mais la prison est une compensation pour l’incapacité à payer l’amende demandée, ou un dédommagement que la victime ou ses héritiers/représentants jugent acceptables : ils m’ont pris ça, et ne peuvent le rendre avec le pretium doloris en rab’, alors on leur prend leur liberté de mouvement pendant x temps à la place.

      • Beuhh, la mise en prison, la détention donc, est faite pour protéger la société d’une personne dangereuse. C’est la base, pas pour payer une pseudo dette.
        C’est bien pour cela que l’on dit que la justice ne fonctionne plus. Elle devrait éloigner des gens honnêtes, les malhonnêtes. Elle ne le fait plus.

        • C’est la conception que vous avez de la justice et de la prison, conception qu’on vous a soigneusement inculquée, pas une vérité absolue…
          Parce que bon « la société » c’est qui, c’est quoi ? Une personne qui commet un acte délictueux est « dangereuse » (quand on sait que le taux de récidive de la plupart des « criminels » est proche de zéro) ? Ou après combien de récidives ? Ou alors c’est la personne qui « pourrait » commettre un crime ou délit qui est dangereuse ? On trouve des pre-cog à quel endroit ?

          Rassurez vous s’il s’agissait de payer la dette aux victimes, les gens dangereux seraient en prison et yr resteraient longtemps en général, mais ce seraient les gens concernés qui décideraient et pas des gens comme nous peinard dans leur bureau ou des députés qui n’ont jamais été confronté aux faits concernés.

        • « pas pour payer une pseudo dette »

          Sympa pour les victimes, leurs ayant droit et leurs proches. Déjà qu’on leur applique la double peine, à savoir que les criminels ne paient en rien leurs forfaits et sont à la charge des victimes.

  • sur le capitalisme des pauvres Fernando de soto est une référence
    http://toutsurlachine.blogspot.fr/2015/04/les-pauvres-contre-piketty-hernando-de.html

    je l’ai observé en indonésie où, aucun capital ne reste inexploité, mais où il y a des conflits entre les profiteurs du système qui acaparaient les resources publiques où privées.

    ainsi la révolution soi disant anti communiste, mais en fait CIA, de 1965 a surtout bloqué un projet communiste éminament libéral du gouvernement de sukarno de privatiser les terres officiellement étatique mais de facto acaparées par les imams et les généraux.

    tout est compliqué, mais ce que je vois c’est que partout dans le monde émergent les pauvres sont des capitalistes qui s’ignorent et dont les droits sont piétinés par des élites de rentiers et de voleurs légaux.

    Le modèle du salariat que Marx a analysé est basé sur un système proche du modèle féodale, avec un seigneur-patron-capitaliste et des serf-salariés-dépendents, et la social démocracie organise un équilibre durable de cette relation de dépendence croisée, avec par exemple le contrat devenu intenable du « tu protège mes rentes, tu calme mes esclaves, je donne du boulot a tes électeurs et je te paye de quoi les acheter avec des avantages »

    c’est une crise de modèle féodal.
    la vision du mot « capitaliste  » en France est celle de Marx et c’est celle d’un aristocrate du capitalisme centralisé, façe a des « ouvriers » esclaves décapitalisés.

  • Bonjour !
    Savez-vous pourquoi les socialistes et autres gauchistes sont athées ?
    Parce qu’il est écrit dans la bible :  » tu ne voleras pas !  »
    Phrase insupportable pour eux !

  • L’article de Valeurs Actuelles m’avait fait bondir. Voici les réflexions qu’il me suscite. J’avais en son temps fait part à l’hebdomadaire de quelques-unes d’entre elles.
    En voyant le titre de l’article signé Guillaume Bernard « malentendus courants sur le libéralisme », j’ai aussitôt pensé qu’il y aurait là une mise au point salutaire face à la caricature bien française des courants libéraux. Quelle déception de voir dans cet article le libéralisme défini par une de ses conséquences (la baisse des prélèvements obligatoires) et réduit à « une inexorable quête de maximisation des plaisirs »…
    Ce discours est souvent utilisé par les socialistes, en ce sens que cette caricature sert leur propension à augmenter sans cesse le rôle de l’État. Le problème est que ces propos sont relayés par beaucoup de gens séduits par la cohérence apparente du discours, répétés par la plupart des médias français, par des hommes politiques qui se disent de droite et même le pape !
    On aurait donc souvent envie de faire une mise au point salutaire face à la caricature bien française des courants libéraux. Quelle contrevérité quand le libéralisme est défini par une de ses conséquences (la baisse des prélèvements obligatoires) et réduit à « une inexorable quête de maximisation des plaisirs »… De façon symétrique, c’est comme si on réduisait le socialisme à la hausse des impôts !
    Si l’essence du libéralisme est la liberté, celle-ci ne saurait être amputée de la responsabilité sans laquelle elle se dégrade en licence. Liberté pour chacun, pour chaque groupe humain, de mener sa vie comme il l’entend, dans un principe de subsidiarité bien compris. Inséparablement, responsabilité individuelle (assumer les conséquences de ses décisions) et sociale (être capable de répondre de ses actes devant la société). On est donc loin de la subjectivité totale, puisque cette responsabilité suppose une justification, et donc une réflexion, une éducation, la prise en compte de critères moraux. Et la responsabilité suppose aussi de répondre éventuellement devant la justice de ce qui aura pu léser autrui ou la société dans son ensemble. Les libéraux ne nient donc pas la nécessité d’un État de droit, ils critiquent vivement un État qui veut décider de tout pour tous, au détriment de ses fonctions essentielles.
    Cette liberté-responsabilité rend tout à fait possible « l’attelage libéral-conservateur ». On peut souhaiter diminuer la mainmise de l’État sur l’économie et adhérer en toute liberté à des valeurs et principes qui ont fait leurs preuves dans la construction de nos sociétés. Faut-il rappeler que la Déclaration de 1789 et la séparation des pouvoirs, la lutte contre le travail des enfants et l’esclavage, la création des syndicats, du droit de grève et des conventions collectives sont l’œuvre de libéraux ?
    Enfin, à la racine du libéralisme, se trouve une confiance en l’homme capable de s’améliorer même à travers ses erreurs, capable aussi de se préoccuper d’autrui. La coûteuse « solidarité » organisée par l’État est-elle supérieure aux structures locales d’entraide qui existaient auparavant ? Est-il bon que les citoyens se déchargent sur l’État de l’attention à autrui sans laquelle il n’est pas de société vraiment humaine ? Notre société où chacun en appelle à l’État dans une concurrence des droits sans fin est-elle un exemple ?
    Que l’État rende aux citoyens la liberté de gérer leur vie, et qu’il remplace ses utopies égalitaristes par une véritable lutte contre la pauvreté ! Gageons que cette dernière serait déjà considérablement réduite si les acteurs économiques avaient un peu plus de liberté…
    « Un peuple prêt à sacrifier sa liberté pour davantage de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » (Benjamin Franklin). La France est-elle encore le pays de la liberté ?

  • merci beaucoup pour cet article de qualité, clair & pondéré.

  • Excellent article.

  • Simple. A lire les commentaires sur La Tribune, il saute aux yeux que deux visions s’opposent: les réalistes et les dogmatistes. Les uns se basent sur les faits, les autres les tordent ou les ignorent pour le bien de la cause.
    Le dogmatisme, c’est imaginer un résultat et tout faire pour l’atteindre, quels que soient les moyens, puisque seule la vision à atteindre compte. Quand le réel, cet empêcheur de tourner en rond, vient contrecarrer ces plans, le dogmatiste a une solution toute trouvée: il ignore le réel.
    On connait les dérives naturelles de ce mécanisme, dont le moindre n’est pas le totalitarisme.
    Le libéralisme quant à lui est une proposition logique de la causalité ramenée aux décisions humaines. Ce n’est pas un dogme, mais une règle de conduite.
    Vous voulez un monde sans violence, harmonieux ou fleurissent les innovations? Laissez agir ses acteurs librement et assumer les conséquences de leurs actes.
    Les collectivités, si tant est qu’elles existent i.e. que les gens aient choisi ce moyen de mise en commun de ressources dédiées, remplissent leurs missions régaliennes. Aucune intercession ou délégation de ce pouvoir n’est possible et l’état de droit la règle. En d’autres termes: exit toute possibilité de dérive et de corruption « naturelle » par le politique.
    C’est simple, mais cela nécessite une attention permanente aux actions que l’on entreprend, et corolaire évidemment néfaste par les temps qui courent, implique un recours au savoir accumulé, qu’on appelle le bon sens et en politique le conservatisme, ce qui n’est en rien contradictoire avec une recherche du progrès.

  • Très bien expliqué.

    Maintenant pour que le système puisse paraitre convainquant, il faut dire que si le droit de propriété est là pour protéger l’individu et pas pour être spoliateur, celui-ci s’éteint en même temps que l’individu.

    Il faut aller jusqu’au bout de la logique pour éviter de donner du grain à moudre et permettre l’arrêt des taxes stupides sur le patrimoine.

    Le droit de propriété permet de garantir la récompense des efforts de l’individu et sa motivation à produire. Il permet aux entrepreneurs d’avoir envie de s’exprimer.

    Maintenant, la transmission de ce droit sur plusieurs générations ne garantit plus rien du tout et ne fait que renforcer l’effet boule de neige qu’on constate : l’argent attire plus l’argent que l’effort individuel.

    (Combien en France, ont plus gagné de richesse par la hausse de leur patrimoine immobilier que par leur salaire ??)

    Cet effet délétère, créateurs de rentiers et amplificateur de l’esprit rentier, appauvri tout autant l’initiative individuelle que le sociétalisme actuel, créateur de rentes de situation démesurées.

    • Ne croyez pas les racontars des collectivistes. Combien d’hériter on dilapider les fortunes parentales? Parmi les 100 plus grandes fortunes d’il y a 50 ans combien ont perduré jusqu’à nos jours? Il est faut de dire que le capitale d’accumule inexorablement, il y a des faillite, des changements, des industrie qui disparaissent, des inovation qui ruine les moins visionnaire. Il n’y a que dans les pays marxiste comme la France que les fortunes perdurent indéfiniment sous l’oeil bienveillant de l’état complice. La volonté de ceux qui on créée de la valuer doit être sacré, il doivent pouvoir faire ce qu’ils veulent de leur biens qu’elle qu’un soit le montant, c’est incontournable. de toute manière qui est plus légitime : cemui qui reçoit un bien librement consentit ou celui qui se l’approprie de force? Inutile de répondre à la question tout être sensé connait la réponse.

      • Pas de faillite pour ceux qui placent leurs billes familiales dans la rente immobilière.

        Seuls les entrepreneurs et les créateurs risquent quelque chose et c’est bien ceux-là qui sont mal récompensés, au contraire des rentiers de tous poils (fonctionnaires comme héritiers).

        Les fortunes d’il y a cinquante ans (le délai est mal choisi) sont bien toujours là : il n’y a que la guerre qui a remis quelques compteurs à zéro et permis à de nouvelles têtes d’émerger.

        Mais c’était il y a 65 ans.

    • Encore du Pikettout ❓

    • La propriété c’est le fructus, l’usus et l’abusus. Transmettre, donner à qui je veux fait manifestement partie de l’abusus, c’est donc une des composantes de ma propriété.

      Mettre une taxe là dessus, c’est du vol. Limiter ou contraindre l’héritage (hélas c’est déjà largement le cas) est un viol absolu de la propriété privée. Ce n’est JAMAIS moralement défendable.

      Et il est assez mesquin de juger indu que les gens puissent recevoir les dons des autres, y compris leurs parents. Celui qui est riche par héritage l’a mérité. Il a mérité l’amour de celui qui lui lègue ses biens… C’est au moins aussi respectable que celui qui a de l’argent reçu de quelqu’un en échange d’un « travail ».

  • une équation par amalgame: on appel ça un syllogisme, finalement.

  • Plus clair on meurt… et pourtant…
    Merci M. Theillier pour non seulement cet article mais pour tous ceux que j’ai pu lire de vous.

  • Les liberals aux États-Unis était des libéraux autrefois, aujourd’hui le terme à changé à 180 degré de définition, les anti-libertés ont volontairenent inversé le sens d’un mot pour prendre le pouvoir.

    Alors cet auteur pourrait-il être en train de carrément mentir pour semer la confusion et tuer le mot libéralisme?

    • liberals aux usa cela veut dire progressistes (autrement dit gauchistes).
      un libéral aux usa se dit libertarian

      • Un « libéral » américain est un gauchiste, mais pour un conservateur américain. En France, il voterait Modem ou LR

        Et ce n’est pas parce que les gogos de l’utopie socialistes se disent progressistes qu’ils n’ajoutent pas l’imposture à la chimère.
        Les pédagauchistes ont voulu une école progressiste et égalitaire. Ils ont dévoyé à la fois l‘égalité et le progrès et l’échec cuisant, dont ils sont l’artisan, illustre le « divorce entre la gauche et la modernité», dont Pierre Daix a fait le fil conducteur du XXe siècle. «It takes one to know one ». Rien de tel qu’un communiste repenti pour devenir un remarquable théoricien critique du socialisme. Dans son autobiographie lucide, il évoque son aveuglement et l’envoûtement collectif d’une société française, rétive à s’ancrer dans le réel et dans l’air du temps. Elle se distingue par sa propension à entretenir la curieuse «passion totalitaire en démocratie », qu’a décrite le politologue Marc Lazar. (Le Communisme, une passion française)

  • Je suis peut-être un peu idiot, mais il n’est absolument pas question, dans l’article de Valeurs Actuelles critiqué ici, de dire que « le libéralisme, c’est le socialisme ». C’est bien beau de reprocher à Guillaume Bernard de faire un homme de paille, mais il faudrait voir à ne pas en faire un soi-même. C’est même très vulgaire pour être honnête.

    Ce que fait Guillaume Bernard, c’est de lier le libéralisme et le socialisme dans un même courant de philosophie, celui de la modernité. D’où l’opposition entre philosophie classique et philosophie moderne : ce ne sont pas tant les oppositions entre socialisme et libéralisme qui comptent que les bases purement modernes sur lesquelles ils reposent (individualisme, subjectivisme, etc.) et qui sont absentes de la philosophie classique. Libéralisme et socialisme, deux faces d’une même pièce : la modernité. Ça ne revient pas un seul instant à identifier libéralisme et socialisme.

    Ayant mal identifié la thèse de l’article critiqué, cet article-ci enchaîne les hommes de paille. Pour ne prendre que le premier, sans quoi mon commentaire serait trop long :

    Guillaume Bernanrd ne dit pas du libéralisme qu’il « fonderait ses arguments sur l’hypothèse d’individus égoïstes, matérialistes et auto suffisants, affranchis de toute norme morale, de toute espèce d’ancrage dans une réalité morale naturelle. », mais qu’il « refuse de refuse de subordonner l’homme à une règle qui lui soit extérieure et supérieure. Elle ne retient que le choix rationnel de l’individu devant orienter l’exercice de sa liberté. C’est en soi et par soi que chacun détermine le bien. » Ce qui est parfaitement exact. Pas de subordination à une règle extérieure et supérieure dans le libéralisme, ce qui ne veut pas dire pas de règle tout court. Or précisément c’est là que réside la difficulté pour G.Bernard : non pas qu’il n’y ait pas de règle, mais qu’il n’y ait pas de règle extérieure et supérieure à l’individu et de bien objectif.

    L’article de G.Bernard ne s’adressant pas aux libéraux, il n’explicite pas pourquoi c’est un problème, et son article est donc difficile à commenter si on ne se reconnaît pas spontanément dans ses idées. Mais quoi qu’il en soit, l’article de Damien Theillier est complètement à côté de la plaque sur à peu près tous les points relevés. La question de la modernité est une question propre à la philosophie « neo-classique », et chrétienne en particulier, c’est une question intéressante, elle mérite mieux que de la réduire à ce vulgaire homme de paille.

    • Certes l’article de contrepoints critique l’article de valeurs actuelles sur des points qui n’y sont pas réellement. Mais vous faites de même…

      Et votre « c’est parfaitement exact » est en fait totalement faux…

      Bref, la paille, la poutre, toussa…

      • Non, pas totalement faux. Et il ne suffira pas de le dire pour que je vous l’accorde hein…

        La « règle » du libéralisme, ce sont bien les droits naturels, non ? Et dans la philosophie libérale, ils sont bien définis comme droits DE l’homme ou DE l’individu, non (ce qui est une différence fondamentale avec le droit naturel de la philosophie classique) ? Ils sont bien reconnus comme des puissances (au sens philosophique du terme) de l’individu lui-même, non ? Que chaque individu, après, dans l’usage de ces droits, observent personnellement une « règle extérieure et supérieure à l’homme », ça ne regarde pas le libéralisme, non ? C’est écrit noir sur blanc dans cet article que le libéralisme n’est pas une philosophie morale complète. Donc effectivement, le libéralisme « refuse de subordonner l’homme à une règle qui lui soit extérieure et supérieure ».

        « Elle ne retient que le choix rationnel de l’individu devant orienter l’exercice de sa liberté. » C’est encore effectivement le cas, sauf si on donne au mot « rationnel » un sens très étroit. C’est bien sur la rationalité que von Mises pose la capacité de l’homme à agir, non ? C’est parce que l’homme est rationnel qu’il est capable d’agir et de choisir ses fins et ses moyens ? C’est bien ça que retient von Mises dans l’Action Humaine, non ? Or, le libéralisme ne s’intéresse pas aux fins poursuivis par chacun, mais seulement au cadre juridique dans lequel chacun poursuit ses propres fins. C’est bien le sens de l’ordre spontané hayekien que je sache, non ? Donc ce que le libéralisme retient, c’est bien l’exercice de la liberté dans les choix. Est-ce que ça signifie que les libéraux eux-mêmes, en tant qu’individus, ne s’intéressent pas aux fins qu’ils poursuivent ? Evidemment que non. Mais ça tombe bien, G.Bernard ne fait pas un tel homme de paille, ou s’il le fait, ce n’est pas dans cet article.

        « C’est en soi et par soi que chacun détermine le bien. » C’est la conséquence naturelle des deux points précédents. Chacun détermine son propre bien, ce qui ne signifie pas que cette détermination est purement arbitraire, ou que certains ne se trompent pas sur le bien.

        « Socialisme et libéralisme sont les deux faces du contrat social moderne » : elle est là la thèse de l’article de G.Bernard, c’était ça qu’il fallait critiquer si on voulait vraiment faire un commentaire adéquat à l’article. Je suis peut-être un très mauvais lecteur, allez savoir…

        L’article de Damien est un sophisme qui confond les espèces parce qu’elles sont dans le même genre. Quand je dis que le chien est animal et que l’homme est un animal, je ne dis absolument pas que le chien est un homme.

        • Vous avez visiblement de plus en plus de mal à lire, et de moins en moins à écrire. De plus en plus de sottises philosophiques mal comprises avec de petits sauts quantiques non justifiés comme « bien sûr » « évidemment » « c’est bien… non ? » etc. Ce qui explique sans doute que les maths puis même l’économie se soient séparées de la « philosophie ».

          On pourrait vous prendre pour un cuistre, si on n’avait pas eu l’heur (ou pas ?) de vous lire avant… Mais cela reste ouvert au débat.

    • Non le libéralisme ne refuse [pas] de subordonner l’homme à une règle qui lui soit extérieure et supérieure. Vous lisez mal l’article de DT.

      La plupart des libéraux s’accordent avec la tradition occidentale issue de la philosophie grecque pour dire qu’il existe une rationalité morale et que le bien et le mal ne sont pas des notions arbitraires, relatives à l’opinion ou à l’époque. Ainsi le vol détruit le principe de la propriété, fondée sur le travail c’est-à-dire sur le libre exercice de nos facultés.

      Pour les libéraux, à la différence des socialistes, il existe donc un droit antérieur à la formation de l’État, un ensemble de principes généraux que la raison peut énoncer en étudiant la nature de l’homme.

      L’homme reste subordonné à sa nature, il ne la choisi pas.

      • « L’homme reste subordonné à sa nature, il ne la choisi pas.  »
        Non, c’est bien l’Homme qui reconnait (ou pas !) ce qui fait « sa nature ». La réalité peut plus ou moins le contraindre par certain aspect (par exemple se penser « oiseau » ne suffit pas à voler), mais l’Homme peut, par diverses ruses, nier la réalité. Et c’est pas les exemples qui manquent…
        l’Homme est autonome, pas subordonné.

        • Nier la réalité n’empêche pas d’y être soumis (donc subordonné). De plus rien n’empêche l’homme de ne pas reconnaître une loi extérieure et supérieure à laquelle il serait subordonné.

          • la réalité ne donne pas d’ordres. Elle rend possible des choses, mais on n’est pas obligé de les faire. Et elle en rend impossible d’autres, mais elle ne les « interdit » pas. Le libéralisme ne reconnait pas de valeur légale à la réalité, et ne cautionne pas la transformation d’un impossible en un interdit légal, ni la transformation d’un possible en obligation. Alors que ces précisément ce que font divers anti-libéralismes, ceux qui par exemple interdisent la GPA parce que ce n’est pas « naturel », c’est à dire pas possible.

            • En fait nous disons donc presque la même chose mais différemment. En particulier, vous limitez la loi à la loi positive. Mais « loi » est un terme sinon équivoque, au moins analogue. Du coup il ne faut pas assimiler la loi naturelle a une loi positive particulière. En particulier ce n’est pas parce qu’une chose est dans la loi naturelle qu’elle doit être retranscrite dans la loi positive.

              Je prendrait un exemple si vous marchez au bord d’un précipice et qu’accidentellement vous mettez les pieds dans le vide, légalement, personne ne vous oblige à tomber, mais vous allez tombez quand même, à cause de la loi de l’attraction universelle.

              Enfin votre vision des anti-GPA est caricatural. Opposé moi-même à la GPA je n’ai jamais utilisé ou entendu argumenter de cette façon, même parmi les moins libéraux.

    • Le principe de non agression est une règle extérieure et supérieure à l’individu.

      Il est donc absolument faux que le libéralisme « refuse de refuse de subordonner l’homme à une règle qui lui soit extérieure et supérieure. Elle ne retient que le choix rationnel de l’individu devant orienter l’exercice de sa liberté. C’est en soi et par soi que chacun détermine le bien. »

      L’existence d’un droit naturel est d’ailleurs le postulat qui distingue le libéralisme du socialisme selon Bastiat (et si Bastiat n’est pas libéral, qui est libéral ?):
      « Rousseau, étant convaincu que l’état social était d’invention humaine, devait placer très haut la loi et le législateur. Entre le législateur et le reste des hommes, il voyait la distance ou plutôt l’abîme qui sépare le mécanicien de la matière inerte dont la machine est composée.
      Selon lui, la loi devait transformer les personnes, créer ou ne créer pas la propriété. Selon moi, la société, les personnes et les propriétés existent antérieurement aux lois, et, pour me renfermer dans un sujet spécial, je dirai: Ce n’est pas parce qu’il y a des lois qu’il y a des propriétés, mais parce qu’il y a des propriétés qu’il y a des lois.
      L’opposition de ces deux systèmes est radicale. Les conséquences qui en dérivent vont s’éloignant sans cesse; qu’il me soit donc permis de bien préciser la question. »
      http://bastiat.org/fr/propriete_et_loi.html

      • Le principe de non agression est incomplet. Il ne définit pas ce qu’est une agression, et bien des conflit naisse d’interprétation divergente à cet égard entre les protagonistes.
        D’ailleurs dans la DDHC ce principe est défini par réciprocité.
        Or il y bien des façon d’accomplir la réciprocité. tolérer toutes les injures, ou n’en tolérer aucune, par exemple.

        • Oui . Un exemple concret
          Quand il y a 30 ans je subissais 10 mouvements aériens dans la journée c’ était des avions
          en 2015 quand j’ en subis 200 ce sont des mer- des volantes et je sais que dans ces foutus engins il n’ y a pas que des socialos

    • Aurélien, tu fait dans le chipotage. Bien sûr que ma critique va droit dans le mille. Ce qui dit G. Bernard, maladroitement, c’est exactement ce que disent tous les anti-libéraux, de droite ou de gauche d’ailleurs. J’ai simplement traduit en termes plus simples et compréhensibles mais c’est l’esprit et non la lettre qu’il faut retenir. Les libéraux n’adhèrent pas au contrat social moderne, sauf à les caricaturer, comme je t’ai entendu le faire avec Ayn Rand.

  • Dans la Grande Parade, JF Revel a consacré un chapitre au contresens de la comparaison entre socialisme et libéralisme qui néglige une évidence: le premier est une utopie qui repose sur des dogmes immuables qu’il conforme à la réalité ( le Grand Soir) et le second s’ancre dans la réalité et évolue avec elle. Il a clairement expliqué l’incompatibilité entre les deux, (pp 62 et suivantes).

    “ Un malentendu fausse quasiment toutes les discussions sur les mérites respectifs du socialisme et du libéralisme: les socialistes se figurent que le libéralisme est une idéologie. Et, suivant une soumission mimétique souvent décrite dans ces pages, les libéraux se sont laissés inculquer cette vision grossièrement erronée d’eux-mêmes. Les socialistes, élevés dans l’idéologie, ne peuvent concevoir qu’il existe d’autres formes d’activité intellectuelle. Ils débusquent partout cette systématisation abstraite et moralisatrice qui les habite et les soutient. Ils croient que toutes les doctrines qui les critiquent copient la leur en se bornant à l’inverser et qu’elles promettent, comme la leur, la perfection absolue, mais simplement par des voies différentes. Si, par exemple, un libéral dit à un socialiste : « A l’usage, le marché semble être un moins mauvais moyen d’allocation des ressources que la répartition autoritaire et planifiée », le socialiste répond aussitôt : « Le marché ne résout pas tous les problèmes. » Certes ! Qui a jamais soutenu pareille ânerie ? Mais, comme le socialisme, lui, a été conçu dans l’illusion de résoudre tous les problèmes, ses partisans prêtent à leurs contradicteurs la même prétention. Or tout le monde n’est pas mégalomane, heureusement. Le libéralisme n’a jamais eu l’ambition de bâtir une société parfaite. Il se contente de comparer les diverses sociétés qui existent ou ont existé et de retenir les leçons à tirer de l’étude de celles qui fonctionnent ou ont fonctionné le moins mal. Pourtant, de nombreux libéraux, hypnotisés par l’impérialisme moral des socialistes, acceptent la discussion sur le même terrain qu’eux. « Je crois à la loi du marché, mais elle ne suffit pas », déclare l’économiste américain Jeremy Rifkin . « Le marché libre ne peut tout résoudre », renchérit le spéculateur George Soros. Ces piètres truismes émanent d’un système de pensée figé, selon lequel le libéralisme serait une théorie opposée au socialisme par ses thèses mais identique à lui par ses mécanismes. Or il n’est ni l’un ni l’autre.”

  • « Mais le libéralisme, contrairement au socialisme, n’a jamais eu la prétention d’être une théorie morale complète, ni une philosophie de la vie ou du bonheur. »
    Le libéralisme est un fruit du christianisme, et donc il est compatible avec la disjonction des domaines de Dieu et de César.
    Autrement dit, le libéralisme politique est laïc par construction.
    Le socialisme est radicalement antilaïc, et ses protestations de laïcité devraient alerter puisque, comme chacun sait, le socialisme pratique toujours le retournement orwellien et produit toujours le contraire de ce qu’il prétend.
    La laïcité serait-elle l’exception, le seul point sur lequel le socialisme produise ce qu’il prétend ?

    Évidemment pas.
    Le socialisme emploie le pouvoir régalien pour imposer une anthropologie et une eschatologie, puisqu’il est sans arrêt question de progrès ou de régression – le socialisme connaît donc la fin des temps et s’appuie sur ce savoir pour nous imposer ses normes.
    C’est à l’évidence un pouvoir religieux.
    Pourquoi alors se prétendre laïc ?
    Pour persécuter l’Église, puisqu’elle se dit extérieure au pouvoir et que, effectivement, ses principes lui attribuent un rôle extérieur au pouvoir et lui interdisent de l’exercer (ce qui la confronte au problème d’échapper à son emprise…)
    La laïcité ne consiste pas à être gouverné par des athées ni à condamner aux silence ceux qui croient en Dieu, mais interdire au pouvoir régalien d’imposer des lois fondées sur une anthropologie.
    Le pouvoir doit être séculier, c’est-à-dire pragmatique.
    Les lois doivent être ordonnées à des nécessités objectives, sans quoi elles sont arbitraires.
    Et on retombe sur le constat habituel: Le socialisme est foncièrement totalitaire.

  • « une théorie politique, incluant une morale politique, » … Oui celle que la morale n’est pas du domaine de la politique, mais de la raison, du libre arbitre et de la religion.

    Le libéralisme est ‘amoral’, dans le sens où c’est l’individu qui est moral et que comme disait Locke

    « On peut employer tant d’avis et de raison que l’on voudra, pour contribuer au salut de son frère ; mais on doit s’interdire toute violence et toute contrainte : rien ne doit se faire ici par autorité. »

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