L’Europe pourrait sortir renforcée des négociations sur le Brexit

Menées avec intelligence, les négociations entre David Cameron et ses partenaires pourraient bien déboucher sur une Union Européenne renforcée.

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David Cameron (Crédits : UK Home Office, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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L’Europe pourrait sortir renforcée des négociations sur le Brexit

Publié le 1 juillet 2015
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Par Vincent Delhomme.
Un article du site Trop Libre

David Cameron (Crédits : UK Home Office, licence Creative Commons)
David Cameron (Crédits : UK Home Office, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

Après la nette victoire de David Cameron aux élections législatives britanniques, l’Europe s’apprête à vivre ses deux prochaines années au rythme du Brexit. La feuille de route du Premier Ministre est claire : rendre l’Union Européenne plus conforme aux intérêts britanniques, ou la quitter. Si les eurosceptiques se réjouissent de ces premiers coups portés à l’édifice européen, il est pourtant possible que l’UE sorte au contraire renforcée de ces négociations.

Tout d’abord, l’imminence d’un réel débat institutionnel, dix années après le traumatisme du non français et néerlandais à la Constitution européenne, est un premier motif de satisfaction. L’Europe a plus que jamais besoin de réformes pour fonctionner efficacement avec vingt-huit États membres aux intérêts divergents. Le statu quo est impensable.

La tenue d’un référendum, malgré toute l’incertitude et le risque qu’elle comporte, est également à saluer. L’Union Européenne, sans cesse accusée de ne pas être assez démocratique, a besoin de l’onction du vote populaire pour retrouver sa légitimité, a fortiori dans un des pays où son image est la plus écornée. Il faut se réjouir que la parole soit redonnée au peuple.

Ensuite, il est encore probable que le Royaume-Uni reste dans l’Union à l’issu de ce référendum. On peut parier que David Cameron ne fera pas campagne pour un Brexit aux conséquences pour le moins incertaines, surtout lorsque l’on connaît l’opposition des milieux d’affaires et de la City à cette solution. De plus, l’opinion publique britannique est toujours à une très large majorité en faveur du maintien dans l’Union. Pour parvenir à ce résultat, les partenaires de David Cameron doivent respecter ses demandes sans faire preuve d’une intransigeance qui pourrait se révéler contre-productive, le mandat démocratique octroyé par le peuple britannique ne souffrant à cet égard d’aucune contestation.

Toutes les revendications britanniques sont d’ailleurs loin d’être irrecevables, comme le souhait de diminuer la bureaucratie et l’inflation législative européenne, ou bien la volonté de renforcer le marché intérieur des services. L’Europe bénéficierait de telles réformes. Au contraire, certaines demandes comme celles visant à réduire l’immigration intra-européenne ou à priver les migrants de leurs droits aux prestations sociales ne sont pas acceptables. La liberté de circulation et la non-discrimination entre les citoyens européens ne sont pas des règles négociables. Transiger sur ces principes dans le but d’assurer l’adhésion britannique serait une erreur terrible, un précédent fort dommageable qui donnerait l’illusion de renforcer l’Union Européenne tout en en sapant les fondations.

Enfin, ces négociations peuvent déboucher sur une architecture européenne renouvelée, plus flexible et respectueuse des aspirations des peuples qui la composent. Il faut passer d’une Europe uniforme à une Europe des cercles. La zone euro devrait en être le cœur, avec une intégration économique et politique plus poussée qu’aujourd’hui, tandis que le reste des pays se concentrerait alors sur une zone de libre-échange et un marché unique renforcé. Si les britanniques et leurs alliés, le Danemark en tête, obtiennent gain de cause, il faut exiger qu’ils ne freinent pas les volontés des autres pays d’aller plus loin dans l’intégration.

Évidemment, tant l’issue des négociations que celle du référendum demeurent incertaines. Dans deux ans, l’Union européenne pourrait se retrouver paralysée par une sortie du Royaume-Uni. Mais les leaders européens disposent d’une véritable marge de manœuvre pour que ce scénario ne voie pas le jour, mais qu’au contraire l’Union Européenne émerge de ces discussions plus démocratique, plurielle et intégrée que jamais.

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  • Bien beau tout ça mais même avec des rustines institutionnelles, les habituelles grandes déclarations européistes « main sur le cœur » de nos gouvernants, la propagande habituelle des technocrates de Bruxelles , des référendums plus ou moins biaisés et de la planche à billets à gogo, l’EURSS est condamnée … Juste pour le simple exemple qu’un allemand n’acceptera de payer les nécessaires transferts massifs pour financer la retraite au soleil grec ou espagnol d’un soixante-huitard franchouille…

    • Pour avoir travailler dans 4 pays de l’Union, je dirai que le niveau de connaissances des français sur l’Union se limite à de l’info jamais de vècu. L’exemple l’allemand et la pension grecque, c’est oublier que demain ce sera le tour de la France: 4 milliards/semaine pour maintenir notre système sociale, c’est bien pire que la Grèce! Ce qui manque à la Grèce c’est de produire de la haute valeur ajoutée pour soutenir les retraités. Alors au lieu de verser des milliards à l’Etat Grec il suffisait de soutenir des investissements en Grèce par les entreprises européennes. L’Union aurait dù imposer une solution par l’industrialisation et non par la finance pure et bète. Sarkosy a voulu surtout protèger les banquiers qui avaient misés l’argent de leur clients sans leur accord! Les eurocrates proposent mais ne sont pas les nègotiateurs. Il faut chercher le problème avec les ministres qui se retrouvent à Bruxelles. Je pense surtout que la Grèce venait se sortir d’une dictature, et son peuple n’a pas compris que le fric européen ne devait pas servir à acheter des biens européens parfois inutiles, mais mettre en place une èconomie moderne basée sur de solides moyens de productions comme des services, et certainment pas pour engendrer des fonctionnaires comme le fera le PS en 1981, au moment que la Grèce entra en Europe. La France n’est pas un model à suivre….

      • Ah Martin propose la distribution de pognon aux retraités… L’âge approche ?

      • Ah non! Vraiment non! La France n’est pas un modèle, ou alors, le modèle de ce qu’il ne faut pas faire! Mais la France sans avoir tenu aucun de ses engagements solennels n’a plus aucun poids et n’est même plus crue ni crédible, vu que c’est bien la France qui a voulu imposer son système administratif mêle-tout à l’Europe.

        C’est ce qui arrive quand on ne réforme jamais rien, à cause de la trouille des politicards branchés exclusivement sur la prochaine échéance électorale qui les concerne! Tout est obsolète, désuet et dépassé en France, mais personne ne pense à réformer!

        Ch.De Gaulle et sa Vième république méprisaient ouvertement les « godillots » et la république des partis: seul le référendum a pu dire non à De Gaulle, et il est parti en moins de 12 heures! Le gugusse précédent jeté officiellement par la porte, tente de rentrer par la fenêtre: c’est proprement aussi ridicule qu’invraissemblable et impensable que son challenger soit cet insignifiant F.Hollande, inactif convaincu!

        Alors non, il n’y a pas de place en Europe pour un noyau central, politiquement intégré, avec un Royaume-Uni qui prendrait ce libre-échange qu’elle apprécie mais sans aucune compensation contraignante: on peut rêver mais n’oublions pas que « la City » reste le paradis fiscal « number one » pour l’obscurantisme des affaires! (Personne n’en parle? Oui, je sais!

        Alors « Poeppen, niet betalen » (traduction d’une expression d’une langue populaire du pays où je suis né: « baiser et ne pas payer », c’est bien le genre britannique, mais point trop n’en faut. Donc non, à une Union Européenne à la carte! Dans un club anglais, on paie sa cotisation AVANT d’entrer dans le club, puis chaque année, enduite!!!

        Je sais la « solidarité » n’est en rien une spécialité libérale mais le monde n’est pas que libéral, ce serait trop facile! Qui vote « libéral » en France et pour quel parti?

        Qui va oser dire aux retraités: « dans 2 ans, vous n’aurez plus de retraite, seuls, vos arrangements avec vos proches vous permettront de vivre sans gagner, bonne chance! »

        N’est-on pas vraiment trop loin pour revenir à un libéralisme « pur et dure »?

        Comme les patrons « paternalistes » offraient logement, soins, éducation des enfants, et même sport et culture aux « ouvriers », le libéralisme actuel peut difficilement se passer de l’existence « d’acquis sociaux », mais, par contre, rien n’empêche que ce genre de job soit confié à des sociétés privées efficaces, efficientes et moins chères que « l’Administration Nationale », au lieu d’augmenter le prix de l’offre, « vu que c’est l’état qui paie! »

        J’ai un ami représentant, qui vendait de la peinture aux sociétés H.L.M.: il avait toujours rendez-vous en fin de matinée, 11H00-11H30, dans un bureau où tout le service déboulait pour qu’il régale tout le monde, évidemment: dès la deuxième fois, le forfait « repas » était évidemment inclus dans l’offre de prix. Oui, mon ami n’est pas français, non plus, évidemment! Mais comme c’est « l’état qui paie », tout le monde aurait tort de se gêner! Si c’est la coutume …

        De ce système-la, l’Europe n’a pas besoin non plus! Mais la transparence, en France, ce n’est pas pour demain! Et tout le « bla-bla » national n’y changera rien!

    • Il est évident qu’un allemand n’aura pas assez de pognon à prêter à un français…
      Quand ils seront à la retraite, les allemands : crack boum hue… :mrgreen:

      • Ah cette vieille xénophobie française, bien aidée par ce chauvinisme aussi prétentieux que ridicule ou absurde et sans aucune raison d’être, mais si présent, partout, en tout, pour tout!

        Heureusement que j’ai quitté votre pays (comme nombre de vos compatriotes, ce que je ne suis pas), même si un de vos compatriote et, par ailleurs, mon confrère m’a dit que je pourrais solliciter la nationalité française: franchement, j’ai eu du mal à ne pas éclater de rire! Moi, j’étais en France, comme un pionnier de l’aide à un pays en voie de sous-développement!!!

        • Vous n’avez pas tort sur les français, cependant je me permets de vous faire remarquer que votre propos grinçant sur le franchouille est aussi parfaitement xénophobe…

  • C’est grave, ce copier/coller à la Française. Cameron n’est pas un homme politique Français : il tiendra ses promesses : dont celle d’un referendum.
    L’Europe pourra lui apporter toutes les concessions voulues, il y aura referendum.
    Hier Cameron l’homme battu par tous les sondages ??? Aujourd’hui le sauveur du referendum sur l’Europe ?? Les Sondages se trompent encore : Le RU sortira de l’Europe avec une forte majorité :es Écossais étant pour cette sortie du RU : puis ils sortiront du RU, et se rallieront à l’Europe par referendum.
    L’Ecossais est pour une Écosse en Europe mais pour un RU hors d’Europe : paradoxe – dur à avaler-

    • Dur à comprendre, en effet. D.Cameron a toujours été pro-européen et il le reste. Les Britanniques sont comme les Français: une Europe des 28 mais à leur façon, dont ils seraient les patrons: aucun des deux, Royaume-Uni et France, ne mérite cela après avoir autant triché!

      Mais une Écosse-région, séparé d’un « Royaume désuni », serait sans doute un partenaire plus fiable!

  • Nous brits voteront pour rester dans l’Union européenne par la peur.

    Nous allons mépriser l’UE et se sentir comme un otage , mais nous allons rester .

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