Grande distribution : vive la concurrence !

La guerre des prix entre grandes enseignes s’est soldée par la victoire des consommateurs.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Stories behind #20 - Victory credits Daniel Horacio Agostini licence (CC BY-NC-ND 2.0) ), via Flickr.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Grande distribution : vive la concurrence !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 mai 2015
- A +

Par Erwan Le Noan.

Stories behind #20 - Victory credits Daniel Horacio Agostini licence (CC BY-NC-ND 2.0) ), via Flickr.
Stories behind #20 – Victory credits Daniel Horacio Agostini licence (CC BY-NC-ND 2.0) ), via Flickr.

Une étude récente a relevé que la guerre des prix entre les grandes enseignes de supermarché avait eu des effets clairement bénéfiques pour les consommateurs, leur permettant de gagner près d’un milliard d’euros de pouvoir d’achat.

La presse française aime faire revenir régulièrement ses sujets fétiches à la une : chaque année, nous avons donc la joie d’explorer l’univers des francs-maçons, de tout savoir sur l’immobilier de notre région et de profiter de pages de débats profonds sur une querelle picrocholine et très parisienne sans conséquence immédiate sur le cours du monde. Fréquemment, aussi, les journaux et magazines nous réservent un dossier ou un reportage sur la grande distribution et dénoncent ces supermarchés avec lesquels nous entretenons une relation complexe et ambiguë : nous y consommons abondamment plusieurs fois par semaine, mais nous adorons leur reprocher (sans le vérifier exactement) de nous avoir détourné des commerçants d’antan qui étaient si traditionnels…

Évidemment, il est difficile d’aborder ce secteur sans discuter des niveaux de prix et de marges.

La France a d’ailleurs créé un « Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires » tant le sujet est sensible et polémique dans notre pays. Cet observatoire a rendu son rapport annuel fin avril : il relève « qu’un repli global s’observe également en 2014 pour les prix des produits des industries alimentaires qui diminuent en moyenne de près 2%, et pour les prix à la consommation alimentaire qui baissent en moyenne de 0,7%, première baisse annuelle observée depuis plusieurs années ». Une étude récente a également relevé que la « guerre des prix » entre les grandes enseignes avait eu des effets clairement bénéfiques pour les consommateurs, leur permettant de gagner près d’un milliard d’euros de pouvoir d’achat (une nouvelle preuve que le marché est bien plus efficace que le gouvernement pour enrichir les Français !).

La concurrence dans le secteur de la distribution exerce ainsi une pression constante sur l’ensemble des acteurs. Soumis à la contrainte puissante du marché, ils se doivent de redoubler d’efforts pour attirer le consommateur, qui a généralement la possibilité de choisir entre une multitude d’enseignes situées à proximité. L’ensemble de la chaîne participe à cette dynamique de rationalisation permanente : à chaque niveau, il est nécessaire d’optimiser coûts et processus, conduisant de fait à limiter les prix aux clients finaux.

Cette dynamique concurrentielle a d’autres effets vertueux. Bien sûr, il existe certainement des pratiques douteuses et des abus, mais l’actualité invite à observer le secteur sous un angle différent : il réalise un travail constant pour capter les consommateurs et, à y regarder de plus près, il est engagé dans une dynamique d’innovation intense.

Il existe, pour s’en convaincre, un exemple simple : les distributeurs innovent en renouvelant les modèles de magasin. Un peu de perspective historique rappelle leurs évolutions : les hypermarchés d’aujourd’hui sont, d’une certaine façon, la suite des galeries marchandes apparues au début de l’époque contemporaine et que l’on retrouve dans certains vieux quartiers de Paris. Elles permettaient alors de rassembler en un seul lieu des commerçants diversifiés. Continuant dans cette voie de la rationalisation sont nés les grands magasins, puis les supermarchés, les hypermarchés, le discount et aujourd’hui le e-commerce. Ce dernier canal de distribution accélère lui-même les transformations, suscitant par exemple l’apparition des « drives » (que le gouvernement a tant chercher à empêcher). On ne sera pas surpris d’apprendre qu’à chaque moment de cette évolution, il s’est trouvé des voix pour protester et dénoncer l’assassinat du commerce traditionnel.

Ces transformations permanentes des modèles de distribution induisent des évolutions rapides qui laissent peu de marges à l’erreur : les moins performants, ceux qui savent le moins s’adapter aux attentes des consommateurs, disparaissent. Le « hard discount » en fait l’expérience aujourd’hui en France : à la mode il y a quelques années, il a souffert d’une image dégradée, ce qui l’a précipité dans une crise grave (les enseignes Dia, par exemple, viennent d’être rachetées par Carrefour). C’est le jeu sain de la concurrence : celui qui ne sait plus satisfaire la demande est sanctionné. Dans le secteur de la distribution, la punition est rapide et sévère… et le consommateur en sort gagnant !

Sur le web

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Ça laisse rêveur quant à ce qui se passerait si l’implantation des supermarchés n’était pas limitée par les autorisations des élus, avec la protectection des « zones d’achalandage » qui vont avec.

  • La guerre des prix s’est sans doute soldé par une victoire du porte monnaie des consommateurs, mais au niveau qualitatif, c’est une défaite écrasante !
    Des fruits et légumes sans saveurs et dégueulasses qui viennent du bout du monde, du cheval au lieu du boeuf, des plats trop sucrés, trop salés, trop gras, infâmes d’un point de vue gustatif, le consommateur doit avoir l’oeil vif et précis pour identifier les vraies ou fausses promos en comparant le prix au litre ou kg.

    Dorénavant, c’est primeur, boucher, charcutier, poissonnier, boulanger, pâtissier, fromager, crémier, alors certes ça me prend plus de temps pour faire les courses, mais pour à peine plus cher, la qualité est incomparable et en plus je bouffe local (AMAP, La ruche, etc).

    • « mais au niveau qualitatif, c’est une défaite écrasante ! »

      Non, les prix sont corrélés. La preuve c’est que vous trouvez vous aussi de la qualité pour moins cher.

    • si vous savez que c’est sans saveur, dégueulasse, trop gras, trop salé, trop sucré ou trop n’importe quoi… n’achetez pas. Tant que vous laissez ceux à qui ça convient acheter il n’y a pas de problème.

    • C’est un peu plus cher mais ça vous prend du temps.

      Votre heure de temps, elle vaut combien ? Je parierai bien qu’à y regarder de plus près vous payez beaucoup, beaucoup plus cher.

      Comme le fait remarquer Anagrys, si ça vous convient de payer plus pour avoir ce que vous considérez être mieux, super, tant que vous n’essayez pas d’obliger les autres à être d’accord avec vous et que vous ne faites pas passer des lois et autres pénalisant la grande distribution, etc.

  • Les agriculteurs, les producteurs, industriels et autres s’y retrouvent, c’est sûr, pressurés qu’ils sont par ses grands distributeurs qui leur achètent leur produits pour rien ou pas grand chose…

    • Rien ne les empêche de mettre en place leurs propres circuits de distribution s’ils pensent que les intermédiaires et hypers gagnent leur argent facilement.

      On se demande d’ailleurs pourquoi les agriculteurs limitent leurs opérations « grand marché solidaire » à une seule journée par an… le résultat financier ne doit pas être si fantastique.

      • Vous avez raison et on se retrouve devant ce paradoxe : un mode de distribution, style en circuit court, n’est peut-être pas si rentable et en plus il est insuffisant pour nourrir des millions de gens… Contrairement à la grande distribution… On est un peu coincé…

      • On peut se demander si la réglementation n’est pas justement conçue pour empêcher que ne se généralisent les modes de court-circuitage de la grande distribution. Si ces opérations se répétaient trop souvent, combien pariez-vous que les agriculteurs seraient condamnés pour ne pas disposer de l’étiquetage, des lieux de vente et autres vitrines réfrigérées homologuées, parkings accessibles aux handicapés, toilettes avec eau chaude eau froide eau mitigée pour le vendeur, enseignes inférieures à 2 m^2, comptabilité quotidienne consultable par les services fiscaux, etc. ?

        Il est un peu facile d’affirmer que c’est grâce à la grande distribution que les prix sont bas : il n’y a pas de base de comparaison où l’on puisse aller chercher son produit chez le producteur « en passant », mais de prétendus circuits courts où le producteur doit respecter des centaines de normes et de conditions pour pouvoir vendre une gousse d’ail quand le supermarché voisin peut mettre en vente à 0.98 TTC celle qui vient du Pérou et encore faire 3 centimes de profit.

      • Il y a une mutation dans les biens d’équipements qui sont passés du commerce de détail à la grande distribution puis maintenant à la vente sur Internet.

        Je me demande combien de temps cela va prendre avant que l’alimentation prenne le même chemin et qui va s’approprier le marché. Simple question de logistique (c’est en fait compliqué) pour organiser la distribution à des prix concurrentiels par l’intermédiaire de points de dépôt/relai. Comme d’habitude la France réagira quand une société américaine aura pris le marché.

        • Le drive est une invention française dont les américains commencent tout juste à s’inspirer.

          Ce que je reproche le plus à la grande ditri. c’est leur façon d’essayer d’imposer leur produit sous leur nom, marques « repère » et autres. Ils sont par endroit dans une sorte de monopole pour fabriquer et distribuer leurs produits. Le consommateur doit être vigilant à ce que la concurrence existe bien dans leurs rayons.

          • « Ils sont par endroit dans une sorte de monopole pour fabriquer et distribuer leurs produits. »

            Merci de ne pas redéfinir les mots du dictionnaire. Un monopole est un privilège accordé par l’état.

            Les marques de distributeurs (MDD) sont juste une alternative permettant au distributeur de proposer un produit qu’il peut faire fabriquer suivant sa propre recette par qui il veut suivant les opportunités sur le marché : ainsi un distributeur peut changer de fournisseur à la volée.

            « Le consommateur doit être vigilant à ce que la concurrence existe bien dans leurs rayons.

            Un distributeur fait bien ce qu’il veut. Si vous n’êtes content de la gamme de produit alors changez de distributeur, c’est le meilleur moyen d’exprimer votre mécontentement et c’est ainsi que le parché fonctionne. Vous ne voulez pas non plus que le concessionnaire Toyota au coin de la rue distribue des Peugeots ?!

            • « Un monopole est un privilège accordé par l’état. »

              Faux, revenez à l’origine grec du terme.

              • Merci de votre participation.

                (XIVe siècle) Du latin impérial monopolium, issu du grec ancien μονοπόλιον, monopolion (« droit de vendre certaines denrées »), de mono- (« seul ») et πωλειν polein (« vendre »).

  • « les distributeurs innovent en renouvelant les modèles de magasin. Un peu de perspective historique rappelle leurs évolutions : les hypermarchés d’aujourd’hui sont, d’une certaine façon, la suite des galeries marchandes apparues au début de l’époque contemporaine et que l’on retrouve dans certains vieux quartiers de Paris  »

    une innovation ! mais non ce n’est qu’un souk propre et mieux éclairé , rien de neuf a part , peut être , le marchandage automatique a coup d’étiquettes : solde, -50% , 3 pour le prix de 2 …

  • Les supermarchés sont désormais les commerces traditionnels et les anciens commerces traditionnels, les commerces historiques…

  • Un article qui dit du bien de la grande distribution ! Incroyable ! Dommage que certains commentaires ne soient pas a la hauteur. Reprocher la qualité des produits a la distribution , c’est oublié qui les fabrique …. Et qui les demandent: vous les consommateurs. De plus vous trouvez la qualité dans les rayons, a un prix différent … Et là il n’y a que 20% des gens qui sont prêt a payer plus.
    Quand a croire que des normes sont mises en place pour ne pas permettre de court circuiter la grande distri ? !!! Je vous assure que toute enseigne ne demande que moins de norme, qui asseptisent les produits, augmentent les couts que vous retrouver dans les produits car il n’y apas de mystère.

    Qui accepterait aujourd’hui de revenir comme dans le temps: faire le tour de chacun: le boucher, le charcutier, le fromager, le boulanger, le primeur et allez chez l’épicier (les début de la grande distri) où vous ne choisissiez pas la marque du produit, voir le format …. Et j’allais oublier: vous payriez 30% plus cher pour tout

    Par contre les suites de cette guerre historique des prix par les grandes surfaces n’est pas sans casse : Carrefour vivote, et systeme U est en court de dépecage. Bref d’ici peu un concurrent va disparaitre … Mais il en reste assez pour que la concurrence s’excerce. Tant mieux.
    Enfin comme écrit dans les commentaires le métier mute sous les coup de boutoir d’internet, c’est une des raison des Drive … Comme dans la nature c’est l’adaptation ou la mort.

    • Qui accepterait ? Allez sur le marché de votre lieu de villégiature l’été prochain, et vous verrez que bien des gens non seulement l’acceptent, mais en font une occupation prisée. Ne vous faites pas d’illusions, bien des gens font leurs choix de lieu d’achat en fonction de leurs contraintes de temps et de déplacements, ce qui fait le succès des Drive, mais seraient prêts s’ils avaient le temps à payer 30% de plus le melon que leur choisit le petit épicier du coin à celui sans goût et aseptisé de la grande surface. Si la majorité des gens affirme dans les sondages ne pas vouloir payer plus, c’est d’une part à cause de la grande incertitude sur la nature de ce qu’ils gagnent en qualité en dépensant plus, d’autre part parce qu’ils ne peuvent tout simplement pas et qu’au prix le plus élevé, ils renonceraient à l’achat.

      C’est pourquoi il est assez inexact d’affirmer que les bas prix des supermarchés ont rendu du pouvoir d’achat, un melon à goût de navet à 1.5 euro par rapport à un succulent à 2 euros ne donne pas 0.5 euro de pouvoir d’achat, ça vous fait dépenser 1.5 euro pour rien. Donc le milliard d’euros n’est pas du pouvoir d’achat gagné, quelque chose qui donnerait un milliard d’euros d’amélioration de la vie, c’est la possibilité d’acheter 50 millions de tonnes de camelote pour 50 milliards au lieu de n’acheter que seulement 49 tonnes de produits sans normes mais goûteux pour les mêmes 50 milliards.

      Et dans la pénalisation par les normes, réfléchissez, êtes-vous vraiment si ennuyé que ça ? Si la norme vous pénalise bien moins que vos concurrents, ça fait un peu hypocrite…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

Les écologistes voudraient que nous arrêtions de manger de la viande. En raison de l’inquiétude croissante suscitée par le changement climatique et de la volonté d’arriver à un bilan « zéro carbone » en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, nombreux à gauche sont les partisans de ce diktat.

Récemment, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a été « attaqué » par Sandrine Rousseau, élue du parti écologiste, qui lui reprochait de manger du steak. « Non Fabien, tu ne gagneras pas av... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles